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Full text of "Theatre d'Aeschyle, traduit en francois, avec des notes philologiques et deux discours critiques, par F.J.G. De La Porte Du Theil. Premiere partie, contenant les sept tragedies entieres. Tome premier second Æschyli tragœdiarum reliquiæ, quas ... recensuit, notis illustravit, ac denuo edidit Fr. Joa. Ga. de la Porte du Theil."

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THÉATRE 
D'Æ SC H Y LE: 
PREMIÈRE PARTIE. 
TOM Es 0 o N sn 


Contenant trois Pièces : 


AGAMEMNON. | 

LES CHOËPHORES. 

LES EUMÉNIDES. 
HS ee 





THÉATRE 
D'ÆSCHYLE, 


TRADUIT EN FRANÇOIS, 

. KTEC 

DES NOTES PHILOLOGIQUES 
ET . 


LI 


DEUX DISCOURS CRITIQUES, 
Par F. J. G. DE LA PORTE DU THEIL. 
.PRÉMIÈRE PARTIE, 

., Contenant les fept ‘Tragédies éntières. 


en TOME SECOND. 


Æ 
f lot AC PARIS, 
DE-AIMPRIMERIE DE LA RÉPUBLIQUE. 


à » on 


AN III. 


Æ SCHYLI 
TRAGŒDIARUM 


R E L I Q U I Æ&, 


Quas, ad Londinenfis quidem Editionis fidem, 
fed exhibitarum in cæteris Editionibus , nec 

© nonîn quibufdam manufcriptis Exemplaribus, 
Jectionum variètate diligénter ponderati, 


Li 


RECENSUIT, NOTIS ILLUSTRAVIT, AC DENUO EDIDIT ’ 
FR, JOA GA. DE LA PORTE DU THEIL 

. - Pa ‘ % 
PARS PRIMA,  Q%. 
- PT M 

. Ÿ 


Superfites feptem Tragœdias continenst 





TOMUS SECUNDUS. bn 





TYPIS REIPUBLICÆ. 


ANNO Ill. 


Æ SCHYLI 


TRAGŒDIARUM RELIQUIÆ, 


Le 


PARS PRIM A. 


TOMUS SECUNDUS, 


.#. Dramata tria exhibens : 
6 Va: 
A2 + 
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D. AGAMEMNONEM. 
D A *  CHOÉPHORAS. 
,, f  EUMENIDES. 
+ à . 
+ 


Venales proftantapud J. L. NYoN , vi du Jardinet. 





AGAMEMNON, 
TRAGÉDIE 


D'ÆSCHYLE. 


L2 


ATZXT AOT 
TrALOQATA, 


ATAMEMNAOAN. 


2 Aiïj 


:IYHO@EZIZX 
THE TOY AIEXY'AOY TPATOAÏASZ, 
H° ETITPA'ETAI, 
ATAMEMNON. 


Ai EMN@N &s T'Auy day, Ty KAu- 
pipe, ei mopOnod m l'Auy, Urégero à 
auThs fLÉERS onpeuvE ED mupard, O'9r 
oxomy Cnadioer Eh pu KAurguwmispa iv 
Thegin T AUpoTr. 

Key 0 À dy a&myfeuner. 

AUTR 3 Tor TA] @rcoGuTŸ] 6yA0r pera- 
Téumeny, aRi Tù upon) teolon JE Gr Ÿ 
d ess ouviçgara onyés AXOUTRTES mai 
Qouar. 

Mer où mmoAD 3 à TaAouGios © Ogre, 
y @ x my mo dimyiru. 

A'yauiuer N''ER ain" épyerae 

Efreno d' dm imiex dmim, ga Là @ 
AGDvez ÿ n Kaonydpa. 

AUS e oud mesusipyermy Es T oixoY oux 
Ty KAurispe. Kaaydpa 3 TTCIANTEUETA) , 


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2 —— 


SUJET 


DE LA TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE, 


IN TITULÉE, 
AGAMEMNO N. 


A GAMEMNON, en partant pour Troye, 
avoit promis à Ciytæmneftre, que, s'il prenoit 
cette ville, il l’en inftruiroit le même jour, par 
des fignaux de feu. Ciytæmneftre chargea un 
garde intéreflé par l’efpoir d’une récompenfe, 
d’obferver ces fignaux. Celui-ci les aperçoit, 
& les annonce à la reine. Auffitôt elle raflemble 
les vieillards les plus contidérés, pour leur 
apprendre ce dont les fignaux l'ont infruite. 
Ces vieillards compofent le chœur, qui célèbre 
cette nouvelle par fes chants. Peu après, arrive un 
hérault, Talhybius, qui raconte ce que l’armée 
a éprouvé dans le trajet, au retour. À gamemnon 
paroît fur un char: fur un autre char qui le 
fuit, font Caflandre & les dépouilles de Troye, 
Agamemnon entre dans le palais avec Clytæm- 
neftre. Caflandre, avant d’y entrer aufi, prédit fa 
À iij 


4 


propre mort, celle d'A gamemnon, & le parricide 
futur d'Orefle ; puis, déchirant fes bandelettes, 
& {e dévouant au trépas , s’élance dans l’intérieur 
du théâtre. | 

Cette partie du drame eft principalement admi- 
rée, comme très-frappante, & fort attendriflante. 

Ælchyle (ce qui lui eft particulier) fait tuer 
Agamemnon hors de la fcène (1), &, fans mar- 
quer le moment où Caffandre eft immolée , fait 
apporter le cadavre de cette princelle fur le 
théâtre. Ægifthe & Clytæmneftre, pour fe jufti- 
fier de ce double affaffinat , allèguent chacun un 
motif de vengeance ; l’une, le facrifice d’Iphi- 
génie, l’autre, les cruautés que Thyefte fon 
père avoit éprouvées de la part d’Atrée. 

Cette pièce fut repréfentée fous l'archontat 
de Philoclès, la feconde année de la quatre- 
vingtième ofympiade (2). 

Æchyle remporta le prix. Ses pièces étoient, 
VA gamemnon, les Choëphores , les Euménides, 
& le Protée, drame fatirique. Xénoclès d’Aphidné 


failoit les frais de la repréfentation (3). 





| 4 
où ds @ Raoñux eornSer, À tauTs x 
à A’yauéurorns Suvanr, Tv dE, Ofpequu 
anreoxroior, À amd 6 Suvouun, pla ox 
& aunar. 

Tôr 5 m uéess G dpduaros Quuualeru, 
ds À EXmANEN À oixTor Ixg0r EumoiQr. 

VNos N AlÏxuA0s my A’yauéurre 6 
(legendum eft potiùs nm: vide Stanleium, 
& notam (1) gallicam. } oxwvns aypaaX, raid 
Ty 5 Kaonrdbas owmons JuyaTor, VExpay 
avrlo vridtuËe. Tlerroinxé ve Ainoo y KAura- 
purispau > eugreesr Siaçuea(opävor ei Ts 
ahoupéatus , ti épangio Th À, Th aupéol 
Torfuuas mr 3, nus 7 mareos Ovéquu 52 
A'Teéws ovuPoegise 

ES yn rm dpaua 6 apyevms DA 
2NeoG, CAuurriads exo y, (legendum 
eft omnind dAuwmad) oydbnxog-n : vide etiam 
Stanleium & notam (2) gallicam.) ét dévrpo. 

Ilepros Aiyu/0s A’yauéuror, Xonpoesis, 
Evuvin, Tleptei curuerrd. 

Evry ÆerouN ns À’Pidretge 


À iv 


TA TOY APA'MATOZ 
HPO' ER TH A. 


YAA 5%. 
XOPO'S. 
KATTAIMNHETPA. 
KHPTYEÆ, Tao. 
ATAMEMNAON. 
KAZANAP A. 
AITIZ@0OSs. 


Tes AonÇe D 0 QUAGE, DexTUY Aya aéuyoros. 


H £ Cum © AA \aixerra, 


* 


ee mate 


3 
PERSONNAGES 
DE LA PIÈCE. 


UN GARDE, ou SURVEILLANT, 


ILeft compofé de vieillards, 
LE CHŒU 1) qui forment comme le 
fénat d’Argos. 


CLYTÆMNESTRE. 
UN HÉRAULT (Talthybius). 
AGAMEMNON. 
CASSANDRE. 
ÆGISTHE. 


La première fcène (où le furveillant, ancien 
Jerviteur d'Agamemnon, parle feul) fert de prologue. 


La Scène eft à Argos. 


LAN 








AGAMEMNON, 
TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE. 





LE SURVEILLANT. 


RÉCIT IAMBIQUE. 


D JEUX! ne mettrez-vous point fin à mes 
travaux! Des années s’écoulent, depuis que, 
placé, ainfi qu’un chien fidèle, au haut du 
palais des Atrides, je confidère l’affemblée noc- 
turne des étoiles, & le lever & le coucher de 
ces deux flambeaux du ciel, de ces deux princes 
brillans des aftres, qui ramènent aux mortels 
lhiver & l'été... .J'attends le fignal éclatant 
du feu qui doit annoncer la prife d’Ilion; 
ainfr le veulent les infidieux deffeins d’une 
époufe (4). Cependant, je ne quitte point 
cette couche inquiète & mouillée de la rofée; 
couche, que jamais ne vifitent les fonges, car la 
crainte en chafle le fommeil, & empêche qu'il 


ne ferme mes paupières. ...,.... 








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A'IEXYAOY TPATA AA, 
ATAMEMNAON. 





D Y'A A =. 
l'A M BO I. 


Eos & crc rad) draM\ayiy move, 
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7 ATAMEMNAON, 

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AUTOS T' tywYe Desiuuor xpébroux. 
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RiGnuer oïxos d aurs, & polo 7gGor, 
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AGAMEMNON. 7 
Lorfqu’on croit que, par des chanfons ou par 
des airs, je charme la fatigue de mes veilles, je 
ne fais que pleurer fur le fort de ce palais, qui 
n’eft plus gouverné fagement comme autrefois. 
Mais, grace aux Dieux, voici Ja fin de mes 
travaux; l’heureux fignal perce l’obfcurité.... 

Salut, o flambeau de la nuit, o toi, qui 
fais luire un jour de douceur, qui ramènes les 
fêtes de la viétoire dans Argos: 

Quelle joie! quelle joie! 

Portons cette nouvelle à l’époufe d’Aga- 
memnon ; éveillons-la: que dans fon palais 
le cri de l'allégrefle falue ce flambeau, puif- 
qu’enfin Troye eft prile; ce feu brillant m’en 
affure. Ah! c’eft moi qui préluderai dans la 
fête; c’eft par moi que mes maîtres fauront 
leur bonheur: mes veilles n’ont point été 
perdues (4). 

Puiflé-je, à fon retour, tenir dans cette 
main la main de mon roi!..... 

Je tais ie refte.....ma langue eft enchaînée (5). 
Ces voûtes, fi elles pouvoient parler, s’énon- 


ceroient plus clairement. . . J'ai voulu dire tout 


8 AGAMEMNON. 
à qui m'entend , rien à qui ne m’entend point. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Dix ans font révolus, depuis que le jufte 
accufateur de Priam, le roi Ménélas, & Aga- 
memnon (ce couple invincible des Atrides, 
honoré par Jupiter du fceptre & du trône }, ont 
emmené de ces lieux les mille vaifleaux des 
Grecs armés pour leur querelle. 

Leurs, cris appeloient Mars vengeur.... 

Tels des vautours, regrettans leurs nourrif- 
fons perdus (6), voltigent & battent l'air de 
leurs ailes /a), au-deffus du nid où leurs foins 
pour garder leurs petits ont été vains /b). 
Mais, bientôt quelque Dieu, Pan, Apollon ou 
Jupiter, touché des accens aigus & plaintifs de ces 
oifeaux (7), envoie contre d’injufles ravifleurs, 


l'exa@rice des peines (c), Vinévitable Erynnis. 





(a) Littéralement : ramans avec les rames de leurs ailes, 

(b) Litéralement: ayant perdu le fruit de leur foin 
confervateur de leurs petits dans le nid. 

Le grec dit, foin confervateur dans le nid, en deux mots. 


© (c) On a hafardé cette expteffion : elle rend le texte. 








ATAMEMNAN. 
maSodo et , x ualba AnSouy. 


X OP Os. 
A NA'HAIZTOI. 


AéxarToy à evos mod) éme Text uou 
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péyas anid\xos ; 

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9 ATAMEMNAON. 
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60 


79 


80 





AGAMEMNON. 9 

Ainfi, le puiflant Dieu de l'hofpitalité envoie 
les fils d’Atrée contre Alexandre (7)... 

Ainfi, veut-il que, pour une femme volage, 
Grecs & Troyens efluient également de fré- 
quentes & pénibles luttes, où le genou pliera 
dans la pouflière, où la lance fe rompra dès la 
première attaque. 

Maintenant, le fort en eft jeté, & les deftins 
feront accomplis. Ni les pleurs, ni les cris, 
ni les libations, n’adouciront la colère impla- 
cable des (8) Furies /a), 

Pour nous, que Îa vieillefle a privés de 
l'honneur de fuivre cette armée, nous demeu- 
rons ici, appuyant fur le bâton notre foibleffe, 
foibleffe pareille à l'enfance : car, fi l’enfant, 
qu’anime une fève trop neuve, reflemble au 
vieillard, & ne fuffit pas à la guerre (9), le 
vieillard , à fon tour, dépouillé de fa cheve- 
lure, & ne marchant qu’à l’aide d’un troifième 
appui, n'a rien au-deffus de l'enfant, c’eft un 


fantôme errant dans le jour. 





(a) Littéralement: de celles à qui on offre des facrifices 
fans feu. Voyez la note (8). 
2 B 


10 AGAMEMNON. 

Mais, vous, fille de T'yndare, reine d’Argos, 
Clytæmneftre , quel befoin vous preffe! 
qu'eft-il arrivé! qu’avez-vous appris! fur la 
foi de quel meflage ordonnez-vous tant de 
facrifices !..... 

L'encens fume fur les autels de tous les Dieux 
de cette ville, de toutes les Déités célefles, 
infernales , terreftres & domeftiques (10)... 

Par-tout, des lampes élèvent leurs flammes 
jufques aux cieux. . . Une huile pure entretient 
leur tranquille & douce clarté (11)..... 

On apporte des offrandes du palais. ... 

Dites-nous ce qu'il vous eft permis de nous 
apprendre. ........ 

Guériflez-nous de cètte incertitude, qui, 
tantôt ne nous laifle envifager que des maux, 
tantôt, à la vue de quelques aufpices favorables, 
nous permettant d’efpérer, combat l'inquiétude 
extrême, & le chagrin dont notre ame eft dé- 
vorée (12). 

RÉCIT ÉPODIQUE. 
STROPHE. 


Je puis rappeler ici le départ menaçant des 


ATAMEMNON. 
Zu 5, TuvSkpew 
Quyatip, Baciñux KAurayuMpa , 
M geéoss m véor; Ti d' éryCodun, 
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11 ATAMEMNAN. 
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TOUTE T Cr 


120 





AGAMEMNON. 11] 
Chefs de nos guerriers. ...... 

Chantons, { ma confiance au ciel m’y invite, 
mon Âge m'en laifle (13) la force) chantons 
fous quel aufpice terrible, ce couple de Rois, 
l'honneur de l’Hellénie, ces deux Princes de 
la Grèce, unis par le cœur, armés du fer de 
la vengeance, ont marché contre Ilion. 

Aux deux Rois des vaifleaux, près de leur 
demeure, apparurent deux Rois des oifeaux, 
lun blanc /a), l’autre noir, qui, dans le palais 
même, déchirant de leurs ferres, gardiennes 
ordinaires de la foudre /b), une hafe fécondée, 
que {a fuite n’avoit pu leur dérober, dévorèrent 
la race nombreufe conçue dans fon fein. 

{ Chantons, chantons des vers lugubres; 
mais, que le préfage en foit démenti (14)!) 

ANTISTROPHE, 

Dans ces oifeaux acharnés fur leur proie, 
‘le refpeétable devin de l’armée reconnoit le. 
couple ardent des belliqueux Atrides ; il com- 


prend le préfage (15)..... 





(a) Le grec ajoute: prar-derriére. 
(b) Le grec dit en un mot, qui manient la foudre. 


B ij 


12 AGAMEMNON. 
Un tranfport le faifit, il s’écrie: 
« Après un long fiége, la ville de Priam fera 
» prife, & les richefles depuis long-temps 
» accumulées dans fes murs, feront livrées par 
» le deftin au pillage... ... 
» Seulement, puifle le ciel ne point brifer, 
» dans fa colère, la verge de fer, forgée pour 
» frapper les Troyens (16)!:.... 
» La chafte Artémis s’indigne contre cette 
D MALON «551010 0 
» Les chiens ailés de fon père y ont dé- 
>» chiré une malheureufe mère, & fes petits prêts 
» à naître..,.. 
Ce feflin des aigles lui eft odieux. » 
{ Chantons, chantons des vers lugubres; 
mais , que le préfage en foit démenti!) 
ÉPODE. 
» La belle Déefle protège, & les tendres 
:» oifeaux trop foibles pour voler, & les nour- 
» rifons encore à la mamelle des habitans des 
æ f0tet, es: 210 5 
» Oui, le préfage de ces aigles eft heureux, 


» mais non fans danger (17)..... 





AFAMEMNAN. 
Gr Sd ëme nesQuv 
« xone À du 
» Hexuou mou ad xENEUIO , 
» TAYTL À TUPYOY 
» Tim mes QG JuomAndA 
» poip dagraËu Es mm Rigor. 
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» JeO Dur LIEQATY DEITURE 
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» PYor0s A'PTUS dWA 
» HIr0iO1 XUOÏ TUTEOS 
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130 


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AGAMEMNON. 13 

» Dieu des flèches, o Pœan!.... 

» Empêche que ta fœur ne foulève, contre 
» les Grecs, ces vents contraires, qui enchaî- 
» nent les vaiffeaux, qui oppofent de longs 
» obftacles à leur départ. .... 

» Je la vois jaloufe d’obtenir un autre facri- 
« fice....facrifice barbare, & fans feftin... 
» fource de débats, d’offenfes à la nature, & 
» d’outrages à l’hymen (18)....... 

» Au fond d’un palais, fermente une haine 
» redoutable, infidieufe, implacable. . .. 

On s’y fouvient d’une fille à venger (19).» 

Tel eft le fort, & fatal, & profpère, que 
Calchas, à l’apparition de ces aigles, prédit 
à nos Rois...... : 

Remplis de fon efprit, chantons, chantons 
des vers lugubres; mais, que le préfage en foit 
démenti ! 

RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 

Jupiter! qui que tu fois, s’il te'plaît d’être 

ainfi nommé, c’eft fous ce nom que je v'in- 


voque! En vain j'ai cherché; je ne trouve 


14 AGAMEMNON. 

que toi, qui puille m'aider à délivrer mon ame 

du poids de fes foucis (20). 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

(21) Naguères, le fuperbe, plein d’audace, 
bravoit tout...... 

De fon premier néant à peine s’eft-il élevé, 
qu'il trouve un vainqueur, & s’éclipfe. ... 

“Mais, celui qui, dans fes triomphes, de 
lui-même, rendra gloire à Jupiter, verra tous 
fes vœux accomplis. 

STROPHE SECONDE. 

Jupiter ouvre aux hommes la voie de la pru- 
dence.......Ses châtimens font pour nous 
des leçons (22)...... 

Même pendant le fommeil, le remords {e 
diftille dans nos cœurs; &, malgré nous, la 
fagefle arrive ; Ja fageffe, préfent des Dieux, 
qui s’afleyent inébranlablement au- deflus de 
nos têtes /a). 

ANTISTROPHE SECONDE. 

Ainfi donc, le chef des vaifleaux, fans accufer 
le prophète, cédoit aux coups du fort; tandis 


(a) Littéralement : affis fortement fur un fiége augufle. 


a , 





. ÀATAMEMNA@N. 14 
AU Aus, ei To mary 
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2e Randy éTiruuus. 

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rauudye Sexo Rpoor, ° 
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’Erviua x\aQ or, 

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Tor pesrdr Beyrou 0dw- Zmpoqi B. 
cuvre, TO made po Jwr | 
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Aouoyoyr 6 mov jéeis , Rides 190 
EAUX CEJAYOY Avor. 

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pavny Smve yo, 

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15 ATAME MNON. : 
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Bapuyoir” A'ydiros A0, 

Xa»xudbs méexr Éyor ma AIppo- 

Suis Ch AUAISES roms. 

Tyoaj d° 3m Sreuuoros ponodoy 200 
xaxogo/oi, made, dUovpuui, 
Res à Au, vady 
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TeiGo, xaTiEcuvor 305 A’pylur. 
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HiuaTs NO yep 
Rexgires œesuoin 
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Apreur, wge Bora Raxreus 210 
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AvaË d' 0 mpiobus md) ème Eurdr 
« Bapéa À wip D pi ru 
n Bapüa de Téxvoy 
» ui£o, 2777 d'au , 

» LUd}yey 7ApOE0TPa 2101 
» pilesis maTego Vexs Bœuod 


AGAMEMNON. 1$ 
que, fur les bords orageux d’Aulis (23), en 
face de Chalcis, une inaétion dévorante pefoit 
aux peuples d’Achaie. 

STROPHE TROISIÈME. 
Des bouches du Strymon , apportant le 
retard, la difette, le naufrage, la difperfion, 
n’épargnant ni agrès, ni vaifleaux , les vents 
flétrifloient la fleur de la Grèce retenue dans 
un repos prolongé /a). 
Bientôt, le devin propofe ‘aux Chefs un 
remède pire que la tempête. ..... 
. I parle au nom d’Artémis. . .. 
Dans leur douleur, les Atrides frappèrent la 
terre de leurs fceptres..... 
Des larmes leur échappèrent..... 
ANTISTROPHE TROISIÈME. 
« Deftin cruel, s’écria l'aîné des deux Rois; 
» dois-je défobéir!....: 
» Dois-je immoler ma fille, l’ornement de 
» ma maifon, & fouiller mes mains paternelles 


» du fang filial répandu fur l'autel! ... 





(a) Le tour de la phrafe, dans ce paragraphe, peut 


paroïître un peu forcé, mais la traduélion eft exacte, 


16 ,;, AGAMEMNO NN. 

» Quel parti prendre (24)... . Déferteur de 
» ma flotte, quitterai-je mes alliés!.... 

» Ils demandent à grands cris un facrifice, 
» un fang, qui appaiferoit les vents. ... 

» Hélas!...ils le peuvent fans crime; c’eft 
demander la victoire. » 

STROPHE QUATRIÈME. 

(25) Toutefois, il fubit le joug de 1a nécef- 
fité. Un avis barbare, impie, criminel, a changé 
fon cœur..... 

Ainf, les mortels enhardis courent au re- 
pentir....... | 

Ainf, les entraîne la confeillère de la honte, 
une malheureufe & funefte démence... . 

Pour voler aux combats, pour fe venger 
d'une femme enlevée, il ofe devenir le bour- 
reau de fa fille. Ce facrifice eft l’aufpice du 
départ de la floue ; & des Chefs fanguinaires 
ne font touchés, ni dés prières & des pleurs 
d'un père, ni de la jeunefle d’une vierge. 

ANTISTROPHE QUATRIÈME. 

Il invoque les Dieux; il ordonne aux Prêtres, 


(lui, fon père!) de la porter, avec effort, fur 





ATAMEMNAN. 16 
» mens. Ti mord” aveu 
» xaNDY; T3 MS AUTUAUG TE VYOUH, 220 
» Evuuayias duapra) ; 
» Tlavsaremou 90 Suoiag 
» mapOuriou © duaTos opya 
n MPAIPY0S ÉHISUEI 
Oipus eù 9d ëm. » 
E'rei d° dydyugs &db Aéradror, Srpogi D. 
pers aréur dorer Sorajar, 
dydyvoy, dvise9y, 
Têe TD ray A uoyr 
Des mere RegTois. 230 
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TÉNGNL DÉGAOMÉ DEPOT. 
ETag d où gumhp avé QuyæTe0s 
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rap Sy va mapbéyio 
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Degioer d' dolois ATIp ET’ Eye, ré 0 
Due yusens, vrepler Buucv, 240 
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Zrpopn é. 


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17 ATAMEMNAON. 
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QuMegr ar ouuaros Renu piAVixTE, 
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DéAovo’, éme mMduSs maTeos xaT” adpavag 
ebreamiÇ és eueñdur, 

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djdra QiAws ere. 
Ta JV év9ur, ST ädbr, ST” créa. 
Téyra > KaAyarmos œx d'APWTOI. 
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To N mesxur, 
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io 3 To messe. 
Togo D n£u (Curalesr aüruis. 
TléAoiro JV où T'amt Tours eumez- 
Lis, ws Su TS ayyoy Arias 





AGAMEMNON. | ke à 
l'autel, comme une victime, la tête pendante, 
ornée de bandelettes (26). Sa bouche charmante 
eft fermée; on en craint les imprécations; un 
indigne frein la rend muette. Mais, tandis que 
fon fang (27) inonde la terre, fes regards 
percent fes bourreaux du trait de la pitié. Elle 
eft belle comme l’art (28); elle femble vouloir 
parler, & faire entendre fa voix, qui, jadis, étoit 
le charine des feflins , — 

STROPHE CINQUIÈME. 
— quand le chant de cette vierge pure faifoit 
les délices de la vie, alors trop heureufe, d’un 
père adoré (29). 

Perfonne ne fät, perfonne ne peut dire ce 
qui doit arriver. Mais, l’art de Calchas n’eft 
pas vain; & la juftice invite, par les coups déjà 
frappés, à juger de ceux qu’elle prépare. 

ANTISTROPHE CINQUIÈME. 

Prévoir ce qu’on ne peut éviter, c'eft un 
foin fuperflu (30); c’eft s'affliger avant le temps. 
L'avenir ne fe conformera que trop clairement 
aux oracles. Puifle-t-il être heureux pour celle 
qui s'approche! /Clytæmneffre paroît) c’eft la 


2 C 


18 AGAMEMNON. 
feule gardienne aujourd’hui de cet empire (31). 
RÉCITS I1AMBIQUES. 

Je me rends, Ciytæmneftre, à vos ordres. 
Il eft jufle d’obéir à l’époufe du monarque, 
quand fon époux abfent Jaifle le trône défert. 
Pour quel fuccès, ou fur quel efpoir feulement, 
offrez-vous des facrifices ? Je voudrois le favoir, 
mais, fans furprendre votre fecret (32). 

CLYTÆMNESTRE. 

Que, d’une heureufe nuit, comme on dit, 
naifle un heureux jour (33)! Votre joie va 
palier votre efpérance : les Grecs font maires 
de la ville de Priam. 

LE CHŒUR. 
Que dites-vous! je n’ofe vous en croire. 
CLYTÆMNESTRE. 
Les Grecs font maîtres de Troye; m'expliqué-je clairement! 
LE CHŒUR, 
Ah! la joie me tranfporte ; elle appelle mes larmes. 
CLYTÆMNESTRE. 
Ces yeux mouillés annoncent votre zèle. 
LE CHŒUR. 


Mais, quelle preuve certaine en avez-vous! 


ATAMEMNAON. 18 
ya aropesuesy 6pros. 
l'A MBOIL. 
H'rxo Ê «Gi € CYR KAvrprispa,, xpaTos" 
Yen va El pures apr mieu 
rar, éphuw ITS dporvos esrou. 
Zu d” ere xedyoy, me ui, memuauern, 
war AI EI QUAMOAUE , 270 
avi’ aÿ svpeyr ouf Ciyaon @Bovos. 
KAYTTAIMNHETPA. 
EvayfeAos À, antp à rueoiuia , 
TE roro uNTe0s eupesrns Ta. 
Llevon 5 yipua meiÇor Amis xA Ur 
Hesduou 90 nphygoiw A’pyeio mA. 
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os que; Tléqeuye roùmos À, mai. 
KAYTAIMNHZ3TPA. 
Teglar A'yuay odonr mes A6e ; 
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Xaeg p' upiprer, Séxpuor exxa AS dun. 
KATYTTAIMNHETPA. 
ED ÿù @esrourros ouua (où xaTHyopa. 
XOPO'S. 
T9 mo riqr 6 mov (oi rixuap; 280 
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19 ATAMEMNAN. 
KATYTTAIMNHETPA. 
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K OP O'>x. 
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Où Eur àÿ ngGuyu Bert dons Pperos. 
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KAYTAIMNHEXETPA. 
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X OPO'x. 
lois eos 5 à memplnmæ mA ; 
KAYTAIMNHZ>TPA. 
Ts »dy Texovons Qas TS) evpesms, Ayo. 
X OP Oz. 
Kai ms mod)” t£ixoir dj dyfeAœy TA ; 
KAYTAIMNHETPA. 
H'@ucs, L'us agumeSr CATEuTUY A. 
Spuxros 3 ppux Tor Nup aa d'A EAY mes 2 90 
éreurer. L'dn R, mess Epugioy Aéras 
Atpurou. Méyay 5 Qayoy Cx YAODU TEATOY 
A'Suwoy aimes Znvos tENEan, 
rep E'Ans Te mYTy we voTiay 


AGAMEMNON. 19 
CLYTÆMNESTRE. 
La plus fûre; oui. ...fi le ciel ne me trompe. 
LE CHŒUR. 
Eft-ce à des fonges que vous ajoutez foi! 
CLYTÆMNESTRE. 
Pourrois-je me fier à mes fens afloupis ! 
LE CHŒUR. 
N'eft-ce pas un bruit incertain qui vous flatte ? 
CLYTÆMNESTRE. 
Vous me croyez aufli crédule qu’un enfant. 
LE CHŒUR. 
Mais, quand Troye a-t-elle été prife! 
CLYTÆMNESTRE. 
La nuit même qui a devancé ce jour. 
| LE CHŒUR. 
Quel meffager affez prompt a pu vous l’apprendre(34)! 
CLYTÆMNESTRE. 

(35) Vulcain, par fes feux allumés fur l'Ida. 
De fanal en fanal , la flamme meflagère eft venue 
jufqu’ici. De l’Ida, elle s’eft montrée au promon- 
toire d'Hermès à Lemnos. De cette île, le fom- 
met du mont de Jupiter, de l’Athos, a reçu, le 
troifième, ce grand fignal d’un flambeau réfi- 

C ii 


20 AGAMEMNON. 

neux, de cette lumière, qui, pour m'annoncer 
le bonheur, voyageant fur la furface des eaux 
d’Hellé, femblable au foleil, a doré de fes rayons 
le pofte de Macifte. Celui-ci, jamais furpris ni 
vaincu par le fommeil, n’a point tardé à remplir 
fon devoir, & fon fanal a bientôt averti de loin 
les gardiens du Meffape, aux bords de l'Euripe. 
Ils y ont répondu, & ont tranfmis le fignal, 
en allumant un monceau de bruyère sèche, 
dont la clarté, forte & foutenue, comme celle 
de la lune, parvenant rapidement au-delà des 
plaines de l’Afope, jufqu’au mont Cithæron, 
a continué la fucceflion de ces feux voyageurs. 
La garde de ce mont n’a point manqué d’al- 
lumer un fanal plus grand encore que les autres, 
dont la lueur, perçant comme un éclair jufqu’au 
mont Ægiplancte, au - delà des marais de 
Gorgopis, a excité ceux que j'y avois placés, à 
fervir mes defirs (36). D'un vafte bûcher, ils ont 
fait fortir des tourbillons de flamme, qui ont 
éclairé l’horizon jufqu’au-delà du promontoire 
élevé du golfe Saronique, & ont été aperçus 
du mont Arachné. Là, veilloit le pofte le plus 


ee nn 


ÂTAMEMNAON. 20 
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@reuvé Secuuoy un Jeeit rot TUESS. 
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pos méyay Fo yare ; ÿ Zaporrxcu 
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À era" des , &qvyetTovas gLoms. 


* Civ 


21- ATAMEMNON. 
Kérur’ A’rudDr tem oil eos 
Qaos md, C6x dramror L'Iuv mess. 
Touoid” éruuor nguradipoezr your, 320 
dMos map MS Alodbus rAnegupäwor 
va d° 0 mepTos À TAcvrajes dpauur. 
Téxuap rivr CuuGoAgr 7 oo Aéy, 
æydp9s CSN EAAayTOS Cr Tegias euoi. 
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Ouois À Ms, © Yu, mesowEouay. 
Ace d' dxodoey téod x mo Suuuaioey 
Mvenos Soi ày, ws A6IS AAA. 

KATYTTAIMNH ETPA. 

Tegiar A'puoi Ty” épuo” cp Muépe. 
Oiugy Loi dpuxToy dy mAU @pérreur. 
O'Eos T”dAupd Tr éyyéas ravrd aitu, 330 
dpçuTerr a Ÿ QiAus mesurés. 

Koj TJ d'Aovmwy à xpaTnon rer ya 
PIoyfas drover "6 Cundoess Dre. 

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aydpar, XATW TRY Te, % Gura A ey 
Tate rem, CÉLÉT” de, exsbépe 

Spns, droeuC bai PA\TLTEY oesgr. 

Tés d'abre wxnimAayuros Cx uayys mors 


La 


AGAMEMNON. 21 
‘ voifin, qui, par une fucceflion non interrompue 
depuis l’Ida (37), a fait luire enfin fur le palais 
des Atrides ce feu defiré. Tels étoient les fa- 
naux, que mes ordres avoient fait préparer pour 
fe répondre les uns aux autres : du premier au 
dernier , ils ont rempli mon attente (38). Voilà 
les nouvelles fûres, que mon époux m'envoie 
des rivages Troyens. + 
LE CHŒUR. 

Princefle, dans un moment nous rendrons 
grâces aux Dieux; mais, daignez nous répéter 
encore cette nouvelle étonnante. 

CLYTÆMNESTRE. 

Oui, les Grecs en ce jour font maîtres de 
Troye. Quelles clameurs diffonantes doivent re- 
tentir dans cette ville! car, quel concert peut 
régner entre l’amertume & la douceur (39)!Com- 
bien le cri du vainqueur doit différer de celui 
du vaincu! Là, femmes, fœurs, filles, penchées 
fur le corps de leurs époux, de leurs frères, 
de leurs pères, les ferrant dans leurs bras qui ne 
font plus libres, déplorent le fort de ces gages 
chéris(40). Ici, les foldats, fatigués d’un combat 


‘4à AGAMEMNON. 
nocturne, affamés, jouiflent des biens dont la 
ville eft remplie. ......Plus d’ordre....,. 
Chacun, felon que le fort le conduit, entre 
dans Îes maifons des Troyens captifs, où, 
déformais , à couvert des frimats & de la rofée 
du ciel, heureux /4), il repofera la nuit fans 
alarmes. ...4... | 

Après une telle victoire, s'ils refpectent les 
temples, & les divinités tutélaires du pays vaincu, 
leur vie eft aflurée....... 

Fafle le ciel, que l’avidité ne les entraîne 
point au-delà des bornes!........ 

Pour rentrer heureufement dans leurs foyers, 
Ja moitié de la carrière eft encore à fournir (41). 
Qu'ils reviennent fans avoir offenfé les Dieux! 
Que le châtiment de Troye éveille leur pru- 
dence! Qu’aucun coup inopiné ne les frappe! 
Tel eft le vœu d’une femme: puiffe-t-il n'être 
pas vain, & le fort ne pas changer! car mon 
bonheur en dépend. , 
LE CHŒUR, 


D'une femme ! &, quel homme parleroit plus 





(a) On a adopté la correction propolée par Stanlei. 








ATAME MNAN. 22 
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LAN &6 EX ÉADUOEY TUVS TA A), 
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CEx où y LATE aÙHS aù Juyoiër 
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mod à pui en, tépdeow vuwuduës. 350 
AS À meÿs citous voiuou (CaTneias 
x ue AfguAou Qunesy X@/\0y ray. 
Ouois d° aauradrnTos & MO SPETOS. 
E’yprpesr TD Tux TJ Go Aÿwy 
voor aj. Ef Desama pui Toy AA 
Torre Toi yuvouxos JE euou xAvois. 
To d° eù xparom, pui ppporus ar 
moMdy D 6 &Y T on Aou. 
XOOPS. 
Lure, xaT” aidpa Cupesr cipesres Ars. 


Zrpogn 
+ 


23 ATAMEMNON. 
En d” æxoucus mia CE reuieux, 
cos Depodrëir € eu Davos. 
Xdeis À Ex anus pyA sy Toro, 
ANAAIZTOI. 
À Zev Banc, ÿ WE QiAia , 
peyé ar xOOUaY XTATUET 3 
AT En Tevias mupyois EGa es 
geyaror Sxruo, ds wire uéryar, 
pur” Sy veaggy ny À TA 
méya d'YXeias 
JAH ao, LTYS Tava AY. 
Aix moi Ééyior péyar dd 8uay, 
Ty TN mesEorr ir A’AEaidpe, 
TÉVOYTL TA AG TOÉ0Y | OTUS aÿ 
puiTe me xuesv , pui) rép dspay 
BeAos HXiStor under. 
ENQAIKA. 
Auos TN day éyouo? ere" 
TApE TÉTO éEryvéucey, 
O6 EmeaËer, &5 éxeaver. 
Oux éqa ms Seovs Begror- 
2ESQTy érey, 


e 2,1 / 
OOUIS L'HIX TOY Xe 


379 


380 


AGAMEMNON. 23 
fagement! La preuve de votre nouvelle eft cer- 
taine ; nous fommes prêts à rendre hommage aux 
Dieux; un digne prix couronne nos travaux. 

RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

O Roi Jupiter !....0 nuit amicale, fonda- 
wice de notre gloire!................tu 
as étendu fur les tours d’Ilion un invifible 
réfeau. .... 

Hommes, enfans , tous, entraînés dans une 
perdition totale, n’ont pu fe dégager du filet 
de l’efclavage. . ... 

J'adorerai le Dieu tout-puiffant de l’hofpi- 
talité, C’eft lui qui punit ainfi Päris..... . 

Depuis long-temps fon arc étoit tendu; mais 
le trait n’eft point parti avant le temps, & ne 
s’eft point égaré dans les airs. 

RÉCIT ÉPODIQUE. 

STROPHE PRÉMIÈRE. 

Jupiter, ce font-là de tes coups! on recon- 
noît le deffein & l’effet. 

« Les Dieux ne daignent pas, feulement, 
» fonger à ceux qui foulent aux pieds les 
loix les plus faintes : — » | 


24 AGAMEMNON. 
— Ainfi difoit l'impie. . ..... 

Mais, les Dieux fe font manifeftés aux ne- 
veux /a) des audacieux, qui, enivrés d’un 
excès funefte d’opulence, refpiroient l’injuftice 
& la guerre (42). 

N'’ayons que ce qui eft fans danger, le 
néceflaire & la fagefle.. .... 

La richefle défend mal l’infolent, qui fappe 
du pied les autels de la juflice; il difparoît de 
la terre (43). 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

(44) Une malheureufe confiance , fille infi- 
dieufe & intolérable de la déefle de perdition 
entraine. ....e : 

Mais, bientôt, la foiblefle de la reffource 
fe décèle......on eft éclairé par le jour du 
malheur. . . la pièce fauffe mife, à l’épreuve {b), 


* 





(a) On a adopté la correétion propofée par Stanlei. 

{b) Littéralement : c’eff comme le mauvais airain, dans 
lequel l'alliage noir [e reconnoît au frottement à à la touche. 
En général, cette antiftrophe eft extrêmement difficile 
à entendre, mais, peut-être, cela ne vient-il que de 


l'embarras de la conftru&ion. Voyez la note (44). 








ATAMEMNAON. 24 
mamie 6 J'céx waeis 
Téqarray d) éco (a) 
dTOAUATEY À fn MVE0YTEY 
peiGoy 1 ixgios, 
QAcormoy duuaToy Urépoeu 
Urip mo BéAnçuw. E’qu d” dm- 
HaVTOy | WG N° dmapaEi 
© mea AYIQYTA 
Où yap tar éraAEis 
TNT, DES xcegY dydyi 390 
2oxnoavrn peyang dxgs 
Rauoy, us dpavua. 

Biary d'à range mie, A'raçp:qn 
Des rs apipros dus. É 
A'n05 5 ray a Tao 
œx CHPUON mpému À QUS, 
aVOAGTTES ciyos, 

Kaxo 5 pare rem, | 
TG mn y mesuagis (b) 
Hengurays mA“ 400 





(a) Sranlkjus : egendum videtur éyfévoir. 
(8) Idem : legendum mesonais, quod & ex carminis 
ratione conftat, De cereris vid. not. gall, (44), 


LM 


Zrpogn 8. 


25 ATAMEMNAN. 

does, ere 

dore: mes Hayoy op, 

MAX DESDUYL depTor CUS. 

Auray d' drovu À oùns Sedy 

roy d” ’Éaispopor TovS 

paT adxoy xx Smuipé. 

Os x Tladeus, €AToy 

es dbuoy T A’rcudby 

nçuve Eeriay Teame- 

€ XAOTES VUYOUROS. | 410 
Armvce d'aqio daimexs 

X\OVOLG Aya Te ga 

pauGaiTis OFAIQUO , 

dpucu T’ aiTipépyor 

T'Ac PIEXY, 

RéGaxer pluga Ag mar, 

aTanre Tagoe. Llonu d” éceor 

TD) cnémovyns Mucwy esp 

To, lo douar ; Joy, % EU, 

io (a) Aéyos Ÿ giGoi DiAgyopes. 420 

Tlapen oyac, anus, & Aides, 

ados, dpeupav, idvir. 


(a) Ad reliqua hujus flrophes, vid. not, gailic, (45). 








AGAMEMNON. 25 
eft reconnue ........ l’oifeau, que l’enfant 
pourfuivoit,.s’envole. . .une tache ineffaçable 
refle à tout un peuple...... 

Alors, les Dieux n’écoutent plus les prières; 
ils exterminent l’homme injufle, qui fut l’auteur 
de tous les maux.....,,. 

Tel fut Pâris, qui, venu chez le fils d’Atrée, 
déshonora la maifon de fon hôte, & lui ravit 
fon époufe. 

STROPHE SECONDE. 

Elle laiffe, pour mémoire d'elle, à fes conci- 
toyens, le fracas des lances & des boucliers, les 
apprêts d’une flotte. ...... 

Pour dot, elle porte à Troye la ruine & la 
deltrucHlon: : 450025 

Elle s'échappe des portes d’Argos. ... 

Elle ofe ce que jamais on n’ofa..... 

Les prophètes, pleurant fur cette maifon, 
s'écrièrent (45): 

« O palais! o palais! a Rois! o lit nuptial! 
o fuite d’une femme volage!....» 

Abfente, on croit la voir, confufe, en filence, 
prévenant les reproches, toujours belle, . .. 


2 D 


; 
26 AGAMEMNON. 

Elle eft au-delà des mers, mais, fon image 
remplit le palais qui la regrette. .... 

Ses portraits les plus beaux font odieux à 
fon époux; les yeux qui le charmoient n’y 
font pas, Vénus a difparu toute entière. 

ANTISTROPHE SECONDE. 

Des fonges, fuivis de regrets, viennent lui 
retracer de vains plaifirs. ... 

Plaifirs vains en effet, quand le bien, qu’on 
croit pofléder, s'échappe de nos mains, & que 
l'illufion s’enfuit promptement fur les ailes du 
fommeil /a)..... 

Tels, & plus déchirans encore, étoient nos 
tourmens domefliques. 

Mais, depuis le départ de l’armée, par toute 
la Grèce, le deuil affligeant règne dans chaque 
maifon. Tous les cœurs font bleflés.... 

On à vu partir les gages les plus chers; il 


ne revient, à leur place, que des urnes & 





(a) Littéralement: Chofe vaine, en effet, lorfque quel- 
qu'un croyant voir un bien, ce qu'il voit, échappant de fes 
mains, s’en va, non long-temps aprés, fur des ailes obéifantes, 


par le même chemin que le fomreil. 





ÂTAMEMNON. 


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26 


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mesdiroins A’reélus. 

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Bayäa d' dquy ans ou 207. 
AnuoxpaTs d &exs Tv 60. 
Méve d° dxcom nov 
Méca VUXTNPEPES. 


#39 





AGAMEMNON. 27 
de la cendre. .: ss 
STROPHE TROISIÈME. 

Celui qui fait échanger tes cadavres contre 
l'or, qui, dans les combats, tient la balance 
des armes, Mars, ne renvoie d’Ilion à de trifles 
parens, qu’un déplorable refle recueilli fur le 
bûcher, une poudre légère, renfermée dans 
un vafe (46)....... 

Ils gémiflent. . . .ils rappellent, l’adrefle de 
celui-ci dans la guerre, le trépas glorieux de 
celui-là. .... .& pour qui!......pour une 
femme étrangère. . .... 

Peut-être murmurent-ils tout bas; mais, 
un regret jaloux accufe, en fecret, les trop 
vindicatifs (47) Atrides. ..... 

En effet, une tendre & belle jeuneffle a 
trouvé fon tombeau fous les murs d’Ilion; la 
terre conquife enfevelit les vainqueurs. 

_ANTISTROPHE TROISIÈME. 

L’indignation publique eft pefante (48). 

Les imprécations du peuple ont toujours 
leur effet........Un fombre prefflentiment 
m'annonce quelque malheur (49). 

D ii 


28 AGAMEMNON. 

Ceux qui prodiguent le fang, n’échappent 
point aux regards des Dieux...... 

Avec le temps, les noires Euménides effa- 
cent, par des revers, l'éclat qui s’acquiert aux 
dépens de la juftice..... 

Qui vit trop obicur, n’eft rien..... 

Mais, à jouir d’une gloire reprochable, il y 
a du danger..........ceft s'approcher du 
rang où la foudre de Jupiter brille trop aux 
yeux (50). 

Je préfère des biens inenviés (a). 

Je ne veux, ni être le deftruéteur des villes, 
ni voir, dans la captivité, ma vie foumife à un 


maître, 
ÉPODE. 


L’heureule nouvelle, annoncée par le feu, 
s’eft répandue promptement dans Argos; qui 
fait fi elle eft véritable, fi les Dieux ne nous 
trompent pas! Quel enfant, ou quel infenfé, 
s’enflammera de joie, fur la foi d’un fignäl, 
pour roupgir enfuite, quand la nouvelle démentie 


le fera changer de langage ! Sous l'empire d'une 





(a) Ce mot eft hafardé, mais i rend le texte. 


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ATAMEMNAON. 28 
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29 ATAMEMNON. 
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5 


. 

AGAMEMNON. 29 
femme , il confvient de la féliciter fur la feule 
apparence. Le fexe, trop crédule, eft promp- 
tement perfuadé ; mais, fouvent, le triomphe 
qu’il annonce s’évanouit auflitôt. 

LE CHŒUR, CLYTÆMNESTRE. 
RÉCITS TIAMBIQUES. 
CLYTÆMNESTRE. 

Bientôt nous faurons fi ces flambeaux Iumi- 
neux, ces fanaux & ces feux-fucceffifs, étoient 
véridiques, ou fi, pareil au fonge, cet indice 
heureux n’étoit qu'impofture. Je vois fur le 
rivage un hérault couronné d’olivier. La 
poudre /a), qui s'élève, m'annonce qu’un mef- 
fager, (s’expliquant, non plus fans voix, & par 
la feule fumée des feux d’un bûcher allumé 
dans les forêts des montagnes (51), mais par 
des difcours) ou augmentera ma joie, ou... 
mais, rejetons un augure trop contraire; puifle 
la nouvelle furpafler encore notre attente! 

LE CHŒUR. 

Que celui qui formeroit d’autres vœux, en 

recueille lui-même le fruit (52)! 





(a) Le texte ajoute: fœur à sèche compague de la boue, 
3 


30 AGAMEMNON. 
LES MÊMES, UN HÉRAULT. 


LE HÉRAULT. 


O terre d'Argos, ma patrie, enfin, après 
dif ans, je vous revois! Parmi tant de vœux 
inutiles, le mien feul eft exaucé{s 3)! Non, je ne 
me flattois plus de mourir dans le fein de cette 
ville, & d’y jouir de ma tombe. Salut, o terre 
natale; falut, o lumière du foleil, o Jupiter, 
fouverain de cette contrée! Dieu de Pythos, 
dont les traits ne font plus dirigés contre nous, 
puiflant Apollon, affez long-temps tu nous fus 
contraire fur les rives du Scamandre; fois donc 
enfin notre fauveur, & notre divinité tutélaire ! 
Arbitres des combats; & toi, vengeur des hé- 
raults, mon augufle protecteur, Mercure, dieu 
meflager; vous aufli, Héros, qui nous avez vus 
partir : je vous invoque tous. Recevez avec bien- 
veillance ce que le fer a épargné de notre armée. 
Maifon chérie, palais de nos maîtres, vénérables 
foyers, Dieux expofés à l'Orient, qu'après une 
fi longue abfence votre œil foit favorable , fi 
jamais il le fut, à mon Roi. Agamemnon 


revient ; il apporte la fumière dans la nuit qui 


ATAMEMNAN. 30 
KH PT 4. 

To, rare Ses A’pyélas ylovos. 
Aergro ge qeie TON apraoun ému, 
TON Gr payuodr EAMAY, LUGE TUyÿar. 

Où >>p mor” rvqpuv Ty” © A’pyaia or 

Qurov pliée qiArire @QY ess. 

NY, jure À Do, jupe d'AA8 @aos, 

vraros me mess Zeus, o TuSos T dvaë, 

TÈus jdlor uwriT es fus BéAw 

aus OR Exguurdpoy RAŸS Ypo $20 

ydy d” aùre TD IQ LANA VOICE 

avaË Armor. To T’ d'y@VI04 Jo 

ravras Qegcuudb, Toy TéL0y TIUAOEGY 
pur, QiAor wipuxg , xmpurar (CéGas, 

eps me mu murlarres, euces mar 

PaToy DeOry T Acamuéror dbess. 

To, uéngôex RanAiu, Qi 4, 

Ceuvoi me Saxo, unovés T’ ævmain (a), 

À 70 mag! Qodpoin mind) ouao 

MEade xoquo RanAix MA ye01e. 530 

Hu 90 vuuy pos C eupeam Qiegy 

44 Diod) man Loi A'yaueuvay draë. 





(a) Scholialles : oi eg dvanalw édrne. 


31 ATAMEMNAON. 
A eù ny aamon de (4 20 Sr opérer) 
Tesioy xaTmoradayre TS dunpoeou 

A105 paxéA\n, Th: uaTÉpya sy mrédbr. 
Bœuoi d aigu 2 eo idpuuara , 

x amépuu TAONS amour XÉovos. 
Tour Tesie meibarar CeuxTesor 
araË A’reéidus @piobes euftupar dynp 
me, Tea N dEiwraros BesT s4a 
À vd. Tlaers 7, me ouvnAñs mA, 
Sdbyera TD dpaua Ÿ maIo% AGO. 
O'paur 9 aprayis Te à xx 0m Jul, 
Ÿ (a) puoiou © mébrn, à ravwrdes : 
œTiy or maredor élexcer Syror. 


Airña J' énour HMeiauidèu Supapnas bé 
X OP o’s. 
KnpuË Audi, jupe, T me spa. 
KHPTYE. 
Xajeg mb SN Gex tr” aimez Suois. 
XOPO'z. 


E'eps rarcoas Thodk yns C É UMA OR) ; 
" HPTE 
Der CoSuxpuu V Ouuany jaegs Um. $ 50 





() Pics, pignus quod manu capitur : fic exponit Sranlçjus, 


AGAMEMNON. 31 
couvroit & vous & fon peuple. Recevez avec 
tranfport, en voici le jour, celui qui a brifé le 
fol de Troye avec le foc, dont Jupiter fillonne 
la terre dans fa vengeance /a). Les temples, les 
autels, la race entière des Troyens, ont difparu; 
tant pèfe le joug, fous lequel les a courbés votre 
Roi, l’ainé des Atrides, l’heureux A gamemnon. 
Il revient, le plus grand, le plus augufte des 
vivans. Pâris & la ville fa complice, ne fe vante- 
ront point que leur crime ait furpaflé le châti- 
ment, Coupable de rapt & de fraude, le ravif- 
feur a rendu fon vol, & vu ruiner à jamais la 
maifon & le pays de fes pères; Les Priamides 
ont payé au double le prix de leurs fautes. 

LE CHŒUR (4) 
Hérault des Grecs, les Dieux béniflent votre retour! 
LE HÉRAULT. 
Ils l'ont béni ; déformais je mourrai content. 
LE CHŒUR. 
Le regret de votre patrie vous a bien tourmenté! 
LE HÉRAULT. 


Le plaifir de la revoir m'arrache des larmes. 





(4 Littér. qui a renverfé Troye avec la béche de Jupiter, ére. 


32 AGAMEMNON. 
LE CHŒUR. 
Ainfi donc, ce mal fi doux nous étoit commun! 
LE HÉRAULT. 
Quel mal! je ne puis vous entendre (55).... 
LE CHŒUR. | 
De defirer ceux qui nous defirent (56). 
LE HÉRAULT. 
Vous regrettiez l’armée qui regrertoit fa patrie! 
LE CHŒUR. 
Au point d’en foupirer fans ceffe en fecret. 
LE HÉRAULT. 
Mais, en quoi fon abfence vous étoit-elle fi fynefte (57)! 
LE CHŒUR. 

Depuis long-temps le filence eft mon falut. 
LE HÉRAULT. 
Qu’aviez-vous donc à craindreenl’abfence du roi! 
LE CHŒUR. 

Quoi qu'il en foit (58), comme vous, je mourrai content. 
LE HÉRAULT. 

Oublions le pañlé (59). Pendant un fi long 

efpace de temps, on éprouve néceffairement & 

du bien & du mal. Qui, hormis les Dieux, peut 


vivre long-temps exempt de peine! Dans le 


ATAMEMNON. 32 

X O P O'z. 

Tipains ap Te MoN Em Go A9: vocvu ; 
KH'PTE. 

Les JM AuySus T9 Sam Ad ; 
X OP O3, 

Tr ares iuépo mer\rpelos, 
KHPTYE 

[oôgy mo90@ rue ylù parer As. 
XOPrOX 

Ds MAN duavezs Cu perds aagévar. 
KHPTYE 

Toy mo dvogesr T&T’ émlio UPS PAT ; 
XOPOo'’sx, 

Hay D oayay Payuaror Bag ons à Lx. 
KHPTE 

Kay müs droyruy TUESIVOY ÉTEUS TIVLS ; 
XOPOz 

À vdy 7 où Mi, à Sur mem es. 
KHPTYSE. 

Eÿ 3ù méaraura Tue dc mn BUT) 

G@ pér ns ed AéEuer drertds éyur, 

G SN aùr LETIUARQR Tis 3, mA dr, 

arayT d'Tiuay À JY aicros 2070 3 


33 AÂTAMEMNON. 
Mol 30 et Acqou % duoauA as , 
apupras rap£us % xxXoPaTes, n N 
RroYTES, Ÿ AGYONTES AUTOS UÉCSS ; 

Ta Nate pro À MSN, MAGor guys. 
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dhocvi xx Cor, éuredby oivos 570 
EOmua Ty TETE CHINE TEL A. 

Xeuava SN & Aëyos mis ciwyoxToror , 

cor rapl y dpepror Luz por 

À QuAmos, ete movros Cy eonuGerycus 
Lors duo vlwëmois eudbi mea 

Ti Tai@ mev0dr PA ; Ilapoïyergy mrovos* 
api yETa D, TOI À Tvnroow , 

7 pror ads MN aaçivu MEAUY. 

Ti rs aañoérras © po AéyAr, 

+ Cd@ d dApir per Tu rampes; 5 80 
Kaj TM jupe ouutoegis xaQ@Eid. 
Hd 3 mis Aormionr A'pyiur pag 

nxg mo xépébs, Miua N CR aimppéTrel. 
Q's ouracey TAN eixos nAiou Pas, 

VRP Supgorns à yBoros 7ro To pApois" 
 Tesil eAovmes dmor A'pycior A6, 


AGAMEMNON. 33 
trajet , que de travaux, de veilles, d'’incommo- 
dités! eft-il un jour, que nous ayons paflé 
en entier fans gémir (60)! Débarqués, mêmes 
faigues, & de plus odieufes encore. Couchés 
fous les remparts des ennemis, nous voyions 
la rofée du ciel, & l'humidité de la terre, 
pourrir nos vêtemens, & blanthir nos che- 
veux {61). Comment peindre ces hivers, 
fléaux des oifeaux, & que les frimats de l’Ida 
rendoient intolérables ! ces étés, où la mer, 
immobile fur fa couche inagitée (62) par les 
vents, dormoit aux heures du midi. Mais, à 
quoi bon ce fouvenir! nos maux font finis; 
ils font finis, fur-tout pour les morts qui ne 
fongent point à revivre. Pourquoi celui qui 
furvit, iroit-il compter le nombre des victimes, 
& retracer des calamités paflées! Ne parlons 
plus de difgraces. Pour ce qui refte de l’armée 
des Argiens, l’avantage l’enfporte {ur la perte. 
Publions-le à la face de l’aftre qui nous luit; 
que le bruit en vole & fur terre & fur mer; 
que déformais, par-tout dans la Grèce, on 
puille lire : les Argiens vainqueurs de Troye 


2 E 


‘34 AGAMEMNON. 

ont confacré ces dépouilles, ces antiques tro- 
phées, à leurs Dieux; & qu’on dite : gloire 
à la ville d’Argos, gloire à fes chefs, hon- 
neur à Jupiter, dont la faveur a tout fait. Vous 


favez tout. . 
LE CHŒUR. 


À ce détail, je l'avoue, il faut fe rendre; on n’eft 
jamais trop vieux pour convenir d’une erreur. 
C'elt à Clytæmneftre & aux fiens de prendre 
les foins convenables, à moi de les partager. 


CLYTÆMNESTRE. 

Ma joie avoit éclaté, dès que le fanal m’avoit, 
cette nuit, annoncé le premier [a prife & la 
ruine de Troye; mais, on me reprochoit ma cré- 
dulité, Quoi, difoit-on, fur le rapport d’un 
garde qui a vu des fignaux, vous croyez qu’Ilion 
eft renverfé! il eft bien d’une femme, de livrer 
ainfi fon cœur aux illufions. Chacun ici m’ac- 
cufoit d’imprudente. Toutefois cette femme a 
facrifié, &, à fon exemple, on a répété dans Argos 
le cri du triomphe , on a chanté dans les temples, 
& nourri (63) de parfums des feux odorans. 


Mais, que vous ferviroit de m'en dire davantage! 





ATAMEMNAN. 34 
Suois aaquex Ga mis 499 EMadk, 
Spuois émaæo5 d\EUToY ELpYGLOY JAN, 
Toixèra ae xdovras , Avi mou , 


d TÉS PATIPU" À JAI TUMOETA s90, 
Aus GN Cnmentron. Tor éyuis Apr. 
XOPO'z. 


Niro pos Aosua EX chovostgye 
Au JD no mis Véegua EÙ payeur. 
Aôpors 3 radr à KAvrqurispg Lé\ew 
&x05 HAIÇR , oub à L'N A @T êpue. 
KAYTTAIMNH'=TPA. 
Ayo 7GAUEZ ki Ta} y XLeSS Um, 
or RAÏ 0 mers nos dye/0s TES, | 
peau duo LAS T’ aaçuar. à 
Koj mis p Chile dm, Gpuxmmenr Ag 
ride, Tegia vr mempOnaX, Susis ; 600 
À ALPTL DES VULUXOS , dpext réa. 
Amis TINTIS TAGYATOS 0Ùo” Eayyoulue. 
O'ucs SN ESvor Ÿ yuvarreio voue 
OA9AUYL0Y ŒANOS LAIT LU RoAW 
E AGO Lpnuodyns ORITT édpous, 
Sunpanor nouarres ad gATye. 
Kai vd @ paorw fm dQ C° éuoi Ac; 
E ij 


35 ATAMEMNA@N. 
dvaxTos duré marre meuoousy Adpr. 
O'rus SN deiçu À éuor didbioy mo | 
ar nd po \Gyre Eat. Ti, D 610 
quvanu Tire Diyos ndloi, dpansir 
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MAS it; Tavr’ értyfu As mood: 
me ons Gaç” tgsiqpuier PL PNTS 
vaine aq » cp us est porcs 
day rep By EAuTe , duudTwy XUv4 , 
CAL Cuuvo, mA mis duopesar, 
; TAN OUI MATE, CMURYTHELO 
PAT AfæpDéex ro c pes Aero. 
Ov ox Tép-lr, SN Ekidonsr pins 6210 
aME mess aidpos ao À juAko) Bapas, 
KHPYE 
Towod 0 xoumos À dAnIags mer 
x 9005 &5 yuvaui Murdie. Agxéir. 
XOPO'x. 

AUTY À Sros re puyQuvoyn oo 
Toegioy eppnreboy daremès A9 pr. 
Zu dam, iuË Merise 3 5 meSoust , 
ë ru Les À OEWOUENOS AAA dir 
1Éa oud Vu, Thod ÿhs DiAor xpaTos. 





AGAMEMNON. 3$ 
bientôt j'apprendrai tout de mon Roi lui-même. 
Hätons - nous de lui préparer une réception 
digne de lui. Quel jour plus fortuné pour une 
femme, que celui où elle yoit fes portes s’ouvrir 
à un époux, vainqueur dans la guerre, & fauvé 
par les Dieux! Hérault, retournez: dires-lui, 
qu’il reparoifle promptement, afluré de l'amour 
de fon peuple; qu'il vienne retrouver dans fon 
palais fa fidelle époufe, telle qu'il l'a laiflée, 
gardienne de fa maifon (64), à lui feul attachée, 
ennemie de fes ennemis, & qui, toujours la 
même, n’a pas violé, pendant fa longue abfence, 
le dépôt de Fhymen : aufli pure que l'or, elle 
n’a ni connu de plaifir, ni écouté de difcours, 
dont elle air à rougir (65). 

LE HÉRAULT. 

Cet éloge de foi-même, ne meffed point à une 

femme vertueufe, quand il s’accorde avec la vérité. 
LE CHŒUR. 

Vous avez entendu de fa bouche ce qu’elle 
veut que vous puifliez clairement répéer. Mais, 
répondez-nous: que fait Ménélas, ce roi que 
chérit la Grèce! efl-il vivant! revient-il avec vous! 


E ii 


36 AGAMEMNON. 
LE HÉRAULT. 

Je ne mentirai janais pour plaire à mes amis, 
duffent-ils jouir Ilong-temps de leur erreur. 
LE CHŒUR. 

Eh! comment nous flatter par un menfonge! 
Un fait public ne peut fe cacher (66). 
| LE HÉRAUVULT. 

Ménélas a difparu de l’armée, lui & fon 
‘vaiffeau : telle eft la vérité. 

: LE CHŒUR. 

Vous at-il quittés, en partant d’Ilion; ou une tem- 
-pête commune à toute la flotte l’en auroit-elle féparé! 

LE HÉRAULT.. 

Vous l'avez dit: voilà en peu de mots notre 

aventure malheureufe (67). 
LE ,CHŒUR, 

Mais, efl-il mort! eft-il vivant! que croit-on 

dans l’armée ! | 
LE HÉRAULT. 

Qui le fait, & qui pourroit nous l’apprendre! 

fi-ce n’eft l’aftre qui nourrit la nature. 
LE CHŒUR. 


Et, coniment cette tempête, fufcitée par les 





ATAMEMNAON. 36 
LHLTE 
Oùx 4 © ous Abu @ ul xa78 , 
À mA QiAoin wep sûr. 630 
xoPO'z. 
Ike Ke a emay vedvt GANIN TN; 
Zoe ra M Gex expumla ner GN. 
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(a) Fortaffe fcripfit Æfchylus drvyeir. Schütg. 


AGAMEMNON. 37 
Dieux contre les Grecs, a-t-elle commencé & fini! 
LE HÉRAULT. 

Il fied mal de profaner un jour heureux par 
de funeftes récits : à chaque Dieu, fon hom- 
mage (68). Quand un hérault, la trifteffe furge 
front, apporte dans une ville la funefte nou- 
velle, qu’une armée eft détruite, que tout un 
peuple a été frappé, & que chaque famille 
a perdu quelqu'un des fiens, par le double 
fléau , le double inftrument de mort, le couple 
homicide, qui fuit le Dieu des combats (69); 
dans cet amas de défaftres, il ne doit faire 
entendre que l'hymne d'Érynnis. Mais, moi, 
. meffager du falut, envoyé vers une ville triom- 
phante & profpère, dois-je méêlèr les difgrâces 
aux fuccès, & décrire une tempête, que le 
courroux des Dieux peut feul nous avoir 
envoyée; car, l’onde & la flamme, oubliant leur 
antique haine, s’étoient réconciliées (70) pour 
confpirer la ruine de notre malheureufe armée. 
Ce fut duraht la nuit que s’éleva ce fatal orage. 
Pouffés par les vents de Thrace, nos vaifleaux 
fe heurtèrent. Fracallés dans leurs agrès par des 


38 AGAMEMNON. 

chocs violens, &, au milieu des tourbillons de 
vent, de grêle, de pluie, mal dirigés par des 
pilotes éperdus , la plupart fe font abimés. Quand 
le foleil eût ramené la clarté, nous vimes la mer 
Æ gée couverte de cadavres & de débris. Pour 
nous, & notre navire, quelque dieu, fans doute, 
(car, ce ne peut être un homme) prenant le 
gouvernail, ou nous déroba au naufrage , Où 
obtint notre grâce. La Fortune confervatrice, 
d'elle-même, s’étoit aflife parmi nous, de forte 
que, loin du port, nous avons foutenu la tem- 
pête, fans toucher aux écueils. Échappés au trépas 
dans l'empire de Neptune, rendus à un ciel 
ferein, n’en croyant qu’à peine notre bonheur, 
nous n'avons ‘plus penfé qu’au défaftre récent 
de notre armée détruite & diflipée. Maintenant, 
fi quelques-uns de nos compagnons refpirent 
encore, ils nous croient perdus; {car, comment 
ne le croiroïiegt-ils pas! ) tandis que nous les 
croyons perdus eux-mêmes. Puiffions-nous être 
plus heureux que nous ne penfons! Peut-être 
Ménélas reparoîtra-t-il bientôt, & le premier de 


tous. S'il vit encore, fi, par les foins de Jupiter, 


« 


a 


ATAMEMNAN. 38 
VELO , mp , ‘ous ÉdAn T ouGesrrure, 
GOT AT , mugos xavo) spoGe, 
Excel JV amASE Ag MEN HAioU Pas, 
ce>udu aigoud mingyps Aiygr vexpois 
ardpdy A'udr , vaunxr T’ éperiur. 
H'uxs y Ë di, vabr Tr’, duiesToy oxdgos 67 0 
roi ms JésxAedar, À ’EnmionTo 
Quos ms, GX aepmos, diltxos Hyor. 
Ty 5 Tip ray JéAouI” éqéÇero 


ds, pur ch pue, ouaros CaAlw Eu, 
puir” Jouy ess xpammAtor yora. 
E‘rerra JV, do mommor megébpms , 
Aeuror 49] AD , Ÿ memiSons TUYA, 
tGsxo/od Au Qesrriow véoy ma90s , 
T° Q 4 ri / 

paÿ xauyTos à xaxus amodvuuaus. 
Ko vdy txéror ns ésir EmVE&Y , 630 

! € La ? ’ 4 ’ 
Acpuay nuas &S 0AWAITLS TI Li; 
H'ucis T” énelrous Gdr Eu REaC oh. 
Tour SN os aeiçe. Meter 7 Sy 
œepror me à pelige mess por. 
E; JS Sy ms dumis HAÏS vi ip 
y Carta Ÿ RAermovra , purne-vos Aus, : 
ÿro /0vms Jéuañocey Puos., 


Zrpogu à. 


39  ATAMEMNAON. 
Amis T8 avToy Mess uo MEuy mA. 
Toox ir duouons , iQ GANT «vu. 
ANTISTPOIKA. 
X OP Oz. 

Ti mr cyopuauQ er &- 690 
dés D rar éTyrUuws, 
(un ms, oyny 4 seu, 
envois & meœeppisou | 
VhGoT a © Tue vépuar ; ) 
Gr DeiyanGesv 
duquexn © E'Xéray; 
E x PÉTOYTUS 
E‘Aérac, engrdpos, éAémous, 
Cx TN aGeyrucr | 
TEIALAU LU ATEN ÉTNEUCEY 709 
Écquegu HYLYITOS ape. 
ToAvaydpoi me Qregands, 
xuva pi x lpvos 
Fat (a) aQarroy, 
AENooyrer (a) Éuierros axris | 
A dÉIPUMR og à 
SV £ew duanéora, 





(a) (a) Refcribe, mAdmç, &, néxoms T° Sranlejus, 


AGAMEMNON. 39 
qui n'aura pas voulu perdre la race des Atrides, 
les rayons du foleil, quelque part, éclairent fes 
yeux, efpérons qu’il reviendra dans fa patrie. 
Vous m'avez entendu; telle eft la vérité, 

LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 

(71) Qui donc, (fi çe n’eft un être invifible ; 
qui, prévoyant les deftins, règle les préfages for- 
tuits) a pu nommer ainfi, conformément à fon 
fort, cette Hélène (a), dotée par la guerre & les 
combats! Elle s'échappe de fa couche volup- 
tueufe, s’abandonne au fouffle des vents /b), 
&, véritable Hélène, elle perd mille vaifleaux, 
elle perd fon époux, elle perd la ville qui la 
reçoit. Sur les invifibles traces de fon navire, 
des milliers de combatans /c) abordèrent aux 
rives ombragces du Scamandre, conduits par la 


difcorde fanguinaire (72). 





(a) Hélène, en grec, fignifie, qui perd des vaïfraux. 
{b) Littéralement : du Zéphire né de ba terre. 
(c) Littéralement: de nombreux porte-boucliers, comme 


des chiens qui chaffent. 


40 AGAMEMNON. 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

Cette alliance, pour Ilion, fut l'alliance du 
malheur (73)....... 

Ainfi le vouloit l'inévitable courroux du 
Ciel... 

Ainfi a-t-il vengé l’offenfe faite à la table 
& aux autels de l’hofpitalité, fur ceux, qui, 
dans leur tranfport, avoient applaudi aux chants 
de nôces, aux cris d'hymen, entonnés par les 
fils de Priam, 

Apprenant aujourd’hui d’autres hymnes, Ia 
ville antique de Pergame pouffe de longs accens 
de plaintes. .... 

Ælle maudit, maintenant, la couche funefte 
"de Paris. 

Mis, auparavant, elle a vu long-temps, 
avec douleur, couler le fang de fes malheureux 
citoyens. 

STROPHE SECONDE. 

Un lion s'élève par les foins de l’homme; 
c’eft pour la ruine de la maifon où il eft né 
que la mamelle & le lait le nourriffent. ... 

Au matin de fa vie, il eft doux, il carefle 


ATAMEMNON. 40 

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41 ATAMEMNAN. 

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dya ue FAOUTS , 759 

paXQunoy ouudmy Res, 

MÉiguuor tepTos ap9os. 





(a) Exponit fcholiafles : Mar xwwoouéror. 


AGAMEMNON. 41 
les enfans, amufe les vieillards. — 
— Pareil au nourriflon nouveau-né, on le 
porte fouvent dans les bras. — 
— Forcé par le befoin, il fourit & flatte Ia 
main. — 
ANTISTROPHE SECONDE. 

— Mais, bientôt, il montre de quelle race il 
eft né. — 
— Pour prix de tant de foins, égorgeant les 
troupeaux , il apprête un feflin qu'on ne de- 
mandoit pas. ...— 
— Le fang coule de tous côtés. ...— 
— La famille pleure, fans pouvoir arrêter fon 
homicide rage. .......c'eft un prêtre de la 
mort, que le Ciel a fait élever. dans cette 
mai{on. 

STROPHE TROISIÈME. 

Ainfi dirois-je qu'Hélène entra dans Ilion, 
attrayante comme Île calme des mers, parant 
elle-même la parure la plus riche /a), lançant 
des yeux les traits les plus doux, fleur piquante 
de l'amour. 





(a) Littéralement: parure éclatante de la richeffe même. 


2 F 


42 AGAMEMNON. 

Mais, quel changement (74)! fes funeftes 
nôces fe celèbrent; elle n’eft plus qu’un hôte 
infociable & dangereux, une furie, dotée de 
larmes, qui, conduite par Jupiter vengeur, s’étoit 
élancée parmi les Troyens, pour y accomplir 
un fatal hyménée. 

ANTISTROPHE TROISIÈME. 

On a dit, il y a long-temps, chez les 
hommes, que la profpérité, à un certain terme, 
devient féconde, & ne va jamais fans fuite /a); 
que, d’une fortune brillante, germent, dans les 
familles, d’interminables malheurs. 

Seul, je penfe différemment 

C'eft l'impiété, qui produit mille effets, tous 
(emblables à leur caufe. Le deftin des mailons 
vertueufes, de race en race, efl profpère. 

STROPHE QUATRIÈME. 

Une première infolence engendre une info- 
lence nouvelle : — 

— celle-ci croit, & fait éclore, tôt ou tard, au 








(a) Litéralement : un vieux à antique proverbe, reçu 
chez les humains, dit, que le bonheur de l'homme, devenu 
t q 


grand, engendre, à ne meurt pas fans enfans ; àrc. 








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43 ATAMEMNAN. 
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ŒUiLE9Y EXO, : 
péngas Lung Yeoio das, 
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Are À paume É © 
dhonamvos douant, 
Toy Ÿ CHdouoy ne 
Rio. Ta yeucomaçu d\ &- 
CAL ouù me XePr 
AAÂUVTEO7TOIS OLyLæOI A4- 
modo, oo mesaiGa, Ÿ 
Sbrapuy S oCs- 
où HAUTE Don dre 
ay d” '6i Tipua voue. 

A NA'HAIZETOI. 


A M, RBanaed, Tesias AI mp- 


©, Afécws BuebAor, 
TGS CE MEIOEOW ; MÔS CE aebiQo ; 


Li Laaens, pif Aavuauas 


12° 





(a) Legebat Cafaubonus go oxénv. 


(b) Cafaubouus , Heathiufque, legendum cenfent eiduéras. 


AGAMEMNON. 43 
jour fatal, le malheur des humains. C’eft d’elle 
que naiffent, & l’éclipfe du bonheur /a), & le 
pouvoir invincible d’un fatal démon, & l’au- 
dace facrilége, & les noires infortunes , enfans 
femblables /b) à leur mère, 

ANTISTROPHE QUATRIÈME. 
Mais, la juftice fait briller fes faveurs, jufque 
fous le toit enfumé du pauvre, & comble d’hon- 
neurs une vie paflée dans la vertu. Si les lambris 
dorés font fouillés par le crime, elle en détourne 
fes yeux, les fuit, &, méprifant le pouvoir, ft 
vanté, des richeffes, va chercher une demeure 
fainte; elle conduit tout à fa fin. 
AGAMEMNON (fur un char), 
CASSANDRE, LE CHŒUR. 
LE CHŒUR, 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 
O Roi! o deftructeur d’Iion!.....0 fils 
d’Atrée!.….De quel nom vous nommer ! Com- 


ment vous honorer, fans exagérer ni reftreindre 





(a) On a adopté la correétion propofée par Cafaubon. 
(&) On a également fuivi la leçon indiquée par Île 
même commentateur, & par Heath. 


F iij 


’ 
44 AGAMEMNON. 

ma joie! La plupart des hommes, bleffant fa 
vérité, affectent, plus volontiers’ qu’ils n’éprou- 
vent, de certains fentimens /a). Avec un mal- 
heureux , chacun eft prêt à pleurer; mais a 
morfure du chagrin ne va point jufqu’au cœur. 
Faut-il paroître fe réjouir avec vous! on force 
fon vifage à des ris fimulés. Mais, du pafteur 
habile à connoître fon troupeau l’œil ne fe 
trompe point à de perfides carefles, qui le 
flattent fous l'apparence de l'attachement. Pour 
moi, je ne Île cacherai pas; quand vous emme- 
nates l'armée, pour” reprendre Hélène, vous 
futes dépeint dans ma penfée, bien défavanta- 
geufement, & comme un prince qui, fecouant 
le joug de la raifon, entraïnoit forcément des 
hommes à la mort. Aujourd’hui, c’eft du fond 
de mon cœur, c'eft en ami, que je vous 
félicite du fuccès. Bientôt, vous connoîtrez, 
qui d’entre les citoyens a refpedté ou violé 


la juftice. 





(a) Le grec dit littéralement, avec une concifion fin- 
gulière : Bien des humains, outrageant la juflice, eflimem 


plus le paroître que l'être, 





ATAMEMNAON. 44 
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45 ATAMEMNAN. 
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AGAMEMNON. 45 


LES MÊMES, CLYTÆMNESTRE. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
AGAMEMNON. 

Saluons d’abord Argos & les Divinités de 
ma patrie: je leur dois, & mon retour, & la 
vengeance que j'ai tirée de la ville de Priam. 
Les Dieux n’ont point laiflé plaider cette 
caufe; tous, unanimement, ont jeté dans l’urne 
du fang , le fuffrage de mort & de deftruétion 
pour Ilion, aucun n’a porté la main dans celle 
de la clémence; un vain efpoir s’y eft feul 
trouvé (75). Troye fume encore; les feux de fa 
vengeance y vivent, & fes richefles s’envolent 
avec fes cendres en nuages épais. Rendons d’éter- 
nelles actions de grâces aux Dieux. Par eux j'ai 
fu tendre le piége le plus funefte; &, pour une 
femme, (76) le feu des Argiens a pulvérifé 
Pergame. Au coucher des Pléïades , un peuple 
armé, enfanté par un cheval, s’eft élancé dans 
fes remparts, &, comme un lion cruel, s’eft 
défaltéré dans un fang injufte & coupable. 

J'ai dû commencer par les Dieux; mainte- 


nant, je vais répondre à vos difcours. J'en 


46 AGAMEMNON. 

conviens avec vous, peu d'hommes applau- 
diffent au bonheur d’un ami, fans reffentir 
l'envie, ce mal, dont le venin pernicieux 
s'attache aux cœurs, & les prefle d'un double 
poids ; car, celui qui en eft atteint, fouffre, & de 
fes propres malheurs, & de la profpérité d’autrui, 
Je ne le fais que trop, & je connois le miroir 
de la fociété ; la bienveillance la plus apparente 
eft moins qu’une ombre. Ulyfle feul, quoi- 
qu'entraîné aux champs de Troye contre fon 
gré, m'a toujours été fidélement attaché /4); je 
me plais à le dire, foit qu’il foit mort, foit qu’il 
voie encore le jour. Auffitôt que j'aurai célébré 
des jeux folennels en l’honneur des Dieux, 
nous penferons au refte. Ce que nous trouve- 
rons de bien, nous tâcherons de l'affermir; &, 
par-tout où le mal aura befoin de remèdes, 
employant avec fagefle, foit le fer, foit le feu, 
nous effayerons d’en couper la racine. Entrons 
dans mon palais & dans mes foyers, & faifons 
des libations aux Dieux, qui m'ont ramené 


d’une expédition fi lointaine ; ils m'ont donné 





(a) Littéralement : une fois joint, tiroir également avec moi. 


AÂTAMEMNAN. 46 
y qui Gurt, À ouvres w éyus. 840 
Tlavegis 30 ardpdy 6 avyerés TX, 
Dior T drueuvT au poor iGay. 
Auogçerr À is xapllar mesomdpes , 
dylos SrAoie rolremauuers voor 
mois Tours avg Miuaoiy Bapuveny, 
ÿ Ÿ Qexioy 0AGoy éiooepr, ques 
Esdvs Né a. Eù À Aéiauy 
ouAIas xaTOMIEgr, db AY aude 
Sbxodyrus Eve xapre mpédus eut, 
Moyos d\ O'for eg, 0apEp dy exo ET, 8 so 
Édyfus, éromes Là tuoi odexopoess' 
“TS Quroynos, re à Cdyros mes, 
Aéyo. Ta N'aNa, Mes AU Te à eo 
XOWOU L'YOVA4 DÉVTES CH TAN YUPE , 
CsAewoouede, Ko nm k xx Ads tp : 
omue xeoviCor eù pSp, BEAeurior. 
Oo 3 à JS payuaixwy ryarior, 
NTI xéayTes, À Terres pesras, 
ruegooucde miuaros Véray voor. 
Ndr d & ménalex x duo éqerox 860 
t\ Dur, Soin mep@ Noos, 
dmep mes mudayns, Hyansy mdr. 


47 ATAMEMNAN. 
Non d?, éréimeo amer, EuTidws pyor. 
KAYTAIMNHESTPA. 

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paSoda, à épauTHs Sapeepr A6£@ Rio, 

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Kay Paupaimr À À #4 Tocuy ÉTUr >euven 

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Dans, téreury Nuriou TAC Acydr. 

E; dl Tin, O6 Em uLOr Aya, 

TEATOUATOS Ta} Trpvoy 0 dunes, 

M0 oder (rl xd 8 Ÿ Aëy 880 

XBovos) TEAUcIE9r ASIA Jen aaGay, 

araË tua o xélSuvoy pop our. 

Todd” éxan xAndbrer TAÏUT-HOTOY , 

PON\GE au Tia eh dvpns 





AGAMEMNON. 47 
la victoire, puiflé-je en jouir long-temps! 
CLYTÆMNESTRE. 

Citoyens, fénat d’Argos , je ne rougirai pas 
de vous montrer l’excès de mon amour: il eft 
des temps où s’enhardit la pudeur. Souffrez que 
je rappelle ici, moi-même, non par un organe 
étranger, ce que j'ai fouflert pendant que mon 
époux étoit devant Troye. 

D'abord, quelle peine accablante pour une 
femme, que de refter, ifolée, loin de fon époux, 
fans cefle alarmée par des difcours finiftres, & 
par de triftes nouvelles, auxquelles fuccèdent 
d’autres bruits encore plus ficheux! Hélas! s’il 
eût reçu autant de bleflures que la renommée 
nous le racontoit, fon corps ne feroit plus qu’une 
cicatrice (a). S'il fût mort auffi fouvent qu’on l’a 
publié,certes, il eût pu fe vanter, nouveau Geryon 
aux trois corps, d’avoir eu plus d'une triple 
cuirafle à revêtir, avant de defcendre aux En- 
fers (77). Combien de fois, des mains étrangères 
n'ont-elles pas, malgré moi, brifé les inftrumens 


de ma mort, que ces trifles avis m'avoient fait 








(a Littéralement : i{ auroit été plus percé qu'un filer. 


48 AGAMEMNON. 


préparer! C’eft par une fuite de ces avis, que je 
ne vous préfente point ici, comme je le devrois, 
Orefle, ce cher gage de notre foi. N’en foyez 
point furpris; je l’ai commis aux foins de votre 
hôte {78 )bienveillant, Strophius de Phocide, qui 
m'a fait envilager plus d’un danger, dans les 
hafards que vous couriez aux champs de Troye. 
Le peuple, révolté , pouvoit fecouer le joug du 
Sénat ; il n’eft que trop ordinaire aux hommes 
d’accabler les malheureux. Nos vues, à cet égard, 
ont été fincères. Pour moi, mes larmes étoient 
taries jufqu’à la dernière: & mes yeux portent 
les marques de tant de veilles, employées à 
pleurer, dans l'attente toujours trompée de nos 
fignaux (79). M’endormois-je ! le bruit des ailes 
de l’infecte le plus léger troubloit un fommeil , 
dont les fonges m'avoient préfenté plus de 
maux qu’il n’en pouvoit arriver dans fa durée. 
Mais , aujourd’hui, tant de peines font oubliées. 
Cet époux eft pour moi, ce qu’eft, à un 
troupeau, le chien fidèle; à un vaifleau, le 
cable qui l’aflure ; à un palais élevé, la colonne 


qui laflermit; à un père, fon fils unique ; 





ATAMEMNAN. 48 
éAuouy aMu mess Pia AeAmmuerns. 
Ex MIN m0 ms ou) Ÿ ©Baçilf, 
EUX] Te L où XVI maTUUaTEY , 
os nel, Opiqus un Suuuays TN 
Téqea 3 Tr ydyns SpuËeros 
ZTcogios o Dour, aupirexl@ muar 890 
Euol Dear, mord ur VA céder 
xrdror ame Jules arapyia 
RSALO nappe, og avyfovor 
Regnin, T mreovrre AgxTiowy Ar. 
Toad pdpro ours % dAor qépa. 
Encre & di xavuarer Eios uno 
my xaToCruaov, SN ei qua, 
Ey odunoirois SO ouuaay RagGas 60, 
@5s dupi où x\ajouox AGUT NEUVE 
dTrpueAntes ajer. E’y dV craexaw, 900 
Aemlous U7a) xovwmos rydeoutuw 
pire JwoToTos, AUDI OÙ ma IN 
depou Tu € EurdSbyTos JHRovou. 
Nr GG marre ago nero Qi, 
Aëpiu af cidpa mor, ut) rive, 
CUTHeX VOS ESTOI | VMANS géyns 
mA» modipn, oroÿues Téxvoy maTes, 


49 ATAMEMNAN. 
y yo Gadonr vw Anis map tAmidW, 
xgNuv np andÿr Cx YiuaTos, 
oStircpo dun 7mmygor péos. 910 
Teprvoy 5 Tvar por CuQuycir ray 
Tonic mur did mescpypanr. 
DOcros JV ariqu moMa 3 @ oi xxg 
nreryou de. Nr déni, giAor XEESX , 
exGauy amins Thodt, pui jauai TOvis 
À où mod", aaË, L'Aou mpormes. 
Auod, n LE), ds ériçuAm TAos 
Tédoy LEAEUSOU PAYULY TÉTLILAW ; 
Eure Mio mopDuesPuTos 7085, 
45 Sow dcAToy @s a nyn74 Nu. 920 
Ta JV dMa Pesrnis ÉX umo vieu 
Snod dgos oud Quois ep ve. 
ATAMEMNAON. 

Anis AA, depairer AU QUAGËE ; 
dmvoia À MTS ULOTS EUM 
papas 7 écruvas. AN Cyuyoiuws 
av9v, 7ap AMGY EN TON épyads Vipass 
Kay Ga un yves y Sorris tué 
aGpure, und, BayCapou ques ulw, 
jeuyrens Rap mess Eu, 


Panne 


AGAMEMNON. 49 
à des nautonniers, la vue inefpérée de la terre; 
à l'hiver, l'apparition d’un beau jour; à un 
voyageur altéré, l’eau d’une fource pure. Quelle 
joie de le voir échappé à tant de périls! Tous 
ces noms font dignes de lui: que l'envie les 
pardonne ; j'ai fouffert affez Iong-temps. Main- 
tenant, o mortel chéri, defcendez de ce char. 
Mais, Prince, ne fouillez point dans la pouflière 
le pied qui a écrafé Troye. Que tardez-vous, 
efclaves que j'ai chargées du foin d'étendre fur 
le chemin ces tapis! Que la pourpre couvre 
fon paflage; qu’il entre dignement dans ce 
palais, où on n’efpéroit plus le revoir. Pour 
le refte, mes foins vigilans , aidés des Dieux, 
accompliront les décrets du deftin. 
AGAMEMNON. 

Fille de Léda, gardienne de ma mäifon, vous 
avez mefuré votre difcours à mon abfence ; 
vous l'avez fort étendu. Les louanges que je 
puis mériter, doivent m'être données par d'au- 
tres. Sur-tout, ne me traitez point comme une 
femme, ne me prodiguez point comme à un 


roi barbare ces cris, ces adorations. N’étendez 


2 G 


so AGAMEMNON. 

point fur mon paflage ces tiflus trop précieux : 

réfervons cet hommage à nos Dieux. Moi, 

mortel , marcher fur ces tapis magnifiques! je 

ne le puis fans crainte. Honorez-moi comme 

un homme, non comme un Dieu. Ma gloire 

n’a pas befoin de cette pompe /a); la modération 

de l'ame eft le premier bienfait des Dieux. 

N’appelons heureux que celui qui a fini fes 

jours dans une douce profpérité; c'eft en agif- 

fant toujours ainfi, que je puis être fans alarmes. 

CLYTÆMNESTRE (80). 

Ah! ne me dites point ce que vous ne penfez pas. 
AGAMEMNON (81). 

Croyÿez que je ne parle jamais contre ma penfée. 
CLYTÆMNESTRE. 

Ef-ce un vœu arraché par la crainte! 

AGAMEMNON. 

Mieux inftruit que perfonne, je dois parler ainfi. 
CLYTÆMNESTRE. 

Qu'eût fait Priam, s’il eût été vainqueur! 

AGAMEMNO NN. 


Sans doute, il eût marché fur la pourpre. 





(a? Lit. Ma gloire parle fans frotroirs de pieds à" fans tapis. 


PE 


ATAMEMNAON. so 
uN äuan spooao éhipaoroy me 930 
nJu. Oo Toi mio nuuAplr year, 
Ey monuiAois 5, Oynroy 077, XL ME 
Royer, eu à Siuubs ad poGs. 
Mo xd) audpa un So Ge eue. 
Xwers mod Per (a) Te % T Fox 
anndbwy dre. Kaj T jan xaxws Pesrdr, 
Deod ménç Jde. O'AGioey 5 pen 
Bior mAcuTionrr c eut QiAn. 
Ex rayri N üs œegosow ay, apons tye. 
KATTAIMNHETPA. 
Kaj plo md éme pui ©) waulw Euoi. 940 
ATAMEMNAN. 
Trouluw à 101 pi AapSeodrr" és. 
KAYTAIMNHETPA. 
HuËow Sois Mons e &d) éplur GX; 
ATAMEMNAQN. | 
Eirip ms, dus y eù mod” Jéfroy Av. 
KAYTAIMNHETPA. 
Ti d'y dx ou Tleiauos a QG” rvorr; 
ATAMEMNA@N. 
Ev movuAois y xépre pur Rldey Sud. 





(a) Scholiafles : 7 Van ris mdks mimAa ET om. 


G i 


TE: ATAMEMNON. 
KAYTAIMNHEZTPA. 
Mn vu, T obepmeor ikenis Alone... . 
ATAMEMNAN. 
Drum y dur Mudlegs uéya Sive 
KATTAIMNHETPA. 
O' d dpScnns y x ERÇnA9S méAe. 
ATAMEMNAQN. 
Oùri yureuros ‘Gr iuéipe pare. 
KATTAIMNH3TPA. 
Tois d DAGiois y À D AR) opére. 959 
ATAMEMNAN. 
H° % où val tu Mers nus; 
KATTAIMNHÈTPA. 
[ligod' gares pbm mapes y ixoy éuol. 
ATAMEMNA@ N. 
A’, & dxg o0i @db', Ur ns apOUA GG 
Ado @yps, mesdbu/oy tuGaay mods. 
Zur mois M n° tuGavo) dAoupar Sedr 
ui ns Rescue ouyaros Lao PYovos, 
Homn 99 ais CœuaropSopfr (b) ooiv 
PIeiegyre TAËTO apyueprmres © ÜPas. 
Téroy À Sos. Tny el 3 opéudpds 


(b) Srankjus : corrige pœuangdpär. 





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Pay: Le Egg AGAMEMNON. 


CENAMM /4 


A | LES 
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AGAMEMNON-. s! 
CLYTÆMNESTRE. 
Ceffez donc de redouter les difcours des hommes. 
AGAMEMNON. . 
L'opinion publique eft bien puifante. 
CLYTÆMNESTRE. 
N'’eft point heureux, qui n’eft point envié. 
AGAMEMNON. 
L'opiniâtreté ne fied point à une femme. 
CLYTÆMNESTRE,. 
Au comble de la gloire, il eft beau de céder. 
AGAMEMNON. 
Vous exigez donc que je vous cède aujourd’hui! 
CLYTÆMNESTRE. 
Oui, laiffez-moi volontairement cette viétoire. 
AGAMEMNON. 

Vous le voulez : qu’on détache promptement 
ces brodequins /a). Puiflent les Dieux, quand 
je marche fur cette pourpre, ne point me 
regarder d’un œif jaloux ! Je rougis de fouler 
aux pieds ces riches & précieux tiflus /b). Mais, 


c'en eft affez. Accueillez, avec bonté, cette 





(a) Le grec ajoute: fervile chaufüure du picd. 
(D) On a adopté la correétion propoféc par Stanlei, 


G iij 


s2 AGAMEMNON. 


étrangère. Qui commande avec douceur, eft vu 
favorablement de Jupiter : perfonne ne fubit 
volontiers le joug de l'efclavage. Cette captive 
eft la fleur, l’élte des richelles de Troye ; c'eft 
comme un don de l’armée, qu’elle a fuivi mes 
pas. (à Chytæmneftre) Puilqu’il faut vous obéir, 
entrons dans mon palais, & marchons fur cette 


pourpre. 
CLYTÆMNESTRE. 


La mer n'eft-elle pas la fource féconde de 
ces couleurs toujours vives, de ces teintures, 
aufli chères que l’or /a)/ qui pourroit l’épuifer! 
Votre palais, Seigneur, eft plein de ces ri- 
chefles; & l’opulence, non lindigence, eft 
votre partage. Ah! de combien de tapis /b) 
aurois-je voué /c) le facrifice, fi les oracles 
euflent mis à ce prix le retour d’un mortel fi 
chéri. Tant que vit le tronc de l'arbre, le feuillage 
renaît, & fon ombre nous défend des ardeurs 
de la canicule. Votre retour en ces lieux, la 


préfence d’un époux tant aimé, eft comme un 





{a) On a fuivi la leçon de Saumaile. 


(b) Voyez la note de Cantère. {c) Voyez Stanlei. 


ATAMEMNAON. s2 
rw) éono ile. Tor xpar@ pa \Suxds 960 
Qus mesoudw Ludude mec Nprera. 
E‘xor 3 SJuis doute AENTA Évyd. 
AuTr Ne, mdr penparor Eéoperor 
_aSos, sparg dwpnu’, tuoi Evyéanero. 
Exec) d drovur oo xanispauuy GA, 
qu ès Souor pénglex, moppuexs ma TW. 
KAYTAIMNHETPA. 

Eau Quagosa (mis 6 my xx@oGeod ; ) 
Tépouon mMNS mopqUexs us apyves (a) 
PA TEHUVIGUY à EM TON Baqas, 

Oîxos d° urapyu mdr oup Juois, waË* 970 
Syur, mére, d' Gex, 'Griquru dus. 
HoMmdr ramouor Suuairor (b) a Léautuw, 
douoin rœesuveyRerros y enqneois , 

uns xouispa Tiodk unyarwuuns (c). 

PiQns D Bons, QUAAGG ueT 65 SUou » 

oui NapTéivao adeiou xuvos. 

Ka}, ooû po Aovros Swuodliny ésia , 

“SuNmos À Ch inter ouais porwy 

dar 5 run Ze Tan ouParos mxpas 





(a) Salmafus, (exercit. Plin, p. 593,) lgit icépyegr. 
(Bb) Canter, leg. d” éjuairur. (c) Stanl, amyeraurn. 
Giv 


A'Yncpogn 
& 


s3 ATAMEMNON. 
oivoy, ToT #4 os ch duois mAu, 980 
ajdpos Aou ou "spopoAus. 
Ze, Zév rinue, @s iuas dyts maur 
men % mov! raymip a} péMys mA. 
XOPOo'x. 
ANTIZETPOSlIKA 

Time por TN eus 
Mira mesurer 
xæpd\as mexnomu mor, 
panmoAŸ JV duéAeucus 
a puoQ0s &o1St" 
EN Smhuoes, Nuxr 
dLoreiToy OEUEXTUY , 990 
Supoos nds YEu 
@peos DiAor ego; Kegros dV, émet 
Rpupunoiwr EuvtuGoAois 
Japuias duSTLs ra- 
pléncer (82), «8 ve T'Aaur 
apr vu@aras sparrès. 

Hdgousy N do” oud rer 
vogor, auTopËp le wv. 
Toy JV ay Aupus omus melti 
OQplevoy E’euvrec. 1000 








mm, 


AGAMEMNON. s3 
foleil brillant dans l'hiver, ou comme la fraîcheur 
du zéphir dans ces jours brülans qui müriffent 
le raifin. Jupiter, puiflant Jupiter, entends mes 
prières, daigne accomplir ce que tu as réfolu! 

LE CHŒUR {Cafandre refle). 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 

D'où vient que la terreur afliége obftiné- 
ment mon efprit occupé de préfages ! 

D'où vient qu’un oracle fecret, qui n’eft 
point demandé, point acheté, me parle fans 
cefle; & qu’une jufte confiance ne peut, le 
rejetant comme un fonge confus , s’affeoir dans 
mon ame ! 

Le temps des alarmes étoit celui où l’armée, 
attachant les cables au rivage , tirant les navires 
fur le fable, s'avança vers Ilion (82). 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

Mes yeux m'apprennent {on retour, j'en fuis 

témoin ; toutefois , {a) je crois entendre autour 


de moi le chant lugubre & diffonant d'Érinnys. 








(a) Littéralement: Tourefois, Érinnys chante, fans iyre, 
Ja complainre, 


s4 AGAMEMNON. 


Mon cœur, de foi-même, intérieurement 
averti, ne fe livre point entièrement à la 
douce efpérance. 

Ah!.....ce n’eft point en vain que mes 
entrailles treffaillent, & que, dans la penfée 
d’une jufle vengeance, mon efprit eft enveloppé 
d'un noir tourbillon (83). Fafle le Ciel, que 
mes preflentinens foient, au moins en partie, 
démentis, & non entièrement vérifiés ! 

STROPHE SECONDE. 

La fanté trop robufle finit avant qu’on foit 
raflifié de jouiflances; le mal eft voifin, & 
habite auprès d'elle. Le deflin trop profpère de 
l’homme échoue à un écueil invifble. 

La prévoyance, qui, d’un coup mefuré /a), 
rejette le furcroît d'une charge trop riche, 
prévient feule un naufrage total & la fubmer- 
fion du navire /a). 


Les dons abondans de Jupiter, des moiflons 





{a} Littéralement : à quand la crainte jette, par un 
coup de fronde bien mefuré, le trop des richeffes acquifes, 
la maïfon trop remplie d'une funefle opulence ne tombe pas 


toute entière, à le navire ne s'abime pas, 








ATAMEMNAN. 

AunNShuTos coude 
Suuos, ÿ TO ray éyev 
Amis Qi Dego0se 
ErAaryra N Éroi pa@Çe, 
mess cd\xois @penr TALIPOEIIS 
dreus aux Suduor réa. 
Evpouxy N dm” tuas m 
exmidbs Aud meoir, 
#5 TD LU TA6IGOE9). 

Mang p Ti Ts MON 
Uyéldg dxopEqoy 
Tip 000 JD 
virer ouororyos pes. 
Ka mruos aurez 
ardpos, éreyuer 
dPawToy épue. 
Kai m hi Me) yenuarer 
XTNOIWY 0xv05 RaAwy , 
ogerdvvas do éuéreou | 
x édV memes douos 
TEUYL VéUGY à, 
EN érommar (uxpos. 
Ton Toi Sais Cx Auos, 


4 


1010 Zropnf 


A'rncpogh 


s5 ATAMEMNAN. 
ŒUPIAGPAS TE, 

Æ dAoxuY emeruicr , 

VA @AEOEY VOODP. 

To SN 6 par mov araë 
Oudaue mesraesi) aidpos 
HÉAYY due, TS af AaAuy 
arxgAéouyT email r ; 

OùN T opaoduun 
TN pHydpor ay 
Ze aùr éravo tm agua y; 
E’ 5 pu TiGyera 
poieg uoipar Cx Jedy 
Epye pui MAEO Qépay, 
De3Q ua xpNa . 
yAdosa di GW Jess. 
Niy SN üm or pue, 
SuuaXys Te, à SA 
érA move more 
age CuroAurreuody 
Corveguadbas qperos. 
l'A MBO I. 
KATTAIMNHETPA. 


1030 


1040 


Eicw xopiQs à où Kaoniydpay 63e. 


AGAMEMNON. 55 
annuelles, peuvent éloigner l’indigence famé- 
lique. — 

ANTISTROPHE.SECONDE. 
—Mais , le fang d’un homme une fois verfé 
& tombé fur la terre, quel enchantement peut 
le rappeler dans fes veines ! — 

— Jupiter, dans fa fagelle, n’arrêta-t-il pas jadis 
celui qui favoit ranimer les morts! 

Si l'ordre établi par les Dieux ne me défen- 
doit pas de pénétrer plus avant, peut-être 
mon cœur forceroït ma Jangue à tout expli- 
quer (a); mais, hélas! il frémit dans la nuit, 
affligé, & fans efpoir de jamais déméler à 
temps rien de ce qui trouble aujourd’hui 
mon ame (84). 


LES MÊMES, CLYTÆMNESTRE. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
CLYTÆMNESTRE. 


Vous auffi, Caflandre, entrez dans ce palais, 





(a) Littéralement : fi le deflin, établi par les Dieux, 
n’empéchoit pas de pénétrer plus avant daus la deflinée, mon 


cœur, prévenant ma largur, me feroit tout expliquer. Voyez 
la nor (84). 


56 AGAMEMNON. 


puifque Jupiter veut que vous y foyez reçue 
avec bienveillance, parmi nos nombreufes 
efclavès , à l'ombre des autels domeftiques. 
Defcendez de ce char. Point d’orgueil. Sachez 
que le fils d’Alcmène lui-même, vendu comme 
un captif, a fubi le joug de l’efclavage. Quand 
la fortune nous force à fervir, il eft doux d’être 
foumis à des maîtres accoutumés à l’opulence. 
Ceux que vient d’enrichir une moiflon inatten- 
due, fontinjuftes & cruels envers leurs efclaves. 
Ici, vous éprouverez un traitement convenable. 
LE CHŒUR {a Caffandre). 

La Reine vient de s’expliquer clairement avec 
vous. Enlacée dans les liens de l’infortune, obéif- 
fez, croyez-moi...mais vous ne m’écoutez pas/a)! 

CLYTÆMNESTRE. 

Si mon langage n’eft pas étranger à cette bar- 

bare (85), mes difcours doivent la perfuader. 
LE CHŒUR (à Caffandre). 
Suivez la Reine ; elle vous confeille le meilleur 


dans votre état : obéiflez ; defcendez de ce char. 

nn —————_——————————————— 
. + / ’ “ 

(a) Littéralement : croyez la, fi vous m'en croyez; mais, 


vous ne m'en Croÿeg pass 





ATAMEMNAON. 56 
éme (© £9mxe Ze aulurmws Suis 
XOIY@VOV Evo XPYIGar, 7moN\dy pére 
JvA&wY, cuir xTIOIOU Bœuod TÉAG Se 
E’xGouy arluns Tiodt un x qesre. 
Kay mi y>p Toi Quoi A'Axuluns rom 
mea dyTa, TAUvo % Cuyor Srydr Riz. 1 0 so 
Er N $ arm mioN 'Eppémes nue, 
apauorA Say SarT mA poiers. 
Of D SroT éAmouvTes funomr aude, 
pui me JVAUS myr, À © gout. 
E'yus rap MU oixmrep vopiQ ere. 

XOPOZ. 

Zoi mi Aépouon mac où Qu Apr. 
Eynos da} Sox popoiucr dygéduamr, 
meiSoi dj, 4 meign dreuSvins d° joue. 

KATYTAIMNHETPA. 

AN rep "61 pi, Audbres dix (a), 
aydrae paru RasGugoy xexmin, 1060 
Eu per Ainsuoa méidw yy A0 

XOPO'Z 

Er @ Adçn À rapequrur AA. 

Haidov, Arodo roy” auaEtpn Sesgror. 


(a) Vide notam gallicam ( Es } 


s7 ATAMEMNON. 
KATTAIMNH'ETPA. 

Oùroi Suegciay Tlud) euoi oAn maex 
TiGur @ D ea puomupa ou 
EGnLEY AIN HAS MES ODAYAS HUE, 
os Smor tAmoua Tlod éEuy paie. 

Zu d, nm dhaods Ti, un açoXlo mou. 

E/ d dEuviuur oùox pui Un Apr, 

av d’ on qurns pexibe 1460 ei. 1070 
x*or?ox 

E‘pulwéos eorxer n Eern mesd 
iQ" Toros 5 Dnegs ds veypért. 

KAYTAIMNHETPA. 

H° uen y, à xaxür xAUA @perar, 
AT >arodon & TA vécipeToy 
Xe yjaeuvor d’ Cr 'Éiçury Qéper, 
œpir uamesr JéapeileOu ppos. 

Où puy mio pilas” dnuaOnoux. 
XOPO'=. 

En0 d (éminriez À) Ÿ Suuorousl. 
TO, à Gagrva, myd' promo 07, 
éxovo” ray Thde xgvioo Cunpr. 1080 

KAZA'N AP A. 

O’rrromi mort di. 





AGAMEMNON. s7 
CLYTÆMNESTRE. 

Je n’ai pas le loifir de l’attendre aux portes du 
palais. Déjä, les viétimes, deftinées aux Dieux en 
reconnoiflance de notre bonheur inefpéré, font 
rangées près du foyer domeftique (86). Vous, fi 
vous voulez me fuivre, ne tardez plus. Si, n’en- 
tendant point ma langue, vous ne comprenez 
pas mes difcours, répondez par un figne. 

LE CHŒUR, 

Cette étrangère, ce femble, a befoin d'inter- 
prète; elle eft auffi farouche qu’un hôte des bois 
nouvellement pris par les chaffeurs. 

CLYTÆMNESTRE. 

L’infenfée! qu’elle écoute mal la raifon! elle 
a vu la ruine de fa patrie, & ne faura pas obéir 
au frein, avant de l’avoir couvert d’une écume 
fanglante. Mais, c’eft trop m’abaifler, {Elle fort.) 

LE CHŒUR 

Pour moi, j'en ai pitié ; elle n’excite point ma 
colère. Venez, infortunée, quittez ce char, 
fubiffez volontairement le joug de la néceflité, 

CASSANDRE. 

Ah! ah Dieux!......., 

2 H 


53 AGAMEMNON. 
O Apollon, Apollon!........ 
LE CHŒUR, 

Pourquoi ces foupirs, envoyés vers Apollon? 
La plainte n’eft point l'hommage qui lui convient. 
CASSANDRE, 

Ah! ah Dieux!......... 
© Apollon, Apollon!.......,, 

LE CHŒUR. 

Elle pourfuit ces triftes plaintes , & les adrefle 
äun Dieu qu’on n’invoque point dans les larmes. 
CASSANDRE. 

O Apollon Conduéteur'! Apollon! Dieu 
trop bien nommé pour moi (87) ! tu veux donc 
me perdre encore une fois!........ 

LE CHŒUR. 

Elle va prophétifer fur fes propres malheurs: 
toute efclave qu’elle eft, un Dieu l'infpireencore. 
CASSANDRE. 

O Apollon Conduéteur! Apollon! Dieu trop 
bien nommé pour moi! où m’as-tu conduite ! 
dans quels lieux ! 

LE CHŒUR. 
Dans le palais des Atrides ; fi vous l'ignoriez 


ATAMEMNAN. 53 
Am » À 7moMor. 
XOPOSx. 
Ti Gr’ sommes duvpi Aoëis; 
Où 7 moiodmos de OplunrTé ruir. 
KAZANAPA. 
Onnnni: mm di. 
A'mA\oY, À 'moMor. 
XOoPO 3x. 
H° J' aème dvognuodon À Seoy xaAÛ 
Ar MesonxorT” © poois Dm Rsçuilér. 
KAZAN A P A. 
A'mN\oy, À'7M0 , 
A'yuéù T, AM Eos 1090 
dnuAions 30 $ pois nm SuTer. 
| xoPosz. 
Xpnody eorxey augi T ar xgxur. 
Moiu mo Suior JvAia rapei péri. 
KAZANAPA. 
Armor, A NY , 
A'yud +, A'mMar eus. 
À moi mT nyayés Le; es moi sirlw; 
X OP O3. 
Hess T A’rudbr 4 où un To) cyrods, 
H ij 


Zrpopn d. 


A'rnçpogn 
de 


Zrpopi 8. 


s9 ATAMEMNAN. 
éno Aëyo cor à @d C6x ipfs JU9n. 
ANTISTPO®IKA. 
K AZA'NAPA. 

Moov & ouù, mMa Euvicex 
aTopUa AAAR, X dprar (a), 1100 
adpos api yo à mdr payTheior. 

XOPO'3x. 
l'A MBOI. 

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vo, parue d'y epébprod @oyor. . 
KAZEANAP A. 

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xs GS Rpéqn, apayas, 
amas Te (apuas mes mareos ReCezydpas. 

X OPO'x. 
l'A MBOI. 

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Huy, oesqurrs Sd Smvas pavordy. 
K AZEANAPA. 

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Ti Tod% véov aybos lé, 1110 
uér” cp Auoun Tiof unSera xaxo?, 





(a) Stanlejus : fort x” dpraras. 








AGAMEMNON. 59 


je vous l’apprends, & ne vous trompe point. — 
CASSANDREÆE. 
RÉCITS ANTISTROPHIQUES. 
STROPHE PREMIÈRE. 
— Dans un palais, abhorré des Dieux; complice 
de forfaits parricides, des apprêts de la mort, 
& du maffacre d’un époux; réceptacle de fang. 
LE CHŒUR. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
Quelle eft donc la fagacité de cette étrangère! 
elle connoît trop bien ces lieuxenfanglantés(88). 
CASSANDRE. 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 
J'en crois ces témoins ; ces enfans qui crient, 
qu’on égorge, dont la chair nourrit leur père. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT IAMBIQUE. 
Vous avez le don des oracles, je le fais; mais, 
qu'avons-nous befoin de prophètes! 
CASSANDRE. 
STROPHE SECONDE. 
Ah Dieux! Que prépare-t-on! Quel crime 
nouveau, quel forfait horrible, on médite en 
H ii 


60 AGAMEMNON. 
ce palais !...... Attentat, odieux à des fujets 
fidèles , irréparable. . . Le fecours eft éloigné. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT IAMBIQUE. 

Je ne puis compendre ces derniers oracles : le 

refte nous eft connu; ces murs en parlent encore. 
| CASSANDRE. 
ANTISTROPHE SECONDE. 

Ah malheureufe! tu Fofes!.....,.après 
avoir fervi ton époux dans Je bain..,...., 
Acheverai-je !...L’inflant approche. ...Les 
coups fe redoublent & fe preffent (89)... 

LE CHŒUR. 
RÉCIT JAMBIQUE. 
Je ne vous entends plus; je ne puis com- 
prendre des oracles enveloppés d’ænigmes. 
DIALOGUES ANTISTROPHIQUES. 
STROPHE PREMIÈRE. 
; CASSANDRE. 

Ciel! o Ciel! que vois-je .…eft-ce le filet de 
l'enfer !.….quel piége'.….L'affaffin, c’eft l’époufe 
elle-même... Furies infatiables du fang de Pélops, 
réjouiflez-vous fur ce fanglant facrifice (90). 


ATAMEMNAN. éo 
dpepror QiAount , Voie Tor ; AXE 
? exds >mçuilé. 
XOPO'Z.. 
T'A MBOI- 

Tru didpis eu À payTeupaTar. 

E’xcive d épor mom 7 BoR mA. 
KAZA'NAPA. 

Lo Gagira, mA D HAÏS5. A'rnpooi 
Tôv GuoN por mon ê 
Aovredin Qudpuvase . . .Flws DexTo TA; 
Tayos 70 mod) és. Flesne à vip Cu 
xue95 opeyo pe. 1120 

X OP O3 
T'AMBO I. 

Oùra Euvnxg vd D rares 

érapquoinr JeTPETOIS SMS. 
ANTIZXTPO®IKA. 
KAZA NAPA. 

E" à, nur, ram), M mo Garry;  Zmpopide 
À Nuruor mn y didbu; 

AN anus. H' Euvébros, # Evryne 

@orov. Sois d° dropegs Jus 

xamAoAUEd TO DUUATOS AeuTiuou. 
H iv 


Zrpogn L. 


A'rnçpign 
de 


Arnçpogh 


6i ATAMEMNAN. 
XOPOX 

Lloiar .E'euvuo Tu Suuany XEAY 
émophaÇer ; OÙ pue Qrdpures A5. 
En 3 xapdlar tdpaue xponoGaQns 11 30 
guyor, dre % ei uns (a) 

Evraure: Ris Svros ay. 
Tayda d’ dm me. 
KAZA'NAPA. 

À, d Qu, idvu. Ar» T Boss 
T Gdesr & mrAoiny 
Lenéruenr 7aGèce pump 
rome mrrf d’ Cudpo muy. 

AoAo@orou à Aë@nros rue oi Ayo. 
X OP Os. 

Où round” ày SarpaTar ape d'apos 
dv, xxxd N To mesnxalo Gi. 1140 
A0 5 Suoparuy ns dyaQù ans 
Begnin Mer; Kaxy 7 M 
MAT Téva Samar (b) 

QoGor Péesurr air. 





(a) Sianléjus : Vegimus dhei fwnuois. Sic legebat à 
Cafaubonus , in noris mff. Sic, nos, interpretati fumus în 


verfione gallicä, (b}) Sranl, malim Siamwdir. 


AGAMEMNON. 6: 
STROPHE SECONDE. 
LE CHŒUR. 

Quelles font ces Furies, que vous invitez à 
la joie!.... Vos paroles m’alarment. ...Mon 
fang troublé fe retire vers mon cœur, comme 
fi j'étois percé d’un coup mortel, & que mes 
yeux fe fermaffent pour jamais au jour (91). Un 
malheur prochain nous menace. 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 
CASSANDRE. 

Voyez, voyez.... . Écartez le taureau de la 
genille.….elle le furprend enveloppé /a) dans un 
vêtement artificieux..elle le frappe...if tombe dans 
fon bain. . . dans le vafe de la rufe & de la mort. 

ANTISTROPHE SECONDE, 
LE CHŒUR. 

Je ne me vante point de favoir expliquer 
les oracles; mais, j’entrevois ici de grands 
défaftres. Hélas!. . ..quel bonheur les oracles 
annoncent-ils jamais aux mortels! L'art antique 
des devins n’a jamais fu nous porter que Île 


trouble & la terreur. 





(a) Littéralement : elle furprend le raureau aux noires cornes, 


62 AGAMEMNON. 
STROPHE TROISIÈME. 
CASSANDRE. 

Infortunée! (car je puis mêler ici mes propres 
malheurs,) quel eft ton deftin déplorable! Dieux! 
où menez-vous la trifte Caflandre! où !..fi ce 
n’eft à la mort. 

STROPHE QUATRIÈME. % 
LE CHŒUR. 

Quel Dieu, quelle fureur, vous tranfporte ! 
Vous chantez fur vous-même un chant déréglé. 
Ainfi, la tendre Philomèle, infatiable de pleurs, 
dans fes complaintes lamentables, gémit fur 
Itys, & noûrrit fa vie d'amertume (92). 

ANTISTROPHE TROISIÈME. 
CASSANDRE. 

Trop heureux le deftin de Philomèle ! les Dieux 
lui ont donné des ailes; {es jours font doux & fans 
douleur : une hache aiguifée tranchera les miens. 

LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE QUATRIÈME. 

Ces terreurs fubites, ces vains tranfports, 

vous viennent-ils des Dieux! Pourquoi ce 


chant & ces cris, effrayans, inarticulés, & ces 





ATAMEMNAN. 62 
K A Z A’N À P A. 


To, 0, Qaaias XaX07mTUO TU. Zapogi y. 

To D éuor Deso mins érar ax. 
Toi Ji pe des T Gaga nyeyxs; 
oMror, & pui EurSmrouuplw. Ti 9; 

X OP O'S. 

Dperouauvns ms À JE0POpNTOS A'ur Zrpoga à, 
oi d avras ess 1150 
your dvouor %, ot ms Ed9x (a) 
axopequs Pots, quAvixTois Q@naivous Qpeair 
Lau l'a vous upiJuAN ALAOIS 
&ndwr Bior. 

KAZA'N AP A. 

To, mn) : Arias dnStros pLoegr* A'rncpoq} 
meiGa/orr y>p oi Meeggoesr uns L 
Jui, VAuxut T' dde x\awuaiTwy Tip" 

Eu 5 jupe iouos aupnre dbex. 
X OP OS. 

Tlobe "hours Swopoggrs T” Eyes A'racpog)l 
parajois das ; 1160 ?. 
Ta d'Gnpobo dvopdre xay& 
meAorumreis, Ou T’ opOiois Cp vous. 


22 





PL . . 
(a) Esÿs exponiur rufus, vel etiam celer. 


63 ATAMEMNAN. 
Tlober oescc Eyes Suamas ob 
XGLHOPPHUOVES ; 
KAZANAPA. 
Zmgi Lo pau, paques Tlaeudbs 0A6ûexos 
Dur. To Exguardhou rates moTor. 
Tor 4 aupi (Cas diras Ggiwva 
luurouay Sopos* 
ydy d° dut KoxvToy mt XAREIVOIOUS 
STATE TC Stanwdodr Ge. 1170 
XOPO'z. 
Znpogi . Ti TOM mes àra E705 EpnuTe ; 
Neoywos aepray ao. 
Hérarywey dur diypan Qouie, 
doArd nya pures aan Opera, 
Deguua) éuoi xAver. 
K A Z A°'N À P A. 
A'rmspogi TO Mori, mov moAtUS d'AS LUS 
+ om. Lo DESTUP4 IUT MATOS 
MmAVXLVÉS LBoT TTOI0Y0LCY* dx06 
d” #4 ÉTHPLEOOY , 
To pui mou À oansp Er éye mar. 1180 
E»x 5 Sepurovors GY tuwmid'o (a) Rand. 
(a) Lrgcudum cenfer Jacob, Hppor 6 mx ir mile. 








AGAMEMNON. 63 
accens aigus! Qui vous ouvre la voie prophé- 
tique de ces oracles finiftres ! 

CASSANDRE. 

. STROPHE CINQUIÈME. 

O nôces de Püris, nôces, fatales à tous les 
fiens ! o Scamandre, qui abreuvois ma patrie ! 
tes rives ont vu croître & s'élever mon enfance: 
bientôt, je rendrai mes oracles fur les bords 
du Gocyte & de l'Achéron, 

LE CHŒUR. 
STROPHE SIXIÈME. 

Ah! ce dernier oracle ne fe fait que trop 
bien entendre : un enfant le comprendroit. Je 
fuis frappé d’une crainte mortelle ; chaque 
nouveau malheur qu’elle déplore, eft un trait 
qui me déchire. 

CASSANDRE. 
ANTISTROPHE CINQUIÈME. 
O travaux infruétueux d’un empire renverfé! 

Nombreux facrifices de taureaux engraiflés, que 
mon père offroit aux Dieux fous nôs murs, de 
quoi nous avez-vous fervi! Ilion n’eft plus, 


& moi, je verferai bientôt ici tout mon fang. 


64 AGAMEMNON. 
LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE SIXIÈME. 

Vos difcours ne fe démentent point: un 
démon trop puiflant, qui vous pofsède, vous 
infpire ce finiflre langage , & vous fait annoncer 
des maux déplorables & funeftes. Quel terme 
auront ces préfapes! 

RÉCITS IAMBIQUES. 
CASSANDRE. 

Eh bien! mon oracle ne fera plus enveloppé 
de voiles, comme une époule nouvelle; mais, 
clairement énoncé, pareil au vent, qui groffit les 
flots en les pouffant vers les côtes de l'Orient, ïl 
mettra dans leur jour plus de maux que vous n’en 
preflentez (93): Je ne parle plus par ænigmes. 
Rendez témoignage fi je fuis fur la trace de vos 
antiques malheurs. Ce palais retentit fans cefle 
d'un concert difflonant & funefte. Ivre de fang 
humain, une troupe enhardie de Furies domef- 
tiques, y refte; on ne peut les en chafler. 
Fixées dan$ cette demeure, elles y ont entonné 
l'hymne des enfers, fignal de la mort; &, dans 
un odieux refrain, elles ont répété le nom 


ÀÂTAMEMNON 64 
X O P Oz. 

Ernupa rmestions Qd' ipnuiou. A'rngpot 
Ko ms où à xxxoPesrdr 
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peXiÇew TA ptex DuaTIPOER 
Tépua S aumerd. 

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KAZA NAPA. 

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XNUEY ESS aVyas TÈdé MAHATOS MAY 
m4 Cor. Dpeocw N Jxér À duruarur. 

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Varuos ££w, auyfovwr E’euvuor. 

Yoda Sd Uuvor, Souao mescivve, 1200 
er Gper atluw cr uépu d' dmériuans 


65 ATAMEMNAN. 
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Hahn; À Oneg mn, TETE Ts &s; 
H° davdbuarris eu Quegxomos EASY ; 
E’xwbrupnonr mesvuoons 70 p’ dv 
ro rangias Ta) aplplias Sopuov. 
XOPO'S=. 
Koj müs aÿ apxos Mu (a) Muruows ra 
æaovioy Quoi ; Oavpa w 5 ouv, 
mrré méexr Sapfonr LMdeguv mAr , 
xvp4y Aénpuouy @ansp Er: TAPÉÇUTE IS 1210 
KAZA'NAPA. 
Mans W A’rmMaer TS) émiqnou TAU 
TlesŸ À ous le euoi Aïydy GA. 
XOPO'S. 
Mdr © Sos mep iuépo mem AMUEs 
AGpuvery D mas ms eù mexoSoy MAO. 
KAZSANAPA. ” 
AN LL mangicns, XEpT’ Euoi mréar yueur. 
XOPO'xz. 
H° % Téxror els éppor NAT YoUO 
KAZA'NAPA. 
Æuvouvéouco AoËiar édaura uv. 








(a) Auratus © Stanlçjus legendum cenfent, ipxs mue. 





AGAMEMNON. 65 
exécrable de celui qui fouilla la couche de 
fon frère. Me trompé-je, ou ai-je frappé le 
but! Suis-je un faux prophète, un vain impof- 
teur! Dites, mais avec ferment, que je ne 
connois pas les anciens forfaits de cette race. 

LE CHŒUR. 

Hélas! un ferinent/a/, fi j'ofois le faire, remé- 
dieroit-il à nos maux ! Mais, que vous m'étonnez! 
Élevée au-delà des mers, dans une ville étrangère, 
vous parlez comme fi vous étiez née parmi nous! 

CASSANDRE. 

Cet art, (long-temps j'ai rougi de l'avouer) 
eft un don d’Apollon, d'un Dieu prophète... 
LE CHŒUR. 

— Et, fans doute, quoique Dieu, defirant vos 
faveurs ; qui peut tout, d'ordinaire, fuit fa paflion. 
CASSANDRE, 

Lim’attaqua long-temps; fon amour étoit extrême. 
LE CHŒUR. 

Et, cédates-vous, enfin, à fes defirs (94)! 
CASSANDRE. 


Je Le promÿs ; mais, je trompai le Dieu des oracles. 














(a) On a fuivi l'interprétation de Stanley, 


2 I 


66 AGAMEMNON. 
LE CHŒUR. 

Étiez-vous déjà inftruite de .cet art divin! 
CASSANDRE. 

J'avois déjà prédit aux Troyens tous leurs maux. 
LE CHŒUR. 

Et, la colère du Dieu vous laiffa-t-elle impunie (95 )? 
CASSANDRE. 

Hempêcha dès-lors, qu’on ne crût mes oracles. 
LE CHŒUR. 

Pournous, nous ne fommes que trop portés äles croire. 
CASSANDRE. 

Ah Ciel! © douleurs! .....Un nouveau 
tranfport prophétique m'agite, de nouveaux 
préfages me troublent. ... Voyez-vous, dans 
ce palais, ces enfans, pareils aux fpetres de 
la nuit!..........Maflacrés par ceux qui 
devoient les chérir........ils portent dans 
leurs mains leurs propres chairs, leurs entrailles, 
leurs cœurs. ...mets épouvantables! .....1le 
père en a goûté!....../Pour les venger, un 
lion, mais un lion fans courage, nourri dans 
cette demeure, après avoir fouillé Ig lit con- 


jugal, n’attend que le retour de mon maître 





ATAMEMNAN. 66 
«* O P OS. 
HO Térao CO ppnSun 3 
KAZA'NAPA. 
H'M mA marr” é9kamQo Ta IN. 
XOPO'3x. 
Tlcis Sur” aaxros (9 5) ia AoËis xoTo.1220 
KAÏZA'NAPA. 
Eur Sr Sy, os GS nurNaxor. 
X OPO'S. 
H'uur y M mçu Seam eu Dxse 
KAZA'NAPA. 
Lg, &, à © xxx. 
Tr où que Sos opIouarttids 70v0S 
pbs, Gexorur Geauois éqnuious. 
O'exre méod vs Jours Epnuuss 
VÉOLG , OVERY MESTQPUS LOpO& UT ; 
Toul, Suyoytes wampu mes À QiAwr, 
XeXS xpedy mANSOTES oùxéiag Boexs, 
ob CpTipois Te AL VV » ÉMOILTIQUY VÉUAS, 1 2 3 O 
BPÉTOUO? EYONTES , dy ra TP VU TO., 
Ex rai mrouvas Qnuu RE Aever nrd 
Aéorr', day, y Aya spopayor, 
oxouesr , oi, Te po/oyn Sauory 
I ij 


67 ATAMEMNAON. 

ue pipe D jen mo Jruduor Gurpr. 

Nec + érapyes, VAS T' aaçumne, 

Gex cidey dit yAdoræ [UMITHS HUYO$ 

Aéface, ÿ aura Qadhoros , d\xlw 

ans Ages, TéEery xaxY TUy. 

Toad TAUX InALGe dpasros Ports 1240 

6h. Ti nv xx Aodox durqiAis duros 

TU ay; auPiobyvar, n ExUN\ay mv& 

oxofur y mirent, raurirer LagGlw, 

Suouoay Gb unrép, danordbr T’ par 

PiAvis mréouour ; Q's d Emm oALEATO 

ñ FAYTOTON UNS , @aEp c4 payns Pom. 

Aonëi 5 paper vosiuo cuTielie. 

Koi TS ouoio à mn un réiQw, [ T1 V2? 5 ) 

T péAoy NEec La ou ul Gy1 TAC) y 

ar y dAnSouarnr, OxTÉeRS , EpŸs. 12 $0 
X OP O3. 

Ti À Oviqu Je rude xjedv 
Eunxa , w méperxa » Gobos m6, 
X\UOT” dAnSws SA Jenxaousre. 

Ta JAN drovoes, Cu dhouou mour Fée. 
KAZA'NAPA. 
A'yauépons où Qu Emo day 10091. 


AGAMEMNON. 67 
(efclave, il faut bien m’accoutumer à ce nom). 
Le chef de mille vaiffeaux, le deftruéteur d’Ilion, 
ne fait pas quels maux lui prépare cette furie 
domeflique, ce chien déteftable, qui le flattoit 
de la langue, lui fourioit, pour le trahir. Une 
femme, l’ofer !.…poignarder yn homme! De quel 
monftre odieux lui donner le nom! Eft-ce un 
ferpent à deux têtes ! Eft-ce une Scylla, habi- 
tante des rochers , fléau des nautonniers; ou une 
mère de l’enfer, furieufe, fouffant une haine inex- 
tinguible dans fa famille! L’impie ! Elle pouffe 
des cris de joie, comme après une viétoire (96). 
On diroit qu’elle revient triomphante. Duffé-je 
n'être pas crue, (car tel eft mon fort) tout va 
s’'accomplir. Bientôt, témoins compatiffans, vous 
m'appellerez la trop véridique prophétefe. 

LE CHŒUR. 

J'ai reconnu le repas affreux de Thyeftes ; 
j'en ai frémi: à ce récit, fidèle où rien n’eft 
inventé, la crainte m'a faifi ; j'ai écouté le refte, 
mais je ne puis le comprendre (97). 

CASSANDRE. 
Vous verrez, je le dis, la mort d’Agamemnon. 


l iïj 


68 AGAMEMNON. 
LE CHŒUR. 
Quel préfage! Miférable ! étouffez ces paroles. 
CASSANDRE. | 
Il n’eft point de remède à ce malheur. — 
LE CHŒUR. 
-Non, s’il arrive ; mais, que le ciel nous en préferve! 
CASSANDRE. 
Ici, vous faites des vœux, là, on fonge à frapper. 
LE CHŒUR. 
Et, quel homme méditeroit ce forfait ! 
CASSANDRE. 
Vous avez donc bien mal écouté mes oracles ! 
LE CHŒUR. + 
Je n'ai point reconnu l’auteur du complot. 
CASSANDRE. 
Toutefois, je vous ai parlé votre langue.— 
LE CHŒUR. 
— Et celle des oracles : ils font obfcurs (98). 
CASSANDRE. 

Dieux ! Quel feu me dévore! O Ciel!...O 
Apollon, Dieu deftruéteur des loups (99)! Trifte 
Caffandre !. ..Cette lionne , qui, dans l’abfence 
du lion généreux, s’eft unie avec un Joup, 


ATAMEMNAN. 68 
X oO PO 3. 
Euquuur, à Gaga) XOUMODY qu. 
K A Z A'N AP A. 
AN Sn. ryor TN 'Gçuilf Aoro. 
XOoPO'Sz. 
Oùx, D Tapésa) y” d Ma pa fooira TS» 
KAZANAPA 
Zo À en, mis N SmouTéver LENE. 
XOPO 3. 
Tods-meis aidpos TT dns mopouem ; +2 60 
KAZ=ÂNAPA. 
H° agpr op o mapemimus ends EAU. 
X O.P Oo 3. 
TS Avr # Eux pmarlio. 
KAZANAPA. 
Koi ulo &ra y EM 'Oiçaus QaTiys 
X OPRO'Z. 
Kai 5 @ rugcxparre dau N opus. 
KAZANAPA. 
Ta, of ro nup émépyerg À pui, 
O'rnn, Aux Amor 6 to, ty. 
Aùrn Sr Aéora ourxouo un 
Aüro , Atorros Mois armoucie , 
Jiv 


69 ATAMEMNON. 

xTevQ ueT Gngwar os 5 Qaruaxor 

TU EUTE xaœu0) pur crOnod XÔT@. 1270 
Envy, Suppuan un Pacyæror, 

EUNS LJUYIS TATLÈTY yon. 

Ti Tr euauTis xaTayiAwT 6 GX, 

Y nl ex, Y darTeia mes Apr Pr; 

Ze À m9 puiexs À eus 2foT en. 

Tr 65 pOooov meonT* dya 90 N due ous 
au my ati ait io) TASER. 

dou JV A’mMar avros Calor ue * 
RENE IAN CT. Eroriéous N jue 

xèy mio xoovos xarayhomlu Kj1280 
QiAwY, UT eyÎepr, $ dYppporus parlw. 
KaAwin 5, Gorris ws d'upreu, 

Pass, Grave, Aupome, nresçoulev. 

Ka vdy 0 jarns miyny CumesËas tué, 
ammyar ts Tito JuyaGUDE TUyAS. 
Bouod marcaou d àvr 'Eri£lwo Ste, 
Su LOTTÉIONS Quirio MEITT AT HAT. 

Où pl ani y Cu dy nm. 
H'Eu D nuX &N\0S aù MpLLIESS , 
dTEoxTOro QITUUR, MOV TWP FATCOS. 1290 
Duyas d'A, Mod hs >mEENS, 





AGAMEMNON. 69 


va t’immoler, malheureufe, à ton tour : elle 
cherche une excufe, tu ferviras de prétexte 
à fa fureur. C'’eft pour le punir de m'avoir 
amenée, dit-elle en aiguifant fon poignard, 
qu’elle égorge fon époux. Pourquoi gandé-je 
encore ce fceptre, ces couronnes, qui n’ont fait. 
de moi qu’un objet de rifée! Vains ornemens, 
foyez brifés avant ma mort; c’eft tout ce que je 
vous dois {1 00). Allez parer quelqu’autre infor- 
tunée. Viens, Apollon, viens reprendre cette 
robe prophétique. Sous cet appareil, tu m’as 
vue en butte aux railleries, certes trop injufles, 
& de mes amis, & de mes ennemis. Traitée, 
comme les femmes à preftiges, de miférable, 
de mendiante, de famélique, j'ai dû tout en- 
durer. Aujourd’hui, Dieu prophète , à quelle 
mort mènes-tu ta prophétefle! Au lieu de 
l'autel où mon père fut immolé, c’eft fur le plus 
infame tronc (101), que je vais être égorgée. 
Toutefois, les Dieux ne laifleront point ma mort 
impunie. Bientôt, celui qui doit la punir revien- 
dra. Rejeton matricide, vengeur de fon père, 


maintenant, exilé, errant loin de cette terre, 


70 AGAMEMNON. 


# reviendra, pour combler les maux de fa - 


famille; limprécation d’un père mourant le 
pamenera (102). Mais quoi! étrangère , ai-je 
donc à déplerer les maux de cette maïfon! J’ai 
vu le deftin d’Ilion; celui de fes vainqueurs eft 
une juftice des Dieux. .... . 

Allons. ....il le faut... ,.fupportons mon 
trépas, puifque les Dieux l’ont irrévocablement 
juré... . Portes des Enfers, je vous invoque, 
ouvrez-vous! Que la mort, au moins, me frappe 
d’un feul coup; que mon fang s’écoule à grands 
flots; & que mes yeux fe ferment fans effort! 

LE CHŒUR. 
Fille trop malheureufe , trop éclairée, que d’é- 
vénemens vous prédifez ! Si votre fort, en effet, 
vous eft connu, pourquoi courir audacieufement 
à l’autel comme une viétime pouffée parles Dieux! 
CASSANDRE. 

Amis, je ne puis, par des délais, éviter mon defin. 
LE CHŒUR. 

Le différer, eft toujours un avantage. 
CASSANDRE. 

Le jour eft venu, la fuite feroit inutile. 


ATAMEMNAN. 70 
xéTuov, dus Go Sesruur piAoIs. 
A'Eer vi dia qua x us rare ds. 

Ti Sr € bo xa TOO GJV page, 
ré n meror Edo LAS mou 
mega ds tœegker oi d éev MA, 
Gros draNdosouas Cp Judy 4piod; 
Sox mes, TARA TO x] 9urdr. 
Opopora F üpros Cx Sudr péyas. 

Au rongs 3 @s Aïe, DES ÉTU 1300 
Ensiemsl 3 xg4elas FANYYS TU > 
os doqalurs, duorar Lima 
DmppUÉ TE | Ou cuuGaho TN. 

X oP os. 

D mme À Gauna, mMa N ad og 
pére axpar éruvas. Ei SN émruuos 
pags T aiThs de, TA, DnAGTY 
Bods Nulo, mes Bou dmAuvs maris; 

KAZSANAPA. 
Oùx 7° dAubis, 9, Écioi, +201 AR. 
X OoOPO'x. 
OS üqums y % pero peau. 
KAZA'NAPA. 
Hu md afp quxpa xp QurY.1 3 10 


71 ATAMEMNON, 
XOoPo'z. 
AN (1 Tuer $o da TA uou Pperos. 
KAZANAPA. 
(a) Oùis duovu GG À LSunorer. 
XOPO'x, 
(a) AN daxucds mi XTSurfr vais Reste 
KAZA'NAPA. 
To, ranp, (ST n order Téxror. 
X OP O'x,. 
Ti dE Aétua, ms (? Smopéqu GoCos ; 
KAZA'NAPA. 


dd, ed. 
X OP O'sx. 


Tir” 6qdbas (b); à mn pi gpadr uns ; 
KAZA'NAPA. 
DcCor (c) Sur mréoua du ToEL y. 
X OP 03. 
Kay 7màs nm oQet QUUX TOY EPeGwy ; 
KAZA'NAPA. 


O'uoos dTILCE, warsp CA &?s, PTE. 1 320 








(a) (a) Hofce duos verfus tranfponendos cenfet Heathius, 
(8) Cafaubonus : vox formata a qe, peu. 
(ec) Sranlgus : mallem gérer. 





AGAMEMNON. 71 
LE CHŒUR. 
Infortunée, que nous admirons votre courage! 
(8) CASSANDRE. 
Mourir généreufement, eft une confolation. — 
(d) LE CHŒUR. 
— Que les malheureux feuls connoiflent. 
CASSANDRE. 
O mon père! o mes généreux frères! 
LE CHŒUR, 
Qu'eft-ce donc! quel eflioi vous ramène! 
CASSANDRE. 
Hehsl... ssh sc ésa 
LE CHŒUR. 
Pourquoi ces foupirs /b)! l'horreur vous faifit. 
CASSANDRE. 
Ce palais refpire la mort /c), le fang y dégoute.- 
LE CHŒUR. 
—Oui, le fang des vidiines brûlées fur l'autel. 
CASSANDRE. 


La vapeur qui y rèyne, eft celle des tombeaux. 





(a) (a) On a adopté la tranfpofition prapofée par Heath, 
(b) Littéralement : pourquoi ces hélis ! Voyez la note (103). 


(c) On à fuivi la leçon de Stanley. 


72. AGAMEMNON. 
LE CHŒUR. 

Quel exécrable encens (104)! 
CASSANDRE. 

Entrons, & jufque dans ce palais déplorons 
mon fort & celui d'A gamemnon. J'ai aflez vécu. 
O mes hôtes! Je n’héfite point, comme l’oifeau 
qui preflent le piège. Vous, rendez-en témoi- 
gnage, quand la mort d’une femme expiera ma 
mort, & le fang d’un homme, le fang d’un 
époux malheureux ; c’eft le préfent d’hofpitalité 
que je demande en mourant (105. 

LE CHŒUR. 
Infortunée, que ton fort, ainfi prévu, m’attendrit ? 
CASSANDRE. 

Encore un mot, une dernière complainte. 
Soleil, qui me luis pour la dernière fois, & vous, 
mes futurs vengeurs, faites payer cher à mes bar- 
bares affaflins, la mort trop facile d’une efclave 
fans défenfe (106). Deftin des humains! Heu- 
reux, une ombre les renverfe; malheureux, ils 
font oubliés, comme un trait effacé par l'éponge 
humide. Toutefois , leur bonheur fait plus de 


pitié que leur malheur (107). 








ATAMEMNAON. 72 
XOPO SZ. 
Où Xverr dragioua Juuxa Atys. 
KAZANAP A. 
AN Eu ner Spin xoxvoous” ul 
A'yauéprorss me poiear. A'puéimo Gios. 
Lo, Eeror. 
Oùros Svoni(w, Suyuror as 0pris, PoGa 
dAN @5 Suvouoy HÉPrupÂTé oi TON, 
Gray pur yuvaxos arr” euol Jun, 
ap Te vod uapTos arr” adpos méTue 
Emécroduy GG S üs Suyouydpn. 
XOPO'=. 
T TrAAy ,onTies ot JeapaTy Ho. 1 3 30 
K AZANAP A. 
AraË tr erreiy pro À Opnvor AW 
euoy À avr. H'Aio d émeuyouy 
mes Uçuror Eds, mois euois nuoëois 
EyTEOIS @oyeuot Tois ELDIS TIvEu Guod 
SuAns Suvouons dulpos queæuaros {1 06). 
To Reyruz ex war: Lrvpd@ k 
qua ns apreé der #4 3 YA , 
Bongis Vyeworur amvÂos A6 pezpur. 
Koj GT Cuesror aNr oxtiep MAU( 107). 


73 ATAMEMNAN. 
XOoPosxz. 
ANA HAIZETOI 
To À eù œeañeur dxopequy Qu 1340 
man Resnis JuxrvAoSixTt 
dns druimar &ryd ueAgÎegr, 
Mn d' eioenlns, GS Qurdr. 
Ko 7% mou eAQy édbooy 
poxapes Tera pou 
Sons d” oixad” ixgve. 
Ndr d”, 4 @œestienr ou >mn; 
%, Ti Sarl Suror, \uV 
Toivds JuvaToy are "Erxpad 
ms en etre Best) dof 1350 
duuon qdru, GS drovr; 
l'A MBOIL. 
ATAMEMNAQ N. 
Duo, rérAryau quelar TAnrny éro. 
HMIXOPO'S. 
Eija ms mAryir aÜTe quels raquelos ; 
ATAMEMNAN. 
Duo, pan ads Sunegr TETANHENS. 
HMIXOPO'x. 
Tépoor ppt, Sox f Loi Baniws ouoypan. 


AGAMEMNON. "73 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Les hommes, jamais, ne fe raflafient du bon- 
heur. Nul, de ceux que diftingue la fortune, 
ne lui ferme fa porte, & ne lui dit: N’entre 
plus ici (108). 

Voyez le fils d’'Atrée....... 

Les Dieux lui ont livré la villé de Priam : 
il revient honoré par le ciel..... 

Mais, s’il faut qu’il expie un fang verfé depuis 
long-temps ; que, facrifié à des manes irrités, 
par fa mort il paye trop chèrement d’autres 
morts ; qui des humains, après un tel exemple, 
fe vantera d’être né fous un aftre bienfaifant ! 

RÉCITS IAMBIQUES. 
AGAMEMNON. 

Ah ciel! je fuis percé d'un coup mortel. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Écoutons: j'entends des cris; qui donc eft blefé! 
AGAMEMNON. 

Ah Dieux! on me perce encore. 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
C'en eft fait; c’eft le Roi que j'entends. 
2 K 


74 AGAMEMNON. 
que faut-il faire! concertons-nous prudemment. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Si vous voulez m'en croire, appelons ici le 
peuple. 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Il vaut mieux fondre dans le palais, & fur- 
prendre les affaflins le poignard tout fumant. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
J'approuve ce confeil: agiflons, le temps 
prefle. 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Confulions cependant: cet horrible prélude 
annonce des tyrans. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Nous balançons, & ils frappent, fans s’occu- 
per de l'avenir (a). 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Je ne fais quel parti prendre; il faut bien 
examiner avant que d'agir. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Il eft vrai; car enfin, fi le Roi eft mort, nous 


ne faurions le rappeler à la vie. 
oo 
(a) Lit. Foulant aux pieds l'avenir, leur main se dort pas. 





ATAMEMNAN. 74 
AM ouwaue ap mus dapanñ RSA uaTe. 
HMIXOPO'S. 
En pur + eur waœulw Ayo, 
mess Jua Nip din xipéorur Bonr. 
HMIXOPO'x. 

Epoi dome Gyçqu y tumeur Souer, 
9 œesy Eérqu Euc voppire Eiqu. 1360 
HMIXOPO'z. 

Keno, Tiÿry auaTos xoy&wvos dv, 
Jnpiousi nm dpar. To puni péMer d due 
HMIXOPO'3x. 
Opayr Taper pesiuia(ovra À ws 
Tuegrrids qnuéia mexosoyTes MmAU, 
HMIXOPO'S. 
XesiQouo 2. Oi 3, meMéons xxéos (a) 
mdr rarodrnes, $ xa Jeu Sbuay x. 
HMIXOPOS. 
Oùx oi BSANs ns mvos Ta A0. 
TE dpdrnos 61 x nm RAY met. 
HMIXOPO'S. 
Kaæ)o muvns eu’, éme Svaunyard 
Aopin À Duo” aq mur, 1370 
K ij 


75 ATAMEMNAON. 
HMIXOPO'S. 
H° % Rio xrivres (a) GN vréitopdw 
par rar uTpn Ticd’ npuapois ; 
HMIXOPO'Z. 
AN Gex deunr, dd 1a]9uyfr paru. 
Teryriex 9 poiex À ruegwridrs. 
HMIXOPO'Z. 
H° D rumeur dE ouai rer 
parruoouedn Grdpos w5 AwASTOS. 
HMIXOPO'ZX. 
Zag edbrus per TN pwuDIN mes. 
To D TOME Ç Eu 8 oùp afro d\yæ. 
HMIXOPOS. 

Toutlw emyréy maiTodey TANQUIOUY 
Cœuds A’redtu are xveodf onu. 1380 
KAYTAIMNHESTPA. 

ToMdy maeoider xyeios eipneber, : 
Gran ame x éryquu nou. 
ds 32 ms eyhesis eybex mopoudur, QiAis 
Sxodow &ru, Tori apxbçaToy 
PexEue , Uas xpforor Cu mMIUaTOS ; 
Euoi d'ayor 0) CEx aPeNTims Tang! 





{a) Canterus, Tuvorns, reclé. 


AGAMEMNON. 7$ 
SECOND DEMI-CHŒUR. 

Mais, pour prolonger nos jours /4), céderons- 

nous à des maîtres qui deshonorent ce palais? 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 

Non, fans doute; plutôt mourir: la mort 

eft plus douce que les tyrans. 
SECOND DEMI-CHŒUR. 

Ces cris douloureux nous annoncent trop 
que le Roi n’eft plus. 

PREMIER DEMI-CHŒUR. 

H faut nous en aflurer : conjedturer ou favoir, 
font deux chofes différentes. 

SECOND DEMI-CHŒUR 

Je me rends à cet avis; entrons, voyons par 
nous-mêmes quel eft le fort du fils d’Atrée. 
LE CHŒUR, CLYTÆMNESTRE. 

CLYTÆMNESTRE. 

J'ai tenu, n’aguères, le langage du moment; 
je ne rougirai pas d’en changer. De quelle autre 
manière, voulant me venger d’un ennemi qui 
paroifloit m'être cher, l’euflé-je entraîné dans un 


piége de malheur, dont il ne pût fe dégager! 





(a) On a adopté la correétion propofée par Cantère, 


K iij 


76 AGAMEM.NO NN. 

Cen'’eft pas d’aujourd’hui, que mon antique haine 
méditoit ce combat : enfin, le jour eft venu; 
l'enneni eft arrivé où je l’attendois : tout étoit 
prêt. Je ne le nie point; il n’a pu, ni fuir, ni 
fe défendre: je l'ai enveloppé dans un fuperbe 
voile, comme le poifflon dans un filet fans 
iflue. Deux fois je l'ai frappé, deux fois il a 
gémi; fes genoux ont plié, il eft tombé ; un 
troifième coup, offrande au dieu fouterrain, 
confervateur des morts (109), a précipité fon 
ame dans les Enfers. Son fang a jailli fur moi : 
douce rofée de mort, dont les gouttes m'ont 
réjouie, comme la pluie du ciel réjouit la terre, 
quand les germes de fon fein vont éclore(: 10). 
Voilà ce que j'ai fait: Vieillards, foyez-en fatis- 
faits, ou non, je m’en glorifie. Que n'avois-je, 
à l'inftant, de quoi répandre des libations fur 
fon corps ! j'en eufle répandu, & avec juftice : 
la coupe, que, dans ce palais, le cruel avoit 
remplie de tant d’horreurs exécrables, il Fa 
bue lui-même à fon retour. 

LE CHŒUR. 


Quels difcours audacieux ! tant de hardiefle 


ATAMEMNAN. 76 
Vans mangidé FAI, OUD L0V® Ye LUN” 
Ecnxe d' O9 émeo” em upyamueois. 
Où d' imesta, (à GS” céx apnicouu) 
de qui Quiydr pur” durel, poesr. 1390 
A'rciegr aupiGANSPO , warep FLOUE y 
munies mNETr épailos axôr. 
Too 6 y ds ner dUoir oucrpracts 
peQiner ag LONG À TEAWAOT 
row éredu, & xE\ poros 
db vexydr uThegs euxrajar Yaieur. 
Oùre T aTÿ SuLoY opaguves TrEoùY" 
ax Quaidy 27 du TOS TGV » 
Baie pe épeuuy Lang Goivias dpocvu, 
jateguour HS naror, # A0 v0T® 1400 
Jr, & amopnTos AGAUrOS CH AU. 
Ne G tyormu, mpéobos A'pyeiar TON, 
jaiesrr” ar,  juenT', ko d° émeupousy. 
Es d” %r opemvrer &r Eten ve), 
GS a Mgos ny aps 2 8 
mor xpaTip Cr dbuors xaxaY 0 
TANTLS pau) , aUTos Curie LeNY. 
XOPO'z. 
Oavpalopôy cv yAdos er &s JERTURUS, 
K iv 


ZTpogr. 


77. ATAMEMNON. 
Ang Toi) ém” ad xopurma (eus Apr. 
KATTAIMNHETPA. 
Taez pau yuvonos ds dPesiauoros 1410 
890 N dretgo xepdla me dbres 
Aie. Eu N œvfy Eté jue ydr aus, 
Guy. OÙros Eèly Aya éme, eos 
MS , Véx05 5 The 77 CSS, 
éppor digues Téxroros. Ta GA Eye. 
X O P Oz. 
ANTIETPOdIKA. 
Ti xax07, & va, XPoroTeepes 
éPavoy, À moToy racn ua pots 
Œ, a A0s oeppdpor, TV imédou vos 
Jupolesous Tapas; A’médlrés, dméraues 
dois déc, jüoos ouGeuuor dois. 1420 
KATTAIMNHZETPA. 
l'A MBOI. 
Nr & Malus x mAwS qurho eo, 
% pos dçûv, dudlegu T' éye ya, 
Sy TN aidpi TAN Crarnoy Deezr" 
06 $ mem, wanse LoË mes, 
puioy Pheoymor roro voustuay, 
eQucer vrd rai, QiATA TI Epuoi 


AGAMEMNON. 77 
m'étonne; vous infultez ainfi à votre époux ! 
CLYTÆMNESTRE. 

Je fuis femme, vous croyez m'intimider; 
fachez que mon cœur eft intrépide. Louez ou . 
blâmez, peu m'importe. Oui, voilà le corps 
d’A gamemnon, de mon époux; voilà l'exploit de 
mon bras, l’œuvre de ma juftice; je vous le dis. 

LE CHŒUR, 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE. 

Quel poifon nourri dans la terre, ou quel 
venin forti de l’onde falée, vous infpire cette 
rage, vous fait braver l’imprécation du peuple! 
Vous avez frappé, égorgé votre époux ; Fexil,. 
l'exécration publique, feront votre partage. 

CLYTÆMNESTRE. 
RÉCIT TIAMBIQUE. 

Vous me condamnez à l'exil, à la haine des 
Argiens, aux imprécations du peuple! À quoi 
deviez-vous condamner celui, qui regardant 
fa propre fille, le fruit chéri de mon amour, 
gomme une victime prife au. hafard parmi de 


nombreux troupeaux dans un gras pâturage, 


78 AGAMEMNON. 
limmola, pour calmer les vents de la Thrace /4)! 
L’exil eût donc été trop pour punir un pareil 
facrilége! c’eft pour moi feule que vous êtes 
un juge févère! Menacez, j'y confens : fi vous 
l'emportez fur moi, je fuis prête à vous obéir ; 
fi le ciel en ordonne autrement, vous appren- 
drez, mais trop tard, à vous contenir (111). 
LE CHŒUR, 
ANTISTROPHE, 

Dans vos defleins, dans vos difcours, vous bra- 
vez tout! Vous refpirez.le carnage (1 12); le fang 
fort de vos yeux enflammés /b). Abandonnée de 
tous, vous expierez ce meurtre par votre mort{b), 

CLYTÆMNESTRE. 
RÉCIT I1AMBIQUE. 
Entendez, ici, mon ferment : j'en jure par 
la vengeance de ma fille; j'en jure par l’Enfer 
& les Furies, à qui j'ai facrifié ce barbare; 
jamais je ne marcherai dans le fentier de la 
crainte, tant que l’aftre qui brille dans mon 





{a) On a adopté l'ingénieufe correction de Cantère. 
(5) (5) Le texte en ces deux endroits eft corrompts 


Voyez la note (112), 


ATAMEMNAN. 78 
ay, tæodby Opmuuy Tr Anuudrur (a). 
Où ro x vis Mio yen C° adpnadiér, 
puacuamur mo ; Emixoos SV O1 
épor, Mais Jay à. Aëyo À où 1430 
miadr” def, US TapeoneuaoLEPns 
Cr À ouoiwr Yuei vUouyT” &u08 
ag tou à TÉUAaAU xpourn 9805, 
pocn Aiuyles os pi D ougesrér. : 

X OP O'Z. 

Mepa ous à, eipesre Araspogée 
d éngxes* D'ansp Sr PoroaGS ruyæ | 
@ptr Ehugvery. Aïros ka ouraTur 
duaroé d'opérer mere (b). E'n où zen 
gesnbar Dior rue muuua Tire (b). 

KAYTTAÏMNHETPA. 
l'A MBOI. 

Ka} TN duobus opricr tu Seuur 1440 
pi + Treo À euns myis Nxlw, 
al, tel ©, da Ton éoqaË ty, 

g por pes menglesr EAms Eurati, 
tous aÿ oûn TÜp D ésias Euas 


L 





(a) Canterus ingeniofe , dmadrur. 
(8) (b) Loci corrupti. Vide notam (113). 


Zrpogn à. 


79 ATAMEMNON. 
AinoT0s, &s nm ES eù perd : ELU, 
Oùns À 78 pin dans ÿ xpa Dex. 
Kdrqg yuveuros Tho$ AuHærTieses, 
Xpuor dy pére À Ua RS 
AT aix pan as nX À Tex ome, 
% XOI)ONENTE 06 TN » DETpa TA 14 so 
min Évveuves, vaprinuy 3 D carry 
ImTeiCns. Are N x tmeakärh. 

O À 7 Sms n N T1, xuxyou uw, 
T UuTOy PONPT ES Særaoruor er, 
XEH TR PiAñTop FEV, épol N émhyaÿo 
euns mages dom £: uns YAUdÿs. 

ANTISTPOT K À. 
X OP Oo‘. 

Del | m6 à y Gya, pu abswduns, 
md Siuiomipne 
poANT de Qéeguo LT 
poip” aTiAeuroy Unvor, Su udyTos 1460 
Quagros Ludpecuiry, Ÿ 
MOM\X TAgYTOS yuvetos Naf 
Des pronos N moe Lio. 

ANATATSETOE 
To, TOgrouos EAta, aux Q@s MN , 


AGAMEMNON. 79 
palais, Ægifthe, ne ceffera point de m’aimer; 
Ægifthe, mon bouclier, l'appui de mon cou- 
rage. Le voilà, cet auteur de mes larmes, qui, 
fous Ilion , brûla pour Chryféis; le voilà, couché 
dans la pouflière, avec la captive , la prophéteffe 
infpirée des Dieux, la tendre amante qui parta- 
geoit fon lit dans fon vaifleau, fous les yeux de 
fes matelots! Que tous deux font bien traités 
comme ils l’ont mérité! lui, dans l’état où je 
le vois, &, à fes pieds, l’objet de fa paflion, .ce 
cygne, qui a chanté fa propre mort; il ne l'aura 
amené, que pour mieux affaifonner le plaifir 
que me promet l'amour. 

RÉCITS ANTISTROPHIQUES-ANAPÆSTIQUES, 
STROPHE PREMIÈRE. 


LE CHŒUR. 

O mort! que ne viens-tu fans retard, abré- 
geant,nos douleurs & notre angoiffe, plonger nos 
yeux dans ton fommeil éternel ! Notre défenfeur 
chéri n’eft plus. . . Après mille travaux foufferts 
pour une femme, une femme lui ravit le jour! 

PARTIE ANAPÆSTIQUE. 
O criminelle Hélène! Que de héros toi 


80 AGAMEMNON. 
feule as fait périr devant Troye!...... 

C’eft encore toi, qui rends le plus parfait, 
le plus célèbre de tous, viétime -d’un forfait 
inexpiable ! 

Certes, un démon de difcorde eft le fléau 
de ce palais ! 

CLYTÆMNESTRE. 

Que votre affliétion ne vous fafle point 
invoquer le trépas. N’accufez point non plus 
Hélène d'avoir caufé tant de morts; d’avoir 
feule perdu tant de Grecs, & fait couler des 
larmes intariffables. 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 
LE CHŒUR. 

Fatal démon attaché au palais & aux deux 
neveux de Tantale! leurs époufes te font 
remporter une double victoire, qui déchire 
mon /a) cœur......... 

L'impie! pareille à un vautour ennemi, 
acharnée /4) fur ce cadavre, elle fait gloire de 


chanter {on triomphe! 





(a) Ona fuivi la leçon de Stanlei. 
(5) On a adopté ici celle de Schütz, 


ATAMEMNAN. 80 
Gs man mA us 
oNéono 7m Tegie. 
Nr 3 mu mAUWaqy 
emo SV du are, 


Hns ny Tor” © dbyuois . 
deus teid'uarros aidpos diÇ ge 1470 
© KAYTAIMNHETPA. 


MndŸr Quarts puoiexr emEuyeu 
moiod Bapuv Suis. 
Mn” us E‘Aérlw 070 CnTeinfs, ° 
ds aidpoñétup, &5, Luz mod 
eddy duyas Acrady 0\éauo', 
aEvçu my d'A99S toparer. 

X OPO'S. 

Aus, ds tummlus doux x A'raspogr 
Nqu$a Toranifunr, 
xpaTos io duyou Ce yuranar 
xp durer euoi (a) rparuvus. 1480 
En 5 comaros Nygy pui 
XOEXXOS tyesd qudsis (b), curouus 
Vyoy UUYQr ETEUYETE. 





(a) Sranléjus : mallem éun. 
(5) Schüry : legendum fortè guêkie”. 


Zrpogn B. 


81 ATAMEMNAN. 
ANATAISTOI. 
KATYTAIMNHETPA. 

Nr J' cp9uous quan: waulw, 

; ; 

T TETE yui0Y 

duuova Muras io LAXANTLET. 

Ex Ÿ 90 tegs cpua To \o1”,05 

veipa Séperuy, apr XX TA NE 

TO AANGIOY dy0S, VÉ0s Pape 

X O P 0’ x. 
H° juéyar olxois mio 1490 
duuora y Rapuumir œuvds. 

def $ OP) , X&XOY ddroY &TH- 

EXS TÜyAS dHopEqUU ’ 

Lo, m, a/gi Au0$ 

AAYATIOU MLVEPYÉ TL, 

Ti D Regrois av Aus nAÎw4; 

Th TN  SeoxpawToy ty; » 

A N AIN AIZ3ST O.I. 
To, ©, 

Ranxed, Banned, mûs ce Suxsucu; 

@peros Cx QUAIG, T MOT ETD 1500 

Ko d'apayms y vpiouan Te 

JV arf Suyaro Rio Cumréor, 


AGAMEMNON. 8: 
CLYTÆMNESTRE. 
PARTIE ANAPÆSTIQUE. 

Plus jufte maintenant, vous accufez le ter- 
rible /a) Génie de cette race infortunée. . ... 
C'’eft lui qui perpétue chez elle une foif inex- 
ünguible de fang (113). A vant qu’une plaie fe 
ferme, une autre vient s'ouvrir. 

STROPHE SECONDE. 
LE CHŒUR 

Vous parlez du Génie trop puiflant, qui 
opprime cette famille ! — 

—Trifte fouvenir d’une fuite conftante de mal- 
heurs, dont, Hélas! Jupiter tout-puifflant eft 
la caufe! — 
— Car, enfin, qu'arrive-t-il aux mortels fans 
l’aveu de Jupiter! De quoi les Dieux n’ont-ils 
pas ici difpofé! 

PARTIES ANAPÆSTIQUES. 

Hélas ! hélas ! O A gamemnon ! o mon Roi! 
Quelles larmes , quels regrets affe2fincères vous 
donnerai-je! Vous êtes couché dans ce voile /b), 





(a) Littéralement : haur de trois coudées. 
(B) Littéralement : ce rifu d'une araignée. 


2 L 


82  AGAMEMNON. 

privé du jour par un forfait impie, & viétime 

de la fraude! Quelle indigne mort, o Ciel! la 

hache a tranché vos jours. 
CLYTÆMNESTRE. 


Vous dites que c’eft-à mon ouvrage, Fou- 


vrage de fon époufe /a)! Non, ce n’eft point 


moi; c’eft le Démon, vengeur du cruel feftin 

d’Atrée, qui, empruntant mes traits, a puni fur 

un homme l’injufte maflacre de deux enfans. 

|  ANTISTROPHE SECONDE. 
LE CHŒUR, 

Vous êtes innocente! où en font les témoins! 
où font-ils! ‘Qu'il vienne dofic, ce Démon, 
aider aufli à venger un père'..... 

Mars ne fait couler ici le fang, que par des 
parricides. 1 s’en prépare un...... L'ombre 
de Thyefles, elle-même, en frémira (b). 





(a) Les commentateurs s'accordent à dire qu'il y a ict 
une {lacune dans#le texte. 

(6) Le texte, fi on adopte la vorre&ion propofée par 
Stanlei, dit littéralement: viendra Le jour, où il { Mars) 
ira fi avant , qu'il fera geler [ d'horreur) le mangeur d'enfaus 


( Thiefies }e 


ATAMEMNAN. 
& moi por voire GyN ajfeu- 
Ses, Ai puops Juueis 
Cu XC095 dupirous Renée. 
KATTAIMNHZ>2TPA. 

AVS éivey TOM Fopy Epaoy. 
Mrd" Ereyns Ta 
A'yaueuworiay Eva) & or. 
Darrt (0:39, 06 5 pure vexpod 
TEdV, 0 1279105 dpiuxs dagzup 
A’révs va Nero) Ia Thegs, 
TS dremor, 
TéAcoy veapois "ÉHOUTS. 

X OPO 3x, 

N À aoyTios 
TS Gorou, mis © Hbrupnour ; 
Fd, nù; Ilarcoey 5 ouMr- 
op Pour dj dagrup. 
Bia( era, d” ouoamesis 
"Énppouoy uaTwy 
unes Aprs om 3 % meSCuver 
Ray ra (b) rouesGone mariée. 


82 


1510 


1520 





(a) Lacunam hic agnofeunt inrerpretes. 


(4) Sranlus mallem œayar. 
L ij 


Arrpogh 
£. 


Srrogi y. 


83 ATAMEMNAN. 
A NA'HAIZTOI. 
To, l& , 
Ranned, Ban, mès ce Suxpuou; 


Dperos Cu QiAits M MOT UM; 
Koey N degyrns dr UPaouan 7 
SN dard Suyaro Rio Cumée, 
à por por, voir @vd\ ayeneu- 
Des, Mio pupo duels 
Cn es auprouc Rencure. 
KAYTTAIMNHÈTPA. 
OùT” aAeUgesr ou JuraTor 1530 
mi puiSu. 
OùN 7 è dia aTlw 
ofxoioty tOnx'; AN Euor Cr Te- 
SN épros dep9è, T HOAUXN AUTO 
Tr’ (a) Torfvuar aakix dpacus, 
déia mao, dr Ch adbu 
peya house , EipolnAnTe 
DuyaTe Tous LEP NPEEN. 
XOPO'=. 
A’urard, peorndur gpndsis » 
ranger péeiuwew 1540 


(a) Stanlijus : delendum videtur illud 7°. 











AGAMEMNON. 8; 
PARTIES ANAPÆSTIQUES, 

Hélas! hélas!.,...:..9e 

O A gamemnon ! o mon Roi!..... 

Quelles larmes! quels regrets aflez fincères 
vous donnerai-je!..,,.. 

Je vous vois, couché dans ce voile, privé 
du jour par un forfait impie, & victime de la 
fraude! Quelle indigne mort, o Ciel! la hache 
a tranché vos jours. 

CLYTÆMNESTRE. 

Non, cette mort n’eft point indigne de Ju 
N'employa-t-il pas la rufe pour faire mon 
malheur!....,,. 

Ah! s’il a traité le fruit de notre hymen, la 
déplorable Iphigénie, comme elle ne le miéritoit 
pas, il eft traité, lui, comme il le mérite, — 

— Certes , il n'aura pas lieu de fe glorifier chez 
les ombres. — ! 
— En mourant-par le fer, il a payé le prix de 
fon crime. 
STROPHE TROISIÈME. 
LE CHŒUR. | 
Que ferai-je!.......,ma raifon s’égare. 
L iij 


84 AGAMEMNON. 
A quel foin m'arrêter!....Ce palais s'écroule; 
le fang n’y tombe plus goutte à goutte, il y 
coule à grands flots, & va l'inonder (114).— 
— La Parque aiguife le fer vengeur pour de 
nouveaux coups fa). 

PARTIES ANAPÆSTIQUES. 

PREMIER DEMI-CHŒUR. 

O terre! o terre!...,.... Que ne fuis-je 
rentré dans ton fein, avant d’avoir vu mon 
Roi couché dans ce bain fatal /2)!..... 

Qui l’enfevelira! qui le pleurera!. . . Sera-ce 
vous! .......VOus, qui avez égorgé votre 
époux! Oferez-vous pleurer fa mort! ..... 
Oferez-vous lui offrir cette réparation d’un 
irréparable forfait ! 

SECQAND DEMI-CHŒUR. 

Quels éloges funèbres . «. ...... quelles 
larmes véritables, honoreront affez cet homme 


divin ! L . 





(a) Littéralement en adoptant la correétion propofée 
par Stanlei: La Parque aïguife, fur d'autres pierres à aïguifer, 
l'inflrument vengeur des torts, pour d'autres coups. 


(6) Littéralement: dans se vafe de bain à pans d'argent. 


ATAMEMNAN. 84 
om Samoua, miTyorTos oftou. 
Asie dV ouBeou rom Souorqann 
À quarnesr axes 5 AA. 
An (a) M &æ’ No mespst OnyA BagGrs, 
MES ANUS InyaVous HOIeX- 
A'NA'TAISTOI. 
HMIXOPO%, 
lo, 9%, Ya) 
a) eu” NE pu TN "Gad 
ap yVETTOIQU 
dyoiras vd aaTée Te JeuEUva. 
Tis © Qualuwr. ww; vis à Oplunours  1$50 
H' où mA cpËey 
Toy, wTévac’ aidpa À avr, 
Sunday uylo, dyeteur 
jeu ar épyor 
peyaor ddiuus ’Etrpare; 
HMIXOPO'S. 
Tis N ’Enruulbios 
vos (b) éæ’ asdbi So 
ou Shxpuoiy (Amie 
d'AnItE pperdy mroviod 3 





(a) Sranléjus : leg. Sum. (b) la. EnruuLioy aivors 
L iv 


85 ATAMEMNAN. 

KAYTAIMNH'ZTPA. 
Où dE GES D éAmua Aëéyr 1560 

Ton. [ess 1% XAMTMEOE, AA TÜaE 

vai xg72 Sulopôu" 

Sy, Ame anal RS + LE ofxwr 

a Lorfouar (a) damaiws 

QUYATIP, @6 eh, 

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XOPO's. 
Aro O'yudbs fx TON ar” ovidbes. 
7: , » w 
Avouayx N eg xpivou. 1570 


Depu DéesrT, Cane JV 0 xgvær. 

Mipvu 3 jpoTos y 76010 Aus 

made T épéare. Oéquior 7d 

Ts a} jp paor CnGd oi Sucr; 

KewoMnre fus mes (b). 
KAYTAIMNH=ETPA. 
A NA'IHAIZTOI. 


Es mN CyGn Euv Ana 





(a) Stanlejus : eg. Torreid nr. 
(B) Locus diffcilior : vide noram (115). 


AGAMEMNON. 85 
_ CLYTÆMNESTRE. : 

Ce n'’eft point vous que regarde ce foin. 
Nous l'avons immolé, nous l’enfevelirons. Si 
les larmes de tous les fiens ne l’accompagnent 
pas au tombeau , fa fille Iphigénie viendra /a) 
recevoir, comme elle doit, fon tendre pére, 
& l'embrafler au paflage du fleuve rapide des 
douleurs. 

ANTISTROPHE TROISIÈME. 
LE CHŒUR. 

L'outrage fuccède à l’outrage : quel en fera 
le terme {4 )! 

Le meurtre punit le meurtre. Qui frappe eft 
frappé. La peine attend le coupable; Jupiter la 
lui réferve à linftant prefcrit. 

Qui peut chafler pour toujours un fils de la 
maifon paternelle! Songez que nous fommes 
attachés à fa race (115). 

CLYTÆMNESTRE. 
PARTIE ANAPÆSTIQUE,. 


L’oracle, il eft vrai, m’en menace. Eh bien, 





{a) On a adopté la correction propofée par Stanlei. 
(6) Littéralement : ces procés font difficiles à juger. 


86 AGAMEMNON. 


‘ (a) je veux, j'en jure par le Génie des Phifthé- 


nides (116), accepter toutes conditions, même 
les plus dures. Mais, qu'il forte à jamais de ce 
palais, qu'il porte dans d’autres familles les 
meurtres réciproques! La moindre part de nos 
richefles me fuflit, pourvu que nous foyons, 
enfin, délivrés ici de ces fureurs homicides /a). 
RÉCITS IAMBIQUES. 
ÆGISTHE,. 
O douce clarté du jour de la juftice !...Je dirai 


déformais qu’il eft des Dieux vengeurs, qui veil- 


lent d’en-haut fur les maux des mortels, puifque : 


mes yeux fatisfaits voient cet homme, enveloppé 
dans le voile tiffu par les Furies. Enfin, donc, 
il expie le crime artificieux de celui dont il tenoit 
Ja naïffance! Le père d’Agamemnon, Atrée, roï 
de ce pays, vous vous en fouvenez, difputant 
le fceptre à Thyeftes (fon frère & mon père), 
le chaffa de fa maifon & de fa patrie. Revenu 
Suppliant dans fes propres foyers, l’infortuné 





{a) (a) Le texte, dans cette replique de Clytæmneftre, 
paroît corrompu. On a faifi le fens qui femble le plus naturel, 


en s'écartant le moiris qu'on a pu de la verfion littérale. 





mn 
to 


ATAMEMNAN. 86 
aerauér (a). Eye N # 
io, Juno 7 True 
cprous Seudpa, GA À spy, 
De-xnr mp 1. O' 3 Army, io 1580 
Tr Cu raide uw, a ue 
TeiGuy JuyaTois au TeyTjON. 
Kravor me uéegs Boyor eyouon 
m&y 2m en moi d, &A\NA9POyOLg 
pavias mengôerr ageAovc. 

l'A MBOIL. 
AlI"'TI50@0%. 

. À qéyfos pes ruéexs Jmpoesv. 
Dany eo nd» vdy LesTW muucesrs 
Dos aoder VA emomur dyr, 
iv doarnois cs mémnois E’euier 
+ cidoz my aéipdpor QiAos Euui, 1590. 
MES maTEGAG CHTIIOVTR JUNLVEE. 
A'Ses D, agyer To is» TITY FATF, 
ratiex Ouéçlwo À épor, Ws Toeps Lexoa; . 
ar T'dJMAQI, AUPINEUTOS WV KPATU , 
Lodpnagmrow x mis Te à tuer. 
Ka essporeyos écias LOAGY AA 
D de ns 


(a) Sranljus : melits xenguoc. ? ; 


87 ATAMEMNAN. 
TAuar Ouiqns, poiegy euper’ aopaÂñ, 
TL Juve raredor uit md 
aiB. Erin 3 TU Jos ma Tip 
Area, GPU Lao À QiAws, rame} 1 600 
TA ‘nd, xpeoupyor nufb Lavuns dyAr 
dur, rapéye Ju ryduy xpedr. 
Ta £ modipn y ePY L'APOLS XTÉ A4 
Op oder ardpaxxs xx SHudpos. 
Aomua N avr «mx dynix naGur, 
AT Boegr dOWTOY , 6 opas , Vos. 
Kérur Cryos épyor À xaraoror, 
Queer ai, mie dam cpayis tem (a), 
L0e9y d° deproy HeAo dus émevyera, 
ngxtioua dinvou EuyNuus mOsis &p&. 1610 
Oùmus 0A6QN ny 7 TlAmdyoLG uos. 
Ex 7) où more my Nr maça. 
Kane MNygos 18 Ÿ Govou paques. 
Teiror À Grau p’ Ch Nx dYNo rarei 
ountE fauve mur or Cp avapyavois. 
Tezqérra N ados À Nan xaTya er. 
Kay TN Grdpos nlaul Suegios à, 
(a) Leg. ex Cantero & Stanlejo : 
guoËer, aumime d Sam cpayic éuûr. 








AGAMEM NON. 87 
Thyeftes obtint l'affurance, que fa mort n’enfan- 
glanteroit point le palais de fes ancêtres. mais, 
pour préfent d’hofpitalité, l’impie Atrée, lin- 
vitant, avec une inflance, qui eût dû lui être 
fufpeéte /a), à célébrer un feftin, lui fit fervir 
les chairs de fes propres enfans, dont il avoit 
caché, fous la cendre, les membres mutilés /b). 
Thyeftes , trompé, fe repui de ce mets déguifé, 
mets, devenu, vous le voyez, fatal à la race 
d’Atrée. Son erreur reconnue, il gémit, il rejeta 
de fon fein l’horrible nourriture, renverfa la 
table /c), & dévoua les Pélopides au plus affreux 
deftin. Dès-lors, dut périr la race entière de 
Plifthènes ; dès-lors, fut arrêtée la mort d’Aga- 
memnon ; & c’eft avec juftice que j'en fuis 
l'artifan. Treizième fils d’un père malheureux, 
je me vis, dès mon berceau, exilé avec lui: 
nourri pour le venger, la juftice m'a ramené, 


C’eft moi, qui, par la main d'autrui, ai frappé 





(a) Litéralement : inffammenr , plutôt qu'amicalement. 
(8) Littér, mertant deffus des charbons, cacha les extrémités 
des pieds, à” les derniers articles des mains, (c) On a adopté 


ici les corrections propofées par Cantère & par Stanlei. 


83 AGAMEMNON. 
le coup; mes confeils ont tout.fait. Déformais, 
je mourrai content; j'ai vu l'ennemi tombé dans 
le piége de la vengeance. 

LE CHŒUR. 

Ægifthe, l’infolence d'un coupable, ne m'im- 
pofe point. Vous vous vantez d’avoir affaffiné 
ce Prince, d’avoir feul confeillé fa mort déplo- 
rable ! Votre tête en répondra; elle n’écheppera 
point au fupplice, aux imprécations du peuple. 

ÆGISTHE. 

Vous parlez ainfi au pilote, vous, aflis au der- 
nier banc des rameurs (117)! Vieillards, on dit, 
& vous le croyez, qu’il eft difficile d’enfeigner la 
fagefle à ceux de votre âge. Toutefois, les fers, 
les horreurs de la faim, font de grands maîtres, 
même pour la vieilleffe, & guériflent l'erreur. 
Ne voyez-vous rien, en voyant ces objets’ Ne 
vous roidiflez pas, craignez d'aggraver le joug. 

LE CHŒUR, 

Femme ! à fon retour de la guerre /a), après 

avoir, en fon abfence, déshonoré fa couche, vous 


avez préparé cette mort à un héros, à votre époux! 





(a) On a adopté la correction propofée par Stanlei. 


ATAMEMNAN. 88 
7aooy ouvaas puroeerle duoCy Nas. 
Oùro 4x A0 dun y m aTOurdr éuoi, 
yre Troy À Mans C épueow. 1620 
X or ox. 
Aïn”, vGeiew  xaxoiny Ÿ cëGa. 
Zù JV œdpa TN qu exo rame rdv, 
povos N émixToy Toit Buncdoey Eôvor: 
Où qnu dAvEur y Jun m 0 xgex 
duoppipds, op ii, AeuTIUOUG Legs. 
AITI>@03x. 

Zv Ge Qards, repripa mesuduos 
WT, xparTérrur + 6 Cuyd Êress; 
Lroon, Véegr à, ws DiwortaX Lau 
L/ TNA I LOUTE cupegrdr eipngpor. 

Aiouos 5 à m Yrexs, d Te raies 1630 

Boy, diftouuy déograru qperdr 

lareoparres. Ouy opas ces GS; 

Mess xérrea pui AgxmCe, ji Mie puoris. 
XoPOz. 

Pucoy, où tds NxoyTus (a) dx mayrs véor 
ojxoueos éUyiy aidvos œjoy vou” duc , 
adpi sparryd my LC Aeuous pLoegy 





(a) Sranléjus : lege % d° prorns. 


89 ATAMEMNAON. 
AlITI53@03. 
Ka) GÜQ Tim x\auua rer apyrÿur. 
OppS 5 yAdore Ÿ ati Eyes. 
O' 4 D ny mar’ >m PA NS XP 
ou dV, déoeiras nos vagymaot, 1640 
an xparnduis N AueegTness Qari. 
X OP Oz. 

Ds Mn où por ruexrros A’pylwr on, 

6 x, éme Ta GS Aevous uôesr, 
dpacey vod Eppor GEX ÉTANS AUTO TOUS ; 
Al"TI=@03%. 

To 99 ago mess pronos LE ùpds 
ë90 JV uromos eyless n (a) ranurfuis. 
Ex riN TN penuaror muexoous 
apyeir MAT. Toy 3 pui meiduyoex 
CAE Rapuoys Sn (b) un ddexopoes 
xpiStvTe ma or MN 0 duoqiAns x07% (c) 
Auuos Eurorxos pa Suxor ap tm ar. 

X OP ox, 


Ti Où cdpa mov)" 3m dus xaûs 





(a) Stanlejus : leg. nv. Schütg : À, quatenus, ut potè, 
(B) Stanléjus : eg. &se. 
(©) Idem : duepixei oxôTe. 


tr 








AGAMEMNON. 89 
ÆGISTHE. 

Ah! ces mots vous coûteront bien des larmes. 
Vous refflemblez mal à Orphée : il entrainoit 
tout par le charme de fa voix; vous, qui nous 
aigriflez par vos cris infenfés, vous ferez trainés 
dans les fers; la force vous adoucira. 

LE CHŒUR. 

Vous croyez régner jamais fur les Argiens! 
vous, qui, après avoir préparé la mort à leur 
roi, n’avez pas of€ la lui donner vous-même! 

Æ GISTHE. 

Son époufe feule pouvoit le tromper : notre 
haine antique me rendoit trop fufpect /a). Mais, 
je faurai me fervir de fa puiflance pour régner 
à fa place. J'accablerai d’un joug pefant /b) le 
courfier indocile qui refufera d’obéir : au fond 


des cachots la faim vous domptera /b), 


LE CHŒUR. 


Läche, que ne l’avez-vous immolé vous- 





(a) Quelque correétion qu’on adopte, c'eft le fens. 
(b) (b) Littéralement : Le jeune courfier deéfobéiffant, qui ne 
tirera pas. La faim, compagne d’odieufes ténèbres, vous 


verra plus adouci, 


2 M 


9° AGAMEMNON. 
même! I! falloit qu’une femme, l’exécration 
d’Argos, & de nos Dieux, vous prêtât fon 
bras /a)! Mais, Oreftes, quelque part, ne voit-il 
pas le jour! Un fort propice le ramenera, &, 
tous deux, vous ferez fes victimes. 


RÉCITS TROCHAÏQUES. 
ÆGISTHE (6). 

Vous voulez donc parler, agir ainfi! Bientôt 
vous connoîtrez. . . « Hola, Gardes, à moi, le 
moment prefle.... préparez vos épées... . 

LE CHŒUR. 
Avec l’épée auffi je faurai me défendre ou mourir. 
ÆGISTHE. 
Mourez, j'en accepte l’augure.….[nterrogeons le fort. 
CLYTÆMNESTRE. 

Non, cher Ægyfthe, n'ajoutons pas à nos 
maux : n’en avons-nous pas recueilli une déplo- 
rable moiflon /c)! C'eft aflez de défaftres; ne 





(a) Littéralement, en adoptant la correction d'Héath, 
l'a tué 

(5) On s'eft permis ici de changer la diftribution des 
perfonnages. 


(c) On a adopté la correétion de Schüts. 


ATAMEMNAON. 90 
GX euros oapi(es; AM oui (a) y, 
ess piaoua Ÿ Sov relier, 
Curiv. Opéqus Gex mou RAiTe Pas, 
mue xa1GOur Ses mpd8u$ TÜYY , 
œuqoir Mémry Toi marxpaThs Pores ; 
TPOXATOI. 
AlTI>@0OS. 
A’ érei xls GI) épltur % Acydr, ao Gyx 
X OP OZ (b). 

Eïa dj gi Aowra, Topo dy ExaS Te 
Eu M, Elqos apoxwmor nasnse Sem ere. 1 660 
AlI'TI>® OS. 

AM La) any mpaxa ms Éx araivousy Jurdr. 
xor0zx | 

Acyodpois és Suvës ce T roy D ep8 pile. 

KAYTAIMNHZTPA. 
Mriuos, à QAGT'ardpdr, aa da ou 
LUE CA 

AM y @d) Jéa una mo a dUçnvor à eps(c)' 

mipuvns d'aus y'Urepye unir ÿ ua fa. 





(a) Heathius legendum cenfer ma vw. 
(b) Perfonarum nomina ic perperam affixa, Vide notam, 
(ce) Schüts legendum cenfet désna Kesc. 

Mi 


91  ATAMEMNAON. 
Zréryere N, oi portes, pos QuSs reopauduys 
Te 
Griy mal r épEal x3upoy en Gd'astopd £a pay. 
EN ni poy Bxv Pour, rdid as y é0i18 a}; 
dèu:rovos An Baux uavnos merAreru 
ou eye A995 VA QNOS, ATIS doi uabr. I 670 
AI'TISOOZ 
AM To por parues y Adosos Sd) draybioay; 
xæuGaAÎr em middle , dèuuaovas mie pots ; 
oupesros wauns N à pDpThTor xpaTyTe (a )u 
._-Korvs 
Ou aÿ A’prior md) in, po mpooraver xaxor. 
AlI'TI52003%. 
AN é70 ( Umegunr fuéegus HET ET. 
XOoPOoS. 
Où, à éay duos O'péglu Sidp d'mevlury pandr. 
Al"TISOOS. 
OÙ é90 qeuyor@s ardpas EN midius are org. 
X OP O'z. 
Tlegoste, miovou, Liover T Ml émei rex. 
Al"TISOOS. 
TE poor Swocy d'a Thod pusias LATE 


(a) Sranl, deeffe aïiquid tam ex metro conflat quam fenfu. 





er 


rame 


Ge — 


AGAMEMNON. 91 
verfons plus de fang. Vieillards, rentrez dans 
vos maifons, avant qu’on vous y force. Nous 
avons fait (118) ce que nous avons dû. S'il faut 
une peine, c’eft aflez d’être frappé par le cour- 
roux pefant du ciel. Tel eft le confeil d’une 


femme; écoutez- la. 
ÆGISTHE,. 


Quoi donc ! ils jouiront du fruit de leur audace! 
Jls iront, nous outrageant, provoquer les Dieux! 
Ils oferont accufer leurs maîttes /a)!..... 
LE CHŒUR. 

Jamais, jamais les Argiens ne flatteront un traitre. 
ÆGISTHE. 

Je faurai vous retrouver quelque jour. ... 
LE CHŒUR. 

Ah! fi le ciel ramène jamais Orefles !.... 
ÆGISTHE. 

Toujours les profcrits fe nourriffent d’efpérance. 
LE CHŒUR. 

Pourfuivez, jouiffez;outragez la juftice;vous le pouvez. 
ÆGISTHE. 


Vous payerez cher cette folle infolence. . . 





(a) Le fens, en cet endroit, eft interrompu. 


92 AGAMEMNON. 
LE CHŒUR, 
Vantez-vous, triomphez, près de votre 
conquête fa). 
CLYTÆMNESTRE. 
Méprifez, cher Ægifthe, ces vaines injures : 
maîtres de ce palais, nous faurons, vous & moi, 


nous faire obéir {b). 





(a) Littéralement : comme le cog auprés de fa femelle. 


(8) C'eff le fens, d'apres la correction propofée par Stanleï. 


FIN. 


ATAMEMNAN 92 


à X OP OS. 
Kourmacoy Suppay, d'AËxTOp GaTEp, Ina 
TA WG, 


KAYTTATMNHETPA. 
Mn @esmpuions paraor rad vagyadror(b). 
Ko ov Snoop aparèrre Tdi Spaces (b). 





(6) (&] Sranlejus : manca hæc funt fupplenda ex fcho- 
liafe, #30, & xandr. 


T E A O à. 


a mt Dm 00 00 me à emma 


- 
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LES CHOÉËÉPHORES, 
TRAGÉDIE 


D'ÆSCHYLE. 


PILE NOT 
TPATQAlIA, 


XOHDO POI. 


3 Aï 


ARGUMENTUM (a) 
ÆSCHYLI TRAGŒDIÆ, 
QU Æ PRÉC SI TUE. 
CHOËPHOR Æ. 


Or ESTES jufu Oraculi una cum Pylade 
Argos reverfus, tumulum patris fui Agamem- 
nonis invifit. 

Ibi virginum cœtui Clytæmneftræ famularum 
occurrit, quas illa, fomnio exterrita, confultis 
conjectoribus, ad placandos manes mariti cum 
inferiis miferat. 

His adjunxerat fe foror ejus Eledra; cui 
Orefles per varia indicia innotefcit. 

Ab iis totam rem edoëlus, regias ædes accedit, 
viatorem fe fingens è Phocide Daulien'em , qui 
obiter mandata acceperat Orcflis mortem paren- 
tibus ejus nunciandi. Ægiflhum hoc ut audiat 


dubenter egrefjum derepentè interficit. 





(a) Sranlqus : una cum Tragœdiæ hujus initio inter- 
ciderunt Argumentum & Perfonarum nomina; fupplere 


conati fumus, at latinè tantum, non græcè. 








SUJET 


DE LA TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE, 


LNTITULÉE,, 
LES CHOÉËÉPHORES. 


O: ESTES, revenu dans Argos avec P ylades, 
par l’ordre de l’Oracle, vifite le tombeau de 
fon père Agamemnon. If y. rencontre une 
troupe de jeunes filles, efclaves de Clytæm- 
neftre. Cette reine, épouvantée par un fonge, 
les envoyoit, d’après Îe confeil des interprètes, 
porter des offrandes aux mânes de fon époux. 
À cette troupe s'étoit jointe Électre, fœur 
d'Orelles, lequel fe fait reconnoître à cette 
princefle par différens indices. Inftruit, de tout 
‘ce qui fe pale, il s'annonce au palais, eomme 
un Phocéen de Daulis, qui, devant pafler 
par Argos, s'étoit chargé d’annoncer aux 
parens d’Oreftes la mort de ce prince; & 
Ægjifthe s’avance avec emprefflement, pour 
apprendre cette nouvelle. Soudain, Orefles lui 
porte un coup mortel. Clytæmneflre, accourue 


A ii 


4 
au cri d'Ægifthe, cherche en vain à fléchir 


fon fils pour elle-même ; il lui donne Ia mort. 
A peine l’a-t-il frappée, qu’il eft affiégé des 
Furies. Il part, & va fe réfugier à Delphes. 





4 
Hujus clamore evorata Clytæmneftra, èr pro 


vità fu& apologiä brevi ufa, à filio fuo interempta 
ef. Häc patratâ cæde, maternis furiis agitatus 
Orefles Delphes profugit. 


A iv 


DRAMATIS 
PERSON Æ. 


ORESTES. 


PYLADES. 
Conflare videtur ex 


captivis, ( Trojanis 
purä) Clytæmneftræ 


Jervientibus, 
ELECTRA. 


FAMULUS. 
CLYTÆMNESTRA. 
GILISSA /nutrix Oreflis). 
ÆGISTHUS. | 
NUNTIUS. 

CIVES. 


CHORUS. 


Prologum agit Orefles, ad tumulum patris 
Jui Agamemnonis. 


Scena Fabulæ Arpgis conftituitur. 





ÿ 
PERSONNAGES 
DE LA PIÈCE. 


ORESTES. 


PYLADES. 
II eft compofé de jeunes 
! Jefclaves, qui portent des 
LE CHŒUR. 


préfens funéraires au tom- 


beau d’Agamemnon. 
ÉLECTRE. 


UN PORTIER. 
CLYTÆMNESTRE. 
GILISSE {nourrice d'Oreftes). 
ÆGISTH_E. 

UN OFFICIER DU PALAIS. 
PEUPLE. 


La première partie de la première [cène (où 
Orefles prie au tombeau d'Agamemnon ), fert de 
prologue. 


La Scène eft à Argos. 








LES CHOFPHORES, 
TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE. 





ORESTES, PILADES. 
ORESTES. 
RÉCIT IAMBIQUE. 


O toi, que ton père a commis à la garde 
des morts (1), Mercure fouterrain, fois mon 
protecteur & mon appui : après un long exil 
je reviens enfin dans ma patrie (2). Au pied de 
ce tombeau, mon père, je t’appelle, entends- 
moï (3). Vois ces cheveux, que je coupe pour 
la feconde fois. Inachus, pour prix de la nour- 
riture qu’il me donna dans mon enfance, jadis 
en reçut les prémices : c’eft à toi que je confacre 
ceux-ci; ils font l’offrande de la douleur (4)... 
Que vois-je! quelles font ces femmes aflem- 
blées, vêtues d’habits lugubres! que dois-je 
penfer! Un nouveau malheur afflige-t-il ce 


palais ! ou, viendroient-elles ici pour appaifer par 


6 


ere 
A'IXXYAOTYT TPATAAITA, 
XOHDO POI. 





OPEZTHSZ. 


TA MBOI. 


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AVÉGY , LOEYUXTOY æuGoa ua 
+ 





{a) Sophianus : qoinos” duvyuois. Sranl. Qoivioig duuyaoige 
(b) Canterus : d° ivyuoia. 


LES CHOÉPHORES. > 
des libations les mänes de mon pére! Oui, 
fans doute.....car je vois avec elles Éleétre, 
ma fœur; je la reconnois à fa profonde trifleffe, 
O Jupiter, fais que je puifle venger la mort de 
mon pére! deviens, de toi-même, mon aide en 
ce deflein. Pylades, retirons - nous; fachons 
l'objet de cette pompe lugubre. 

LE CHŒUR, ÉLECTRE. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 

STROPHE PREMIÈRE. 

Envoyée par les maîtres de ce palais, j'ap- 
porte des libations : je frappe ma poitrine à 
- coups redoublés. Mes joues, récemment fil- 
lonnées par mes ongles, ruiflellent de fang. 
Inceffamment, mon cœur fe nourrit de foupirs. 
Ces tiflus déchirés, ces voiles en lambeaux 
fur mon fein découvert, annoncent la dou- 
leur & la trifle infortune. 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 
Fille prophétique d’un fonge, &, du fein 


du fommeil, annonçant la vengeance, la ter- 


reur aux crins hériflés, a envahi ce palais; au 


8 LES CHOËPHORES, 

fond de l'appartement des femmes, un cri 

d'épouvante a troublé le filence de la nuit, 

Les interprètes ont déclaré, de la part des 

Dicux, que des mänes en courroux s’indi- 

gnoient, & s’élevoient contre leurs aflaffins. 
STROPHE SECONDE. 

O Terre! o Terre! — | 
—C'eft pour détourner ces ménaces, qu’une 
époufe, (oferai-je prononcer ce nom!) qu’une 
époufe impie, m'envoie {a) te porter cette /k) 
offrande, hélas! trop inutile (b). Car, com- 
ment racheter /c) le fang qui a coulé! 

O malheureux foyers!...., 

O maifon détruite ! — 

— Plus de foleil pour toi!.......d’odieufes 
ténèbres t’enveloppent depuis la mort de mon 
maître. 

ANTISTROPHE SECONDE. 

Il n'eft plus, ce fouverain puiflant, invin- 
cible, impofant, dont la renommée remplifloit 








(a) On a adopté Ia correction propofée par Stanlei. 
(b) (8) Litttéralement, en latin, grates ingratas. 
(c) On a fuivi la leçon de Cantère, 





XOH#O'POIL 8 

puyiou tags mei poSe, 
poranéonr y Juan Bou MTV. 
Kerr TN ovupgtoy 
Quoûer éngror UE vor 
péupe TL Vas - 
pépIey MEAIUULS ; 
rois xQ@vodoi T érxomtir. 

Toi yieu L'YEN 40 Zrrspi le 
SMTCONO) AK , 
0 42, yYt, 
papa ju (a) 
dos pre. DoCS- 
muy d\ és TN CxGa Mer. 
Ti 9 Auger (b) meovvmos ajuuros méd'o 
Lo mayo ea” 
ww xaTuoua ol year. 
Amar, Resrosuyais 
d'yopor xx AUmoua duos, s° 
SaoTW Juyaroun. 

EiGas d'auaysr, aiuarmr, SL 
DAY TO GP, | 





(a) Sranléjus : planè legendum 4” idme. 
(b} Canterus : AUGyr. Reété, 


Zrpogn y. 


Araspop 


9 XOH#$OPOL 

JV œTwy Qreyos Te 

dbuas Teegivor, 

ydy dPiuTa,. PoCd- 

74 M ms. To SV drvysir, 

TN cy Regrois Suis me, » Nef Aéo. 
Pom d' 'Enouome Nrxs 

Ga ToIs à cY ae 60 
& N'y LETyy io LITE 

Le AgoiQorr” an Lpuer 

rés JV aupres ty v0E. 

Aÿ aîui T' CumoSi 120 Horoscope, 
Tiras Qors méme , Ÿ AJ appudir. 
Auahyis am Afapipu À œirior 
TAVAPETLS yOTDU (2pueiyr 
mu N axparns êyu ne (a). 

Orprn SN Sn vuuquuar E0wAwy 

axos. Toegs me marnes Cx ua 09) 70 
Raœvoyrtes T yueguvon 

Poror xx Jujesvres solos at (8). 

E’uoi N œtrxxr 5 (c) augimoaw 
Doi Desoirerxar (Cx 7 oitur 





(a) Hunc verfum tollendum cenfet Heathius. (b) Legendum 


LE 


viderur : ao” ar aruu. (c) Forfan, y dp. Vide notam (6). 


QE 


LES CHOËPHORES. 9 
nos oreilles, dont la majefté foumettoit tous 
les cœurs ; — 

— il n'eft plus....... 

Un autre eft craint....,... 

Le bonheur, eft un Dieu, eft plus qu’un 
Dieu, pour les mortels...... 

Mais, la Juflice vifite bientôt les coupables ; 
elle les frappe, foit au grand jour, foit un peu 
plus tard, à la lueur du crépufcule, foit dans 
lobfcurité de la nuit (5). 

STROPHE TROISIÈME. 

La terre féconde a bu du fang; le trépas 
vengeur a germé, il doit éclore. 

Le crime, eft pour fon auteur [a fource des 
maux (6) les plus cruels /a). — 

— Point de grâce à qui profane le fanétuaire de 

lhymen (7).— 

— Et, pour laver un odieux parricide, en 

vain fe réuniroient tous les fleuves. 
ANTISTROPHE TROISIÈME. 

(8) Pour moi, que les Dieux ont enve- 
loppée dans la ruine de ma patrie, qu'ils ont 


(a) On a fupprimé , avec Héath, le vers 58. 
3 B 


to LES CHOËPHORES. 
arrachée de la maifon paternelle & réduite à 
- l'efclavage, je dois, étouffant la haine dans 
mon cœur, approuver, juftes ou injuftes , les 
volontés du tyran impérieux qui difpofe aujour- 
d’hui de ma vie. Mais, en fecret, dévorant 
mes foupirs, je pleure la trifte deftinée de 
inon roi. 

RÉCITS IAMBIQUES. 

ÉLECTRE. 

Efclaves fidelles, puifque vous m’accom- 
pagnez dans ce trifte devoir, aidez - moi de 
vos confeils. Lorfque je répandrai ces libations 
funèbres fur le tombeau, quels fouhaits forme- 
rai-je, quels vœux adrefferai-je à mon père: 
Lui dirai-je, que j'apporte ces dons, de la part 
de ma mère, de la part d’une époufe chérie, à 
l'époux qu’elle chérifloit! Non, je n'en aurai 
jamais le courage. Quels mots puis-je donc 
proférer en arrofant la tombe de mon père ! 
Le prierai-je, d'envoyer, ainfi qu'il eft jufle, à 
ceux qui lui font ces préfens , la digne récom- 
penfe de leurs forfaits Ou, dois-je, puifqué 
mon père a péri par un Crime, répandre en 


ot 


XOH#0POL 10 
rare@or JUAN E729y dir ) 
Ja à pi Nxgya, 
Dpémoyr” aps Lis, 
Ria p'espior, ojyécey, mxpor @padr 
Fp06 rpartéon. Aaxgue SN VQ eux 
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Apooj yvaius, douar dOnpoves (a), 
me rdpee Thot Messporis euol 
rou#roi Que Ted ouuGouAo: méex 
TuuGo roux God xndiors XL » 
Tüs evqeg mo; ms LE ouy rare; 
Tinez Aéypuoa DÙ gians PA Pepe 
Juruxos aidbi, à Euhs unreds FA eS à 
TN & rapia Quipoos SN © 7 gd, 
XoUR PIN méagror co ruuGe maTcÔs. 90 
H° nm Eau Téme, o5 vous Reyrois 
ë7”, mb Toi réuroucyr GS 
Ron, or mn À rex éme ; 
H° Gr” dauus, dan Sy dménen 
(a) Exponit fcholiaftes : & nKieuy mi x5 à olxor. 
1j 





11 XOH#OPOL 
ramip, GS Cryoue, yaromr nr, 
gp, Sup) o6 ne Cuméulas, ma (a), 
| Sixodox (a) nds, dspiqoin Omar; 
The èg Lou\As, & Di, perdit 
xouoy DD 600 © derois voeu oui. 
Mn ever” cydbr pda, poGo TY0$ 100 
To popoysor DS Tor Tr’ éAwtesr Le, 
ÿ À Gejs Mn dkanorépôuor YE95e 
Acrpis a à À maN épis Umépreesr. 
xoPpoz. 
AiSouuSin co, Bœuer ds, TuuGor TATEOE, 
Au (aencus 73) À x pers Apr. 
HAEKT PH. 
Aépis af, wap nXoo @@or TATEVS. 
XxXoPOozx 
PHAE joue cœwa Tin eupegnir. 
HAEKTPH. 
Tac 3 Térus À Qu GesnETu 
X O P OZ. 
Heproy À ewrlw, y’ ons Aln@or quyii. 
WAEKTPH. 
Eu me x où y ap émeutouy @N; 110 


(a) (a) Stanléjus : malim za xrd}xS ou. 


LES CHOÉËPHORES. ri 
filence cette liqueur facrée, &, comme dans 
les facrifices expiatoires, jetant au loin derrière 
moi /a) ce vale, fuir fans détourner les yeux! 
Chères amies, c’eft à vous de me confeiller ; car, 
fans doute, vous partagez ma haine: ouvrez- 
moi fans crainte votre cœur. Hélas! libres, ou 
enchaïînés fous la main d’un maître, le terme 
fatal nous attend tous également. Si vous avez 
quelqu’avis meiHeur, donnez-le moi. 

LE CHŒUR. 


Vous l’ordonnez, je m’expliquerai fans détour ;jen 
attefte ce tombeau, auffi facré pour moi qu’un autel(9), 
ÉLECTRE. 

Parlez, puifque vous refpectez le tombeau de mon père, 
LE CHŒUR. 

En arrofant fa tombe, priez pour ceux qui l’aimoient. 

| ÉLECTRE. 

Et quels amis pourrai-je lui nommer ! 
LE CHŒUR, 

Vous, d’abord; puis, quiconque eft l’ennemid’Ægifthe. 
ÉLECTRE. 

Ainfr, je ne prierai que pour vous & pour moi! 





(a) On a adopté Ja corredion propofée par Stanlei. 
B iij 


12 LES CHOËPHORES. 
LE CHŒUR. 

C'’eft à vous d’y penfer, à vous de le dire. 
ÉLECTRE. 

Et Lu autre puis - je nous affocier (a)! 
LE CHŒUR. 

Ah! fongez à Orefles, tout abfent qu'il eft. 
ÉLECTRE. 

Oui, vous éclairez mon cœur (10). 
LE CHŒUR. 

Puis, rappelant le crime, fouhaitez à fes auteurs... 
É LECTRE. 

— Quoi! 1...je ne fais... fuggérez-moi..... 
LE CHŒUR. 

Qu'un Dieu, ou un mortel, vienne. ... 

| ÉLECTRE. 

— Les juger, ou les punir!...... 
LE CHŒUR. 

Dites hardiment, donner la mort à des affaffins. 
ÉLECTRE. 

Et, puis-je fans impiété le demander aux Dieux! 
LE CHŒUR. 


Pourquoi non! c’eft fouhaiterà vos ennemis maux pour maux, 
PS 
(a) C'eft le fens indiqué par le commentateur grec, 





PR 2 


XOH#OPOI, 12 
xXoPO'sz. 
Aùmh où Qi parSuvouc” NY exo. 
HAEKTPH. 
Th SL ér Moy Ty mesn9e çuod (a); 
XOPO'x. 
Mépuno’ O'péqou, 2 Ouexi06 60)” Opus 
HAEËKTPH. 
EÙ no, xaQpéloons PY, nuque ue 
XOPO'S. 
Tois œnious vd, Eos epunyiun . . 
HAEKTPH. 
Ti qd; Niwox dmeeor Jémpudum. . . . 
X ©: PR O 3. 
Ex n° euros Ju à BeoTi nv. 
HAEPKTPH. 
Iinex Juxsho, n dmpoess Aéyds5 
XoPO x. 
AmAds m Perou’, ons arr mx td. 
WAEKTPEHE 
Ko Gi@ pod ar LnGn Hdr miexs 120 
xorox 
Fds N g + éylesr EUR 20153 


(a) Exponir fcholiafles : Th ovsiad mor. 
B iv 


13 XOH#O'POL 
HAEKTPH. 

* Ep ylone, xmpuËas exo, 
rés ys Chipde dduoras Ave Eds 
d'yxs, rareour N ouudmy (a) Ehoromu, 
Ÿ 94 at, À @ nayTa xt, 
Opédaca r', ados mi xdux nauGa. 
Ka, pouce God HPriGas BepTois, 
Aëo, x&A0Jon ram, émixruesr v’ tué, 
QiAor Tr” Opéglw, nos aaFodu Spuous. 
Tleopaysior (b) 7 vdy y nus due 1 30 
mess À Texouons , aidpa N° ajTnMaEaTo 
Alnodor, dames oo orou érainios. 
Ka) fi anuAgs Cu D enmaTer 
qeuyor O'péqus Er, où d'\aPromus 
CY TITI ODIS "7OVOIO XMouciy méye. 
E'XSu N Opérlw Siles ow TUYY Ti 
xaTous) oi. Kaj ov, AIS pou, rampe 
AUTy me pui ds, owpesrestexy MTAÙ 
pnTeos Moi Ou, ex T drlirenr. 
Huy he dyns Go. Tois N'yaos 140 
Aé90 Payne UV, AATP, TaIES 





(a) Sranléjus : Lege omnind raempüur duudrur. 
(4) Schol, vermmuirér Sranl, Fort leg. moexopéror. 








LES CHOËÉPHORES. 1:13 
ÉLECTRE. 

Viens, Mercure fouterrain, annonce - moi 
que mes vœux font agréés des divinités infer- 
nales, qui règnent où mon père /a) habite (11), 
& de la Terre elle-même, qui enfante, nourrit 
& reprend tout! En répandant ces libations fu- 
nébres, mon père, je appelle : jette un regard 
de pitié fur moi & fur ton cher Oreftes; fais- 
nous rentrer dans ton palais. Maintenant, nous 
fommes errans, trahis, vendus /b) par celle 
dont nous tenons le jour. Elle a donné ton lit à 
Ægifthe, au complice de ta mort. (12°) Ta fille, 
n’eft plus qu’une efclave; ton fils, eft indigent 
& fugitif, & les coupables, dans le fein des 
plaifirs, jouiflent infolemment du fruit de tes 
travaux. Fais qu’Oreftes revienne & triompheen 
ces lieux (12°). Entends ma voix, o mon père! 
Que toujours mon ame foit plus vertueufe, & 
mes mains plus pures, que celles de ma mère! 
Voilà mes vœux pour tes enfans. Quant à tes 


ennemis, fais paroître à leurs yeux ton vengeur! 





(a) C'eft le fens que préfente la corredion de Stanlei. 
(B)On a préféré encore ici la leçon du même commentateur. 


14 LES CHOÉPHORES. 

Qu'il vienne leur donner la mort, comme ils 
te l’ont donnée /a)! Telles font les imprécations 
que je mêle à mes prières (13).... 

Sois-nous favorable! Que les Dieux, Ia 
Terre, & la Jufice vengerefle, fe joignent à toi! 

Avec mes vœux reçois ces libations!. .. 

Vous, fuivant l’ufage, faites entendre vos 
gémiflemens , chantez l’hymne funèbre. 

LE CHŒUR. 
RÉCIT SYSTÉMATIQUE. 

(14) Verfons, verfons un torrent de larmes, 
pour un maître.trop malheureux : que fa tombe 
en foit arrofée ; qu’elles fe mêlent à ces libations, 
& fervent avec elles à détourner nos maux, à 
les rejeter fur /b) nos ennemis! Du fein des 
ténèbres (15), o mon maître, o mon roi, 
écoutez-nous! Hélas! hélas! qui fera votre 
vengeur! qui fauvera vos enfans' Que le 
Dieu des Scythes, que Mars, lance lui-même 
ces traits déchirans, ces traits imprévus, qui 
portent par-tout une mort inévitable : 





(a) C'eft le fens indiqué par le fcholiafte, 
(B) Voyez la note (14). 








XOH#OPOI 14 
d Ts wruorras amxdlour$r (a) dixlu. 
Taèr  péoo mOn À EU LORS, 
mévas Aépouon TS T xaxlw deg. 
H'ùr 3 moums 1 À «OA da, 
oud Juoioi, à YA, % dxm rxMpOpa. 
TosioN te” dus GoN ram you. 
Vus 3 axuToIS érayHC er vO/406 , 
maya & SJuyorros Jéaudv das, 
XoPOo'z. 
Z2Y 2TH M A. 
l'en Sixpu xgra Yes 0/9 0uoy 150 
d/ouWo Sara, 
mes époua TS, xaxor, xd vd 
Tr Smreomy ds dmeuyeror (b), 
xeyuupar x. KAde SN pui, x\ de, 
oiGas à Navore, À duaupzs Qperos. 
O'nronrrmmi ju ms bpu- 
Suis amp, ahanuTip Sr à 
Zxvdms, @ + © 
eo Ta TOY © épro Ben» 
’mraMuy Apns, 160 
He + adrowwme vouXS" Bean. 
(a) Schol. évanasaxrantn. (à) Forié émwygnr. vid. n. (14). 


15 XOH#O'POI. 
l'A MBOI. 
HAEKTPH. 
Eye fe ny Jam TEE Xe Tape 
KipuË mine À do m Y ALT .. 
NES 5 pubs Todt romaine... 
XOoPOo'x. 
Fr dy opyeire 3 xapNa poGu 
HAEKTPH. 
O'ex Duo Tv Bospuyor Go. 
xOPOSz, 
Tiros MT œdpos, À Ba Su vs XOPNS 5 
HAEKTPEH. 
EvEuuGoAo mN 61 ray NEdowy. 
XOoPOo zx. 
Tlos Sr; mangid ©S veuriexs pad. 
HAEKTPH. 
Oùx tou ons FA eo) xéeguTo ny... 170 
XOPO'x. 
Eylesi DD os MeSOnE me Snoey TEA. 
HAEKTPH 
Kai plo où "ét napr' ii ouomeegs « . . . 
X Oo P ox. 
Tlooys édulegus; Toro DJ HA0 ua dir. 





LES CHOÉËÉPHORES. :5 
RÉCITS IAMBIQUES. 
ÉLECTRE. 

C’en eft fait, mon père a reçu les libations. 
Divin meflager de l'Olympe & des Enfers. 
Chères amies, partagez ma furprife.. ... 

LE CHŒUR, 
Parlez, mon cœur palpite de crainte. 
ÉLECTRE. 
J’aitrouvé fur la tombe cette boucle de cheveux... 
LE CHŒUR. 
De qui! de quel homme, ou de quelle femme! 
ÉLEOTRE. 
H n’eft pas difficile de le conjecturer. 
LE CHŒUR. 
Comment! quoique plus jeune (16), inftruifez-moi, 
ÉLECTRE. 
Ofir des cheveux à mon père! feule, ici, je l'euffe ofé (17). 
LE CHŒUR. 
D'autres encore l'euffent dû ; mais (18), ils font fes ennemis, 
* ÉLECTRE. 
Ces cheveux, d’ailleurs, font tout-à-fait femblables… 
LE CHŒUR. 
À quels cheveux !. . je brûle de l’apprendre.. . 


16 LES CHOËÉPHORES. 
ÉLECTRE. 
Aux miens; ils femblent être les mêmes. 
LE CHŒUR, 
Seroit-ce un préfent fait en fecret par Oreftes! 
ÉLECTRE. 
ILeft bien vraifemblable que ces cheveux font à lui( 19) 
LE CHŒUR. 
Eh! comment auroit-il ofé venir en ces lieux ! 
ÉLECTRE. 
Il aura envoyé cette offrande à fon père. 
LE CHŒUR. 

Nouveau fujet de larmes, fi elle annonce 

qu'il ne reverra plus {a patrie ! 
ÉLECTRE, 

Ah! mon cœur eft aflailli des flots de la 
triftefle. À la vue de ces cheveux, un trait per- 
çant m'a frappée, un déluge brûlant de larmes 
amères eft tombé de mes yeux., .....A quel 
autre des Argiens puis-je penfer que <ettæ 
dépouille appartienne!...,.,.,....Ce ne 
peut être à celle qui aflaffina fon époux, à 
ma mère, dont la facrilége averfion pour fes 


enfans dément un nom f tendre (20)..... 








XOH#O'POL. 16 
HAEKTPH. 
Avraou nuXJ xgpra mesagepns idir. 
XoPo'sx. 
Mdr Sr O'péqu 4puCi Joegr n TA; 
HAEKTPH. 
Mauig” Cnuvs Bospuyois mesctiivru. 
X OPO'z. 
Kai mès Cnros Nip emAunas ons; 
HAEKTPH. 
E‘xeude jar moveaulu eu mates. 
XOPOS. 

Oùy Toro iiapure pur Ads GA, 

MoN jwens puimote Jaurd mA. 180 
HAEKTPH. 

Kauoi mœesaçn xapNas x\udwyio 
jrs tro N &s Afgvro Béne 
Æ, ouuaruy 3 Nuor mimouat quoi 
quypres dPexqu Jeyiuou mAnmuveide, 
AXE idbuan mor. Tlos à 6Amow 
dur mn Moy To NaroÇ ay qoGns; 
AN SN pur vu n x@vodo” CHAEHTO , 
un D puTmp, SSLUOS ETÉVUUO » 

Peru qu dr mr un. 


17 XOH#O'POL 
Eo dV, omus À opnaps TidV œréou, 190 
üvy TN drngiqué po Ÿ QiATAT 
ReoTY] O'réqus Sorouu N Üo EAmidbe. 
dede #0 bye Qornr pes (a), ayfé7ov uw, 
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LAN eù cuQnin Toy muy T\CUON , 
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OPEETHS. 

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(a) Stanlejus : Forfan suoegv. (b) Id, leg. Ta. 





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LES CHOËPHORES 17 
Mais, comment m’aflurer que c’eft un don 
d'Oreftes, du mortel le plus cher! Toutefois, 
lefpoir me flate.............Hélas! que 
ces cheveux ne peuvent - ils parler & difliper 
mon cruel embarras! que ne me difent-ils, fi, 
féparés d’une tête ennemie, je dois les rejeter 
avec indignation, ou, fi, venant de mon frère, 
& légitime offrande d’une douleur qui nous eft 
commune, ils font un digne ornement du 
tombeau paternel! Dieux, qui le favez, je vous 
invoque !... De quelle tempête mon ame eft 
agitée !...Si le falut m'attend, que ce foible 
germe jette donc une profonde racine!..,.. 
Encore un autre indice. ..des pieds marqués 
fur le fable, égaux aux miens....Je vois ici 
tracés des pas différens. .....les uns, feront 
d’Oreftes; les autres, de quelqu’ami qui l'aura 
fuivi.....Le contour des pieds & des talons, 
fe rapporte au contour des miens... ..Hélas! 
tout accroît mon trouble & ma douleur. 
ÉLECTRE, LE CHŒUR, ORESTES, PYLADES, 
ORESTES, 
. Demandez aux Dieux, dans vos prières, que 
3 0 


18 LES CHOËPHORES 
le refte de vos fouhaits s’accompliffe aufli-bien, 
ÉLECTRE. 

Et qu’ai- je obtenu du Ciel jufqu’à préfent ! 
ORESTES. 

Vous voyez celui que vous defirez depuis long-temps. 

j ÉLECTRE. 

Qui m’avez-vous donc entendu regretter ! 
ORESTES. 

Je fais vos vœux ardens pour Ofeftes. 
ÉLECTRE, 

Eh bien, en quoi font-ils exaucés ! 
ORESTES. 

Je fuis cet Oreftes: ne cherchez point d'ami plus fidèle (21), 
ÉLECTRE. 

Étranger » Vous me tendez quelque piége. 
ORESTES. > 

Ce feroit donc pour y tomber moi-même... « 

ÉLECTRE. 

Vous voulez infulter à mes maux (22)... 
ORESTES. 

À vos maux! dites donc, aux miens en même temps, 
ÉLECTRE. 


Quoi, vous êtes Orefles ! c’eft à lui que je parle? 





XOHSO'POI. 13 
ds ra éMouox , TUraver XLNSS. 
HAEËKTPH. 
Ere nt vdy tuant Juporey xve; 
OPESTHS. 
Es ou usis Gyrep Jéntyou na agi. 
HAEKTPH. 
Kai me ou pu ua Aouuun BesTY; 
OPE>THS. 
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HAEKTPEH. 
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HAEKTPH. 
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OPEETHS. 
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HAËFKTPH. 
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OPESTHS. | 
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HAEKTPH. | 
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Ci 


19 XOHO' POI. 


OPEZTHS. » 


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Erdbr WE, jap 5 pui ’xmNarys ppévas 
Tés DiAGrus 7d oi vdy 6vmxs mxpois, 

HAEËFKTPH. 

À iAraroy péAnue Souaay maTe0s, 
SbxpUTOS EATIS ADÉPUATOS WT , 
AY memniQus DU ax Ton MATEOS. 
D Tpmoy qua, Tiorapas moiens Evo 
époi mesaudar SN ég” ajarydos yv 
TATEYS TÉ W TO MMTEOS ÉS GE LOI PET 
apyeor 1 à mardixus y Juperaj 
vo À TUIEIONS NAGGS éoamepo, 240 
Tiges d adÿqus 1, éuoi bas Pierr 
pére, wars me y Nu, ouù Ti TEATH) 
AA YTOY PE) Zmi, av croTo pois ; 





LES CHOËPHORES :9 
ORESTES, 

Je fuis préfent, & vous me méconnoiflez! 
tandis qu’à l'afpedt de cette offrande, vous vous 
livriez à l’efpoir, &, en obfervant les veftiges 
de mes pas, croyiez déjà me voir! Examinez 
cette boucle de cheveux; rapprochez-là de l’en- 
droit où elle a été coupée fur la tête d’un frère 
qui vous reflemble (23). Regardez ce voile, 
ouvrage de vos mains, ce tiflu, ces figures. 
Contenez-vous ; modérez votre joie; fongez qu'il 
nous faut craindre ceux qui devroient nous chérir, 

ÉLECTRE. 

O précieux objet des regrets de ta famille! 
efpoir de ma vie! toi que j'ai pleuré! Ton courage 
te rendra le palais de ton père. Tête chérie, 
pour qui fe réuniflent (je fuis forcée de le dire 
hautement } toutes (24) les affections de mon 
ame, tout ce que je dûüs d’amour, à un père, 
à une mère (qu’il faut que je haïffe) , à une fœur 
cruellement facrifiée! Mon frère, tu m’es fidèle! 
Tu vas faire ma gloire! Seulement, qu'avec 
le grand Jupiter, la force & la vengeance te 
fecondent aujourd’hui! 
C ii 


20 LES CHOËPHORES. 
ORESTES. 

Jupiter, Jupiter, contemple l’état où nous 
fommes!.......Vois les aiglons d’un aigle 
généreux , qu’une féroce vipère étouffa dans 
{es replis tortueux : triftes orphelins, que preffe 
une faim cruelle; trop foïbles, pour rapporter 
au nid leur nourriture accoutumée. Tel eft 
Oreftes, telle eft Électre, enfans privés de 
leur père, & tous deux bannis de leur palais: 
Si tu laiffes périr les rejetons du roi qui t’ho- 
nora jadis, & v’offrit de fi pompeux facrifices, 
de quelle main recevras - tu de femblables 
offrandes ! Si tu perds la race de l'aigle, quel 
oifeau portera tes augures prophétiques aux 
mortels! Cet arbre antique, s’il eft féché 
jufques en fa racine, n’ombragera plus tes 
autels, aux jours de tes facrées hécatombes. Pro- 
tège-nous : il t'eft facile de relever de fes ruines 
cette maifon, qui paroît maintenant écrafée. 

LE CHŒUR. 

Enfans, fauveurs de vos foyers paternels, 

n’élevez point votre voix; craignez de vous 


trahir; craignez qu’un indifcret n'avertifle ceux 





XOH#O POI. 20 
OPEZTHS. | 
Zud, Zed, Sauegs Th œegyaror Yi. 
LS 3 Qrar nv at muTeOE, 
QuyévTos Co FAT Y MEHR UALTI 
Durs tgdme. Tou d d'TUpPaYIqUEr Oo 
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DhexY TATESAW MEITPEPE CLAYA AO. e 
Oùro 3 xdue Tluwii Tv’, H'AëxTear A6 , 2 50 
Nr mapen oi, MATEOTEPN VPN , 
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méuruy éyis ày Hual dru9n Regis. 
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Bousis dpi£u, RYQUTIS © Nuaot 
Koue, Sn ounvÿ d' ai ajuas péyar 260 
Dur, Suodyre xapTa vJr meroxéve. 
X OP OZ. 
À me, à cumipes éias maTe0s, 
oy&d- dus qui mevorrai ms, à Tina, 
AGOTNE HE À FUIT arayfann QG 
Civ 


21 XOHO'POIL 
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Dayoyres CY UMA maripes PAT ps. 
OPEZTHS3. 

Oùri mesduod Aofis payadns 
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2m cu moin (a) Enuiys Queousdver, 
eut d' épaore +} PiAN dun GS 
Body L' éporre mo SUuapni xak. 
Ta fe D Cx is dLopeEsror paire 
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Aewxas 3 xopous TS émæyTé Mer Véro. 280 
“AM Te QurS (b) mescbongs E’euriwr, 
Cx T rarewwy aipuara RAS pda 
PITA AgU DEN Cp oLTE YOUOYT Ogpuv (c} 
To 59 oxorenoy © Crepriegr Rés 








(a) Sranlej. & Canr, Sroyemuaria. Nos, a yemuaTIer. 
(54 Sianlojus : Vegendum amas 7° squier, (c) Vid, n, (25) 





LES CHOËPHORES. es 
qui règnent encore. Ah! puiflé-je les voir expirer 
dans les flammes d’un bûcher réfineux ! 

ORESTES (25). 

L’Oracle du puiflant Apollon ne me trahira 
pas. II m'a commandé de tout hafarder. Sa voix 
tonne encore ; elle parle dans mon cœur palpi- 
tant, & m’annonce d’effroyables malheurs, fi 
je ne pourfuis pas les affaflins de mon père. II 
veut que je les frappe, commeils l'ont frappé. 
Par d’inftantes /a) menaces effarouchant mon 
efprit, il a dit, que des maux, fans nombre & fans 
relâche, vengeroïent fur moi-même une ombre 
trop chère. Ce Dieu, qui apprend aux mortels 
à calmer des mânes.irrités /h), m'a prédit, 
qu’un mal terrible, la lèpre aux dents féroces, 
envahiffant mes chairs, me rongeroit jufqu’à la 
moëlle, & que mes cheveux blanchiroient avant 
le temps. Il a parlé auffi , d’affauts de Furies nées 
du fang d’un père, dont je verrois les regards 
fourcilleux étinceler /c) dans la nuit. Car, le 


trait, que, du fein des ténèbres, lancent ceux 





(a) Voyez la note (25). 
(b} (c] Noyez encore la même note (25): 


22 LES CHOËPHORES. 

dont une main parricide a terminé la vie, & 
l'effroi nocturne, & la rage armée d’un fouet 
d'airain, déchirent, troublent, & pourfuivent de 
ville en ville, le malheureux qui ne les venge 
pas (a). Dans cet état, plus de part aux facri- 
fices, aux libations ; plus de place aux autels; 
plus d’hofpitalité ni de fociété, pour l’objet 
vifible de Ia colère /b) paternelle. Mais, fans 
amis, fans honneur, il faut mourir enfin, con- 
fumé par de pénibles tourmens. A de pareils 
oracles, certes, il faut croire. Et, quand je 
n’y croirois pas, je ne courrois pas moins à la 
vengeance. Trop de motifs font ici réunis; & 
l'ordre du ciel, & la mort déplorable de mon 
père, & la mifère qui me preffe, & la honte 
de voir des citoyens courageux & célèbres, qui 
détruifirent Ilion, affervis à deux femmes....car, 
Ægifthe n’a que le cœur d’une femme. . . ..fi 
je me trompe, nous le verrons bientôt, 

LE CHŒUR. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 


oo 


(a) (6) Noyez la note (25)e 


XOH#O'POL 22 
Cn mesporajor Cp Qu remlowomys 
ÿ Aosa, Y HaATHos CH pux TI polos, 
urd, Gexosu, ÿ Doxery mAëwS 
JNMAGTS TNA AuuayQëy Ms. 
Koj mois Toiovmois me xpaThess LÉe96 
Grey era y, # Qiommru XiGos, 290 
BaRS r anépyr ŸX sepmblu maress 
pimr Neo , Se GUMUUY TV. 
Dayroy d) amor xäqiAor Mara 22010 
xd GersuSirre raupOupm pupo. 
Too penouois deg (a) jen remit. 
K’ & un mémoi9u, Tépyor Déspyageor, 
TloMoi 99 es e oummiivow fueeoi, 
DeoÙ Tr’ éqerus), à mareos mérSos Léa; 
ÿ mesmmi(e enduro dyie , 
nm pi mNras duneçurus LeoTW, 300 
Tegias aaga Theses NES @peri ; 
dboiy yuvauoiy @d) ÜmixooG mé" 

Snhua DD ppir #4 3 pui, @y Avery. 
XOPO'S. 
ANANHAIZTOIL 

AN © ueya Au pop, Auody 





(a) Sranlçjus : Scribe dgge 


Zrpcgn. 


23 XOHO'POI 
TA TEUTAY, 
4 D Myyor ueraCouve. 
An k tyôexs yAdorns tes 
VAdora A4 TépeASyAuoy 
megosouox Jin déy dÜmei. 
Ar 5 MAMIE Doris Doriar 310 
FANNMY TvéTo dhacayn au" 
TN epr pos Ti Qurd. 

| ANTIETPO@DIK A. 

O'PEXTHS3. 

À ranp, aivoranp, A cv 
Papios, À A piËæ, 
TU a, EG Seins 
9m (° épua dru, 
CLOTR Dao ITDLOIE9Y 5 
Xaerns d ouoiws 
Léa luwra 9905 dunens 
mesodouos A’reudèus. 320 

TA MBOI. 
XoPO'x, 

Téxrov, Desrnux Ÿ 
Suvoyros # Supailes | 
TUESS ñ latex WA | | 


LES CHOËPHORES 23 
. Puiffe Jupiter donner à ce projet l’iffue que 
demande la juftice ! 

Que l’outrage foit puni par l’outrage: c’eft 
le cri de l'équité, quand elle réclame fes 
droits. 

Que le meurtre foit puni par le meurtre: 
un coup à qui frappe (26)....ceft l'antique 
Toi qui le dit. 

RÉCITS ANTISTROPHIQUES.. 
STROPHE. 
ORESTES. 

O mon père! père trop malheureux !..... 
(27) Revenu d’un exil lointain au pied de 
ta couche funèbre, que dirai-je, que ferai-je, 
pour obtenir que le jour, ici, fuccède à Ja 
nuit fa)!...,,. 

Hélas! la pompe du deuil, eft le feul tribut 
que reçoive l’antique maifon des Atrides /). 
RÉCIT IAMBIQUE. 

LE CHŒUR. 
Mon fils, la dent dévorante du feu ne dé- 


truit pas le fentiment chez les morts... . 





(a) (5) Noyez la note (27). 


24 LES CHOËPHORES. 

Leur courroux leur furvit & fe montre... 

Des mânes ont gémi; — | 
— le vengeur (28) a paru....... 

Du père & des enfans /a) les juftes douleurs, 
enfemble confondues, s’irritent, & pourfuivent 
par - tout le crime. 

ANTISTROPHE, 
ÉLECTRE. ” 

Écoute à leur tour, o mon père, mes regrets 
limentables !.. . Le concert filial d’une double 
plainte retentit fur ta tombe. Que ce monument 
foit l’afyle de tes enfans, tous deux fupplians, 
tous deux fugitifs! Quel bien leur eft-il refté! 
Quels maux n’ont-ils pas fouffert! Mais, le 
Démon qui les pourfuit n’eft pas invincible, 

PARTIE ANAPÆSTIQUE. 
LE CHŒUR, 

Les Dieux, s'ils le veulent /4), changeront 
ces plaintes en cris de joie; — 

— au lieu de ces lamentations funèbres, des 
chants de victoire rameneront dans fon palais 





(a) On a adopté la correétion propofée par Stanlei, 
(b) C'eft l'interprétation du même commentateurs 








XOH#OPOL 24 
quiva d Umepr opyas. 
O'nnera do Oriarwy; 
draqaivery d) 0 BAgTwy. 
lare»y Te y Tuoymwr (a) 
905 érdxos pates 
TD mu, dupiagqns Geryus. 

HAE KTPH. 
KAÏS: vdr, à manip, © pipes 330 Arnspogii, 
mAudbixpure mé In. 
Airys mis érruuGidois 
Ophros aagerai( es. 
Tapos d rvérus Nix, 
quya dé AS 1 ACTA 
Ti raid) «0, nd anp xaxvr; 
Oùx ATCAAXTOS dTL. 
ANAHAIZTOI. 
X OP O3. 
AN €r° aj Cu Tan Suos penCar (b) 
Sein eng po oriegss" 
on 5 Opiror "EnruuGidier, 340 
Toy menglegis ch Raañaous 





(a) Stanlçus : meliùs rwar. 


(6) Jdem : wulgaris fignificatio, volens, libens, convenit, 


25 XOH#OPOI 
POXPATA (a) piA0y » 2opuÇo. 
MONOZETPOIK A. 
HAEKTPH. 
E; ÿ va’ l'Ao 
CSS 106 AUX, TETE, 
dberrunTos xaTerapioOns, 
AuTrèy aÿ euxNear Cp Sboct , 
TONY TE LENCUIDIS 
"éfaspeñlor ra XTIOT 4, 
MA a des 
Goo Dgmons pas 3590 
dugoiw dpopnrer, 
QiAos PAU Tois | : 
tuer xxnde Surodar, 
xG\ foros eumpemur, 
CEMYÔTILOS AXTOP, 
mesmAs nm À penqur 
HoYiwY net TUEZ-IEY" 
RanAus 90 ns 0Dex £Qns 
pôequer ns mumNarrer (b) 
xesi, muciuGeoroy re Raxreor. 360 





(a) Scholiaftes : Oéonr, + veus Cvyxpairme nur. 
\ 1 “ 
(B) ds Tiv on Mopdr Raoneicr nexampoäilu Equre 


4 


LES. CHOËPHORES: 25 
ce frère chéri qui vous rejoint /2), _ 
RÉCIT MONOSTROPHIQUE. : 
ÉLECTRR,..,.,.! 54 
Que n'es - tu mort, o mon père! fous les 
murs d’Ilion, par le fer de quelque Lycien, 
laiflant, & ton palais plein de ta renommée, & 
la carrière de la gloire ouverte aux pas de.tes 
enfans! — : ; tr 
— Là, dans le fein d’une terre étrangère, tu 
aurois trouvé un fuperbe tombeau. — : 
— Là, mourant avec ces amis,. qui font morts 
fi généreufement pour toi, tu eufles été grand 
jufque chez les Ombres, prince toujours au- 
gufte, & honoré des maîtres redoutables des 
enfers, parce que tu fus roi pendant ta vie /b), 
& que le fort avoit mis entre tes mains le 
fceptre, qui fait plier les humains /4). 
Mais, non:— 
— tu n'es point mort, o mon père! fous les 


remparts de Troye ; — 


ne ES 
(a) On à fuivi l'interprétation du commentateur grec. 


+ (b} (b} Littéralement felon l'interprétation du commenta- 
teur grec: res mains ayant sen des Pargues la royauté, à'c, 


3 D 


i6 LES CHOËPHORES. 

—tu n'es point enfeveli fous les ruines du 
Scamandre, avec tous €es Grecs inunolés par 
le fer!........i.. (a) Ah! plût au ciel, 
qu’exempte du tourment que jendure, avant 
que tes_aflaffins t’euffent ainfi immolé, j'euffe 
appris de loin que la’ Parque avoit terminé 
ton fort {a). . 

PARTIE ANAPÆSTIQUE. 
LE CHŒUR, 

#) Ce deftin, o ma file! eût été trop beau : 
vous demandez: une faveur plus précieufe que 
toutes les faveurs du fort le plus (29) prof- 
père (b)....Vous cédez à la douleur. ... 

‘. Mais, k fortune vous a frappée d’un double 
coup. — 1 S . 
= Vos défenfeurs ne font plus, & les mains 
de nos odieux tyrans ne refpeétent rien {30).— 
— Malheureux enfans! c’eft vous, fur-tout, qui 
l'éprouvez {c). 

TAG Ni done ae 

(a) (a) Onaadopté ici, & la correction propofée par 
Stanleï, & interprétation du commentateur grec. 

(b} (b) Pour l'interprétation littérale, voyez la note (29)« 
+ {c} C'et le fens qu'adopte le commentateur grecs 


XOHSOPOL 26 
Mn” nm Tepias 
Ti yeoi pds, rap, 
| ET” a N\GY dberx am 708 
Ds Exauardps aeoy mea. 
aeos d, oi xTævortes 
sir (a), Sms Supra, 
QuyaTnpoegr aicuy 
mesorw nya (b) ‘avrSuveSuy 
Ta mou areiesr. 
ANA NAIZXTOI. 
XOPO'x. . 
Tadra ki, & ma, xpéosoa euro, 370 
meyaans 3 Trups à Va Copés 
meiQora Pards odiday >. 
AM Ans D To paegiyns 
dos ixrras ? É aponpsi 
CN ns n° T 3 xpaTouymy 
XP FX 04 Sue Térar 
AO À Ha fm (c). 





(a) Sianlijus : fortè mege d° % xmror (E vu. 
(5) Scholiafles exponit : tué. 
(c) Scholiafles : mm ), uèracr A'yaméuoros, mi myar 
and (uuGiCnuer. 
D ij 


27 XOH#O'POI. 
MONOZTPOHDIK A. 
HAEKTPH (a). 

Tr agpmpis ds nero are mep Bios. 
X OP OZ (a). 

Zi, Ze » XL T0 VE st dore 
UGECOTOIVOY dTLY 380 
Berri TAN % TAYOUpYO 
muet, (rude d'ouus nAÎm ) 
équaioe forts par 
muwieT” SAGAUYAU 
ardpos Suouys , 
pruxds T 0Mupas. 
Ti 3d weUQuw Pperos ; 
Oo éuras morary (b). 
Tléeidey 5 @poess, 
dhunéias re xapdlas, 390 
QULOS, CTHOTOY TYPE 
Kaj mor dy aupiuANs 
Zus 6h yciex Ra A0; 
dd, pa, xaexva diEas, 
RSR RER RER ES 

(a) Stanl. Perfonarum nomina perperäm videntur affixa, 


(b) Scholiafies exponit : g44s À éuappior mi MlaTey mav= 
ru Nos, aliter, 


LES :CHOËPHORES. 27 

RÉCITS MONOSTROPHIQUES. 

É LECTRE (a). 

Cruelle penfée! trait, qui déchire mon cœur! 
Jupiter, Jupiter! fais donc fortir enfin des 
enfers la punition dûe à de coupables & par- 
ricides mortels ! | | 

Quand fouirai-je des Jatmes amères de ces 
indignes époux, à leur dernier foupir /b)!... 
C'eft ma mére......eh! je le fais...... 
mais, pourquoi me contraindre! (31)....Le 
dieu de la vengeance vole autour de moi /c). 
La fureur & la haine enflamment mon vifage, 
embrafent mon cœur /4)..,.:.Jupiter! qui 
retient ton bras puiffant! frappe, frappe des têtes 





(a) Ce que les éditions grecques attribuent au Chœur, 
depuis le vers 379 jufques au vers 408 , il paroît plus 
naturel de l'attribuer à Éleétre : voyez le vers 382. 

(5) Littéralement : Que je puiffe chanter un hymne amer de 
triomphe, en voyant l'époux frappé, à l'époufe mourante ! 

(c} Le texte, ici, paroît inintelligible, Littéralement, 
en latin: divinum manifeflé volat. 

(4) Littéralement : la colère, la haine cruelle, fe montrent 
ur mon vifage (Lit. fur ma proüe }, à" dans mon cœur irrité, 


D iij 


28 LES CHOËPHORES. 
criminelles , fais-toi reconnoître à tes coups ! Je 
demande juftice de ces injuftes mortels... Déeffes, 
qui vengez les morts, écoutez - moi (32)! 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Le fang verfé demande un autre fang ; ainf 
le veut la loï (33)....... 

Érynnis appelle la mort...... 

Pour confoler des mânes irrités, elle amène 
vengeance fur vengeance /4). 
RÉCITS MONOSTROPHIQUES. 
Puiffances de l'enfer, où êtes-vous (34)?.. 
Imprécations des mourans, où eft votre pou- 
voir! Voyez, voyez le refte impuiflant des 
Atrides, honteufement.chaffé de leur palais ! 

Jupiter, où fera notre refuge 

LE CHŒUR (b). 

Mon cœur treflaille, Jorfque j'entends ces 
plaintes lamentables. — 
— Tantôt, vos gémiflemens me jettent dans un 
noir défefpoir ; — 
————— 

(a) On a cru prouvoir hafarder cette traduétion littérale, 

(b) Ce qui fuit, paroît devoir être attribué au Chœur, 

plutôt qu'à Éleétre, 


XOH#$OPOE 28 
mça vor HP 
Anar d'$ afroy rares, 
Krdr 3, @ XBcriay nr. 
A NA'IAIZET'OI. 
A'NXE v0u08 2, Dorits çupv0s 
Ames 65 med, AND DCIGCYTE 


aïua. Boë D0 Aoimor éemves , ._ 400 

" @Ùg T mener) phpper atlw s 
éTegy émapuos (a) &æ’ aàry. 
MONOZTPOSBIKA. :  \ 

Toi, eo di vepréepr mruegwridvs 5 ns 
Livre, moavupalds cpu OSuer, 5:3 
NO A'reudr @ Aoin” agurgiros *5 


ÉJNTa , % dorer 
anua, La mis Saroir” a, à Zd ; 
HAEKTPH (b). 


[leranry d aùTe por QiA0y 209, 2 
Toyê% XAUOUIY OIXTOR | E 
Kay mme fe SoiAmss ... :  : 410 


amaryra S% pou xenguadre : 
eds é7m6 xAvoUGY {cs 





(a) Sranlejus : Malim émayvra. 
(2) Hac Choro tribuenda videntur, (b) Sthol. Ava À, u4spon 
D iv 


29 XOH#O0' POL 
O'ray Ÿ ar érañxts 
Dex, d'réçuory d906; 
mess To qd St pa xtAde. 
(a) Ti N ar emores voie a; H° 74 mp 
ra Jouy Sea mess % T. roues ; 
Taper cajrer rx d Yn SÉXyere 
Auxos À &7 duigérr, 
douyTos Cn puureos 68 Sue. 420 
E’xode xowuor &peor, re Kios-ias 
PouoiT mAëUSpids ) : : | 
aopiruro mAmra.Tlonurnarure d'Ld Jay, 
traorunesreiGi, @ 695 opéymara 
cosy exe wruæo d "Eppoges 
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avé mur avu- | 
x, dvéb 5 mernuarer : :: | 430 
ÉTANS LYCILGUTOY avdpa Su. | 
OPESTH 5. 
To ray dns éAEag ÿ- ofuol: 





(a) Que fequuntur, rurfàs. Eleétræ meliüs conveniuur, 


(b) Sranléjus : fortè A'opiE mi mn. 


LES CHOÉPHORES. 29 
—Tantôt, votre audace, qui s’anime, fufpend 
ma douleur, & me rend l’efpérance. 

ÉLECTRE (a). 

Que dirai-je! rappellerai- je tous les maux 
que m'a fait fouffrir une mère!.,.. 

(35°) Irai-je la flatter /b/!...rien ne peut 
l'attendrir. 

Telle qu’un loup cruel, fon ame féroce ne 
fauroit être adoucie. Plus barbare qu’une Cif 
fienne, elle a frappé un coup terrible.... 

Elle a redoublé; & bientôt on ne put comp- 
ter les bleffures.. . .... 

Infortunée!....ma tête retentit encore du 
bruit de ces funeftes coups (35°)..... 

O ma mère! o femme impie!......,. 

Vous avez ofé enfevelir, un roi, fans le 
concours de fon peuple, un époux, fans larmes 
ni regrets'........ 

ORESTES. 


Ah ciel! que d'outrages vous m’apprenez! 





(a) Le refte paroït mieux convenir à Éleétre. 
(6) Le texte, ici, eft prefque inintelligible,, , , Voyez 
note (35). 


30 LES CHOËPHORES. 
Les Dieux, & cette main, les lui feront payer 
bien cher...:.. 

Que je périfle, s’il le faut, mais après m'être 
vengé (36)! 

ÉLECTRE. 

À peine expiré, on lui coupa les extrémités 
du corps(/a)...&, après l'avoir ainfitraité, elle 
l'enfevelit ici... . Elle croyoit vous dévouer à 
l'infortune (37)... Vous entendez l'horrible 
infulte /b) faite à votre père... 

ORESTES («). 
Quoi! ce fut - là fon deflin! 
ÉLECTRE. 

Et moi, accablée de mépris & d’indignités, 
écartée du palais, comme un animal dange- . 
reux, étrangère à la joie, ne connoiflant que 
les larmes, mon bonheur fut de cacher mes 
foupirs & mes pleurs. Que ce récit fe grave 
dans votre cœur; que vos oreilles le tranf- 


mettént jufqu’aufiége de votre ‘ame. ...... 





{[a) On a fuivi la feçon;de Camère, Voyez note (37). 
‘(b) ci, .on a adopté lacorreétion propofée par Stanlei. 


(c) Le vers 42 paroît convenir à Oreftes, le refte, à Éleëtres 





XOH#OPOI. 30 
Tarcos d anuanr aex no, 
exe & duucver, 
exam d auay Ye. 
Ex, 90 vopions 0 Aoiuarr 
HAE KTPH. 
E'uasganOns & 9, os roT E (a). 
Eœesost d' arrep vw, @J% Sue 
Lueor xTévy uœudya 
dpepror œcys cd. 440 
KAvus mameaios duoviliuers (b). 
(ce) Aëys rélepior poesr. ‘ 
(d) En d'émçuru 
anpos , Sy dits 
Moy) d dpepumos, mu xuvos Axa, 
ÉTILOTEX ATOS dyépeegr AiGr, | 
Juiegvox moAUdxpUL NS LEUR Ze 


LA 


Toiaèr’ dxouwr cy Qpesi - 
Jap#, JV wmv 3 ouv- 
TÉTEOUIE JAÙ JO AOUY © @perdy Baod. 450 





(a) Canterus : éuasçaxiOn d” 18, cc mr” edge. 
(5) Sranleus : lege d'a atiuou. 

- (c} Hic nomen Oreflis prafigendum videtur, 
(d) Hac rursis Electra tribuenda, 


31 XOH#O POI. 

Ta À 39 Oros ter 

@ Sd auros opr& palgr. 

Dpére d duxautlo be va nus. 

Ze mi Aie, EvAeS, rap, QiAin. 

Eyo d''énpoifous rexNnausdpe. 

Zraias 5 marrons od” ’Eppobd. 

A'xoucoy &s Pos Lo&Y , 

Euo 5 Ÿu8 mess tylepu. 

A'pns À'pes EvpGdMa, Nu Nue | 
To Sea, xpahrer” cdYuus. 460 
(a) Tpopas Le Umréprres X\UovonLy Le, 
To pupouoy pp mag 

dpudiois d aÿ EA do. 

To vos tyfuns, 

y ©Dguauoos àTrs 

duaTIéOT a TAAYLe 

To duqu dpepra midi. 

To dvorararauq & 995 

upon émuoror (b). 

Tv d° exxs Sd) dm” aMuy 470 
ExToQ, W. de TT 





(a) Sranlejus : fortè fimmé, omnind) hic infit Chorus. 
(6) Expon. inhærens velut linamentum ulceri infartum, 





LES CHOËPHORES. 3r 

Voilà ce qu’ils ont fait........,voilà ce 
que vous vouliez favoir: que votre cœur foit 
inflexible .. . ... 

Et toi, mon père! viens te joindre à tes 
enfans!....... | 

Je t'appelle en pleurant, & tout ce qui eft 
ici fe réunit à moi: écoute- nous, reviens au 
jour; aide-nous contre tes ennemis !. ... 

La force va lutter contre la force, la ven- 
geance contre la vengeance : Dieux, fecondez 
la juftice! 

LE CHŒUR (a). 

Je tremble en écoutant cette prière. L'arrêt 
eft porté depuis long -temps ; que nos vœux 
en précipitent l'effet (38)! 

(b) © fuite fatale de malheurs!..... 

O coups fanguinaires, coups facriléges de 
la vengeance! © deuil funefle! © maux 
fans remède, & enracinés dans la maifon des 

ides (39)! Ce n’eft point par des mains 


rangères, c’eft toujours par les mains les 





(a) Ce qui fuit le vers 460, doit abfolument être attribué 
au Chœur, {b) Pour l'interprétation littérale, v. note (39). 


32 LES CHOÉËPHORES. 

plus chères qu'ils perdent la vie. Déefles des 

enfers, Déefles de fang, vous entendez l'hymne 

qui vous eft confacré ! | 
PARTIE ANAPÆSTIQUE. 

Dieux fouterrains, écoutez nos prières ! — 
— prêtez votre fecours à ces enfans, & faites-les 
triompher ! 

RÉCITS IAMBIQUES. 
ORESTES. 

O mon père! tu tombas fous d’indignes 

coups ; rends-moi ton fceptre & ta puiflance ! 
ÉLECTRE. 

Et moi aufli, mon père! j'ai befoin de ton 
fecours pour tromper Ægifthe, & lui donner la 
mort! Alors, les humains te rendront de légitimes 
honneurs, &, dans les fêtes confacrées aux 
mânes (40), tu ne feras point {æ) honteufement 
privé d’offrandes {b) & de facrifices. Alors , réta- 
blie dans ton palais & dans mes biens, aux jours 
de mon hymen , je tapporterai des libationsäih 
ta tombe fera le premier objet de mon culte(4r). 





(a) On à fuivi la leçon d'Héath. 
(b) Pour l'interprétation litérale, voyez la note (40). 





XOH#OPOL 32 
ciuy drwpfr (a). Aluariegy 
Sedy G\ vas 0° Uyuyos. 
A NA'HAIZ=TOI. 
AM AAUVTE, HaXgpes Boris, 
ThoN xalbyns, munir aparylo 
my mesqesres ’Érè vire. 
FA MBOI. 
O° P E ZT HS. 

Ilanp, Toro S rupgywiois Juywy, 

cyrepe or Ms ngdros F où Sur. 
HAFKTPHK. 

Kayo, amp, Tiaydt ou, y<tiay 6, 
QU, méyar mesdtiowr Aie poesr. 480 
Où 30 ar ou dunes érouoi BesT#) 

x oia]"* a 5 un (b), zap Wimois ton 
dnpos dy mesin (c) xnoywmois wars. 
Ka9o yaé qu À UNS MArANNElAE . 
cu raTeooy Cn Jouer yapunNios" 

ray à mepTy my) @peobébou raigor. 





(a) Diflinguen dum effe pofl dvupäv, monet Heatkius, 
(b) Heathius : legendum fortè vdè pu. 

(c) Canterus : iumegia. 

(4) Vide notam gallicam (39. 


33 XOH#O POI. 
OPYETHS. 
D 39, dves po amp emiedoey paylu. 
HAEKTPH. 
À Tlepoiqpaosa, dos 6 T’ EUopor xFATOS 
OPE THE 
Mépunoo Aouredy of CHorpioOns, maTepe 
HAEKTPEH. 
Meurnoo d du@iGAnspor & (° txginour. 490 
OPEZXTHEX. 
Tléfus # d'yAANEUTOIS CONPEUINS, MATE, 
HAEKTPH. 
Aiçeps Te REAawroiow ©+ XLAUMMALTIV. 
OPEZTHS. 
À Sepipn micd oadan, AaTE ; 
HAËFKTPH. 
Âp dp9oy aipus QiATATOY 7 où ALEX; 
HT Sul iaMe cumayar QUAI" 
H" ris oolas avnidbs RndGus naGdr, 
UTEp xpaTNQus V drnniioy AUS. 
Ko Thod” axovoor Anis Lors émarep* 
Sy véoro Téod” éqnubos Tipo, 
oxTepe JHAUL, Poe © ouë jp  $00 
à pi Eañans ariquar HiAomdbr mod. 





LES CHOËPHORES. 33 
|_ORESTES. 
Terre, ouvre-toi ; que mon père voie ce combat! 
ÉLECTRE. | 
O Proferpine ! donne-nous une viétoire éclatante! 
ORESTES. 
Mon père, fouviens-toi du bain, où tu perdis la vie! 
ÉLECTRE. 
Souviens-toi de ces lacs, où tu trouvas la mort! 
ORESTES. 
Tu fus arrêté dans de honteufes chaïnes (42)! 
ÉLECTRE. 
Tu fus furpris dans un infame piége! 
ORESTES. 
Réveille-toi, au fouvenir de ces outrages ! 
ÉLECTRE. 

Lève, lève ta tête augufle! envoie la ven- 
geance au fecours de tes enfans; ou plutôt, 
rends toi-même les coups qui te furent portés,. 
fi tu veux vaincre, ainf que tu fus vaincu. 
Entends cette dernière prière, o mon père! 
Tu vois à ce tombeau deux orphelins; prends 
Pitié de ton fils & de ta fille; ne laifle point 
périr en eux la race de Pélops. Par eux, tu 

3 E 


34 LES CHOËPHORES. 

furvis à toi - même. La gloire de fes enfans 
reflufcite un père, pareille au liége, qui fou- 
tient le filet, & l’empêche de fe perdre au 
fond des eaux! Écoute-nous (43)! c’eft fur toi 
que nous pleurons. Tu te fauveras toi-même, en 
exauçant nos vœux, ces juftes vœux, adreflés 
À ta tombe, & à tes cendres mal honorées 
jufqu'ici. {à Orefles) Le projet eft formé; il 
eft temps de l’exécuter, il eft temps d’éprou- 
ver les Dieux. 

ORESTES. 


J'y cous........Toutefois, avant tout, 


apprenez - moi pourquoi elle a envoyé ces” 


offrandes! Quel motif l’engage à tenter aujour- 
d’hui de réparer un mal irrémédiable' Honneurs 
tardifs, rendus à une cendre infenfible! Je ne fais 
ce qu’elle attend de ces dons; mais, ils font trop 
au - deflous de fon forfait. Toutes les libations 
réunies, n’expieroient point le fang d’un feul 
homme : telle eft la loi. Cependant, inftruifez- 
moi, fi vous pouvez. 
LE CHŒUR. 


Je le puis, o mon fils, car j'étois préfenté. 





XOH#O' POI. 34 
Oùro ÿ ; # mibmuas, SN wep Surur. 
Toys 30 œrdpi xandbres owmmeso 
rage peMoi d’ &s anpun dixruer, 

C Buse L\oghez éGortes Añor (a). 
A'uov, Va oo) riad” iç” dSVouaTa. 
Aus 5 cuiQ y TIX nusious Amp 
4 alu œuouquror % ma ? Aÿsr, 

Tux TUuCs À dyuuenTts TUE à à | 

To d'A, ému dpér xx op Owoey ppéri,$ 10 

épdtis ày nJ4, dèuuoyos reiezApos. 
OPEZTHS3. 

Es. TuSaX d'y ë° tEo dpou (b), 
md Jai true, Cn miros ASmpu, 
eQUegy Tube œyMxequy ma 06. 
Ocodyn d”, # pesroln, Single Xes 
émiurer. OÙx épuu ay xtoey Ta 
@ Jbex, eo di +? appear. 
Ta rayra > ms CHYEAG ŒID diuauTos 
év0s, daTlw 0 Hiybos” &d) Li Apse 
@cAoyn d’, érep oi’, Euol Peso raid. 1 

X OP Os, 
OÙ, & Téuvor, map 26. Ex v’ dVAEXTEY 





(a) Sani. leg. rs. (5) Schol ttu & med. 
1} 


35 XOH#O'POL 
à rxnmAdruror Suparoy mena din 
jou meurs maiods dures yri. 
OPEZTHS. 
H' à mémuûr Tvap, üg 0pOus Pexowy ; 
XoPO x. 
Texcir dhdrorr” tbe, ws am A6. 
__ OPFETHEZ 
_ Kai mi mAeuTa % axexvodrg A996; 
X OPO'Zz. : 
Er aœapyavon myivs cpuicey (a) Sul 
myds Boegs AeiCorra, vemfuis durs" 
UT MCITEME pua.Qor ey T° ovEegTIe 
OPE =THS. 
Kai ès dreuwror (b) céx àp id am guys 
X Oo P OZ. 
Do © yangxT SeguGoy diuauTos auotye 
OPEZTH >. 
Oùroi puarajoy dydpos over méA4e 
| X OP O' >. 
H' 9” Une néxpaÿo eonvdpn. 
Tom d dMADO , CATUPAWIENTES CLOTR , 
aaurnpes y douar Samoiyns eve 








(a) Schol. Am uuvs, édbEtr. (b) Sranl. leg. aTeung- 








LES CHOËPHORES. 35 
Effrayée par un fonge, par des vifions noéturnes, 
cette femme impie a ordonné ces facrifices (44). 

ORESTES. 
Sait-on quel eft ce fonge ! pouvez-vous le raconter ! 
.. LE CHŒUR, 
Elle a cru, nous at-elle dit, enfanter un ferpent. 
ORESTES. 
Et, cette vifion, comment a-t-elle fini! 
LE CHŒUR. 

Le monftre nouveau-né, comme un enfant 
dans fes anges, s’eft approché pour chercher 
fa nourriture ; elle lui a préfenté la mamelle. 

ORESTES,. 
Sans doute, cet odieux ferpent l’a bleffée /a)!... 
LE CHŒUR. 
Avec le lait, if a fucé fon fang à longs traits. 
ORESTES. 
Ah! ce fonge fera réalifé (45). 
LE CHŒUR. 

Saifie d’effroi , elle s’eft éveillée, elle a erié. 

A {a voix, les lampes éteintes ont recommencé 


à briller dans le palais. Enfuite, elle a ordonné 


gent name 
(a) Ce fens réfulte de la correction propofée par Stanlei. 
E ii 


36 LES CHOËPHORES. 

ces libations funèbres, dans l’efpérance de 

prévenir ainfi les maux qui la menacent. 
ORESTES. i 

O terre! o tombeau de mon père! puiflé-je 
accomplir ce fonge! Il me paroît avoir avec 
moi un entier rapport... ... 

Le ferpent eft né dans le fein qui m’a conçu; 

enveloppé de langes , il a fucé la mamelle qui 
m'a nourri, & il en a fait couler le fang avec 
‘le laits de douleur & d’effroi, la nourrice a 
gémi: ce monftre affreux, par elle - même 
allaité, eft le préfage de fa mort. Je ferai le 
ferpent, je la tuerai, je vérifierai le fonge.. 

Vous - mêmes, ne lmterprétez - vous pas 


ainfi ! 
LE CHŒUR. 


Ah! telle en foit l’iflue! Mais, inftruifez vos 
amis : qui doit agir /a)! qui doit refter ! 
OReESTES. 
Un mot expliquera tout. Électre doit rentrer, 
& cacher foigneufement mes projets. Par la 


fraude ils ont immolé un héros; par la fraude, 





(a) On a adopté la correétion propolée par Stanlei. 


TT 


XOH#OPOL 36 
Héuru Tv émerre moi amdVious joug, 
dXOS TOM CAT TAMETOIe 
| ©OLE>THS. 
AN een VA TND, À TUTO TPE » 
hucgr Ava TT Euoi TEAETPOEI. 
Keive SÉ moi vr we our xoNwS Eure 540 
Ei 59, À aûmy joe CHAT Eui, 
Bus Te nâow apapyaros GAAIÇEN, 
y mad dUPÉyLt EpLo Operinesor , 
DeouGu à tube afuuros piAor ya A8, 
À d” auqurapeis mi) érœuxEe ma du" 
ST roi wir, os eûpeler éxmar 07 Texs, 
QuyŸ Lixiws. E'xdparormSas d 670 
TS iv, © Téveiegr Crée TX. 
Team 3 ma (' aieus mer 
X OP O'2x. . 
Torre d” Sms. TaMa d° enr Qi" 5.5 à 
ads dc m mir (a), rés 3 pin dpéy, Aëyer. 
« OPEZTHSZ. 
Arno 6 ogos. Tluëi À aie tou. 
Ad 3 «um God ouvnuxs éuas’ 
os a} PAG TEVATES dpa FHUO , 





(a) Srankejus : forfan » Tic aôp mn AE » 
E iv 


37 XOH$OPOL 

NA Te à AnQOuwar cy Qurd Besye 
Quvoytes,  % AoËias éqiuoer, . 

daË A'mMer, parns dudis, nm pr. 
Eco 0 Uuas, rarTAN cœrlv éner (a), 
#Éo ouv aidpi TAN iQ" éprélog muags 
Duagln, Ééros ve à dbpuéeros Auur. 560 
A'upo 3 Gorlw no uv Haprnos id , 
Vhoovns AT Daridbs papouuo. 

Ka di Sverer Sms a) Goydp& qpal 
NEoar’, éreidn Jumorx duos xaxoïs. 
Monodudy Sms, ç” éruxaQ ay me 

dois ©Bpaiyprre , % GN Cire 

Ti di mn T er dmépyate, 

Alno2os erep oid'er er dnuos mue ; 

E’ à &r aude nov pro [b) roc, 
exeivoy Cp Segroiny Vpico memes, 570 
ñ % LONG ÉTErTR Loi XE\ qua 

td, cup 191, 4 Ag] 0PIuAuoz Rand, 
œpir at eme, Fofiros à Eros; vexpor 
Dnow ; modbre DEACLAGY ja LEUUaT. 

Dors d cer Sy UE IULENN 





(a) Scholiafles exponit, near mjexCoany or Eére. 


(b) Stanlcus : legendum videtur, éextiwr. 


re 


LES CHOËPHORES. 37 
& dans un piége, ils mourront à leur tour (46). 
Ainfi l’a prédit le dieu des oracles, Apollon, 
prophète, qui, jufqu'ici, n’a jamais menti. Pour 
moi, fous l'extérieur d’un voyageur /a), je me 
préfenterai avec Pylades aux portes de ce palais, 
comme hôte & ami de guerre(47)de cette famille. 
Nous imiterons le langage ufité près du Par- 
nafle, & l'accent Phocéen. Sans doute, per- 
fonne ne nous accueillera dans ce palais; car 
tout y refpire la violence. Nous attendrons que 
quelque paflant nous aperçoive, & leur dife: 
« Pourquoi rebuter ces étrangers! Ægifthe 
n’eft-il pas ici! ne les y fait-il point!» Si 
une fois je pafle le feuil de la porte /b), foit 
que je le trouve aflis au trône de mon père, 
foit qu’il vienne à moi pour me parler & me 
confidérer , n’en doutez pas, avant qu'il ait 
pu me dire : Étranger , qui êtes- vous! je 
l’étends mort à mes pieds du coup le .plus 
rapide; & , bientôt, un fang plus précieux abreu- 


vera, pour la troifième fois (48), la Furie qu'ici 





(a) On a fuivi l'interprétation du commentateur grec. 


(6) Ici, on a adopté la correction propofée par Stanleis 


38 LES CHOËPHORES. 

la mort ne cefle d’accompagner. Vous donc, 
Électre, faites que dans le palais tout concoure 
à l'exécution de mon deflein. / au Chœur) 
Vous, formez des vœux; & fachez auffi parler 
ou vous taire À propos. Pylades aura l'œil fur 
le refte, & m'aflurera le fuccès de ce fanglant 


combat. 
LE CHŒUR. 


RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 

(49) L'air eft peuplé d'oifeaux cruels & 
redoutables ; — | 
— les antres de la mer abondent en monftres, 
ennemis des mortels ; — 
— les tempêtes, dans les nues, fe forment des 
vapeurs de la terre fa): — 
— de ces oïifeaux, de ces monftres, de ces 
tempêtes, on peut connoître, on peut prévenir 

le danger. 

| ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

Mais, qui connoît jufqu’où va l'audace des 
humains, fur-tout, l'emportement des femmes, 





(a) C'eft le fens indiqué par le commentateur grec. 


XOH#O'POL 38 
dAjaToy duX miéra TEATW mon. 
Zù JV Sy, où & quagove Ta oixe xaXde, 
0mus a apnxoMa ouuRor QG. 
Var D émayd yAdosar evpnuoy épur,  * 
air D om D, à Aéydr @ ages. 580 
Ta d dMa Term Nip émomleloey 690, 
Eigugoegxs dora pOur pue. 
XOPO'z. 

A'NTIETPO®@ITKA. 

Toma y y anp Siqe | Zraqn de 
Due y duo dy | 
FT TAALA XGA GY 
awrajwr RegToic 
rN\d ouai” Lagcdor Ÿ re fur pui (a) 
ngurads meduueo (b). 

[na ve, y meiGa- 
pLoy | NVELOEN TOY | 590 
und Peso xoT. 

AN UTÉPT ALT œ- 
dpos pesrnux ms A6, 

% JUVX ar QpETI TANT , 


A vnçpog} 
d. 





(a) Pro pur, Æolicé, 
(Bb) Scholiafles exponit, md'vegi, vel uérwogs. 


Zrpogi Be 


A rapoqh 
TB. 


39 XOH#OPOL 

Ÿ Ta 

tepras dr ouvrouog Rest, 

EvQupu Q'OUAUN IE ; 

OrAuxpaThs dréep- 

os tp mBqrx é 

xwS No Te à BesTW. | 600 
l'au N, ons Sy naavmléers 

Pesrnaw dues, 

Gr à ryfbauuas 

Gore Oct unouTo 

ruplun ra esroias , 

x aigouox reydbs Supoiyor 

JL 0 Aux, éme door 

mareode xEAgd UE, 

ovuuereor me Ag Bis 

LoiegLpawToy 85 ALP. 610 
Aa di (a) nv © Aopis qui 

Qouiar ZxUN\ar, 

ar’ tyVezr Ur 

our” amine QiAor. Kpnnuoïs 

Deucrod uni opuais 

ruine , wegii Miro; 





(a) Schol, Am wnë, l'sw. Sranlleg. amas dé. 


TT mm mn, 


LES CHOÉPHORES. 39 
la fureur, de l'amour toujours voifin du maj- 
heur, & la rage d’une paflion effrénée! — 
—— L'odieux amour, dans le cœur de Îa 
femme, eft plus féroce que chez l’homme & 
la brute. 

STROPHE SECONDE. 

(so) Qui, ( pour peu que la réflexion fa) 
fixe fa penfée trop légère ), qui ne fe rappelle 
ici le projet conçu par une mère barbare, par 
la malheureufe Althée /b), d'enflammer le tifon 
fatal, à la durée duquel les Parques avoient 
attaché Ja vie de fon fils, dès qu’au fortir du 
fein maternel il avoit fait entendre fe# premiers 
cris ! 

ANTISTROPHE SECONDE. 

Qui ne fe rappelle encore /c) la fanguinaire 
& déteftable Scylla, facrifiant à fes ennemis le 
mortel le plus cher! — ne 
— Séduite par les colliers brillans des Crétois, 


par les dons de Minos, l’impie! elle coupe, 





(a) Pour l'interprétation littérale, voyez [a note (50). 
(b) La fille de Theftius. 


(c) Voyez le commentateur gréc & Stanlei. 


40 LES CHOËPHORES. 
fans balancer , l’immortel cheveu de Jon père 
endormi: &, foudain, Nifus defcend chez les 
ombres (51). 

STROPHE TROISIÈME. 

(52) Puifque nous retraçons ces trifles hif- 
toires, rappellons, quoiqu'avec regret, un 
odieux hymen, funefle à une famille entière, 
& la trahifon d’une époufe, contre un époux 
vaillant & courageux. Qu’un homme fe venge 
de fes ennemis, c’eft-là fa gloire : l'honneur 
d’une femme, eft de régler en paix fa maifon; 
que jamais elle n’ofe armer fes mains: 

ANTISTROPHE TROISIÈME. 

Mais tout cède au crime de Lemnos, crime 
exécrable, par-1tout détefté. Quel attentat 
peut-on comparer au forfait de Lemnos! — 
— Aufli, la race entière qu’avoit fouillée un 
odieux facrilége, a difparu de la terre, mé- 
prifée des humains : car, nul d’eux ne refpecte 
ce que haïffent les Dieux. 

STROPHE QUATRIÈME. 

De cet exemple, que ne dois - je point 

juftement augurer! Le glaive tranchant de Ia 


XOH#O'POL 40 
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mé & xuy0pepy Urvo* 
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(a) Sranljus ; lego ñw d”. (b) Idem : malim legere àr. 


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Ex, duovo. Toro 0 Éeros ; 70987; 
OPEZ=THS. 
A'Jene mia wear SopaTor, 





(a) Scholiafles : ava T° aapt£cGnoar. 





LES CHOÉËÉPHORES. 41 
vengeance menace de près des têtes coupa- 
bles (53). Ce n’eft point impunément qu’on 
foule aux pieds les loix (54)..... 

Tout refpeét pour Jupiter a été infolem- 
ment violé. 

ANTISTROPHE QUATRIÈME. 

Mais, le fondement de la juftice eft folide. 
La Parque, ouvrière de mort, aiguife le fer; 
elle ramène un fils dans cette maifon; & la 
célèbre Érinnys, au fouvenir profond, punit 
enfin un odieux forfait, un antique parricide. 

RÉCITS IAMBIQUES. 

ORESTES. ( 1{ frappe à la porte du palais.) 

Holà! m’entendez-vous frapper à cette porte! 
Holi! encore un coup : n’y a-t-il perfonne ici! 
Pour la troifième fois, je demande celui qui 
doit ici recevoir les étrangers (a), fi, dans fa 
vie (55), Ægifthe connoiît l’hofpitalité. 

UN PORTIER. 
J'entends...me voici..Étrangers , qui êtes-vous ! 
O RESTES. 


Allez m’annoncer à vos maîtres, ce font eux 





(a) Voyez la note (55). 
37 


42 LES CHOËPHORES. 

que je cherche; je leur apporte des nouvelles 
intéreflantes. Hâtez - vous : le char ténébreux 
de la nuit approche; il eft temps, pour des 
voyageurs, de s'arrêter chez des hôtes favo- 
rables. Que celle qui commande ici, la imaîtreffe, 
vienne.....ou plutôt, le maître; car, devant 
une femme, on fe contraint dans fes difcours, 
mais avec un homme, un homme s’explique 
hardiment & fans détour (56). 

CLYTÆMNESTRE. 

Étrangers, parlez, que demandez-vous! Ne 
voulez-vous que vous remettre de vos fatigues! 
vous trouverez ici tout ce qui convient, des bains, 
des lits, & vous ferez vus d’un œil fatisfait. Si 
quelque affaire importante vous amène, ce foin 
regarde mon époux, je l’en inftruirai. 

| ORESTES. 

Je fuis Phocéen de Daulis; je partois pour 
Argos, chargé moi-même, ainfi que j'arrive ici, 
de mon propre bagage , lorfqu'un homme, auffi 
peu connu de moi que je l’êtois de lui, mais qui 
ina dit être Strophius le Phocéen , m'aborda, &, 


après m'avoir demandé où j'allois, & montré le 





XOH®O POI 42 
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43 XOHbO POI. 
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Fa d nrep dy Souoin Baxyias XLANS 
iareos émis 0, un. tes Dee 
OPEXTHS. 
Eo f 6 Ecruo @S dfuson 


LES CHOËÈPHORES. #43 
chemin, ajouta : « Voyageur, puifque vous allez 
à Argos, dites aux parens d'Orefles, qu'il eft « 
mort ; ne l’oubliez point. Au retour, vous im’ap- « 
prendrez, s'ils veulent qu’on leur renvoie fes « 
reftes , ou qu’enfeveli dans une terre étrangère, « 
il y trouve une éternelle & dernière hofpialité. « 
Pour ce moment, fa cendre, honorée de nos « 
larmes, eft enfermée dans une urne d’airain ». 
Ce qu’il m'a dit, je le rends. J’ignore fi ceux à 
qui je parle s’intéreffent à cette nouvelle; mais, 
il eft naturel que je l'annonce à des parens. 

ÉtLECTEAE. 
Malheureufe! Ainfi, nous périflons fans ref- 
fource! Irréfiftible Imprécation, qui pourfuis 
notre race! rien ne t’échappe; tu me prives de 
tous les objets qui m’étoient chers; tes traits iné- 
vitables atteignent jufqu’à ceux qui en päroif- 
foient le plus à l'abri, (57) En vain, Orefles fe 
tenoit prudemment dans un port, loin de la 
tempête ; tu détruis aujourd’hui l’efpoir confola- 
teur qui nous refloit, de revoir les jours de la joie. 
| ORESTES, 
C'étoit en apportant d’heureufes nouvelles, 
Fij - 


44 LES CHOËPHORES. 

que j'euffe defiré me faire connoître à des hôtes 
fi refpectables, & mériter d’en être accueilli : 
qui, plus qu’un hôte, fouhaite du bien à fes 
hôtes! Mais, après ma promefle, après l’accueil 
que je reçois, je me ferois fait un crime de 
laiffer ignorer à des parens un pareil événement. 

*CLYTÆMNESTRE. 

Vous n’en ferez ni moins dignement traité, 
ni moins ami de cette maifon. Tôt ou tard, 
quelqu’autre voix nous eût inflruits. Mais, il 
eft temps pour des voyageurs fatigués d’une 
longue journée, de goûter quelque repos. 

Efclave, menez-le, avec celui qui le fuit (58), 
dans l'appartement des hôtes : qu'ils y trouvent 
tout ce qui convient. Je vous en charge, & 
vous m'en répondrez. Nous, alions informer de 
cette nouvelle le maître de ces lieux; &, puifque 
nous ne manquons point d'amis, communi- 


quons-leur ce nouvel événement. 
LE CHŒUR. 


RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 


Gardons, chères compagnes, gardons bien /a) 





(a) Pour l'interprétation littérale, voyez la note (59). 


XOH#O POI. 44 
eddy ExaT Degysimu a} nJeA0r 
pans Wiak, à Een 7 7 700. 
Les Eeroair tr dudperesr ; 
Tlegs SortGuns LD euoi TN y qrent, 
mir œerya pui xtexrdoe QiAi, 
xaTapécuvre ÿ AT EErw por. 
KAYTAIMNHETPA, 
Oùru xopnods peioy &Éiws oder, 
89 Goo ay Quuo ua DiA0s. 
os SJ oudos R\9er a) GS dAendr. 
AN 40 0 ygyegs nuepéborrus Eerous 
paxpds ww So, ruryavar @ wmeSrquez. 
Ar ait as aidpdvas Gers SX, 710 
omeJomoes 3 rio à Euvieumoegts 
une aveguymey ua @ mmesopoez. 
Abd 5 megosur ws vreuoure QG. 
H'ueis 3 GG rois xpara Sopairor 
xowo00 y TK, x Ÿ amæri Cortes DiAwr 
LeAwoouide Thols cuupoexs Méta. 
XOoP©ozx. 
AN AIAIZTOIH 
Eier, Qiau d'ucids oixar, 
TT JM couaTuy 
F iv 


45 XOHSOPOI. 
Siboudu ique tm O'péqn. 
À roTua Yo, y mr ExTh 720 
juars, À vd "fn vavap co 
cœuan xéioey Ta BanAsio , 
vdy émaxoucor , vds érapn£or. 
Ni dxuailes Tue Aix 
EvruaTeLnve , xBonor N Epule 
ÿ T vor miod' épo Sr doey 
EgoAñniny don. 

l'A MBOI. 

OTKETHS. 

Eos æymp © Éeros Téva xgxor. . .. 
Tesgor N Ohéqou Tu 009 rexNauudul. 
Toi Ji maris, TéMosa, Souaroy mA; 7 30 
Au d) auuoOos ‘6 où Euvéurmess. 

TPODO'Sx. 

Afo8or, LPATYON TYS Éeross , xx Ar 
omûs Gynr auÿu, os cupéses 
dynp dm adpos T vd yfeAToy arr 
tAQvy muOnry Tu, Tlegs É oxéras 
Jén oubepTüar es ouate YA ; 
eV Sous ta” eppis Agmemesyusrois. KaAde 
ai ,, dpuois SN mic marxauus éya, 





LES CHOÉËÉPHORES. 45. 
le fecret d'Oreftes (59). O vénérable terre! 
o tombe refpettable, où repofent les reftes 
d’un roi qui commanda jadis à mille vaifleaux ! 
écoutez nos vœux, protégez Oreftes ! 

Voici l’inftant où l’artifice doit le fervir: que 
le Dieu des ombres, Mercure fouterrain, le 
mène lui-même à ce fanglant combat (60)!... 
(Quelqu'un fort du palais, le Chœur (61) continue.) 

RÉCITS I1AMBIQUES. 

Cet étranger n’aura porté ici que le deuil. . . 
Mais, voici la nourrice d'Oreftes baignée de 
larmes. Giliffe, qui vous fait ainfi franchir les 
portes du palais’ Le chagrin qui vous accom- 
pagne, éclate malgré vous /a). 

| GILISSE. 

Celle qui reçoit ces étrangers, m’ordonne 
de chercher Ægifthe fans tarder, afin que lui- 
même apprenne, avec certitude, de Jeur bouche, 
la nouvelle qu’ils ont apportée. Devant fes 
efclaves, elle a caché, fous un vifage trifle, le 
plaifir que lui caufe cet événement. Ces hôtes 
ont comblé fon bonheur, & le malheur de cette 





(a) Litt. ue douleur, non payée , vons fert de compagne, 


46 LES CHOËÉPHORES. 

famille. Certes, Ægyfthe pourra s’abandonner 
à Ja joie en écoutant ce récit. Ah malheureufe ! 
les maux affreux accumulés depuis Jong-temps 
dans le palais des Atrides, avoient bien affligé 
mon cœur ; mais, je n’avois pas encore éprouvé 
de pareille douleur. J'avois courageufement tout 
fupporté;(62)mais, mon cherOreftes..l’affection 
de mon ame!....lui, que j'avois nourri au fortir 
du fein maternel!..dont les cris m’ont fi fouvent 
appelée dans la nuit!....Que de peines, que 
de fatigues perdues! car, pour élever un enfant 
dépourvu de raifon, ainfi que la brute, ne faut-il 
pas mille attentions! Enveloppé dans fes langes, 
foit que la faim, la foif, ou d’autres néceflités 
le preffent, il ne peut s'exprimer. Le foible 
inftinét (63) auquel il obéit, eft tout ce qui le 
guide. Hélas! nourrice & gouvernante (64), 
une & l’autre font bien trompées dans leurs 
foins ! l’une & l’autre en reçoivent le même 
prix. Ce double office, c’eft moi qui en avois 
été chargée, en recevant Oreftes des mains 
de fon père; & maintenant, infortunée!.... 


j'apprends qu'il n’eft plus!.....Mais, allons 





XOH#O'POL 46, 
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CH Ji aaver Cudros dpexrd voor, 740 
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Ka moMa à poynp aiapiAnr ei 4750 
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| meéqu aiarin (mès 30 S;) Tome pers" 
g 22 mn Qur$ mÿs ÉT” y © amupyaris, 
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tyer véa 3 ndté auTipuis Téxya 
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47 XOH#O'POI. 

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X OP O'3. 
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œoy® 000 Gyçu ya Sourn @peri. 770 
Er dÿe 39 xpumlos dpOroon @peri. 
TP @% Os. 

A’ À ends eù moiar y ner pdiors ; 
X O P O’z. 

AN 4 reomajar Ze xaxoy Onod rot; 
TPO&O % 

Kay müs; Opiqus éams ofyer DU. 
XOoPO'x. 

OùTa* xauos ve pans dy poin GA. 





LES CHOÉËÉPHORES. 47 
trouver celui qui a caufé tous nos malheurs : 
qu'avec plaifir il m’écoutera ! 

LE € HŒUR, 

Eh! comment a-t-elle ordonné qu’il vint! 
GILISSE:+ 
Commenti...expliquez-vous , je ne vous entends pas. 
LE CHŒUR. 

Veut-elle qu'il vienne feul, ou avec fes gardes ! 
GILISSE. 
Avec la fuite armée qui l'accompagne. 
LE CHŒUR, 

C'eft ce qu'il ne faut point dire à ce maître 
odieux. Qu'il vienne feul, fans crainte, apprendre 
la nouvelle..Faites ce meffage avec joie: votre 
bonheur, vous l’ignorez, en dépend (6;). 

GILISSE, 
Y penfez-vous! après cette nouvelle !.... 
LE CHŒUR, 
Mais, fi Jupiter, enfin, détournoit nos maux! 
GILISSE,. 
Et comment! Oreftes eft mort, & notre efpoir avec Jui. 
LE CHŒUR. 


Pasençore; qui le croiroit, liroit mal dansj’avenir. 


48, LES CHOËPHORES. 
GILISSE. 
. Que dites-vous ! feriez-vous mieux inftruite que nous ! 
LE CH Œ U R. 

Allez, exécutez vos ordres; laiflez au ciel le 

foin d'accomplir fes deffeins. 
GILISSE. 
Je vais donc, & vous obéis. Puiflent les 
Dieux nous regarder favorablement ! 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE. 

Maintenant, père des Dieux de l'Olympe, 
exauce mes VŒuxX!....e 

Fais que mes juftes defirs (66) aïent Ieur 
entier accompliffement! 

Tu fais pour qui je timplore (67); o Jupiter! 
veille fur lui, Dieu puiffant! fais que, dans 
cette maifon, il furmonte fes ennemis! Si tu 
lui prêtes ton invincible appui, il leur fera 
fentir tout le poids de fa vengeance (68). 

ANTISTROPHE. 
Tu vois le rejeton (69) d’un homme qui 


te fut cher, enchaîné au char de linfoune..…. 





XOH#O'’POI. 
TPO Os. 


Ti Qns; us nm À Aëkeyucior Noa; 


X OP O'x. 


at 


ATEN ion, megore GriquA ue. 


MéAe Quoioy @ymep dy JéAn mrées. 
TPO%XOxz. 


AN Gu, à mi GG méioouy ASopis. 


Tévuro das api own Sedy bad. 
XOPO'Sz. 
ANTISTPO®IKA. 
Nuë œ Sur eur poi, map : 
Zed Sec O'Avurrier ; 
ds aus, muyeir D pus xveies 
G@ ipesnw ed uyordbous dy 
Aigd\xgoe may Emrs. 
Enguor, Zed où M ny Quagorus. 
E'é, @e9 5 dyleær 
T éou menglezr, & Ziv, Sws. 
Exe puy péyar &pas, 
Ndbua à Tera 
FaAiu Troie HA duétla. 
l'O: N aydpos QiAoÙ TA e2- 
ny Cor’ 4 apuan 


780 


ZErpogi, 


79° 


A'rngpiqi. 


49. XOH#OPOL 

THAT) , C4 dhoue, mens 

pére. Tis &y owÇoyduor fuôuor 

Tor Jr diredr, 

dropdpar TUaTN opeyaa ; 

Oj Tr’ £a duuater 

TAG ya In pwyer ropQere, 

AAUETE, cuuPegves Toi. 800 

ARTE, T ALU MEDELYLEYOY 

Ava alua MesopaTois xs. 

MONOZTPOGIK A. 

Téegr @oros punér” C9 dbuais Téxor 

TN xeAd xrauor. À 

uéya vale çopuor, Ed 

Sos œnd'$r Spor dydpos, 

x Nr EAeu Que las 

peumeps Tr iJ 4 QiAois 

ouuan d'yoPeexs 

xLAURegs. EuMaGou N cHdixws 810 

rs à Macs Éipoepriros 

@œeair Selas SAor. 

Toma d' aM2 Qué +eniCor, 

xpuñla* aoromy d° 6705 AËyaY, 

YUXTL GES T° OWUATUY DLOTOY Dépe, 


LES CHOËPHORES. 49 
Modèére l'excès de fes travaux. ...,.., 
Pourra-t-il fournir jufqu’au bout fa pénible 

carrière ! 

Le verrons-nous toucher enfin au terme 
defiré de fes peines!..:.. 

Et vous, protecteurs de ces riches foyers, 
Dieux bienfaifans , écoutez-nous ! — 

— Voici votre jour; vengez ceux dont jadis 
on verfa le fang. 
RÉCIT MONOSTROPHIQUE. 

(70) Mais, que la mort n’engendre plus Îa 
mort! ces derniers coups feront juftes. 

(a) Häbitant de lantre prophétique (71)! 
fais qu'Orefles rentre dans fon palais; que 
nos yeux le voient libre, & forti des ténèbres 
qui le couvrent!.....,. 

Qu’avec toi, le fils de Maïa lui prête un 
Jufte fecours, & feconde fes projets! 

Trop fouvent, tes oracles obfcurs, & tes 





(a) Dans ce récit monoftrophique , depuis le vers 805 
jufqu'au vers 837, le texte eft d’une‘obfcurité extrême. II 
ne faut donc pas s'attendre à en trouver ici {a traduétion * 


littérale, Voyez les notes (70) & (71). 
3 G 


so LES CHOÉËÉPHORES. 


paroles inexplicables , s’enveloppent d’une nuit 
qu'aucun jour ne diffipe....... 

Mais, fr tu lui donnes la victoire, nous te 
préfenterons les plus riches offrandes, en ho- 
norant de nos larmes le tombeau de notre 
TOis sou. 

Le fuccès d’Oreftes fera notre bonheur, & 
fera Ia fin des maux d’une famille que nous 
aimons, 

Et toi, cher prince, raffermis ton courage. 
A l'inftant de frapper, fi elle te dit: Mon fils, 
c’eft ta mère qui te prie /a) ! rappelle ce qu’elle 
ofa contre ton père; achève une horrible ven- 
geance; endurcis ton cœur / b); rends, & à 
l'ombre qui t'eft chère, & aux vivans que tu 
hais, ce que leur doit ta colère; fais couler le 
fang ; immole de coupables aflaflins /c). 
CREER FRS NRA RS | 

(a) Littératement, en adoptant la correion propofée 
par Stanlei : ff elle re dit (parole de mére) : Mon fils ! 

(b) Littéralement : confervant en toi-même un cœur de 
Perfée ; allufion à l'ufage que Perfée faifoit de la tête de 
Ÿ Médufe. 


(c) Littéralement : perds l'auteur du crime. 


XOH#O' POI. $° 
xaû nucear d SN tupauiess. 
Koy mon dy 7AËTOy . 
dbpaTtor AUTHEAY , 
nu Sexoçaurar . 
Guod xpext not 820 
TOY vouoy ue Dnoo y 
Au Ta J €, 
épuoy, euoy xépts detery TN 
dre N Smçulf iAwr. 
Zu 5 Oapouy, 07e Huy 
Hée9s 6pyar ; 
ÉAUÜOLS MUTCOS EprO , 
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Mes dé, TX, muTeos (a) dir, 
2 Mmegxipy ’Éioupoy dr, 830 
Tlepoiws ne (b) © qpeoi 
Xp day HI, 
mois © Na lors GiAoinr, 
TOI T AVOÏE MEIDELOTUY \ 
JeuTos opyais Avmegs, Cyber 
Doria array ns, 
À moy d JéamMus pioegu , 
(a) Sranlejus : lego manpos, (b) Idem : . ef, Jaxeum. 

1] 


si : XOH60POL 
l'A MBOI. 
. ATTIZO@0OS. 
H'ro À Gex axnwros, SAN Ua y os. 
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(a) Sranl. fortè, d” ajuansayec. (b) Id, hoc eft, viva. 
(c) Id, Non video quare alius runcius præter nutricem, 


LES CHOÉËPHORES. sr 
LE CHŒUR, ÆGISTHE, GILISSE (72). 
RÉCITS 1AMBIQUES. 
ÆGIS THE. 

On eft venu me chercher, & je fuis accouru. 
Des étrangers, arrivés ici, apnoncent, m’a-t-on 
dit, une nouvelle, certes bien afHigeante, la mort 
d’Oreftes. La répandre dans le palais, ce feroit 
aggraver le poids terrible, qui opprime des cœurs 
déja ulcérés & aigris par un meurtre fanglant. 
Mais, comment croire qu'elle foit véritable & 
réelle! Ne feroit-ce point un de ces bruits, 
qu’adoptent légèrement des femmes craintives, 
& qui tombent bientôt! Quelles preuves avez- 
vous qui me doive perfuader ! 

GILISSE. 

Je l'ai entendu dire: mais, entrez, interrogez 
ces étrangers. Les rapports font inutiles, quand 
on peut s’éclaircir par foi- même. 

| ÆGISTHE. 

Oui, je veux les voir, & apprendre s’ils ont 
eux-mêmes été témoins de fa mort, ou s'ils ne 
lannoncent que d’après un rapport incertain. 
Ils ne pourront tromper ma pénétration. 


G iij 


52 LES CHOËÉPHORES. 
LE CHŒUR, 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

O Jupiter! Jupiter! que dirai-je!.,.,... 

Par où commencerai-je mes prières & mes 
fupplications !. . Je 

Comment exprimer tous les vœux de mon 
cœur'...... 

C’eft à préfent que le fer meurtrier, rougi 
de fang , va, ou anéantir pour jamais la race 
d'Agamemnon, ou lui rendre fon éclat, fa 
liberté, le fceptre & les biens de fon antique 
héritage. ..... 

Tel eft le prix du combat, où Oreftes feul 
doit lutter feul côntre deux facriléges aflaffins. 
Puifle-t-il remporter la victoire! 

ÆGISTHE, (derrière le théâtre). 

Hélas, hélas !......ah Dieux! 

LE CHŒUR. 
Frappe, redouble........ 
( Quelqu'un fort). 
Qu'y a-t-il! que fe pafle-t-il dans le palais !., 
RÉCITS IAMBIQUES. 
{à part). Tout eft fait... . Éloignons-nous, 


XOH#O POI. s2 
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LES CHOËPHORES. 53 
afin de paroître n’y prendre aucune part. ... 
Le combat eft terminé. 

UN OFFICIER DU PALAIS. 

Ah! malheureux, malheureux!......mon 
maître eft mort !...ah! trois fois malheureux! 
Ægifthe n’eft plus...Mais, ouvrez vite, ouvrez 
l'appartement des femmes... ..dépêchez. ... 
non pour fecourir Ægifthe....hélas! il n’eft 
plus temps. ...Ouvrez donc. ....Perfonne 
n’entend...ils femblent endormis..mes cris font 
inutiles. . . Où eft Clyætmneftre! que fait-elle! 
Ah! bientôt, fa tête va tomber aufli fous le glaive 
de la vengeance. . 

Fe CLYTÆMNESTRE. 
Qu’eft-ce! d’où viennent ces cris! 
L'OFFICIER. 
Ceux qu’on difoit morts, ont tué les vivans. 
CLYTÆMNESTRE. 

Ah! Ciel! j'entends cette ænigme. La rufe 
nous perd, comme elle nous avoit fervis. .... 
Qu'on me donne, au plutôt, une hache. … 
quelqu’arme. . . puifque j'y fuis réduite, voyons 
à qui demeurera la viétoire, 


4 LES CHOËPHORES. 
ORESTES, 
C’eft vous que je cherche: Ægifthe a reçu fon falaire. 
CLYTÆMNESTRE. 
Ah' malheureufe! cher Ægifthe, tu n’es plus! 
ORESTES. 
Vous l’aimiez! eh bien, allez dans le même 
tombeau : foyez-lui fidèle jufqu’après fa mort. 
CLYTÆMNESTRE. 
Arrèje, o mon fils, refpecte le fein où tu 
repofas fi fouvent, où tu fuças le lait qui t'a 


nourri. 
ORESTES. 


Pylades, que ferai-je! je ne puis tuer une mère... 
PYLADES. 

Où font les prédictions d’A pollon ! où font tes 
fermens! Ne crains d’ennemisque lesDieux(73). 
ORESTES, (après une paufe). 

Tu l’emportes, & tes confeïls font juftes.….…. 


(à Clyræmnefire) Suivez- moi, c’eft auprès de | 


lui / Æpiflhe), que je veux vous immoler. Vivant, 
vous l'avez préféré à mon père; que la mort 
vous unifle encore avec lui, vous, l’amante de 


ce traitre, vous, l’ennemie de votre époux!... 


XOH#O'POI. s4 
OPE>THS. 
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KATTAIMNHETPA. 
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À dpa Toro, à d'énelo qiAgr, pis. 


s5 . XOH#O' POI. 
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KATTAIMNHETPA. 
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O'PE TH S. 
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KAYTAIMNH'ETPA. 
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OPESTHSX. 
Ans tel, dy t\ueou rarecs. 
KAYTAIMNHETPA. 
TIS Sur” o nos on anNEaule 
OPE TH, 
Aug où TèT” cul cupds. 
KAYTAIMNHETPA. 
Mn, AN àQ ouuoios x mareos Ÿ oo parus. 


(a) Zaterrupta videtur oratio ; agnofcit fer Jcholiaftes, 


LES CHOÉËÉPHORES, 55; 
CLYTÆMNESTRE. 
J'ai nourri ton enfance , épargne ma vieilleffe. 
ORESTES. | 
Vous avez tué môn père; vivrois-je avec vous! 
CLYTÆMNESTRE. 
Le deftin, mon fils, a tout fait. 
ORESTES. 
Et le deftin aufli vous va donner la mort. 
CLYTÆMNESTRE. 
Mon fils, crains les imprécations d’une mire, 
ORESTES. 
Ma mère !.. vous, qui m'avez abandonné à l’infortune. 
CLYTÆMNESTRE. 
Je ne t'ai abandonné qu’à des hôtes fidèles /a). 
ORESTES. 
“Vous m'avez vendu, moi, fils d’un père libre. 
CLYTÆMNESTRE. 
Eh! où eft le prix que j'en ai reçu! 
ORESTES. 
Le prix! je rougirois de le dire..... 
CLYTÆMNESTRE. 


Dis le; mais, dis aufli les infidélités de ton père. 





(a) C'eft le fens qu'indique le commentateur grec. 


56 LES CHOËPHORES. 
ORESTES. 
Deviez-vous, d'ici, accufer un héros éloigné! 
Ÿ CLYTÆMNESTRE. 
Mon fils, l’abfence d’un époux eftpénible à fa femme. 
__‘ŒRÉSTES 
Mais, l'époux abfent ne travaille que pour elle. 
CLYTÆMNESTRE. 
Mon fils, tu veux donc tuer ta mère! 
ORESTES. 
Ce nfeft pas moi, c’eft vous qui vous condamnez. 
CLYTÆMNESTRE. 
Songes-y : des chiensdévorans vengeront une mère. 
E ORESTES. 
Ne vengeront-ils pas un père, fi je l’oublie! 
CLYTÆMNESTRE. 
En vain je pleure au bord du tombeau... . 
| ORESTES. 
Le deftin de mon père a décidé votre fort. 
CLYTÆMNESTRE. 
Hélas! j'ai engendré & nourri ce ferpent: 
Songe effroyable, vous n’étiez que trop vrai! 
ORESTES. | 
Coupable d’un parricide, un parricide vous punit. 


XOH#0'POL 56 
OPEXTHS 
Mn Aer © movodyr” éaw x4 Snpdin. 
KAYTAIMNH>TPA. 
As pvaËir “aydpos pas, TÉXVOY. 920 
OPEZTHS. 
Tpéqu N y’ ados poylos naar Ecu. 
KAYTAIMNH'ETPA. 
Krydr éorxas, © Téxroy, T Tex. 
OPEZXTHEX 
Zu mi cuir, CEx to, x raxmer fs. 
KAYTTAIMNHZTPA. 
O'ex, QuagËH unreos éruoTous xs, 
OPESTHS. 
Ta names 3 ms Quye, ravis GN; 
KAYTAIMNHETPA. 
E’orxg Opnrér don mess ruuGor pari. 
OPE TH S3. 
Tareos 70 don Tv (| C' seites Luegy. 
LATTATMNE STPA. 
OÙ no, mexodoæ mod qu épe La ul. 
H° xgpra pains UE drapgmur Polos. 
OPEZTHS3. 
Karës V0 8 jee, ÿ TO pi pecar mad. 930 


s7 XOH#O' POIL 
XOPO':. 

Erroudu Sy à mdr ouupoexr ArAl. 
E’re 5 moMdy ua éminpioe (a) 
Tor O'peqns, TE ouws djeoupiba , 
0PIuAUIY oixur M rarwAceor mrorir. 

EH QAIK A. 
Zmpogr.  Euone & d\xg Tesauifus +60v0, 
Rapudxos move. 
E”uone JV êç Sbuor À A yapuéquyoyos 
DrAoë Ré, dYrAOG A'pns 
Eng (b) din 1ay 
0 mUITHLIQUE. Quyxs. 940 
Ocode 3 pes dun, wpunpyos 
(c) tmAçAvEaw Nanvouvur Sucr, 
aaQuyas ax0r, Ÿ TA TAGS, 
20 doiy puaçuegir, 
Sboviuau uyas (c). 
Arngogi. … E’pone d' & pinu xpuiladis payes, 
dbAuoDepr mia. 
E"Srye 5 paya yes {d) erirumos 





(a) Hoc ef : finem impoluit; vid. Hefychium, (b) Legendum, 
ex veteri fcholiafle ; fnao. (c} (c) Locus difficilior : vid. 
not, (74). (d) Sranlqus : fortè Mayæjege. 


LES CHOÉËÉPHORES. 57 
LE CHŒUR. 

Plaignons-les lun & l’autre ; mais, fi le mal- 
heureux Oreftes eft contraint de répandre tant 
de fang, puifle le flambeau de cette race ne 
pas s’éteindre à jamais! 

RÉCIT ÉPODIQUE, 
STROPHE. 

Qu'’avec le temps, le fort a bien vengé les 
Priamides ! quelle terrible juflice! 

Un couple de guerriers, un couple de lions 
eft entré dans la maifon d’Agamemnon.... 

Ramené /a) par l’oracle de Pythos, un fugitif 
_atout accompli. / b) Envoyé par l'ordre du 
ciel, qu’il triomphe dans le palais de nos mai- 
tres : il a trouvé le terme de fes peines ; il rentre 
dans fes biens qu’avoient ufurpés deux impurs 


. affaflins (74). 
ANTISTROPHE. 


Ceux qui avoient vaincu par la fraude, font 
punis par la rufe. 
La véritable fille de Jupiter a faifi le glaive; 





| (a) On a adopté Ia correäion propofée par Stanlei. 


(8) Pour l'interprétation littérale , voyez la note (74) 


3 H 


58 LES CHOÉPHORES. 

mortels avec raifon nous la nommons la Juf- 
tice. /a) Sa colère exterminatrice a foufflé fur 
fes ennemis ; { ainfi avoit prédit hautement le 
prophète du Parnafle, qui , fur ce mont, habite 
J'antre profond de la terre ) elle vifite, enfin, 
dans fa vengeance , la femme perfide qui l'avoit 


outragée (75). 
ÉPODE. 


La Divinité eft comme forcée à ne point 
fervir les méchans...... 

Adorons, il eft jufte , la puiflance qui règle 
les cieux. ...... 


(b) Enfin, le jour Juit : notre joug pefant eft 


brifé. (Orefles paroît) Long-temps nous avons 
craint ici, de vous voir couché pour jamais dans 


la nuit du malheur. .... 

Bientôt, le temps qui fait tout, changera la 
face de ce palais, quand vos :expiations en 
auront lavé les fouillures. La Fortune, plus 





(a) Tout le refte de cette antiftrophe, dans le texte, 
eft fort obfcur : voyez la note (75). 
(Bb) Le texte paroïît également corrompu dans la fuite 


de l'épode: voyez la note (76). 


ms 


XOH®OPOL 58 
Auos xovex" Nuxr SE y 
Gesouspélosäu - 950 
Beni ruyprns agde 
OAëBetoy méouc” cy éyDesis xoTo" 
Grip 0 AoËias à Tlopræosos, 
péyar Eye puy XPoros Em” cle , 
aber Aus ia 
Raemouver cy AEOVs 
Suicur (a) émis. 
Keslfry us © Ssio PSS nr pui 
Umoupydy xœxoïs. 
A'Eror Yexredyer af) oéGey. 960 
Tapez ( b) D Eds 198r, uéyar T° a qupé}lo 
LæAioy after. 
Ava os (c) Suis manu dyar ye0vo (c). 
XaHaymeTn de né dei, 
Ge mamans yeôrs duéilary 
meSQvex Judo, 0ruy ap ésias 
HO may Eng on (d) xaSupuoïs 
aray engTheioy (d). Tia 
mi nca a 


(e) Stanl. Veg.nou. Nos, nous”, pro nouoz. (8) Forté legend. 
agé, Mutato accent. /c) (c) Sant, fortè dvnyfuar, fublato 
punélo poft ecror. (d) (d) Idem : xaapuoç &ruc énamience. 

H à 


Emwdis. 


s9 XOH#OPOL 
N daesouro noire 
m nr $r, auoloy Opens, (a) 970 
pero) bc 
moodvr mar, @Bi D ous id. 
TAMBOI. 
OPESTHS. 

T'NBe jwexs T ArAUL reg, 
TaTeToog Te JWTOY AOPÈHTOLS.E. 
Seuol É Aro, © Oesrois mo nuôvor, 
QiAOI Te % ydy, ©5 énexgoæy TAN 
mapen | 0p2OS T' émueie miqupan. 
Æyouorar É Jévaroy as 7aTes , 

% Eu SuvaXs d GA dbipuus ea. 

T'ixoe SN où, mi emimeoo! xxx, 980 
TD MANU , Sioudy die TATEs , 

méds Te es) À moiviy Euvweidie 
Eure) et, % xu\o © Sa. ça dy 

GA SPOY ado (b) StiEdÿ, as iQ 7aThp, 
gY guos, &AN © mat ermomdbor Gr 
H'Auws, aa pureos pa P EMSe 

Os où masi mor pprus © dun TE, 

de TN tj pemiAgor CHdiuus 1091 


a ———— 
RE EURE 
(a) Stanlejus : œxodeu © iedpors. (b) ANüm porids aydpos ; 


« 


LES CHOËPHORES. 59 
riante, écouters nos vœux ; les deftins de cette 
famille prendront un autre cours : enfin le jour 
luit (76). 

ORESTES. { Le théâtre s'ouvre ; on voit 
les corps d'Æpiflhe ér de Clytæmnefire. ) 
RÉCIT IAMBIQUE. 

Voyez ces deux tyrans d’Argos, ces parri- 
cides deftruéteurs de ma maifon. Naguères, 
ils s’afleyoient orgueilleufement fur le trône, 
unis par l'amour ; &, maintenant encore, comme 
on en peut juger, ils font fidèles à leurs fermens. 
Tous deux s’étoient jurés de tuer mon malheu- 
reux père, & de mourir enfemble; ils ont tout 
accompli, Voyez, vous qui en avez fi fouvent 
“entendu parler, voyez ce tiflu artificieux, dont 
l'infortuné ne put fe débarraffer, ce lien dont tous 
fes membres fe trouvèrent enchaînés /a), Éten- 
dez & montrez ce fatal vêtement. (7 faut fuppofer 
qu'il montre ce vétement ). Que le père, non d'O- 
refles, mais de toute la nature, lé Soleil, voie 
lœuvre impie d’une époufe. Un jour, fi l’on 


m’accufe, il témoignera, qu'avec juftice, j'ai 





(a) Litt. qui enchaîna au même joug fes pieds èr fes mains. 


H ii 


6éo LES CHOÉËPHORES. 
donné la mort, je ng dis point, à Ægifthe, il a 
fubi le fort dû à un vil adultère, je dis, à ma mère, 
Mais, quoi! celle qui conçut tant de haine 
contre l'époux, dont l’amour avoit formé. dans 
fon fein des enfans, ( gages , autrefois précieux, 
aujourd’hui bien funeftes) comment croyez- 
vous qu'il faille appeler : une hydre (77), ou 
une vipère, capable d’empoifonner par fon tact 
feul, fans morfure! Après fon audace & fon 
injufte cruauté, quel nom lui donner, qui lui 
convienne en effet! (78°) Etce filet, ce réfeau, 
ce voile perfide, eft-ce un piége defliné aux 
hôtes des bois, ou un vêtement de mort, un 
linceul fépalcral ! Invention infame , digne d’un 
brigand, qui, traître à fes hôtes, ne vivant que 
de vols, aidé, par ce tiflu, dans fes affaffinats, 
‘ accumuleroit aifément des forfaits (78°). Grands 
Dieux! que jamais pareille époufe n’habite avec 
moi! Que plutôt je meure fans poftérité : 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

(79°) Ah! déplorable fpetacle !...Cette mort 

eft horrible... . (Orefles commence à fe troubler.) 


XOH#O POI 60 
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MON VAIERY à ma Depot péri. A 
Toi de moi Evvornos © Spain pu 
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X OPO'Z. 
ANAAIZTOIL 
Al, di jehéæy Eppore. . ee. 
Zrvypà Surare dlimezyôns.. .. .. 








(a) Canterus . leg. vouos. 


H iv 


61 XOH#O POI. 
E",é, géwoyn 5 x ma90s old. 
l'A MBOI. 
(Hic nomen ORESTIS præfigendum videtur.) 
E’dpaoer à Sx tdpaoe; Magrupf N ai 1010 
paos md), w6 tCadar Ain Eipos. 
Boys 3 xmus Euv ye0vo EuuCGaNwer, 
MMA, Baqas pHéiesucx Ÿ mA us. 
Ndy ait vd, ydy Sroua( w ALEPY , 
FATEOLTOIOY © UPATME :MESTGUIY TOM 
A0 épya ÿ ra 0s, vos Te may, 
a(nng vxgs Thod\ énor juauaTa. 
A NAHAIZTOI. 
(ic verd rursüs infit CHORUS.) 
Oùns ueeomuy œown Rioroy 
Ag rar” anus uen 
ës poor N 0 Try, o d HE. 1020 
TA MBOI. 
OPEZTH ES: 
ANos y où udy TT ap oiN 07m mA” 
œanep Euv omis, nn0SpoDS dpouou * 
toute qieswn 7 vrrwydvor 
@reres dvoupuro. Tlegs 3 xgpda @oGos 
dd éropos nN nampyia)s xOT. 


LES CHOÉËÉPHORES. ét 
Plus il s'arrête, plus fa douleur augmente (79!). 
ORESTES. 
RÉCIT IAMBIQUE. 

Fut-elle innocente ou coupable ! Ah! j’en crois 
cette robe, que le poignard d’Ægifthe a teinte 
de fang : les taches de Ja mort y font encore 
empreintes, & en obfcurciffent les différentes 
couleurs. A la vue de ce tif perfide, tantôt je 
m'applaudis, tantôt je gémis fur moi-même. Je 
pleure fon crime, fa punition, notre race en- 
tière. Ma victoire eft affreufe, & fouille ma main. 

LE CHŒUR. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Nul des mortels ne devient criminel impuné- 
ment; ils* font châtiés, les uns plutôt, les 
autres plus tard (80). 

RÉCITS IAMBIQUES. 
ORESTES. 

Quoi qu'il en foit, je fais le fort qui m'’at- 
tend. Tels que des courfiers fougueux qui 
s’échappent hors de la carrière, mes fens éga- 
rés m'emportent malgré moi.....,...Mon 


cœur foupire de crainte, & palpite de rage... 


62 LES CHOËPHORES. 

Tandis que je me pofsède encore, chers amis, 
je le répète, ce n’eft point fans juftice que j'ai 
tué une mère, fouillée du fang de mon père, 
‘abhorrée des Dieux. Le prophète de Pythos, 
je l’attefte, m'a lui-même enhardi. Ses oracles 
m'ont afluré, que cette aétion ne feroit point 
regardée comme un crime, Si je ne l’eufle pas 
faite, il m’annonçoit une punition » que je ne 
dirai point , car aucun trait n’en peindroit l’hor- 
reur. J'irai donc, avec cette couronne & ce 
rameau, j'irai dans fon fanctuaire; centre de 
la terre, où brûle une flamme incorruptible. 
C'th, que j’expierai mon récent /a) parricide; 
il ma défendu d’embraffer d’autres autels. Vous, 
Argiens, foyez témoins un jour fi #’ai mérité 
ces maux. Pour moi, déformais errant, vaga- 
bond, exilé, voilà le renom que je laifferai 


en mourant (81). ’ 
LE CHŒUR. 


Votre vengeance fut légitime ; ne vous ac- 


cufez pas vous-même /b); ne préfagez point 





(a) On 4 adopté la correétion propolée par Stanlei. 
(4) C'eft encore le fens qu'indique le même commentateur. 


XOH#O' POI. 62 

Eos JV ér Eupeyr eu, xmporu DiAGIS, 
rod vé Que rip GX au uns, 
raTeouTory ulacue , % Judy quyps. 
Kai Qiarea TAUMIS Mio MAUGNEÇ OUT 
? TuSouavny Acier, yenarT” oi, 1030 
œestun À Gr, Cnns amas xaxns 
Evo, rage d, Cu te® Ÿ Enpar 
TE Ÿ Sms Miudrmwr mesnEer. 
Kaj vdy oearé p, w5 mapeondaqueros 
Eud rl Sud % qu, mesaikouy 
pedupa Ar © poux AoËis mdr, 
muegs Te Qéyos dpOrroy Lex nor. 
Deuydy TN ue voor (a), SN iQ Es 
au Same, AoËias Eqiero. . 
Ta d” © 72010 pu mayrus À pyrioig A6 YO 1040 
à prod por, Acus (b) émopousn xxx. 
Eye SV dAnTs Thod yns >mEeros, 
Éd y Teômmros God x\ndbrag Amar. 

{Hec CHORO tribuenda videntur. ) 
AN en œeg£as, UM EnCdyts qu 
Puy mmexi (c), unN GarAauard AL 


(a) Stanlejus : forté xoyvôv. (b) Idem, leg. müç. 
(c) Idem : Vegerim qua mme. 


6; XOHS#O'POI. 
EAEUIEPTOS HAT A’pyeileu AW, 
dboiy dpaxoymu dbrers reucor xLex- 
(Rursüs hic infit ORESTES.) 
À à. Auco vues, if Lopyorer Male 
Puoyirors, y mrAcx@rm do 
FUXVOIS dpdovotr Sx ET” a) paire” ty. 1 O SO 
XOPO'S. 
Thés où NE, piAra] lepruy rater, 
poGodo; L'açe, pui DoGol nor mA. 
OPESTHS. 
Oùx aoi dE TS marrer éuoi. 
Zap 9 dit uureos érxomi xuves. 
X OP O S&. 
Llorayioy 30 cu oi es Tr 
Cn TN moi Gegyuos ts pévas TS. 
OPESTHS. 
Avaë Amor, fé æAnQUoUT dW, 
xGE Oua TOY qu so ua dVopiAés. 
X OPO'3x. 

Eicw x Dupuos. AoËis N mel, 
we ce TV mure xnod. 1060 
OPE ET HS. 

Vucis fi dy eat GoN, ty0 d dex 


LES CHOÉPHORES. 63 
de malheurs; Argos vous doit fa liberté; vous 
avez, avec juitice, étouffé deux montres (82). 

ORESTES. { 1] devient furieux.) 
Ah! chères amies !...Je les vois ces noires 
Gorgones........entourées de ferpens fans 
nombre. ...Je ne puis les attendre..., * 
LE CHŒUR. 
Quels fantômes vous troublent! o prince fi 
fidèle à votre père, que craignez-vous ! 
ORESTES. 
Ce ne font pas des fantômes, ce font des chiens 
dévorans , des Furies ; qui vengent une mère. 
LE CHŒUR. 
Vos mains fument encore de fang ; voilà la 
caufe de votre trouble. 
ORESTES. 
Puiffant Apollon !.…..leur foule augmente... 
le fang diftille de leurs yeux!..... 
LE CHŒUR. 
Il eft des expiations ; allez implorer Apollon, 
il vous délivrera de vos maux. 
ORESTES. 


Vous ne les voyez pas...mais, moi, je Les vois... 


64 LES CHOËPHORES. 
elles me pourfuivent ; je ne puis les attendre. . . 
LE CHŒUR. 

Puifliez-vous être heureux, & qu’un Dieu 

bienfaifant daigne veiller fur vous! 
RÉCIT ANAPÆST''\UE. 

Trois fois la tempête a battu ce palais. — 
— On y a vu le déplorable Thyefte dévorer 
lui-même fes enfans, — 
— On y a vu le plus grand des rois, le chef 
de la Grèce, maflacré dans un bain. — 
— Aujourd’hui, Oreftes vient, le troifième, 
dirai-je réparer, ou combler ces malheurs! — 
— À quel terme s'arrêteront-ils! où fe termi- 
nera cette fuite horrible de meurtres & de 
vengeance ! 


FIN. 


XOH#O' POIL. 64 
Eng 3, x GUN ÉT” a éiruu” eye. 
XOPO x 
AN drugs, x (° émomievar aeiperr 
Suos QUAGOT 01 xgei0is © TUuopHISe 
ANA'HAIZTOI. 
ON mi menglegis mois Raineiois 
TCATOS aù YA 
mecs rpvias éTeAE Ne 
Tamer (a) À men VmrpEu 
pur doi Graves mn Oviqu. 
Awrnespr aidpos Basi\ua man 1070 
Aoureodinros d° œAeT’ A'yuor 
mA AD yeS amp. 
Ndy J aù Tearos NASE mod oùThp" 
À LOE9Y ETU ; 
Foi Jire xpud, moi xx TA AE 
eTaxOILU ET JLÉVOS ATHS ; 





(a) Forté legendum : mædocopsi. 


TE A OS. 


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ES 


À 


ou ns mana 
a 


ammmmtls um— 


PROMÉTHÉE 


ENCHAÎNÉ, 


TRAGÉDIE 


D'ÆSCHYLE. 


AIZXT AOT 
T'PATQATA, 
THPOMHOETE 


AESMAOQTHS%. 


* A ij 


YHOOGEZISS 


THX TOY AIEXY'AOY TPATAAlAS, 


H' ETITPAETAI, 
HPOMHOEYE AESMOTHS. 


I] POMHOENE © ÂAuos XEX\0Q0T0Ss M 
mop % Ndwroros aybporrus , NS Tres nous 
anbepmi évesrn, opnolus 0 Zeus, © Sa Say 
durer Kegre xgà Bi Tois ŒUTY Urmpéous, y 
H'qaiço, os dy dyansynes mess 7 Kawxgoror 
0095, Seouoin oduegis ŒuTOy ExET MEIONA WT. 
OÙ roues, mapayivoyro macey où ('xcayaioy 
ouqu mes mBeuliar duré, tù bros 0 
Q'rcavos, ds di à Aéye To [leounler a dmren- 
Boy es Toy Aix Sinorcr à Aurais min Tor 
Cave Ts Mouv Tete. Ko Teourleus 
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ŒuTË d, Te méme À d AMEOE), Xi On Mi 
Tor duTis Dmonpror Aude ŒUTOy, 05 hy 0 Ads 


Vi 


SUJET 


DE LA TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE, 


INTITULÉE, 


PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ. 


Promérnie ayant dérobé le feu du Ciel, 
le donna aux humains, pour qui cet élément 
devint l’organe de tous les arts. Jupiter, irrité, 
livra Prométhée aux miniftres de fes ordres, la 
Force & la Violence {1}, & à Vulcain, pour qu’ils 
le conduififlent fur le mont Caucafe (2), & l’y 
attachaffent avec des chaînes de fer. Cet ordre 
s'exécute fur le théâtre. Toutes les Nymphes, 
filles de l'Océan, viennent confoler Prométhée. 
L’Océan lui-même paroît, & offre de fe rendre 
auprès de Jupiter, pour eflayer d’en obtenir, 
par fes prières & fes inflances, la délivrance 
de Prométhée. Celui-ci, qui connoît la fierté 
& l’inflexibilité de Jupiter, n'accepte point cette 
offre. L'Océan fe retire. Arrive la fille d’Ina- 
chus, Lo, qui, dans fes courfes, pafle en ce lieu, 
Prométhée, d’abord, lui fait le récit de tout ce 
qu’elle a déjà fouftert, &,enfuite,lui annonce, tant 
ce qu’elle doit encore fouffrir, que la manière 
dont lui-même doit être délivré de fes Kens par 
* A ii 


4 

lun des defcendans de la Nymphe (Hercule 
fils de Jupiter). II lui prédit, en même temps, 
que, par l’atouchement de ce Dieu , elle mettra 
au monde Épaphus (3). 

De-l, Prométhée s’exhale en injures contre 
Jupiter, qu’il affure devoir être renverfé du 
trône par un de fes propres enfans, & il profère, 
en même temps, d’autres blafphèmes. Mercure 
vient, de la part de Jupiter, & menace Prométhée 
de la foudre, s’il n’explique point clairement ce 
qui doit arriver. Prométhée refufe d’obéir; la 
foudre brife les roches, & le fait difparoître. 


æ— 


4 
HI@xeNns » uù on Cu Ts tmapharws TY Au0s 
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@excumpaurn 5 Feounde xaTi Au0s, 5 
Carrotira] Ts arts do © Téfery maudbs, % 
aMa Ragoprur AGP 3 oenirera E pins, 
Auos TÉHYATOS ; dTIAGY LUTO HEEAUNST, € 
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TIPOMHOE T5. 
XOPO'S. 
NKEANO'S. 

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EPMHX : 


H° & ox 7% dpauaros Ümoany © Xxvie. 


5 
PERSONNAGES 


DE LA PIÈCE. 


LA FORCE. 

LA VIOLENCE ({Perfonnage muet). 
VULCAIN. 
PROMÉTHÉE. 


Il eft compofé des 
LE CHŒUR. N ymphes, filles de 

l'Océan. 
L'OCÉAN. 


10. 
MERCURB: 


La Scène eft en Scythie.. 


6 








PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ 
TRAGÉDIE D’'ÆSC HY LE. 


2 





LA FORCE, LA VIOLENCE 
VULCAIN, PROMÉTHÉE. 


RÉCITS IAMBIQUES. 


’ 


LA FORCE, 


N OUS voici parvenus aux extrémités de la 
terre, dans Ja Scythie, au fond d'un défert 
ifpraticable. Vulcain, c’eft à toi de fonger aux 
ordres que ton père t'a donnés. Sur ces rocs 
efcarpés attache indiflolublement , avec des 
chaînes de diamant, ce hardi protecteur des 
humains. Il a dérobé ton attribut, le feu, organe 
de tous les arts; il en a fait part aux hommes; 
c’el un crime dont il doit payer la peine à tous 
les dieux. Qu'il apprenne à fléchir fous le fceptre 
de Jupiter ; qu'il ceffe de tout facrifier aux mortels. 
VULCAIN. 
Force & Violence, pour vous, l’ordre de Jupiter 





a 








AIEXYAOT TPATA ATA, 
TIPOMHOETZ AEZMOTEHS. 





TA MBOI. 
K PA T OS. 


Xeonoz lLéy ais THAQUESy nrouer 7rEdbr, 
ÆExvôny &s oo, déaroy es épnruar. 
H'qauige, ooi D pen mea Éigags, 
ds où ma Thp éQeiTo, mord eds méreais 
UMAIXPHAVOIS TOY Akwpy9Y 0 LATE, 
débuayniyor Nour dy dppnurois mEdbuis, 
To ovr 3ù &yTos, maté y VS nues cings, 
Oynroior xAë las racer Toixs $% moi 
duxprias age Jei Jeois Jbuyey Sixuy” 
os dv NyŸn mir Aus ruexridu 10 
pyu , Pig po ro À avt TEC TL. 

H'$ AIETOSZ. 


Kexros Bia te, apüir juër éymAnn Auos 


7 HPOMHOEETSZ. 

Goya TéAos M, x° cu y eumodbr êmr 

630 d)aTAuos eux ouyfe Seoy 

Mioey Ria quex ns mess autre. 
Tayros N aydryrn Tv por Aux op ele. 
E Evera( er yep rameos Adnpus Bapu. * 

Ts opFoGoi Aou Oéudbs aimuuire mu, 
dxoVTÉ ©” dxwy do AUTOIS ACAUEU pue O1 
TEST a Aevot TON rare e 7dy@, 20 
iy oÙTe QwyAy, oÙTÉ Ty Loppny Reotar 

oui, çuYeuros d” ANiou pain PAoy 

Aguas œueéilus dyÿos. A'ouéve SN co: 

À mnuAduar VE droxpudar Paos* 

TA vNY © £@ay os ouENG mA 

del 3 TŸ maegyTos ax Ondby xgxoù 

TeUoE o*0 AwQYowy D où TÉQUÉ Ta. 
Tout” dTnUpo Te QiAgY pou Tedmv. 
Ocos or yap SY Üroinar wr XAv», 
Reonia nuas dracus méex durs. 30 
AVS Gr aTpTn TS Qesvpious mére, 
oplogaidwr , dümvos, Ÿ x ulay nsnv 

mous JV odbpuous x npous dywpeñels 
PléyËn Auos D dvamexirnmo Qpéves* 

dmus 3 Tea YU, 0515 dy véoy XYATY. 


PROMÉTHÉE. 7 


eft facile à remplir, & rien ne vous arrête plus. Mais 
moi, aurai-je le courage d’enchaïner, fur ce roc 
voifin des orages, un Dieu , à qui le fang m’allie ! 
Toutefois, la néceflité m'y contraint; il eft dan- 
gereux de braver la volgnté de mon père. Fils 
trop entreprenant dé la fage Thémis, malgré moi, 
malgré toi, je vais l’attacher, avec des chaînes 
d’airain que rien ne pourra brifer, fur ce mont 
inhabité , où tu n’entendras la voix, ni ne 
verras le vifage d'aucun mortel; où, brülé len- 
tement par les rayons ardens du foleil, ton corps 
brunira. Là, toujours trop tard à ton gré, la nuit 
parfemée d’étoiles obfcurcira le jour, & trop tard 
le foleïl féchera la rofée du matin ; car la douleur 
du mal préfent t’accablera fans cefle, & ton libé- 
rateur n’eft pas né. Voilà le fruit de ton amitié 
pour les humains. Dieu, qui, fans crainte d’irriter 
les Dieux, as fait aux mortels des préfens trop 
au-deflus de ton pouvoir, en punition de ton 
audace, tu habiteras cette roche ingrate, debout, 
fans fommeil, fans repos. En vain tu poufleras 
des foupirs & des cris ; le cœur de Jupiter eft 


inexorable : un nouveau maître eft toujours dur. 


8 PROMÉTHÉE. 
LA FORCE, 

Que tardes-tu! quelle vaine pitié! quoi, tu ne 
hais pas un Dieu ennemi de tous les Dieux ; qui 
a tranfporté aux mortels tes propres honneurs! 

VUL£AIN. 
Le‘fang & l'amitié font bien forts. 
LA FORCE, 
Ileft vrai; mais ne refpectes-tu pas encore 
plus ton père! peux-tu lui défobéir ! 
._. VULCAIN. 
Toujours vous fûtes fans pitié, prête à tout ofer. 
LA FORCE. 

Ta compañfion n’eft point un remède à fes 

maux; ne cherches pas un fecours fuperflu. 
VU LCAIN. 

Ah! que mon art m'eft odieux! 
LA FORCE, 

Pourquoi l’accufer! il n’eft point eaufe de 

ce qui arrive aujourd’hui. 
VULCAIN. 

Toutefois, que n’eft-il le partage d’un autre! 
LA FORCE, 


Les dieux peuvent tout, mais non difpofer 


mena mer 


TPOMHOETYS. 8 
KPATOS. 
Er n péMes , % XL TTC Ty ; 
Ti my Sois Em Biqor où quycis Duor, 
dis 70 00 OAI MEIUÈLLE) Yexs 
H'®AISTOZ 
To ouyfevés Toi Sivoy, 1° ue. 
KP ATOS. 
Zvuquu, aynrougeiy 5 my rares A9yur 4.0 
ojoy Te mas ; où TYTo idees TA ÉOY 5 
Ho AIZTOS. 
Aiti me di mAns où, x Oegoous TAé@S. 
KPA TO. 
A'uos 99 oùduy Tovds OpnréloQoy" où 
ra dir dpeAUYTL UN over ATH. 
H'$AIETOS. 
À mMa juonYeion para Ëie. 
KPATOZ 
Tin quis ; movwy yap, ds da h© AGy, 
TOY VUy TLCIYTUY ouSvy aiTIL TEA. 
L'OAIITOZ 
E‘urus ris aûTiy d'AxoS pee Ag yEir. 
KP ATOS. 
Amar émeay0n FAN Doi xoIpxyEiy. 


9 TPOMHOETS%. 
E’Aeubeges 7 oùns À AÏy Acc. so 
H'&AIETOS. 
E'pors, DioN x or dy éy. 
K PAT OS. 
Ouxour émiEn Sioua TOI BEAGA AE, 
ds ji o° EAiyrdoyTe Deso py} En marrhp ; 
H'O$AIZSTOS, 
Kai dy DEyieg Valia puy mey. 
© KPATOS. 
AaGoy vu, Œup} XEPTÎY éyrxpaTét Over 
Pace Jéie, maoT deu CIS MÉTEUS. 
H'$AIZXTOS. 
Tlepgivery dy, x’ où HAT Topor TS. 
KPA'TOS. 
A'eROTE HAN\Oy, pie, nur XIV 
Dos D eupar xGE dUMAYOY TES. 
H'OAIZTOS. 
A'esper AN y dé Svarxaumec. 60 
KPATOS. 
Key Ty y mpma co dopads ia 
Haln oopisus dy Auos ro e9s 
H'$AIZETOS. 
[any TN dy oùSkis chd\rus LéuayTe pui. 


PROMÉTHÉE. 9 

d'eux-mêmes (4); nul n’eft libre, excepté Jupiter. 
VULCAIN-. 

Je le fais, & ne puis le contefter. 

LA FORCE. 

Hite-toi donc d'enchaîner ce cowpable ; déjà 
ton père s'aperçoit de ta lenteur. 
VULCA I N. 

Les anneaux, pour fes bras, font prêts: les voilà. 
LA FORCE. 

Prends-les ; fais-y paffer fes mains, &, à grands 
coups de marteau , cloue ces anneaux au rocher. 
VULCAIN. 

Ils font cloués ; j'ai obéi avec foin. 
| LA FORCE. 
Frappe encore ; ferre; que rien ne fe relâche: 
il eft habile , il pourroit s'échapper. 
VULCAIN. 
Ce bras eft arrêté, rien ne le dégagera. 
LA FORCE. 
Attache l’autre également : qu’il connoiffe, cet 
efprit fubtil, combien il eft inférieur à Jupiter. 
VULCAIN. 


Va,Prométhée feul, ici, pourra fe plaindre de mot, 
*B 


so PROMÉTHÉE. 
LA FORCE. 
Enfonce, maintenant, avec force, ce coin 
digu de diamant, au travers de fa poitrine. 
VULCAIN. 
Ah! Prométhée, Prométhée, je gémis de tes maux. 
LA FORCE. 

Tu tardes encore ! tu pleures fur les ennemis de 
Jupiter ! Crains de pleurer bientôt fur toi-même. 
VULCAIN. 

Mais, vois donc ce fpectacle horrible (5)... 
L À F ORCE. 
Je vois un audacieux dignement puni. Pafle 
ces autres chaînes autour de fes reins. 
VULCAIN. 
Je dois le faire, je le fai : tes ordres font fuperflus. 
LA FORCE, 
Mes ordres, mes cris, te prefleront. Defcends 
plus bas: enlace étroitement fes cuifles. 
VULCAI N. 
Eh bien, je l'ai fait; il m’a fallu peu de temps. 
LA FORCE. | 
Allons, frappe ces fers; qu'ils lui perçent les 
pieds. Songe au juge de ton ouvrage: il eft févère. 





A] LA 
PROMETUHEE. 


M on 





TN Rare UE 





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HPOMHOETS. 10 
KPATOS. 
A'Sauarrivou vor aquvos aan ya }or 
génrar JauraË ao d'A éppoeyes. 
H'®AIZTOS. 
A} dl, eppuiv, où ADP GES MOVE). 
KPA TOZ 
So d'aÿ xaroucis, Tor Aude T° expos Urrep- 
| qéveiS ; OMG JAM CELUTOY oUTIEIS TOTÉ 
| Ho@AIXTOSZ. 
Oas Siaua JvEATOY AA. 
KPATOZ. 
Oa xvesvrte TIM moy tra Elo 70 
LAN dup} F\wegIS aa NES Rae. 
H'$AIZTOS. 
Apay TT dydyXA, pr éyrée d'ya. 
KPA TO S. ° 
24 puy XEEUI , xam TUE n mess" 
JUPE XETR , TLEAN À xipuugor Lie. 
H'DAIZTOS. 
Ko dy rioesxra, Téprpr S Laxpo ToyO. 
KPATOS. 
Eppouéras roy Quive daTogus miôks, 
ds oùmnunTis ye Tor tpyor Rapus. 
* Bij: 


ai HPOMHOETYS. 
H'ÉAIZTOS, 

O'uoix pop yAGaS à ou ynpéerae 
KPATOZ 

Zu panbaui(s, TJ iuir avladar 

OPYIS TE TEL AÈTUTE QU MIA ANSE ju. 
H'OAIZTOS. 
Ériauer, &sxo 701 dupiCAnç-p É y. 
KPATOS. 

Eyra Ta yuy UGexe, % Sor yex 
Cuaov, tpnuéeoin mesnôu. Ti cv 
otre Oynroi moy drayT AT 7rovwy ; 
Feudurumes ce dtuuoves Tléouréa 
x ouai au yep où Mi Teswléos 
ÊTO Tome TION ÉRXUAININ TUE. 

TIPOMHOEYTS. 

À Dos aibrp % TA UCI mou, 

s. : sr 
TOTAL TE TNA, MOYTIWY TÉ XU JL TEY 
del} lLoy VéAgauU , TAUUNTOP TE YA, 
494 À rayon XUXN\OY HAIOU XL AG 
IN p'ol2 Mess Joy mu eos. 

‘A NA'HATETOI. 

Apr oies aa 
daxraioueros Toy pUEETH 


80 


90 





PROMÉTHÉE. nn 
VULCAIN. 

Que tes difcours s’aflortiflent bien à tes traits! 
LA FORCE. 

Sois tendre & fenfible, fi tu veux ; pour moi, 
l'audace & la dureté, tu le fais, font mon partage. 
VULCAIN. 

Le voilà lié de toutes parts; retirons-nous, 
LA FORCE (à Prométhée). 

Maintenant, infulte les Dieux ; dépouille-les 
de leurs honneurs, & tranfporte-les aux humains 
éphémères. Qui, d’entre les mortels, adoucira 
ton fupplice! Prométhée! (6).....ce nomte 
convient mal. . .c’eft à toi-même qu’il faudroit 
un Prométhée pour te délivrer de tes maux. 

PROMÉTHÉE. 

© divin æther; © fouffle ailé des vents; fources 
des fleuves ; rides innombrables de la face des 
ondes ; Terre, mère de tous les êtres; & toi, 
Soleil, dont les regards embraffent la nature! 
voyez quel traitement un Dieu éprouve de la 
part des Dieux.— 

RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 


— Voyez quels maux déchiransje vais fouffrir, 
* Bi 


12 PROMÉTH É*'E. 
pendant des milliers d’années. Voilà donc les 
indignes. chaînes que le nouveau prince des 
immortels a forgées pour moi! Hélas! mon 
fort préfent & futur me fait foupirer. . . Quel 
fera le terme de mes peines! 

RÉCIT IAMBIQUE. 

Que dis-je! ne fais-je donc pas lire dans 
l'avenir; & peut-il m’arriver des malheurs im- 
prévus ? Ne connois-je pas la force invincible 
de la néceflité! fubiffons courageufement l'arrêt 
du deftin. Hélas! je ne puis, ni parler, ni me 
taire, fur le fort qui m’accable. Infortuné! ce 
font les dons que j'ai faits aux mortels, qui 
m'attirent tant de rigueurs. J'ai dérobé le feu 
célefte /a) ; je leur en ai fait part; & ce préfent 
eft devenu pour eux le principe de tous les arts, 
la fource de mille avantages : voilà le crime pour 
lequel je fuis enchaîné, & expolé, fur cette 
roche, à toutes les injures de l'air... . 

Mais, qu’eft-ce! o ciel!..quel bruit, quelle 


vapeur épaifle, parvient jufqu’à moi! Quelle 


divinité, quel homme, quel demi-Dieu, vient, 





(a) Le texte ajoute : dans une férule. 


TPOMHOETZ. 12 
An! dfneucu. TosvdŸ 0 7605 
rap paxgeP" Ep to qui 
Srouor de. 
A a) mo raeÿ, To, T' EmpyOILENOr 
Tux YA YO. [ln more polos 
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TAMBOI. 
Kaf roi mi Qu; mare MENEEMIqUU 
des ri péMorr”, SN por momairior 
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A oùrTe o1y&ys oùTé pui cty&Y TUE 
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megr, &vdyxeus Lio SN UE euro TAGS" 
va} nromA parer à Onpous TUE 
my xNoraias ; À Alone /0s TMS 110 
maons RegTois miQUUE, ÿ HÉYAS M0E95- 
Toto moINSS dUANAUMUETE TI, 
vraBeros Souoïa maoT a AEUTOS @). 
A ,a,ta éd. 
Tis dy, MS d'u mere w ages 
@coouros, à Regruos, 1 MEXÇAUEMN; 
*Biv 


Zpogn PA 


SE HPOMHOET 3. 

L'xéTo Teppuovioy ét maryor 

VO Eu Jowess, À T1 d'A A GY; 

O'eate NouwTw ue Sanuey Suoy, 

ANA'HAIZETOI 
Tor Auos tYegr, moy mao Juois . 120 

À amas EAo1®, oroov: 

Ty Ads a hy LTD Y VEUT, 

ED Ty May PiATyTe Regror. 

Do QE, ri mor aù va ligue x\V@ 

TÉAGS ojwv@v; Alnp NV éag@exis 

TepUyoy pures U7OaUEï( 8e 

Tlar pos goésesr TD mescipmor. 
ANTIETPOHDIKA, 

LOPTS 
Mudky qobnYns QiAie yep 19% mate, 

TepUYOY JOLIS UUANEIS 

Mesaiea TIM maps, maTeoas 130 

pons TApATTUOR Ppévas' 

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Krümou 5 dy pubs Mie dyreur, 

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(a) Sol douvdx roc" on amvduiws rapeypron. 


PROMÉTHÉE 1; 
fur cette roche ifolée, être le témoin de ma 
peine ? Que veut-on!.,......voir chargé 
de fers, un Dieu malheureux ,— 

RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

—que fon amitié pour les humains a fait haïr 
de Jupiter, & de tous les Dieux qui habitent fa 
cour! Hélas !.. Mais, j'entends voler des oifeaux; 
le bruit s’approche ; l'air réfonne du battement 
léger de leurs ailes. . . Tout ici m'épouvante. 

PROMÉTHÉE, LE CHŒUR. 

LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE, PREMIÈRE. 

Ne crains rien: ce font des divinités amies, 
qu’un vol rapide apporte fur ce fommet. Notre 
père n’a cédé qu'avec peine à nos inftances, 
mais les vents nous ont amenées promptement 
en ces lieux. Les coups du marteau ont retenti 
jufqu’au fond des antres marins; mous avons 
furmonté la pudeur /a); à demi nues /b), nous 


nous fommes élancées fur un char ailé. 





{aÿ Le texte ajoute : qui fait rougir le vifage, 
(6) Le texte dit: fans être chanffées. 


14 PROMÉTHÉE. 
PROMÉTHÉE. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Hélas! hélas!.,..,..,, 

Enfans de la féconde Thétis, filles de 
l'Océan, dont les flots inquiets entourent la 
terre, regardez, voyez, de quels liens enlacé, 
fur la cime de ce roc, j'habiterai défermais une 


demeure que nul ne m’enviera. 


] 


LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 


Je le vois, Prométhée, & un nuage de terreur, 
groffi par les larmes, fe répand fur mes yeux, 
quand je @nfdère ton cerps flétri fous le poids 
de ces chaînes de diamant...... 

De nouveaux maîtres gouvernent lOlympe; 
Jupiter y dite injuftement de nouvelles loix : 
ceux qu’on redoutoit jadis, ont difparu devant 
lui, : | 

PROMETHEE, 
(RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

En me chargeant de ces liens infolubles , 

que ne m’a-t-il précipité fous la terre ,, dans 


l'abyme engloutiflant des enfers, au fond du 


TPOMHOETS. 14 
TPOMHOETY'S. 
ANANAIZTOI. 

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A NA'HAIZETOIL 

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PROMÉTHÉE. 15 
Tartare!....... Là, du moins, j'échap- 
perois aux regards infultans des hommes & 
des Dieux! ........Mais, non; trifte jouet 
de l'air, il faut que, par mon tourment, je 
réjouifle mes ennemis. 

LE CHŒUR. 

STROPHE SECONDE. 

Eh! qui des immortels feroit aflez cruel, 
& pourroit fe réjouir d’un tel fpectacle! quel 
autre que Jupiter ne compatit pas à tes maux! 
Pour lui, d’un cœur toujours inflexible & 
jaloux, il tyrannife la race des Dieux, & ne 
ceffera point qu'il n'ait aflouvi fa cruauté, ou 
qu’un heureux effort n’ait renverfé fon trône, 
maintenant trop affermi. 

PROMÉTHÉE. : 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Tout chargé que je fuis des plus honteufes 
chaînes, ce prince des Immortels fera contraint 
de recourir à moi, pour connoître le nouvel 
ennemi qui doit lui enlever fon fceptre & fes 
honneurs. Mais, en vain emploiera-t-il les 
charmes féduéteurs de la perfuafion; en vain 


16 PROMÉTHÉE. 
fera-t-il éclater les plus terribles menaces : je ne 
lui dévoilerai point ce fecret, qu’il n'ait brifé 
mes’ fers & réparé mon injure. 
LE CHŒUR. ‘* 
ANTISTROPHE SECONDE. 

Toujours la même audace..... 

Au comble de linfortune, tu ne fais point 
Dliélossoss | 

Ta bouche ne refpeéte: rien. ,..,., 

L’effroi me faifit & me trouble, ... 

Je tremble pour toi...Je crains que jamais 
tu ne voies la fin de tes fouffrances! L’ame du 
fils de Saturne eft impénétrable, & fon cœur 
eft implacable. 

PROMÉTHÉE,. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Jupiter eft rigide, je le fais : fa volonté, feule 
eft pour lui la juflice. Toutefois, à des coups 
inattendus, fa dureté s’amollira, fon courroux 
indomptable s’appaifera; avec un empreflement 
égal au mien /a), il recherchera mon fecours 


& mon amitié. 
Û 





(a) Littéralement : /e defirant comme je le defirerai. 





HTPOMHOE TS. 16 
oumoT drungs AE, mod éyw 
Axa TM UTe , @piy dy €E ayeiuy 
Duo HLAGTY, MOSS T4 THE 
THON aiuas ebeAnon. 

Ÿ xopPposz. 


Zu À Dexovs n A4 mrrapais | A Ylicpogr 
Dauny or émYLAGS , | 
dar d' ixcukcoqusis. 180 


E’‘pois 3 qpévas mpélior Samess polos" 
Na D dupi is Ts, 
aa mom mov) Moy@Y EN CE 
Tipua xéAoœrT eoidir. A’xéynre 9Ù 
nûet , % éd drapgyuw Toy Eyes Kegrou mais, 
TPOMHOETS. 
ANAAIZETOI. 

Of on mayus [re] qu map saura 
mo dxœior ter (a) Zeus aN éuras [cie] 
pangrowopor | 
sy m0, oruy TauTy pal 
hr d° aTéeguioy qpéous opyr, 190 
us &p}puoy Eoi Ÿ QUAOTUTL | 
aevduy aeudon me) 1e. 








(a) Schol. To aùrà dar diva iyärae 


17 HPOMMOETYS. 
l'A MBOI. 
XOPO'z. 

Tayr” CuxaAudor, À 90 puy Xp") 
mio pgGur ce Zeus éo” ainauan, 
CUTUS dTiuS À mxpÈS a jui era 
DouËor iuis, à m pi Padtn Ayo. 

HPOMHOETYS. 

A’Nyed péy por » Aéyen gi TN,  @ 
aps 3 ctyay, mayre y 3 SUauv lue. 
re ray npéero Suipuoves YA, 
coins T © MAY weolurero, ‘200 
oi f JAovres CuGañës cdpus Kesgror, 
as Zeus dydos ou dber, où À TuraAUr 
ansudbynes ws Zeus pimoT” dpEuer Se 
trad) 0 Ti Aüça RouAeuer, mIE 
Tiravas, Ouegrou me w XBov0s Téxya , 
GEx #bnibnr. Alpes À purgeras 
dTMATDLVTES AUPTECIIS PEIYNHATY , 
GoyT” ao Bei mess Lion re Sravoour. 
E’uoi 3 pump, oùy draË pero, Os, 
xù Te, MoM@Y oyouamr popOn L&, 210 
mo EN À xpairoiTo MPoUTedeamILEs , 
ds où A&T” Ur, QUN 95 TO ALP TES? 





PROMÉTHÉE. 17 
RÉCITS IAMBIQUES. : 
LE CHŒUR. 

Mais, dis, fans nous rien cacher; pour quelle 
offenfe Jupiter te fait-il fubir un traitement fi 
barbare ! quelle eft ta faute’ parle, fi ce n’eft 
point t'affliger encore davantage. 

PROMÉTHÉE. 


Hélas! il n'eft douloureux de le dire, ïül 
m’eft douloureux de le taire, & tout fert à ma 
peine. La haine venoit d’éclater entre les Dieux , 
& la divifion régnoit parmi eux. Les uns vou- 
loient, chaflant Saturne, donner le fceptre à 
Jupiter; les autres, au contraire, s’efforçoient 
d’écarter pour toujours celui-ci du trône. Je 
donnai, mais en vain, les plus fages confeils 
aux enfans du Ciel & de la Terre, aux Titans. 
Leur fuperbe audace dédaignoit la rufe & l'a- 
drefle; ils croyoient triompher, fans effort, & 
par leur propre puiflance. Pour moi, Thémis 
ma mère, & la Terre elle-même, qui eft adorée 
fous tant de noms divers, m’avoient plus d’une 
fois prophétifé, que, dans le combat qui fe 
préparoit, la force & la violence ne féroient 

bai 


18 PROMÉTHÉE. 


d'aucun avantage; que la rufe feule décideroit 
de la victoire. Lorfque je leur annonçois cet 
oracle, à peine daignoient-ils m'écouter. Dans 
cette conjonéture, il me parut prudent, me 
joignant à ma mère, d’embraffer de moi-même 
le parti de Jupiter, qui, de lui-même auffi, 
m'invitoit à me réunir à lui. Par moi, par mes 
avis, il fut précipiter dans les noirs & profonds 
abymes du Tariare, l'antique Saturne avec tous 
fes défenfeurs. Après un pareil fervice, voilà 
l'indigne prix dont m'a payé ce tyran du 
ciel; &, tel eft le vice ordinaire de la tyrannie, 
l'ingratitude envers les amis. Mais, ce que vous 
demandez, la caufe de mon fupplice, je vais 
‘vous l'apprendre. 

A peine aflis fur le trône de fon pere, 
diftribuant à tous les Dieux des honneurs & des 
récompenfes , il tâcha d’affermir fon empire. 
Mais, quant aux malheureux mortels, Join de les 
admettre à partager fes dons, il vouloitles anéantir, 
& créer une race nouvelle. Perfonne ne parut 
s’y oppofer; feul je l'ofai; feul, j'empêchai, 


qu'écrafés de la foudre, les humains n’allaffent 











HPOMHOETS. 18 
et” 4, dAo 3 Tés VnepéborTas xparéir. 
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CEx nElwoey ouSY mess le TD Hay. 
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teuBuov xa 0m Toy mazgryein Kesroy 220 
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voue , Toi QiAun pui merilére. 
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Orus Tiyçu Ty rareaor 5 Degror 
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* Cij 


19 HPOMHOEE TS. 
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éxprQor, andvuon TA }nr xéap. 
1POMHE@ETS. 
Ka ” PADIS ÉAEEUOS ETDpAY Eye. 
XOPO'3s. 
Mn mou nm @esuGns moy À meegutipe ; 
HPOMHOEYS. 
Oynrous T éaavou ui meISipxe Qu LUE). 
K O P O’S. 
To roi edeger Tiod Qaépuaxar v0o0v ; 
HPOMHO@ETYS. 
Tugags dy aurais iAmidbs a TOM. 250 
xoro x 
Méy DGA ruX DT édwpnow Regis. 





PROMÉTHÉE. 9 
peupler les Enfers. Voilà la caufe des rigueurs 
qui m’accablent, de ce tourment, douloureux 
à fubir, horrible même à voir. Parce que j'ai 
eu pitié des mortels, on n’a point eu pitié de 
moi: mais, traité fans miféricorde, je fers de 
reproche à Jupiter. 

LE CHŒUR. 

Ah! Prométhée, quel cœur de roche ou de 
fer pourroit ne pas compatir à tes fouffrances ! 
Pourquoi les ai-je vues! mon cœur en eft percé 
de douleur. 

PROMÉTHÉE. 
Sans doute, mes amis en auront compaffion. 
LE CHŒUR. 
Mais, n’as-tu rien fait de plus! 
PROMÉTHÉE. 
Par moi les hommes ne defirent plus la mort. 
LE CHŒUR. 
Quel remède leur as-tu donné contre le défefpoir! 
| PROMÉTHÉE. 
J'ai placé chez eux l’efpérance aveugle. 
LE CHŒUR 


Don: précieux , que tu as fait aux mortels! 


* Ciij 


20 PROMÉTHÉE. 
PROMÉTHÉE. 
De plus, je leur ai fait part du feu célefte. 
LE CHŒUR. 
Le feu! Les mortels pofsèdent ce brillant tréfor! 
PROMÉTHÉE. 
Oui: &,de ce maître, ils apprendront bien des arts. 
LE CHŒUR. : 
Voilà donc pourquoi Jupiter te punit fi 
cruellement! &, n’auras-tu point de relâche? 
n'y aura-t-il pas un terme à tes maux! 
PROMÉTHÉE. 
Nul autre terme que celui qu'il voudra. 
LE CHŒUR. 


Voudra-t-il qu'il yen ait! l’efpères-tu! Ne 





fens-tu point ta faute. ., mais, te la reprocher, 
ne feroit point un plaifir pour moi, & feroit une 
peine pour toi. Ceflons, & cherche à te délivrer. 
PROMÉTHÉE. 
Il eft aifé, du port, d’exhorter & de confeiller 
ceux qui font dans la tourmente ! J’avois tout 
prévu. J'ai voulu commettre ma faute, je l'ai 
voulu....je ne le nie point... Pour fecourir 
| 


les mortels, je me fuis perdu moi-même; 


HTPOMHOE TY Y. 20 . 
TPOMHO@ETYS. 


Tless moicd puéyToi mUp é)@ qu Grace. 
X OPO's. 
Key ur PA emr TÜp Épouo’ EPNUEES ; 
TPOMHOETS. 
A’Q oùys moMas Cuuxbnooyry TX Ye 
X OP O'x. 

TouioS JM ce Zeus a” ainauaoty 
a uQ era Te, X OUSLUN JUNE AGXOY 3 
euN £a afAGU Tépua Go DESXEIETOY ; 

NPOMHOETYS. 
Oux Mo y oùdr, mA orur net dou. 
XOPO'z. 

AoËu 5 müs; Tis tAmis; VY opes om 
Wuapress @5 d Hpapres oùr” euol Aéyew 260 
42, ndbpny, avi T” d Ans. AM Time juér 
meétoue, aber d' éxavar Cire md. | 

TPOMHOE TS. 

Eng @esr, ons mmuaray £w moin 
ty, @guvér voulereir me ToÙs ax ds 
megosovras. E'30 5 rat dnavr” nmçaunr. 
E‘xoy exoy nuapror, GX dpYACOUU" 
OYnTois d\ dpnyoy, euros eegunr mrovous 

* Civ. 


21 HTPOMHOE T3. 
où Liy n mo4IS V Gounr Too pue 
XATX AVI MIS méTEAs TESLpOIUIS, 
TT éprtuau T&d" dychrorse ma pu. 270 
Key pur ra fe TaC9rTa put "dbpeo® ax 
medui 5 Racer ris DEITEP TOUTES TUxes 
dxououd, &s paÿyre Ag Aou TD rùr. 
TeFede nor meilede, ouuromanle 
T@ Ur Lunouy. Ta Ti FA ayouér} 
TES LAAOT” AN\OY 7HjLOYN Ben aves. 

A NA 'HAIZTOI. 

X OP Os. 
Oux dxovouis emrlairas 
rom Meouiv, 
x YUy AG DPO mi LPAITY0OT UT? 
Dwxor BEI mo, «idées © ww 280 
T0E9Y GW, GAPUOÉOIY 
XBori TAÎ mA Ts ovûs 3 mrovous 
XriC a danayros dub, 
Q'KEANO'S. 
H'xo durs répua LéAeTou 

Algueidaueros mess ce, Tlesunle, 
Toy HépuywoxM Toyd” ojwyor 


Your quo dTip ebuyes" 


rt 
pm 


PROMÉTHÉE 2: 
mais je n'ai pas dû croire que je ferois ainfi con- 
danné à me voir confumé fur ces rocs, au fommet 
défert de ce mont inhabitable. Vous, cependant, 
ne vous contentez point de déplorer mon malheur 
préfent ; defcendez près de moi, venez apprendre 
le {ort qui m’eft réfervé, & connoiflez tout mon 
deftin : ne me refufez point, compatiffez à un 
malheureux... Hélas ! l’infortune voltige autour 
de nous, & menace toutes les têtes. 

RÉCITS ANAPÆSTIQUES. 
LE CHŒUR 

Tu nous perfuaderas fans peine, o Prométhée; 
d’un pied léger nous defcendrons de ce rapide 
char, &, quittant les routes aériennes & pures 
des oïfeaux, nous approcherons de ce roc 
efcarpé; nous apprendrons volontiers lhiftoire 
de tes malheurs. 

LES MÈMES, L'OCÉAN. 
(I eff monté fur un animal ailé ). 
L'OCÉAN. 

J'arrive enfin près de toi, Prométhée, après 
avoir traverfé des pays immenfes, fur ce monftre 


ailé, que ma volonté conduit fans le fecours du 


22 PROMÉTHÉ"-E. 


frein. Je partage tes maux, n’en doute point: le 
fang qui nous unit /a) m'en fait une loi. Mais, 
quand tu me ferois étranger, perfonne encore 
ne me feroit plus cher que toi. ‘Je ne fais ni 
mentir, ni flatter; tu le reconnoîtras bientôt. 
Parle, dis comment je puis te fecourir; l'Océan 
{era toujours ton plus fidèle ami. 
RÉCITS 1AMBIQUES. 
PROMÉTHÉE. 

Eh! quoi, vous aufli, vous voulez être 
témoin de ma peine ! vous ofez quitter les mers 
qui portent votre nom, & vos grottes rocail- 
Jeufes, formées par la nature, pour chercher ces 
montagnes qui ne produifent que du fer. Efl-ce 
curiofité, efl-ce compaflion qui vous amène ! 
regardez ce fpectacle, voyez quel traitement 
j'endure, moi, l’ami de Jupiter, qui feul l'aidai 
à monter fur le trône. 

L'OCÉAN. 4 


Je le vois, Prométhée, & quelle que foit ta 





(a) L'Océan, & le père de Prométhée, Japet, felon 
Héfiode, étoient frères, tous deux fils du Ciel & de la Terre, 


Voyez la Théogonie, v, jo 5 à fui. 





HPOMHOETYS. 22 
TES oeuié À TUEUS , (OU , Euyah yo. 
To, me yap pe, doxe , Evyferes GTS 
éonvayxaC du, HS TE VOUS, 290 
Gex é TE pellove poigxr © 
veu, N O0. 
roc Je raid) os eue, oùd uaTyr 
JCUTY AG AY Es ur QÊpe ap, 
ipauv 0, M AE C0 CULMEZ TE 
cu Jap MT épis os Queayou 
piAvs "6 Reébauioress oi. 

FA'MBOTI. 
TPOMHOETYS. 

E’a, Ti EUR ; xù où di move AT 
Ms cine ; los émAuNIRS, ATüy 
ÉTUvUUSr Te peu 44 TETENPEON 300 
amount dy, Ty oidMeguiToex 
eABeiy és aie; H Seowprour TUy2$ 
épais aPiE, 4 Eva ay HAS 
Aëéprou Staua , movdk À Aus qiAwr, 

Toy ovyka Ta Ho TA T Tuexrid , 
diais VD” TS TILOYLIN AL UMIOUIU. 
Q'KEAN O'S. 
O'e>, Hegunev, © Syuvéce % oo! 


23 HPOMHOEYS. 

Do 7x AOGR, XAÏTEP OT MU NO. 

Tivorte ouvroy, à ueldpuooey Teommus 
yéous® véos 9 xgi TUE9-YV0 ch Jois. 310 
Er d'OS reayis à reômmérous (/a) opus 
plus, Ty à vu à Laxpdy dyotipe 
Suxty wA VU Zeus | GGEgoi Toy vor A9» 
maesrre oy or, radar éivou Sxtv. 

AN, & TuagiTup, ds émis dpyas à@es, 
ÉnTes 3 mov mpaTey araN\a ya. 

Apps” 1606 01 Paivougy Aëyeiy rad" 
TIAUTL JLEVTOI THE YA V vJmsegv 

yhoosns, Tleounbes, re ‘miyiex yivera. 

20 dira rumevos, SN ee xauois, 320 
| mes mois man J' da mesrnGür SXBk. 
Ovxour, euorye peomers Mmara No, 

mess véyteæ XW/0Y CHATS, CPV 0 
Teayos orages , SN Umreuluros 2paTé. 

Kai vUy éJo élu , X94 TUEXTOUY , 

éay drug, TON 9 CxAUoa TOY @Y. 

Zu d’ AOUHALE, pnd\ dyar agGepqusl. 

H° Gun 00 d'xnGas, ày meer opegr, on 
VAGoTY paraie Énuis mes; eieeru: 





(a) Scholiafl, dxnpsc not Ceustudc. 


PROMÉTHÉE. 2; 


fagacité, je te donne un avis. Rentre en toi- 
même ; un nouveau maître règne fur les Dieux; 
prends de nouveaux fentimens. Si tu tiens 
toujours ces propos outrageans, du haut de 
‘Olympe Jupiter peut ’’entendre, & bientôt tes 
maux aggravés te feront regretter (a) ta peine 
préfente. Malheureux , étouffe un courroux 
impuiffant, tâche d'obtenir grâce. Peut-être ce 
confeil te paroît d’un vieillard; inais, tu Vois, 
Prométhée, ce qu’attire un difcours préfomp- 
tueux. Rien ne t’humilie; tu ne cèdes point 
au malheur, & tu cherches à redoubler celui 
qui t’accable. Crois-moi, plie fous le joug {4}, 
fonge qu’il règne aujourd’hui un monarque 
févère & fouverain. Je vais le trouver, j'eflayerai 
d'en obtenir ta délivrance. Toi, cependant, 
modère-toi; ne déchaîne point .ta langue auda- 
cieufe : éclairé comme tu l'es, ignores-tu que 
la punition fuit toujours des paroles impru- 
dentes ! 


6 


(a) Littéralement : te feront croire que ta peine atuelle 
n'étoit qu'un jeu 


(4) Littéralement: me regimbe pas contre l'aiguillon. 


24 PROMÉTHÉE. 
PROMÉTHÉE. 


J'admire que vous ne foyez pas traité vous- 
même en coupable, vous, mon complice & mon 
aide, Mais, ceflez, quittez un inutile foin, vous 
ne le fléchirez point , il eft inflexible : gardez 
que cette vilite ne vous attire quelque malheur. 

L'OCÉAN. 

Tu confeilles les autres bien mieux que toi- 
même; tu m'en donnes la preuve. Mais n’arrête 
point mon zèle; je me flatte, oui, je me flatte 
d'obtenir cette grâce de Jupiter , il te délivrera 


de tes maux. 
PROMÉTHÉE. 


Je reconnois vos foins, & les reconnoîtrai 
toujours : votre amitié ne fe lafle point. Mais 
ne faites point d'efforts pour me fervir; ceux 
que vous feriez feroient vains : reftez en repos, 
& tenez- vous à l'abri. Si je fuis malheureux, 
je ne veux entraîner perfonne avec moi dans 
l'abyme. 

L'OCÉAN. 
(7) Non: je plains trop, & ton fort, & celui 


de ton frère Atlas, qui, courbé vers les portes 





HPOMHOETE. 24 
HPOMHOEYS. 
Zn\® 9° 0, ouvex CHTOS a iTias XUPES, 330 
MAYTOY [LETL OV  TÉTO\ LAN ELU, 
Koy uv éaooy, ui oi Le Anon To. 
Tayros 90 8 meious nv $ 9 evmêns. 
Tlamlaive dauTos un n mmuarbys od'à. 
QKEANOS. ° 
HoMa y œuéivoy tés TÉngS Ppevour EQUS, 
À OUUTO* épy@ X où À9yS TELULIEQUH. 
O'puouevor 5 unuos dynamacus. 
Avo D, avr Tire dupeay Euoi 
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Tag. 25 1739. 





LA La 
PROMETHEER, 








PROMÉTHÉE. 2; 
du couchant, foutient fur fes épaules la colonne 
du ciel & de la terre, fardeau qu'il embrafle 
avec peine! Non, je n'aurai point vu fans pitié, 
l'habitant des antres de Cilicie, le fils de la 
Terre, ce géant prodigieux, l’audacieux Typhon 
aux cent têtes, dompté par un bras vainqueur, lui 
qui défioit tous les Dieux. Ses bouches épou- 
vantables foufHoient la mort, d’effrayans éclairs 
jaillifloient de fes yeux, il devoit, on l’eût dit, 
renverfer l'empire de Jupiter. Mais le trait flam- 
boyant de Jupiter, la foudre, qui ne dort point, 
fe précipite, l’atteint...fes menaces infolentes font 
confondues. Frappé du tonnerre, il eft pulvérifé 
jufque dans les entrailles, fa force eft difloute; 
&, maintenant, cadavre impuiflant & fans nerf, 
il gît le long de la mer, près du détroit, dans 
un vafte fourneau , fous les racines de l Æthna. 
Au fommet, Vulcain aflis forge du fer ardent. 
Del, quelque jour, fe déborderont des fleuves 
de braile, des laves, dont la dent féroce déchirera 
les larges plaines de la féconde & belle Sicile : 
tant Typhon, en exhalant fa rage , tout calciné 
qu'il eft par la foudre, fera bouillonner les flots 

lE * 


2 PROMÉTHÉE. 
brülans d’une tempête de feu jamais appailée. 

PROMÉTHÉE. 

Inftruit par Fexpérience, vous n'avez pas 
befoin de mes confeils ; fongez à vous: pour 
moi , je fupporterai mon fort, jufqu’à ce que 
le courroux de Jupiter foit adouci. 

L'OCÉAN. 

Mais ne fais-tu pas, Prométhée, que des dif- 

cours peuvent guérir la colère la plus forte! 
PROMÉTHÉE. 

Oui, fi l’on attend l'inftant favorable; non, 

fi l’on choque violemment un efprit irrité. 
L'OCÉAN. 
A le defirer, à le tenter, réponds, quel rifque 


vois- tu ! 
PROMÉTHÉE. 


Ce fera peine inutile, folie & fimplicité. 
LOC É A Ne 
De pareil mal, je confens d’être malade /a): le 
fage qui paroît fou, fait le mieux fes affaires. 
PROMÉTHÉE, 
Mais, cette faufle démarche me fera imputée. 





(a) Ce tour eft littérals" Æichyle l'employe fouvent, 


HPOMHOETS. 26 
xaimrep xépauré Zuvos nBegxwmeros. 
HPOMHOETYS. 
Zù JV céx drugs, SN euoù Nora Aou 
ARIÇES Csauror 171 @ anus his cey* 
é90 3 Thy maegucay dYTANTE TUYW , 
ég” dy Auos Pesriux AwQIon AU. 
QKEANO'S. 
Ouxour, Tlegunkv, TT nraones, on 
opyis vogouons loir laTeci À9991; 
TIPOMHOEYS. 
E'dy ms co xupo Ye ma\Îtosy Léa, 
x un cqerarrz Juuor ixrain (a) Riæ. 380 
QKEA N O'Z. 
Ey ro meñuuñoQo 5 ya TAG, Tird 
opus Cyovour Cnpuars Sduoré pue. 
HPOMHOETS. 
Mi for mréeias or | xougorouy T’ en ia. 
QA'KE AN O'S. 
Fa pe mivdv T voovy vootir , mt 
néphqu , ed pesrourre un dx PesrEr. 
1POMHOETYS. 
E’poy Sowiou TŒurA MU ei TON. 





(a) Scholiafi®T rmxpame" Tlérora gapuaneugy, un aux. 
* DH 


Zpogn . 


27 HPOMHOEE TS. 
QKEANO'ZS. 
Eaqus és ofxor cos Adps ME mA. 
HPOMHOETS. 
Mn ap où Opnros ouuos els EX Bear Bin... 
Q'KE AN Os. 
H° T@ véoy xpaTon mayxpatei das ; 
HPOMHOET'S. 
Tours Quagorov pnror d'A té. 390 
QAKEAN O'S. 
H' on, Tleoueu, Cuugoex None As. 
HPOMHEE TS. 
ZtAuv, xopiQou, Cale TOY MLEYVTA VOUr. 
Q'KEANO'S. 

O'puoéve por TIN élouEas Aspsr. 
Acvesr 7 oiuor dûéess daipe Meegis 
Treauents ojfwvost douevos M T dy 
gulpuois © ofnéloinr xauduer jovus 

E I Q A I K A. 
XOPO'S. 

Ze de ms où Aouévas 
TUXS, Teurbe, 
duxpuaiquxry d° aa” 0o7wy 
pador AuGouéra pios, mapaar 400 


PROMÉTHÉE. 27 
L'OCÉAN. 
Tu veux donc que je retourne dans mon palais ? 
PROMÉTHÉE. 
Oui: votre pitié pour moi vous feroit un ennemi. 
L'OCÉAN. 
De qui! du nouveau maître du ciel! 
PROMÉTHÉE. 
De lui-même ; gardez-vous de jamais l'irriter. 
L'OCÉAN. 
Ton malheur, il eft vrai, eft une forte leçon. 
. PROMÉTHÉE. 
Ne l’oubliez jamais; partez, hâtez-vous. 
L'OCLAN. 
Je t'en crois, & je me rends aifément à ce 
confeil. Déjà, ce quadrupède léger rafe, de fes 
ailes, la vafte plaine de Pair; il reverra volontiers 


fa demeure. 


PROMÉTHÉE, LE CHŒUR. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ÉPODIQUE. 
STROPHE. 
O Prométhée! je plains ton malheureux deftin. 


De mes yeux attendris coule un ruifleau de 
* D ii 


28 PROMÉTHÉE. 
larmes ; mes joues font baïgnées d’humides pleurs. 

Quel terrible pouvoir Jupiter exerce à fon 
gré... 

De fon arme orgueilleufe il menace les Dieux 
jadis adorés. 

ANTISTROPHE, 

Tout, dans ces lieux d’alentour, a retenti de 
gémiflemens.. .... 

On pleure ta gloire , tes antiques honneurs 
& ceux de tes frères... ,. 

OM ide tien aus voter le 
nations , — 
—tous les peuples du continent facré de l’Afie, 
compatiflent à tes peines ; — 

TROCHÉES. 

—& ces filles intrépides dans les combats, qui 
font fixées dans Ja Colchide ; — | 
—& la troupe des Scythes, répandus aux 
extrémités de la terre, autour du marais Mœæo- 
tide ; — : 
—& la gent belliqueufe des Arabes ; — 
—& les habitans du fort efcarpé qu’appuie le 
Caucale , — 


r 


HPOMHOETSZ. 28 
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TPOXATOI. 

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29 HPOMHOETS. 
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YU TOIS Nambaçule, Loc 3 moymos xALdWY4 3 0 
Evumloy, qeve Buos, 
mepguros SN A'idts Nmepeue pavyis 
VAS, maya © d'OPPUTOY MTL HOY 
géVoUOIy & APS ox les. 
TA'MBOI. 
HPOMHOETS. 
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Ts AMOS, À ©, Fam A GS d\weicér ; 
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Vu Aénouu" my Beprois à Miuara 
axouTa ©, Ws dQAs PNMIOUS TL TO pir, 





PROMÉTHÉE. 29 
É PODE. 
— guerriers féroces & rugiflans ; armés de 
lances aiguifées. 

Atlas, cet autre Titan , étoit le feul des Dieux, 
que nous euffions encore vu dans des chaînes 
de douleur, travaillé par la peine; Atlas, qui, 
fans relâche, porte fur fon dos un poids 
énorme, le pôle du ciel........Quel fort 
défi ....... les flots qui fe brifent à 


fes pieds, en mugiflent, l’abyme en gémit, 





l'antre noir de Pluton en frémit fous l’épaifleur 
du monde, & les fources limpides des fleuves 
en ne | L] 
RÉCITS TAMBIQU ES. 
PROMÉTHÉE. 

Si je me tais, ce n’eft point par orgueil ou par 
dédain ; mais Ja fureur dévore mon ame, quand 
je me vois attaché à cette roche. Et, toutefois! 
à quel autre qu’à moi ces nouveaux Dieux 
doivent-ils leurs honneurs! N’en parlons plus : 
ce feroit dire ce que vous favez, Écoutez feule- 
ment quels étoient les maux des humains, & 


comme, de ftupides qu'ils étoient, je les ai rendus 


39 PROMÉTHÉE. 


inventifs & induftrieux; je le dirai, non comme 
ayant à me plaindre d’eux, mais pour vousexpofer 
tous mes bienfaits. Avant moi, ils voyoient, mais 
voyoient maf; ils entendoïent , mais ne compre- 
noient pas. Pareils aux fantômes des fonges, 
depuis des fiècles ils confondoient tout. Ne 
fachant fe fervir ni dé briques, ni de charpente, 
pour conftruire des maifons éclairées , ïls habi- 
toient, comime l’avide fourmi, des anti Cr, 
creufés fous la terre. Hs ne diflinguoient à nul 
figne certain la faifon des frimats, de celle des 
fleurs, des fruits, ou des moiflons. Sans réflexion, 
ils apifloient au hafard, jufqu’au goment où je 
Jeur fis obferver le lever, &, ce qui eft encore plus 
difficile à connoître, le coucher des aftres. Pour 
eux, j'ai trouvé la plus belle des fciences, celle 
des nombres, j'ai formé l’affemblage des lettres, 
& fixé la mémoire, mère des fciences , ame de la 
vie. J'ai, le premier, accouplé les animaux fous 
le joug, afin qu'affervis aux hommes, attelés ou 
chargés, ils fuccédaffent à leurs pénibles travaux. 
Par moi, les courfiers, accoutumés au frein, ont 


traîné des chars pour la pompe du luxe opulent. 


HPOMHOETE. 39 
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31 HPOMHOET SX. 
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PROMÉTHÉE. 31 


Nul autre que moi n’a inventé ces vaifleaux 
errans fur la mer, voitures ailées des matelots. 
Infortuné! après tant d’inventions pour aider les 
mortels, je ne trouve pour moi-même , aucun 
moyen de terminer les maux que j'endure. 
LE CHŒUR. 

Tu as manqué de jugement, & tu en portes 
une incroyable peine. Mais, mauvais médecin, 
dans tes propres maux tu défefpères, & ne fais 


quel remède y appliquer. 


PROMÉTHÉE. 

Entendez le refte, & vous admirerez bien plus 
les arts & l’induftrie que j’ai donnés aux mortels. 
Avant moi; & c’eft ici mon bienfait le plus 
grand, étoient-ils attaqués de quelque maladie, 
nul fecours pour eux, foit en alimens, foit en 
potions, foit en topiques, nul médicament; ils 
périfloient. Aujourd’hui, par tes compofitions 
falutaires que j'ai enfeignées, tous les maux 
fe guériflent. J'ai fondé dans tous les genres Ia 
divination. J'ai, le premier, diftingué” parmi 
les fonges, les vifions véritables ; j’ai expliqué 
les pronoftics difficiles, & les préfages fortuits 


- 


32 PROMÉTHÉE. 

en voyage. J'ai défini exaétement, le vol des 
oifeaux aux ferres recourbées, & ceux de ces 
animaux , qui, de leur nature, font d’un augure 
heureux ou finiftre; leur vie habituelle, & ce 
qu'il règne entr'eux de haine, ou d'amour & 
d'union; enfin, ce que le poli & la couleur 
des entrailles des viclimes a d’agréable aux 
Dieux , & la beauté diverfe des formes du 
fiel & du foie. Étendant fur le feu, dans 
une enyeloppe de graifle, les vifcères & les 
cuifles des animaux, j'ai conduit les mortels à 
une fcience difficile, & fait parler à leurs yeux 
des fignes flamboyans jufqu'alors invifibles, Ce 


n’eft pas tout: ces biens utiles, enfouis dans 


la terre, l’airain, le fer, l’argent & l'or, qui fe 


vantera de les avoir découverts avant moi! nul, 
fans doute, s’il ne veut être un impoñteur. En 
un mot, tous les arts, chez les humains, font 
dûs à Prométhée, 
LE CHŒUR. 
Après avoir trop fait pour les mortels, ne 
abandonne point toi-même dans le malheur. 


je fuis perfuadée que tu pourrois, délivré de ces 


HPOMHOET ZX. 32 
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“ 


33 HPOMHOETS. 
Aubéyre, puidèr puéioy ça Au0s. 
TPOMHOET'S. 
Où ravla ravly poiex To RA6TGOESS S 10 
XPAVAY TÉDEPTA ; pweious À Tiporys | 
ous mn xauplas, SI Joue Quyfarw 
TAYA D dydyuis dOUEREX Harpe. 
X op os. 
Tis oÙy dydyAMS éGiy OILOSPOPOS ; 
T1POMHO@ETS. 
Moïegu Teiuop@oi, JUMLLOVES T' E’exrvuss. 
XoPo’x. 
Tour &p 0 Zeus Er déve eegs. 
HPOMHOETS. 
Ovxouy ày éxQUP y Th TÉDEP EI. 
XOoPOz , 
T' À moepm Zi, Air del LPATEY ; 
TPOMHOETS. 
Tor’ cn dy où rUoo, puit Armapes. 
X © PO". = 
Hu ri over tr, à Eurauméqus.  $20 . 
TIPOMHOETS. 
A'Nou Ag HEne , my d Sfbuos 
XL1695 2070 UR da ovyALAWT LOS 





PROMÉTHÉE. 33 
liens, être encore aufli puiflant que Jupiter. 
PROMÉTHÉE. 

Non; ce n’eft pas ainfi que l’a réglé le (ort 
inévitable. C’eft après avoir fubi des tortures, 
des peines infinies , que je fortirai de ces fers; 
l'art eft foible contre la Nécelfité. 

. LE CHŒUR. 

Et la Néceflité, qui donc la dirige! 
PROMÉTHÉE. 
La triple Parque, & les Furies qui n’oublient rien. 
LE CHŒUR. 
Quoi! Jupiter eft moins fort que ces Déeffes! 
PROMÉTHÉE. 
Oui, lui-même n’évitera point fon deftin. 
LE CHŒUR. 
Son deftin ! quel efl-il, finon de régner toujours! 
PROMÉTHÉE. 
Ne me le demandez point, n’allez pas infifter. 
LE CHŒUR. 
Iieft donc bien redoutable,ce fecret que tu gardes! 
PROMÉTHÉE. 

Brifons là : il n’elt pas temps de révéler ce 

myftère : qu’il refte plus caché que jamais ; c’eft 
*E 


34 PROMÉTHÉE. 
de ma difcrétion que dépend ma délivrance de 
ces indignes fers, & Ja fin de mes peines. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 

Que jamais celui qui règle tout, Jupiter, ne 
doive oppofer /a) fa force à mes defirs! * 

Que jamais je ne fois lente à honorer les 
Dieux par de facrées hécatombes , près des 
fources intariflables de l'Océan mon père ! 

Que jamais je ne pèche en mes difcours! 

Puiflent ces maximes, gravées daris mon efprit, 
ne s’en effacer jamais ! 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

Il eft doux de pañler une immortelle vie 
dans une fécurité parfaite, en nourriflant fon 
ame des plaifirs les plus purs. 

Je frémis, quand je te vois ainfi déchiré de 


eo! = 


mille maux. 





(a) Le texte dit feulement : me merte fa force en oppofition. 
Mais, comme ce récit du Chœur, eft, fi on peut parler 
ainfi, une morale, tirée de la conduite & du fort de Pro- 


méthée , if femble que le tour de la verfion rend Ie fens. 


HPOMHOETYS. 34 
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Ti, A yévos, va Sd Aworer | 
Ty yaAuvois ch TÉTEANOIO . 


PROMÉTHÉ'E .3 

Ah! Promérhée, tu n’as point craint Jupiter ; 
par un penchant naturel, tu as trop flatté les 
humains. . 

STROPHE SECONDE. 

Où eft le fruit de cette infruétueufe amitié ! 
malheureux ! dis ; quel fecours, quelle reffource 
t'apportent ce# créatures éphémères ! Ne con- 
noiffois-tu pas la foiblefle impuiflante, pareille 
aux fonges , qui enchaîne les aveugles humains! 
Jamais leurs complots ne prévaudront contre 
l'ordre établi par Jupiter. 

ANTISTROPHE SECONDE. 

Ton fort funefte eft ma leçon, o Prométhée! 
Hélas ! combien, aujourd’hui, mes hymnes 
doivent différer de ceux que, dant la joie de 
ton hymen, je chantois autour de ton bain & de 
ton lit, le jour où, vaincue par tes dons, notre 
fœur Héfione devint ton époufe, & partagea 
ta couche! 


PROMÉTHÉE, LE CHŒUR, 10. 
1 0. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 
Quel eft ce pays! qui l’habite! qui vois-je 
* E ï 


36 PROMÉTHÉE. 
enchaîné fur ces roches glacées! ....De quel 
crime te punit-on ainfi!....apprends-moi 


où m'amène en ce moment mon fort... 
RÉCIT MONOSTROPHIQUE. 


Ah ciel! ah dieux!..,,... 

Malheureufe!.......1e taon me perce de 
nouveau. .... O Terre! éloighe cette ombre 
d’Argus ton enfant ....je frémis à f'afpeét de 
ce pâtre aux cent yeux.....il me fuit avec 
fes regards perfides. . . Quoi, la mort même ne 
l’arrête pas !.. .infortunée!. . .il fort des enfers 
pour me pourfuivre.....pour me faire errer 
affamée de rivages en rivages. . . . Cette flûte, 
dont la cire unit les tuyaux, foupire encore fes 
fons affoupiflans !. . Ah! dieux !...Où fuis-je! 
où m'amène ma courfe vagabonde! Fils de 
Saturne , de quelle faute m’as-tu jamais trouvée 
coupable, pour m’attacher à ce fort! Peux-tu 
tourmenter ainfi de terreurs phrénétiques, une 
malheureufe qui ne fe connoît plus! Que plutôt 
ta foudre m’écrafe , ou que la terre m’engloutiffe, 
ou que Îles monftres marins me dévorent! 
Dieu puiflant! que m'envies-tu dans ce vœu! 





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PROMÉTHÉE. 37 
Affez m'ont exercée tant de courfes errantes 
,« & pénibles. . ...ne puis-je apprendre où mes 
maux finiront! | 
RÉCITS IAMBIQUES. 
LE CHŒUR (à Prométhé). 
Entends-tu la voix de cette jeuge fille /a)! 
PROMÉTHÉE. 

Oui; j'entends celle que pourfuit un taon 
cruel; c’eft la fille d’Inachus, pour qui le cœur 
de Jupiter brûle d'amour, & que Junon jaloufe 
tourmente par des courfes longues & forcées. 

I O. 
RÉCIT MONOSTROPHIQUE, 

D'où fais-tu le nom de mon père! réponds 
à une infortunée. ...Qui donc es-tu! Malheu- 
reux toi-même, comment fais-tu fi bien mes 
malheurs! Tu connois ce fléau du ciel, qui me 
confume, & me déchire d’un aiguillon ftimulant. 
Hélas! affamée, j'ai couru jufqu'ici par élans 
& par bonds; un pouvoir ennemi m’opprime… 


Quels miférables furent jamais tourmentés autant 





(a) Le texte ajoute , en un feul mot: qui porte des cornes 


de vache 3 Béxipeo. 


33 PROMÉTHÉE. 


que moi! Mais, parle fans détour : qu’ai-je ou 
n’ai-je pas encore à fouffrir! eft-il quelque, 
remède à mes maux! S'il en ef que tu faches, 
enfeignee moi, parle; ne le cèle point à une 
fille malheureufe, toujours errante. 
RÉCYTS I1AMBIQUES. 
PROMÉTHÉE,. 

Je te dirai clairement ce que tu defires appren- 
dre; je le dirai fans ænigmes, fimplement, & 
comme on doit parler avec un ami. Tu vois celui 
qui a donné Je feu aux mortels ,. Prométhée. 

I O. 
Bienfaiteur commun des humains, malheureux 
Prométhée! comment as-tu mérité ce fupplice ! 
*PROMÉTHÉE. 
J'achevois à l’inftant ce récit déplorable. . . 
1 ©. 
Mais, dis-moï, de grâce /a)! ... 
PROMÉTHÉE. 
Quoi!...tu peux tout apprendre de moi... 
1 O. b 


Qui v'a lié fur ce roc efcarpé. 
da ue mnt Mae 5e SU nc 


. “ A 
(a) Littéralement: ne me feras-tu pas cette grâce! 
L2 


HTPOMHOETEZ. 38 
AM pui TEPS TXUMESN 
0, TU émayuére Ta, 
A UN EN A GApULLOY YOCDU » 
Dibor, ürep oida, OEM, 
peste Ta Sañue Rap IV&. 
T'AMBOI. 
TPOMHEE YS. 

Ac£o mes oo: mar, 0, eUÇus alu, 6 10 
(x éumAiuor aval, AN a7Ad Ayo), 
œarep Nuyor mes QiAou olydr qœux ) 
mvess Reyrois Grp opas Tlepumdia. 

; I a! 
D rod apéAnue Omar Paves, 
Tu TleoundS, & dl mages GA; 
HPOMHOETYS. 
Abo mou rés euous Opludy root. 
T A’. 
Oùxouv mepis où Thu Stpear euol (a); 
HPOMHOETS. 
Aëy lony jy may 39 CuTruguio pu. 
. r Q! 
Enunror ons cy pueayi ( d'ypa. 


(a) Schol. Hi, n drad'äfai pos is à douar o; 





39 TPOMHOE Y' 3. 
HPOMHOE Y'3. 


Béheuuax À m di, H'Oajquu 3 ip. 620 
Ar 
Tlouas 3 mio durAaxmuo Tr mes; 
HPOMHEOE Y:s. 
Tooodrr xd a cu plwicæy over. 
Kai DS: y Témis, mipua À Ejis AN as 
dUiboy ms és Th magie AO VOS 
TPOMHOETYTS. 
To pui par ai xpäoso À a ar mi. 
T a. 
Murs que xpuns ToÙ o7ep méMa maYË. 
1POMHOEYS. 
AN Ÿ leyaeg TN où Juphuares. 
Tr Q. 
Ti dire péMus un Ÿ peovioue T r&7; 
HPOMHOE Y3x. 
DYôvos A Sie cœùs N ouS Sexta Grease 
r a 
Mn pou mesxidbu pRosoy ds éuoi yAuxW. 6 30 
TPOMHEE T's. 
Ex DEIQU , 21 AëyY duous di. 


PROMÉTHÉE. 39 
PROMÉTHÉE. 
L'ordre de Jupiter, & la main de Vulcain. 
1 ©. 
Et de quel crime portes-tu la peine. ! 
PROMÉTHÉE. 
Je t'en ai dit aflez ; il fufft. 
1 ©. ’ 
Ajoute au moins quel fera le terme de ma 
courfe vagabonde. 
PROMÉTHÉE. 
Il vaut mieux pour toi l’ignorer que l’apprendre. 
1 O. | 
Ne me cache rien de ce qui me refte à fouffrir. 
PROMÉFHÉE. 
Si tu defires le favoir, je dois te complaire. 
1 ©. 
Eh bien! qui t'arrête! m’envierois-tu le plaifir.. 
PROMÉTHÉE. 
Non; mais je crains de brifer ton cœur (7). 
1 ©. 
Ah! ne me ménages pas plus que je ne veux. 
PROMÉTHÉE. 
Tu l'exiges ; il faut parler ; écoute... 


4  PROMÉTHÉ E. 
LE CHŒUR. 

Attends; que je partage le fruit de ta complai- 
fance. Sachons d’abord d’elle-même l’hiftoire de 
fes tourmens, & de l’infortune qui l’accable; tu 
l'inftruiras après de ce qui lui eft réfervé. .. 


PROMÉTHÉE. 


lo, c’eft à toi de les fatisfaire; elles font 
les fœurs de ton père : d’ailleurs il y a quelque 
charme à déplorer fes malheurs, quand ceux 
qui nous entendent doivent nous donner des 


larmes. 
I ©. 


Comment vous refufer! Sachez donc plei- 
nement ce que vous defirez apprendre, bien 
qu’il m’en coûte à raconter la caufe & du fléau 
dont le ciel m’accable, & de l’altération de mes 
traits. Au fond de ma retraite virginale, des 
fonges me vifitoient fans cefle; une voix flat- 
teufe me difoit: N ymphe trop heureufe,pourquoi 
t'obftiner à garder ta virginité, quand tu peux 
former l’hymen le plus glorieux ! C'eft pour toi 
que Jupiter brûle du feu du defir; c’eft avec 
toi qu'il veut goûter les plaifirs de Cypris. 


HTPOMHOETS. 40 
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41 HTPOMHOETYS, 

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_PROMÉTHÉE 4 
Fille d’'Inachus, ne dédaigne point le lit de 
Jupiter: va dans les plaines fertiles de Lerne, 
dans les pâturages que ton père arrofe, & contente 
l'œil amoureux du Dieu qui v'adore. Infortunée! 
tels étoient les fonges qui m’occupoiegt chaque 
nuit. Je rélolus, enfin, d’en faire part à mon 
père. .....Jl envoya fouvent à Pythos & à 
Dodone, demander ce qu'il falloit dire ou faire 
pour complaire aux Dieux. Long-temps.on ne 
lui rapporta que des oracles ambigus, & d’une 
impénétrable obfcurité. Enfin, on lui en rendit 
un, qui lui ordonnoit clairement de me chaffer 
de fa maifon & de ma patrie, & de me laifler 
errer jufqu’aux extrémités de la terre. S’il n’o- 
béifloit, Jupiter enverroit des foudres étince- 
Jantes, qui anéantiroient notre race toute entière. 
D'après cet pracle d’Apollon, mon père me’ 
repoufle de fa demeure, & m'exile. C’étoit 
malgré lui, malgré moi; mais le pouvoir de 
Jupiter /a) le forçoit à cdi siolence.. ..... 


Auflitôt, ma raifon & mes traits s’altérèrent; 








—— em em 





(a) Littéralement : Le frein de Jupiter Le néceffitoit à agir 


avec cette violence, 


*F 


4. PROMÉTHÉE. 
ces corhes, que vous voyez, s’élevèrent fur mon 
front : un taon me perça de fon dard aigu/a); d'un 
bond furieux , je m'élançai vers les flots falutaires 
de Cenchrée, & la fource élevée de Lerne. Un 
pâtre, egfant de la Terre, l'impitoyable Argus, 
me fuivit; de fes yeux innombrables il obfervoit 
tous mes pas. Un coup inattendu l'a privé fubi- 
tement de la vie ; mais le taon, ce fléau divin, 
me chafle de contrées en contrées. Voilà jufqu’à 
préfent mon fort ; fi vous favez ce qui me refte 
à fouffrir, déclarez-le moi. Dans votre pitié, 
ne me flattez point-par un menfonge. Trahir la 
vérité, c’eft le plus honteux de tous les vices. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT SYSTÉMATIQUE (8). 

Ah! c’eft trop....arrêtez : hélas! jamais, 
jamais, je n'ai pu m'attendre, ni au récit étrange 
qui vient de frapper mon oreille, ni à la vue 
de ces tourmens horribles, infupportables, de 
ces peines, de AR rreuts: un, irait à double 
tranchant pénètre & glace mon ame......O 
deftin, deftin ! le fort d’Io me fait friflonner. 


(a) Littér. cornue ; piquée par un taon à bouche aigue, 


HTPOMHOE TS. 42 
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—— ————————————_—_—_——— re 


(a) Esxponit Scholiafles : @eèc my Apr my mn ÿhr. 


Fi 


43 HPOMHOETS. 
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HPOMHOE T3. 

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XOPO EX 

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HPOMHOETS. 

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XoUQos" pair 5 To œepT à AenQere 700 
À dup tour boy tEmouxd uns 
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TA mes H'ous Tu + véarnl. 

Zu 4), L'yaye107 ADEPUX , TS ÉLLOLG Aypw 
Qœus Lan, ds à Tpuar Caualns ol. 
Tlegrr à cru nAiou mes aimons 
pélaion ut, qi aMnEgTes Yu, 
ZExvlas dapin vouadas, di mnexQs gyas 
med\asos poous em duxvxnois LUE, 
exnGoAois mEuay Enprngor 710 
05 ju TENEÇew* ŒAN ducovois 7rod\ag 
Huñbon paaqon Currepar ARove. 

. Auds 5 ques oi aiduegtéxToris 





PROMÉTHÉE. 43 
RÉCITS IAMBIQUES. 
PROMÉTHÉE. 

C’eft gémir trop tôt; vous vous alarmez aife- 
ment: attendez que vous ayez tout appris. 

LE CHŒUR. 

Parle, inftruis-la: dans les maux, il y a 
quelque douceur à favoir ce qu'on doit éprouver. 
PROMÉTHÉE, 

Vous avez aifément obtenu de moi votre 
première demande ; vous vouliez entendre 
d’abord d'elle-même le récit de fes peines: 
écoutez maintenant ce que Junon prépare 
encore à cette infortunée. Et toi, fille d’Inachus, 
grave mes difcours dans ton efprit, ils ’'appren- 
dront le terme de tes courfes. Au fortir de ces 
lieux, tourne tes pas vers les portes de l'Orient. 
Au travers de déferts que le foc n’a jamais fillon- 
nés, tu arriveras près des Scythes nomades, 
peuples armés de flèches légères, & qui n'ont 
pour demeure que des cabanes de rofeaux 
élevées fur des chars; évite-les, &, pour 
traverfer leur pays, fuis les bords rocailleux 


de la mer gémiffante. À ta gauche enfuite feront 


* F iij 


#4 PROMÉTHÉE. 

les Chalybes, qui forgent le fer, il faut les fuir; ils 
font feroces, inhofpitaliers. Tu arriveras aux bords 
du fleuve orgueilleux, qui ne dément point fon 
nom, N'effaye point à le paffer, le paflage n’en 
eft facile qu'’auprès du Caucafe, le plus haut des 
monts, & du fommet duquel ce ‘fleuve prend fa 
courfe impétueufe. La cime du Caucafe eft voi: 
fine des nues, il faut la franchir, & defcendre vers 
le midi; tu y trouveras les Amazones, ces filles 
guerrières, qui abhorrent les hommes, & fe fixe- 
ront un jour à Thémifcyre près du Thermodon, 
là où s’avancent dans le Pont les âpres dents de la 
roche Salmydeflienne, dure marâtre des navires, 
hôteffe haïe des nochers. Les Amazones te guide- 
ront elles-mêmes avec plaifir. Ainfi tu parviendras 
à l’thme des Cimmériens, aux portes étroites du 
marais Mæotide. Là, d’un courage ferme, quitte 
la terre, franchis la mer: les mortels garderont à 
jamais [a mémoire de ton trajet; ce détroit, d’après 
toi, fera nommé le Bofphore. Alors, tu n'es plus 
en Europe, tu entres en Afie (9). Eh bien ! que 
vous en femble ? eft-il affez violent, ce tyran des 


cieux! Parce qu'il veut lui ravir fes faveurs, 


TPOMHOETZ 44 

“oxodar XaAuGis, ÿe quagEa Ov dE en 
drnusegt D; NN mesaraqu Esrois. 
H'£us 9 uGeinr mraudr # -Jaudwrur, 
By pui meegons Ÿ À dans mpar, 
apr où res amor Kaëxaoo LAANS, der 
vu uiquy, {y TOTALE Cuque pos 
LPOTAG da avrare A'spoyxiToras 3 nen 720 
xopuPas nai, 85 meorgGeteu 
Llivoy EX, 4Ÿ A'ua.( over cpaTer 
n£us suyavp , dù Oeuinruexy 7OTe 
xaToruolow dugi OipuoT , ia 
Sayia mr Sanuvduosiz yados 
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Dr C° SSwyiooun à paiN deutrus. « 
l'Ouor dim abris quomepis AMVNS TÜNBIS 
Kiuucermo HEUS üy ea ovara ir Y 706 OE A 
aumooor and Cnmpèr Muwnxor. 730 
E”sy 3 Srnrois cine A0 ps eyes 
Sos mp, Boaoess S° emavupus 
xeioere. Avrolon 4” Evegmis mdr , 
irudr vus Add”. AP var douei 
6 TÂJ ed mvegrros ê6 Tù ma) ous 
Riouos vo; TU 70 ONTY 9406 

*Fiv 


45 TPOMHOEETS3. 
aies puyiru, GC ETEppi 4 TA dyas, 
Llixpod d EXLpTdg, à xOp, T où Va ua 
mnguess Où ÿ vud duixoac N'y 
évy Wxe co unVme y RESUOUIS. 740 

Fr «a, 
To por por. E°ÉèE. 
1POMHEEYS. 

Zu d” aÿ réxpayas xebva pau iQ y n mu 
dpaods orar @ Aoima AU Ka 5 

XOPO'x, 

H° jap nm Aimer TiS mur pas : 

| «* ÎPOMHOE T5. 
Avoyeiueegr # TÉNYYS aTheXs dus. 

: T A. 

Ti dr” euoi Elo népdbs, EAN céx Ta yes 
pp” éuouTl mio) 3m qoAou TETE 
omus me ouilaca , À méyroy méyuy 
dmMdyn ; Kpüosoy 59 diouraË Suyër, 

1 Gs dans uéegs maquis yaxds. 750 

HIPOMHOE T3. 

H° dors a) sus euos do Preis, 
To Qui LU Er Ÿ TEDeg puy" 
un À LE à mnuarar draN\ayi 





PROMÉTHÉE. 4; 
{un Dieu à une mortelle!) il la condamne à ces 
pénibles courfes. Quel funefte amant, o ma fille, 
le fort t'avoit defliné! & ce que tu viens d’en- 
tendre n’eft pas même le prélude de tes maux. 
1 ©. 
O ciel! ah malheureufe! 
PROMÉTHÉE. 
Tu foupires, tu gémis /a)....que feras-tu 
quand tu auras tout appris! 
LE CHŒUR. 
Et, que vois-tu encore pour elle dans l'avenir! 
PROMÉTHÉE. 
Une mer orageufe, un abyme de malheurs. 
1 O. 
De quoi donc me fert la vie! Que tardai-je 
à me précipiter de ce roc efcarpé! La pierre 
où je m’écraferai fera mon falut: il vaut mieux 
mourir une fois, que fouffrir tous les jours. 
PROMÉTHÉE, 
Comment fupporterois-tu les tourmens que 
j'éprouve, moi, à qui le fort défend de mourir! 


La mort, au moins, termine les fouffrances; 





(a) Littéralement : #4 as crié à mugi, 


4 PROMÉTHÉE. 
mes peines n'auront de fin, que quand Jupiter 
fera dépouillé de fa puiflance* 

J ©. 

Quoi ! Jupiter un jour perdroit fon empire! 
Que j'aurois de plaifir à en être témoin! puis-je 
ne le pas defirer, moi, qu’il traite fi cruellement! 

PROMÉTHÉE. 
II le perdra, tu peux en être aflurée. 
1 O. 
Et qui lui arrachera fon fceptre tyrannique? 
PROMÉTHÉE. 
Lui-même, par fa folle imprudence. 
* J O. 
Comment! explique-toi, s’il n’y a pas de danger. 
PROMÉTHÉE. | 
Pour fon repentir, il prendra telle époufe /a).…. 
I ©. 
Déeffe, ou mortelle! dis-le , s’il eft permis. 
PROMÉTHÉE. 
Que t'importe! fur ce point je dois me taire. 
] 0, 


Sera-ce elle qui le renverfera du trône ! 





(a) Litter. 4! éyoufera une époufe telle qu'il s'en repentira. 


HPOMHOETE. 46 
vd Nr A mépuanpuor DELA ror 
puy Bar , api a ZéÙs Curréon rvegvvidbs. 
T @’. 

H° > mr ‘6 Caroir aps Aa ; 
HS a, oiuu, TN iBdon cuugoear 
nèe d'CX a, Nms Cx Aus TAXE AENGE ; 

TPOMHOETS. 
Q'e rovuv vor mov oo Ha SEiy mLEx 
T Q!. 
Ness 1 meane nriex CUANIIEN ; 760 
HPOMHOETS. 
AÛTS CIS ae LEOPESNGY Len uarur. 
T Q. 
Too Sowc omnor, & LUI TS RngGn. 
| HPOMHOE TS. 
TauŸ vapor TiodToy, À MOT dAaAG 
rl à’. 
Oéopror, À Leger; ei pnrov, Pes.oor. 
TIPOMHOETYS. 
Ti d éyny (a); g DD prror NX TN. 
TI @’. 
H @ess Mypns Hricug Sesvey ; 
(a) Schol. der époas moior yéuor JAAnot ; 


\ 


47 HPOMHEOE T3. 
HPOMHOEETS. 
H° née maj péprepr mures. 
I &!’. 
Oùd ea dom To) Smspopi TUE; 
LIPOMHOETYS. 
Où QG , œpir é30y aÿ Cu No AuIw, 
rl Q. 
Tis Er 0 Adour (” ‘dr dxovrs Aus; 770 
1POMHOETY'S. 
Ty cùy ny aŸ CH rer ëvy +eeur. 
l'a. . 
Ds ras; À ‘os ms (7 draMaEe {ax0r ; 
TPOMHOE T3. 
Teins y pores mes Nix a Many vds (a)* 
T @’. / 
HS ex ér dEiuGAnres à tenue 
IPOMHOEYS. 
Kaj unit Çaur CxuaSeiy Cnre mors. 
ra 
Mn por mesmirer xépdbs, Ûr” Sogépese 
TIPOMHEOETY'S. 


Augr Ado ce he dproouy. 


(a) Esponit Scholiafles : roccdirance. 


PROMÉTHÉ E. 47 
PROMÉTHÉE. 
Elle accouchera d’un fils plus fort que fon père. 
1 O. 
Mais, ne pourrat-il point détourner ce malheur ! 
PROMÉTHÉE, 
Non; & auparavant je ferai délivré de ces liens. 
| 1 ©. | 
Et, qui t'en délivrera malgré Jupiter! 
PROMÉTHÉE. 
Un de tes defcendans; il faut que cela foit ainfi. 
I ©. 
Que dis-tu! un de mes fils terminera tes peines ? 
PROMÉTHÉE. 
Oui : le dixième après ton arrière-neveu /a). 
1 ©. 
Que cet oracle eft encore difficile à comprendre! 
PROMÉTHÉE. 
Ne cherche point, même à connoître ton fort. 
1 O. 
Tu m'as flattée d’un plaifir, ne m'en prive point. 
PROMÉTHÉE. 


De deux éclaircifflemens , je t’en accorde un. 





(a) Lit. le troifième de naïffance aprés dix autres générations. 


4 PROMÉTHÉE. 
: I ©. 
Quels font-ils ? parle, donne-m’en le choix. 
PROMÉTHÉE. 

Je te le donne; choifis, de favoir, ou ce qui te 

refte à iouffrir, ou le nom de mon libérateur. 
. LE CHŒUR. 

De ces deux grâces, qu’elle obtienne lune, 
& moi l’autre ; ne rejette pas ma prière : qu’Io 
fache de toi où elle doit encore errer, & moi, le 
nom de ton libérateur; je brûle de l’apprendre, 

/ PROMÉTHÉE. 

Vous l’exigez, je ne puis refufer de répondre 
à tout ce que vous fouhaitez. Jo, je te ferai 
d’abord le récit de tes courfes pénibles ; grave-le 
profondément dans ta mémoire. Lorfque, fran- 
chiffant la mer mugiffante, tu auras paflé le 
détroit qui borne les deux continens, tu t’avan- 
ceras vers les portes flamboyantes du foleil, juf- 
qu'aux champs Gorgoniens de Cifthine, où 
demeurent les vieilles filles de Phorcys, trois 
fœurs au vifage de cygne, qui n’ont qu'une 
dent & un œil én commun, & que jamais n’ont 


aperçues les rayons du foleil , ni l'aftre de la nuit. 


LE 
HPOMHOET 2. 48 
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XoPOo'x, 


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PROMÉTHÉE. 49 
Près d’elles font leurs trois autres fœurs, les 
Gorgones ailées, monfîtres abhorrés des humains; 
leur tête eft hériflée de ferpens ; qui les envifage, 
expire à l'inftant : je t'avertis du péril. Plus loin, 
autre fpeétacle effrayant, font les Gryphes à la 
gueule pointue, chiens muets de Jupiter : il faut 
ven garder. Évite aufli ces guerriers qui n’ont 
qu’un œil, les Arimafpes toujours à cheval, 
habitans des rives du Pluton qui roule de l'or 
dans fes flots. De-là tu pafferas dans une terre 
éloignée, chez un peuple noir, fixé proche des 
fources du jour, aux lieux d’où fort le fleuve 
d’Æthiopie. Tu fuivras les bords du Nil jufqu’au 
Pas, où, du haut des monts de Byblis, il 
précipite fes eaux majeftueufes & falutaires. Son 
cours te conduira dans File triangulaire de 
l'Ægypte. lo, c’eft-là que, par ordre du deftin, 
une nombreufe colonie fortira de toi &:de tes 
enfans {10).Ma prédiétion te paroît-elle obfcure, 
embarraffée! interroge-moi, je puis tout expli- 
quer; &, plus que je ne veux, j'en ai le loifir. 

LE CHŒUR, 


S'il te refte encore de pénibles courfes à lui 


* G 


so PROMÉTHÉE. 
prédire, fi tu en as oubliées, achève; fi tu as tout 
dit, accorde-nous, à notre tour, la grâce que 
nous t’avons demandée ; fouviens-t'en. 


PROMÉTHÉE. 

To fait le terme de fes voyages; mais pour 
laflurer que ma prédiction n’eft point vaine, 
je lui dirai ce qu’elle a fouffert avant d’arriver 
ici; ce lui fera la preuve de mon infällibillité. 
J'omets une foule de circonftances, & je parle 
de la dernière de fes courfes. 

Quand tu fus arrivée aux champs Moloffiens, 
- près de la haute Dodone, où fiége & prophétife 
le dieu des Thefprotes /a), & où font, prodige 
incroyable! les chênes parlans, qui, clairement 
& fans ænigmes , te faluèrent l'époufe future de 
Jupiter (fi toutefois ce titre te flarte encore ); 
un nouvel accès t'emportant , tu t'élanças le 
long du rivage, jufqu’au vafle golfe de Rhée, 
d'où, par des courles rétrogrades, tu revins 
péniblement fur 1es pas. Éternel monument 
de ton voyage’, le nom d’/onien, n’en doute 


pas, reftera, dans l'avenir, à ce golfe{r1). 


(a) Jupiter. Voyez la note (11). 








HTPOMHOET ZX. s° 
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NImeTor © oçayqu Radaox Eipos: 
(riad) to éy Veses TYs EUOUS EA SO! Kuœp1s.) 


PROMÉTHÉE. ss: 
lo, à ce récit, reconnois que mon efprit voit 
au de-là du préfent. Maintenant, écoutez toutes 
également ce qui me refte à dévoiler; je reprends 
ma première prédiction. Aux bornes del’ Ægypte, 
près des bouches mêmes & des fables du Nil, eft 
la ville de Canope ; c’eft-là que, te flattant d’une 
main careflante, Jupiter, par fon feul toucher, te 
rendra la raifon. De toi naïîtra un fils, le noir 
Epaphus, dont le nom rappellera l’attouchement 
de ce Dieu, & qui moiflonnera dans toutes ces 

plaines que baigne le Nil débordé. Cinq généra- 
tions après lui, cinquante fœurs (peuple féminin), 
pour éviter de former des liens inceftueux avec 
les fils de leur oncle, fe refugieront malgré elles 
dans Argos. Ceux-ci, aveuglés par la paflion, 
pareils à l’épervier qui prefle la colombe, vien- 
dront rechercherun hymen qu’ils n’euffent pas dû 
rechercher: le ciel jaloux les en punira. La terre 
Pélafgienne recevra les corps de ces malheureux, 
immolés par le fer affaffin de femmes enhardies 
dans la nuit. Chaque époufe, { que Vénus vifite 
ainfi mes ennemis !) plongeant un fer à double 
tranchant dans le fein de fon époux, le privera de 
* G ii 


52 PROMÉTHÉE. 

la vie. Une feule, féchie par l’amour, ne tuera 
point le compagnon de fa couche; fon courage 
s’émouflera : forcée de choifir, elle ajmera 
mieux s'entendre appeler läche que parricide, 
D’elle naïtra dans Argos une race royale. Pour en 
fuivre exactement lhiftoire, il faudroit de longs 
difcours ; mais, de ce fang fortira le héros, fameux 
par fes flèches, qui mettra fin à mes tourmens. 
Tel eft l’oracle que l’antique Titanide, Thémis 
ma mère, m'a révélé. Te dire comment & quand 
tout fe vérifiera, c’eft ce qui demanderoit bien 
du temps, & tu ne gagnerois rien à l'apprendre. 

1 ©. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Ciel... ociell..s..., 

Un nouvel accès, une fureur nouvelle me 
brûle!...,...1e taon me perce de fon dard 
enflammé, ...mon cœur, agité d’effroi, bat, 
à coups redoublés, contre mon fein.....mes 
yeux roulans tournent dans ma tête.....un 
mouvement de rage phrénétique me tranfporte; 
ma langue n’obéit plus, &, dans mes paroles 


confufes , la raifon lwyte vainement contre 


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PROMÉTHÉE. 5; 
l'orage d’une odieufe peine........ 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ÉPODIQUE. 
STROPHE. . 
Certes, il étoit fage, celui qui le premier éta- 
blit en maxime & débita en apologue, que, s'unir. 
à fon égal, eft, de beaucoup le meilleur: qui vit 
de fon labeur, ne doit ambitionner l'alliance ni du 
riche délicat, ni du noble orgueilleux (12). 


ANTISTROPHE. 

Jamais, jamais, o Parques, ne me deftinez à 
la couche de Jupiter! que je n'aie point pour 
époux un habitant de l’Olympe! Je frémis, quand 
je vois lo, vierge encore, fuyant l’amour, & 
toutefois, en punition de l’hymen qui l'attend, 
forcée par Junon à ces courfes épuifantes. 

É PODE. 


Un hymen afforti, eft fans danger, je ne le 
redoute point. Mais, o amour, que jamais l’œil 
inévitable d’un dieu trop puiffänt ne me regarde! 
On lutte mal dans cette lutte; elle eft pleine 
d'efforts & d’efforts vains (13). Que devien- 
drois-je! comment échapperois-je à Jupiter ! 


s4 PROMÉTHÉE. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
PROMÉTHÉE. 

Tout orgueilleux qu'il eft, Jupiter fe verra 
huimilié : tel fera le fruit de l’hymen qu'il 
médite, & qui fera tomber fon trône, & éva- 
nouir fa puiflance. Alors, s’accomplira dans fon 
entier l’imprécation que lança contre lui Saturne, 
quand il fut chaffé du fiége antique de fon 
empire. De tous les dieux , nul autre que moi ne 
peut lui apprendre comment il préviendroit ce 
malheur ; feul je le fais & pourrois le lui dire. 
Alors, qu'il aille s'afleoir hardiment dans les airs, 
fe fiant à fes nuages bruyans, & fecouant dans fes 
mains fes dards enflammés ; rien de cet appareil ne 
le garantira d’une chute ignominieufe. Je le vois, 
lui-même fe créer fon ennemi, athlète prodigieux, 
difficile à combattre, qui lancera des feux plus 
brûlans que la foudre, fera gronder un bruit plus 
fort que le tonnerre, & brifera le trident , cette 
arme de Nepturte, ce fléau maritime, commoteur/a) 
de la terre. Échoué à cet écueil, Jupiter connoîtra 


combien il eft différent de fervir ou de régner. 





(a) On a hafardé ce mot qui rend littéralement le texte. 


. 
LA 


| 
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TE lave , apr + Toodébyos-oxed\æ. 
Dlruiows 3 TON rmecs xax©, malnoery 
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s5 APOMHOET SZ. 
XOPO’Ss. 
Zu Snr d eHQus, madT” EhyAoos& Aus. 
H1POMHEETYS. 
Ari TAÎry, mess N à RÉAoUY A6. 
| XoPox. 
Kay mesoxar yen Samvodr Znvos md ; 
HPOMHOETS. 
Koy mrN y’ t£u Ua Aoparieps rorotg, 930 
X OP O’3.. . 
Los où mupOfs, midi Cnerrlor émn; 
HPOMHOETS. 
Ti SN dy poGou, © Sur Ÿ uopaor. 
XOPO 3. 
AN &0Aor àv cvs TIM y d AY megie 
TPOMHOET'S. 
OS où mime, rare eo dxuTe po. 
X OPO'x. 
Oi mesnuuvouvns Ÿ A'fpageiar, coQri. 
HTPOMHOETS. 
Zébov, mesnuyu, Sue À xparrT del. 
E‘noi d éngoso Znros À wndèr mena. 
Age, xparémo mor À Reayér eovor 
omus HAU. Aapoy 7 GX dpEu Doi. 


PROMÉTHÉE, $5 
LE CHŒUR. 
Ton defir fait ta prédiétion. 
PROMÉTHÉE. 
Je prédis, & ce que je defire, & ce qui fera. 
LE CHŒUR. 
Se peut-il que jamais Jupiter ait un maître! 
PROMÉTHÉE. 
Oui: & ce ne fera que la moindre de fes peines. 
LE CHŒUR. 
Et tu ne trembles pas en proférant ces paroles! 
PROMÉTHÉE. 
Qu'’ai-je à redouter ! le deftin m’a fait immortel. 
LE CHŒUR 
Mais, Jupiter peut aggraver tes tourmens. 
PROMÉTHÉE. 
Soit : je fuis préparé à tout. 
LE CHŒUR. 
Sage eft celui qui redoute Adraftée (14). 
PROMÉTHÉE. 

Refpectez, priez, flattez éternellement ce 
maîgg : pour moi, Jupiter eft ce que je méprife 
le plus. Qu'il agifle, qu’il exerce à fon gré 
fon pouvoir paflager ; il ne régnera pas long- 


6 PROMÉTHÉE. 
temps fur les Dieux....Mais j’aperçois fon meffa- 
ger, le miniftre de ce tyran moderne: fans doute, 
il vient m’annoncer quelqu’ordre nouveau. 
LES MÈMES, MERCURE. 
MERCURE. 

C’eft à toi, fubtil efprit, vafe amer d’amer- 
tume, coupable ennemi des Dieux, diftributeur 
d’honneurs aux mortels, voleur du feu célefte, 
c’eft à toi que je parle. Déclare ( mon père te 
l’'ordonne) , quel eft cet hymen dont tu te plais 
à parler, qui doit lui coûter Fempire! point 
d’ænigmes, il faut tout dévoiler. Prométhée, ne 
m’occafionne point un fecond meflage. Ce n’eft 
point ainfi, tu le fais, qu’on défarme Jupiter. 

PROMÉTHÉE. 

Quel difcours arrogant & fuperbe! qu’il fied 
bien au miniftre des Dieux! Nouveaux maîtres 
d’un nouvel empire, vous croyez habiter des 
palais inaccefliblesaux revers. Eh! n’en ai-je donc 
pas vu tomber deux tyrans! Je verrai la chute 
du troifième ; elle fera la plus prompte & lagplus 
honteufe. Penfes-tu donc que je tremble, que je 
m'abaifle fous ces nouveaux Dieux! j'en fuis bien 


TPOMHOETS. 56 
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$7 POMHOEEYS. 
xéAdUoy Lümep DAMES, éruore mar. 
Lébon 3 Sy Gv aï iqpys tué. 

: EPMH 3. 

Touwio® pdpros % @piy Ou Nour 
ts Go cam move, Xa Swpauoas,. 

HPOMHOEYS. 

This os agTetas À qui dvareg£iar, 
cupds émiçu(, GX a AMdEqU ya. 
Kpfosor 9 ou Tu agredur mifae, 
À rates Qui Zluwi mov ayeAor. 
Ovrus UCei eur Ts ue os ARE. 

EPMHS. 
XAUN Gr toxas mis muegda miuan. 970 
TPOMHOETZ. 
XAdb ; yAudbrras D rés Eos eo 
éylesxc idvqur x où dc Témis ty. 
EP MH. 
Pr nnno tent 
HPOMHOETYS, 

Ar A0yo Ts mayras ty aiez Juou, 

Goo maQcrTes ed, xaxoloi m' Cud\ros. 
EPMH 3. 
Kavo ( &p0 ueuyvoT $ puxpay voovr. 


PROMÉTHÉ E. s7 

éloigné. Va, retourne, fans tarder, aux lieux 

d’où tu viens: tu n’apprehdras rien de moi. 
j MERCURE. 

Voilà donc encore cet orgueil qui a déjà 
caufé tes malheurs! 

PROMÉTHÉE. 

Sache que je ne changerois pas ma mifère 
pour ton efclavage. J'aime mieux, oui, j'aime 
mieux être lié à ce roc, que d’être le meflager 
confident de ton père. C’eft ainfi qu'il faut 
outrager qui nous outrage. 

MERCURE, 
Sans doute, tes maux préfens font tes délices! 
PROMÉTHÉE. 
Mes délices! ah! telles foient les délices de 
mes ennemis , & de toi le premier ! 
MERCURE, 
Eh! quoi, m’accufes-tu de ton malheur! 
PROMÉTHÉE. 

Je n’ai qu’un mot: je hais tous les Dieux, qui, 

comblés demesbienfaits,m’accablentinjuftement. 
MERCURE, é 
Ta raifon fe trouble, je le vois; le mal ef violent. 


* H 


58 PROMÉTHÉE. 
PROMÉTHÉE. 
Qu'il me dure, fi c'en eft un de hair fes ennemis, 
MERCURE. 
Que tu ferois infupportable dans {a profpérité! 
PROMÉTHÉE ; (il foupire de douleur.) 


Hélas !.,.. 
MERCURE. 


Ce mot, Jupiter ne le connoît point, 
PROMÉTHÉE. 
Le temps le lui apprendra : le temps mûrit tout. 
MERCURE. 
Toutefois il ne t’a pas rendu fage. 
PROMÉTHÉE. 
Non : car je ne te parlerois pas, vil efclave. 
MERCURE, 
Tune diras donc point ce quemon père demande! 
PROMÉTHÉE. 
Je lui dois tant! il faudroit lui complaire. 
MERCURE. 
Tu me railles; tu me traites en enfant, 
PROMÉTHÉE. 
Eh! n’es-tu pas un enfant, & plus fimple 


encore, fi tu t'attends à tirer de moi quelque 


TPOMHOETY 3. 58 
1POMHOETYTS. 
Noooiu’ dy, 4 room Tvs &y eg quyair. 
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Eins @opnros CÉX dy, ë mpaiorus 1aAde, 
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EPMHS. 
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Ÿ Aurapiow À Héya gupudvor 
Jranouauos DTidouaniy er, 
Alone So rh" Ÿ mars No. 





(a) Verus adagium : @6ss wijuam Aunsir. 


PROMÉTHÉE. 59 


lumière ! Il n’eft tourment, ni rufe, qui me force 
à dévoiler ce fecret à Jupiter, avant que ces 
funeftes liens foient relâchés: j’ai dit: Mainte- 
nant, que la foudre étincelante tombe en éclats, 
que les feux fouterrains fe mêlent à la neige 
blanchâtre-des airs, & confondent la nature, rien 
ne me fera fléchir, je ne lui nommerai point 
celui qui doit le renverfer de fon trône. 
MERCURE. 
Mais, vois fi cette obflination peut te fervir. | 
PROMÉTHÉE. 
Tout eft vu; mon parti eft pris dès Jong-temps. 
MERCURE. 

Infenfé ! ofe, ofe, une fois, apprendre de tes 

malheurs à devenir fage. 
PROMÉTHÉE. 

En vain tu m'importunes : je fuis fourd comme 
les flots /a). Ne te figure jamais, que, redoutant 
les deffeins de Jupiter, devenu timide comme 
une femme, j'aille tendre les mains , & conjurer 
l'objet de toute ma haine, de me délivrer de 


mes liens ; j’en fuis bien éloigné. 





(a) C'eft ainfi que Stanlei interprète ce paffage. 
* H ii 


6o PROMÉTHÉE. 
MERCURE. 


Tous mes difcours, je le vois, font inutiles; 
mes prières ne peuvent te toucher ni t'amollir. 
Tel qu'un courfier fougueux, au joug inaccou- 
tumé, tu mords le frein, & réfifles à la rêne. 
Mais, en vain tu redoubles de rage ,‘l’effort eft 
impuiffant. Rien de plus foible par foi-même( 1 $), 
que l’orgueil d'un infenfé. Si je ne puis te per- 
fuader, envifage, au moins, l'orage inévitable/a), 
la tempête de maux qui va t’afläillir. Jupiter, à 
coups de foudre & de tonnerre, brifera ce roc 
efcarpé; & ton corps enfeveli demeurera caché 
fous les éclats de la pierre. Long-iemps après, tu 
reparoîtras; mais, alors viendra un aigle infatiable, 
chien ailé de Jupiter, qui arrachera de ton corps 
de vaftes lambeaux; convive ininvité /b), qui fe 
repaîtra chaque jour de ton foie noir & fanglant. 
Et, de ce tourment, n’efpère point voir la fin, à 
moins que quelque Dieu ne veuille fuccèder à 
ta place, & defcendre chez l'invifible /c) Pluton, 





(a) Littéralement : de triple flor, 
(b) On a hafardé ce mot qui rend le texte. 
(c) Voyez la note (16). 


HPOMHOETYS. 60 
EPMHS. 
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mèA0s, BiaCn % mes Ayid£ MAY Ye 
ATap ogodpuiy y ad copiuan. 1010 
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Encre d' édy qui mois éuois muoËis ASyis, 
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Qéezyla Besrri à mesure QAON 
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oJapruuiod cparos péya péxos , 
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* H iv 


61 TPOMHOET 3. 
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HPOMHOETS. 

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XVpa D moyTS Tea y À foie 


PROMÉTHÉE. 61 
dans les abymes obfcurs du Tartare (16). Main- 
tenant, confulte-toi : ce n’eft point ici un vain 
étalage de menaces; l'arrêt eft porté. La bouche 
de Jupiter ne fait point mentir : toujours fa 
parole s’accomplir. Confidère & réfléchis ; crois, 
enfin, que l'opiniätreté ne vaut pas la fagefle, 

LE CHŒUR. 

Mercure veut que, quittant l’orgueil, tu 
prennes un parti fage & prudent ; ce qu’il dit ne 
nous femble pas déplacé: crois-le ; il eft honteux 
pour un fage de perfévérer dans fa faute, 

RÉCITS ANAPÆSTIQUES. 
PROMÉTHÉE. 

Je favois déjà ce qu’il vient de m’annoncer. 
Qu'un ennemi fouffre de la part de fon ennemi, 
rien n’eft plus fimple. Après cela, tombent fur 
moi les carreaux tortueux de la foudre ; que le 
tonnerre & le.tourbillon des vents furieux en- 
flamment les cieux /a); que la tempête, fecouant 
la terre dans fes fondemens, en ébranle les racines; 


qu’un effort impétueux. confonde les flots de Ja 





(a) Littéralement : que l'air s’irrite par le tonnerre, & par 


le tuméfatlion inflammatoire des vents furicux, 


6 PROMÉTHÉE. 
mer avec les aftres de la voûte célefte; que, 
par le dur effet d’une force invincible, Jupiter 
précipite mon corps au fond du noir Tartare ; 
quoiqu'il fafle, je vivrai. 

MERCURE. 

Ces difcours, ces vœux ne-font-ils pas d’un 
infenfé ! 

Que manque-t-il à ce délire!..... 

Si le fort le fecondoit, où s’arrêteroit fa 
fureur ! 

Mais, vous, qui compatiffez à fes maux, 
éloignez-vous promptement de ces lieux : l’hor- 
rible mugiflement du tonnerre peut ébranler 
trop fortement le fiége de vos efprits. 

LE CHŒUR. 

Ah' donnez-nous des confeils que. nous 
puiflions écouter ; — 

— notre oreille ne peut fupporter de pareils 
difcours. 

Ofez-vous me confeiller linfamie ! 

Non; je partagerai ce qu'il lui faudra fouf- 
frir. 


Je fuis infiruite à détefter la trahifon ; de tous 


HTPOMHOETEZ. 62 
ovywoder , TÀS + gparior 
aspr diodbus 65 Te LEA IVOY 
Taprapor apuy plus Jéuas 1050 
Tgur, dydytns pas divoys* 
mayo tué y Ÿ Juarwod. 
EPMH S. 

Toit pros À QperorANx TN 
Banevuar tan Tr Er doÛcey. 
Ti À éme pr œ Para ; 
Es S dry, AL peouvidy ; 
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ovynéurouoey is 189%, Tomy 
para mov ppÎr Cx ras Sods* 
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BeorThs um dTéeaparor. 

X OPO'>x. 

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pu 0, mn ÿ mods # 90 di mou 
TO VA TANTOY MApÉTUpAE ETM0S. 
Tlôe pue EAU AEMOTHT” ar ; 
Mer md 0, nm jen, mage A0" 
rés mesdras Àà puorir Eux dr. 
K° GX én voa . 


6; HPOMHOETS. 
Thod) lny arémun ar. 
E P M H° 3. 

A Sy mem af in mes\tye 1070 
uv mess ans Onexloey, 
mur TU , mi mor ämrn- 
© @5 Zébs Duas is &roesloy 
TU’ aoëGahe un dur, avra) 
d° vuas auras. EiJ\ gay 5, 

x Gex Maps, ZN aelegios, 

us drrépartoy d\xrruoy d'Tns 

tu7Atylior® Ua” aoias. 
TPOMHOETY'3. 

Ko pui épyo x CEx En To 
Jo TER AEUTOT 1080 
Rpvya d 0 cÉsargr 
Regis, ennes d' Cxngumua 
gesnis Canvesi, spouGor 3 xony 
aXiosouat oupre d' ajépuv 
mvébuare TEYTOY , els a A\YAY 
quoi ,amrouu Sam ixro ve" 
EunQeaxry d djonp more. 

Toad" ao tuoi pm d\oSer 
Tbyouox Polo qi Parers. 


L) 


PROMÉTHÉE. 6; 


les vices, c’eft celui que j’abhorre davantage. 
MERCURE. 

Souvenez-vous, au moins, de ce qui vous 
eft annoncé. Si l'orage, qui fe forme, vous 
atteint, n'imputez rien au fort; ne dites point 
que Jupiter vous frappe d’un coup imprévu, 
& n'en accufez que vous-même. ... 

Vous êtes prévenues.... 

Ce ne fera ni faute de lumière, ni faute de 
temps, que vous vous ferez inmprudemment 
embarraffées dans le filet du malheur, 

( Mercure 7 les Nymphes fe retirent. ) 
PROMÉTHÉE. 

En effet, ce n’eft plus une menace; la terre 
a tremblé. . . L'écho fourd du tonnerre a mugi. 

La foudre brille à replis enflammés. . 

Des tourbillons de poudre s'élèvent. ..., 

Tous les vents déchaînés fe déclarent réci- 
proquement la guerre.... 

La mer fe foulève jufqu’aux cieux. ... 

C'’eft contre moi que Jupiter envoie cette 


épouvantable tempête... .. 


(La foudre éclate à tombe fur Prométhée,) 


64, PROMÉTHÉE. 


O mon augufle mère, & vous, enveloppe de 
la commune lumière, divin æther, voyez quels 


»* injuftes tourmens on me fait fouffrir. 


FI N. 


HPOMHOE TS. 


D pureos eus oicus, © mayToy 
? \ \ U [PA 

Op XOIOY PLIS AAIOTY , 
éopés os Ex NX TaXo. 


TE A OS. 


64 
1090 


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LES SEPT 
AU SIÉGE DE THÈBES, 


TRAGÉDIE 


D'ÆSCHYLE. 


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dpas. Daoi ÿd on + & [lé Ag7os yor Xpuaim my, 
ds Là dur À dAvns yuvauros, à CEX Cx 
Th Quyarcos of Oouaiou Laroinutlas, 0 
Acios npraoe, teurs dur, x avr) ouve- 
Vin, y opdmos ch dyegmis T œpperoploziar 
uriduËe, na Qws mep M % 0 Zeus Cp uois, 
À ovni dpracas. Orep  TéAs uabwr, 
Toy Adior xaTregonuT cf, oixéias por} live 
pins E'rei opur 0 Aaios JY ôv eipnr Soon 
d'reys n M maphxuaul er , ds D 8 A’mMoy0s 
mouwtiior mapeyérero, éebTiour et Êoi Texy- 
cuak. E'Enveyxe 9 avr) mo AENGHELY , 
Mn avtipe meurwy &/oxg durer Lie. 


SUJET 
DE LA TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE, 
INTITULÉE, 
LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 


L AÏUS, fils de Labdacus, régnoit à Thèbes. 
Il avoit pour femme Jocafte, fille de Ménœcée; 
mais il craignoit d'en avoir des enfans, à caufe 
des imprécations de Pélops. En effet, Laïus, 
amoureux de Chryfippe, (que Pélops avoit eu, 
non d’Hippodamie, fille d'Énomaüs, mais d’une 
autre époufe) l’avoit enlevé, &, contentant fa 
paflion, avoit donné aux mortels le premier 
exemple d’un amour criminel, comme Jupiter 
l'avoit donné aux Dieux, par l'enlèvement de 
Ganymède : Pélops , apprenant cet outrage, 
avoit dévoué Laïus à périr de la main de fon 
propre fils. Laïus vieillifloit donc fans ofer 
devenir père. Laflé de cet état, il alla confulter 
loracle d’A pollon , pour favoir s’il devoit refter 
toujours fans enfans. L'oracle lui répondit: 
Les Dieux 1e défendent de féconder ton époufe. 
À iij 


4 
Retourné à Thèbes, après cette réponfe, Laïus 


fe gardoit habituellement d'approcher de Jocafle. 
Cependant, un jour, dans un moment d’ivreffe, 
il donna naiffance à un fils, qui fut nommé depuis 
Œdipe. Lorfque cet enfant fut venu au monde, 
Laïus, (craignant l’accompliffement de l’oracle, 
qui avoit ajouté à fa défenfe, Le fils que tu ferois 
naître te féroit mourir, ce qui s’accordoit avec 
les imprécations de Pélops,) ordonna qu’on 
Jui perçât les pieds, & qu’on y fit pafler des 
anneaux d’or, pour le fufpendre fur le mont 
Cithéron, où il le fit expofer. Des bergers l'y 
trouvèrent, le prirent, & furent le préfenter 
à Polybe, alors roi de Corinthe. Polybe le 
reçut, le fit pafler pour fon fils, & l'éleva 
comme tel jufqu’à J'adolefcence. Mais, parvenu 
à cet âge, Œdipe, s’étant entendu reprocher par 
quelqu'un qu'il n’étoit pas fils légitime de ce 
prince, partit pour Delphes, afin d’y apprendre 
de la Pythie, quel étoit fon fort, & de qui il 
étoit né. Ton deflin, lui dit-elle, eff de tuer ton 
père, à d'époufer ta mère. Sur cet oracle, Œdipe, 


toujours perfuadé que les auteurs de fes jours 


4 
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A iv 


5 

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go Alouy ri, rame. Tevéxermo 3 
TT ©ÙSg + OnGuur rm Legn nm aviryig 
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ebegrror , éqéupe Toro o Oidimmu n 3 SQIrE 


5 
étoient Polybe & fon époufe, réfolut de me 


pas retourner chez eux à Corinthe, & prit le 
chemin de Thèbes. Laïus, fon véritable père, 
venoit, par la même route, dans le defir d’ap- 
prendre à Delphes ce qu’étoit devenu l'enfant 
qu'il avoit fait expofer, & qui étoit Œdipe même. 
Lorfqu'’ils fe rencontrèrent , les gardes de Laïus 
crièrentà Œdipe : Étranger, cède le pas à un Roi. 
Œdipe ne voulut point obéir ; Laïus le frappa: 
Œdipe, furieux, le tua, ainfi que tous ceux qui 
J’accompagnoient. Un feul échappa, qui, de 
retour à Thèbes, raconta ce qui s’étoit paflé. 
Œdipe y arriva, quelque temps après, & lorfque 
cette ville étoit défolée par un terrible fléau. Le 
Sphinx y propofoit des ænigmes, & dévoroit tous 
ceux qui ne pouvoient les deviner. Les Thébains 
avoient promis pour récompenfe à qui les déli- 
vreroit de ce monftre, la main de Jocafte, leur 
reine, veuve de Laïus. Le Sphinx ayant pro- 
pofé à Œdipe cet ænigme : Quel eff l'animal, 
qui marche, d'abord à quatre pieds, enfuite à deux, 
puis à trois ! Œdipe répondit: C’eff l’homme. Et, 
tel étoit le mot. De rage d’être vaincu , le Sphinx 


6 


fetua lui-même. Œdipe, devenu de cette manière 
l'époux de fa propre mère, en eut quatre enfans, 
Polynice & Étéocles, Antigone & Ifimene. Par 
la fuite, ayant reconnu le forfait dont il s’étoit 
rendu coupable , il fe creva les yeux, & laiffa le 
trône à fes deux fils qu’on vient de nommer. 
Ceux-ci eurent l'inhumanité de l’enfermer, privé, 
comme il étoit, de la vue, dans une méchante 
cabane. Œdipe les maudit, & fouhaita qu'ils 
fe difputaflent le fceptre dans, la guerre & 
dans les combats. Pour prévenir l'effet d’une 
pareille imprécation , ils ne voulurent ni régner, 
ni habiter enfemble à Thèbes, & convinrent que, 
tour à tour, l'un en refteroit éloigné, pendanuque 
l'autre y régneroit l’efpace d’une année, au bout 
de laquelle l’exilé reviendroit, & monteroit fur le 
trône que fon frère alors lui céderoit. Polynice; 
qui étoit l'aîné, occupa d’abord le trône pendant 
un an, puis fortit de Thèbes, pour lailer Étéocles 
régner à fa place; mais, celui-ci, lorfque fon temps 
fut expiré, & que Polynice revint à Thébes, 
felon leur accord , ne voulut point l'y recevoir. 


Repouflé par fon frère, Polynice fe retira chez 


6 
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Ed mir, a ouvépyion dure) à A'dpacus 
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dpa£aaX. AaGoy mir Cx Ÿ A'pyous pandas 
mNéiquy, amuow ës OnGas x3 TÙ oixéiou 
aNAGof. E’y9u % ours % 0 aJVADOS Ty 
UT a M\nAor épord nas. 

H' 4 Sy nailes Ÿ dpduaros, spana A’pyeicr 
mAuprodae OnGalors, TÉs x vuiourTase 
y Suvaros Erouncous % Tloauremors. E’r1ye- 
Je1%4 5 modos TN imla En OnCas, 
2j TD éd paTnipue Quages er @s mag 
F Oncor. Eici à avr dj On, eflamuAgi 
dj 5 © Ty Auto So, txamy@nuAI. 


7 
Adrafte, roi d'Argos, & devint gendre de ce 


prince, qui lui promit de l'aider à rentrer dans 
fa patrie, & à recouvrer fon royaume. Ainfr, 
Polynice marcha contre Thèbes avec une nom- 
breufe armée d’Argiens, & vint attaquer fon 
frère. Ce fut dans cette guerre, qu'Étéocles & 
lui fe combattirent, & fe tuèrent mutuellement. 

Le fujet de la pièce, eft donc, le fiége de 
Thèbes par l’asmée des Argiens , la victoire des 
T hébains, & la mort d’Étéocles & de Polynice. 
E Ile eft intitulée: Les Sept au fiége de Thèbes, 
parce que Thèbes ayant fept portes, ( Thèbes 
de Bœotie, car Thèbes d'Ægypte en avoit 
cent, ) il y eut fept chefs chargés de les attaquer, 
& fept chefs nommés pour les défendre. 


PERSONNAGES 


DE LA PIÈCE. 


ÉTÉOCLES. 


UN ESPION. F 


Il eft compofé de 
jeunes filles Thébaines. 


LE CHŒUR. } 


ISMÈNE. 
ANTIGONE. 

UN HÉRAUL.T. 
PEUPLE THÉBAIN. 


La première partie de la première fcène, (où 
Étéocles exhorte le peuple à la défenfe de la 
place) fert de prologue. 


La Scène eft à Thèbes, 


TA TOY APA MATOS 
I PO" Z Q II A. 


ETEOKAH 3. | 
A TTEAOZX xaerioroms. 
XOP OZ maple vor. 
TÉYMHNH : 
ÂNTITONH 
KHPTYTS£S. 


Nes AonGe 3 Eros, @Sporsud (ar À TI 
Onbauy diuor és pevezy À mono. 


H° £ Zuini d OlCaus Nada, 


Vo 








A'IEXYAOYT TPATAATA, 
ETITA EIIT OHBAIZ. 





l'A MBOI. 
É TEOK A HS. 


Ke MOT mA, jen Ar @ qe 
AS QUASOTE DER VYPS CP DPUUM MAS 
ciaxx vœuN, RAéquez un vou unve. 

E, # 70 ed meéctiy, Tia dr 

u d) ay >. Ÿ pa You, yuPoes: TU! 
E‘rouéns di de mA 2 Moy 

voi Y UT dqûy Pegipois TOAUPPOIDIE ; 
uoyaanir Ÿ, Gv Zeus A'AEZHTHPIOS 
éruyuuos Mur, Kad\uéioy me. 

T'uds 3 yen vd, à T iMém) En 10 
nGns axuaas, à T éEnGor +e0ve, 

Ragqnuor tAduvo@ couaros mAUy, 

Gpay T' EI0 ÉxaqU, WS TI CUURPÈMEE, 
mAu Tv dprydr, 2 Sedy éryweior 

Bouin auas pi ’Eañag}lva m0Te, 


9 





LES SEPT AU SIEGE DE THÈBES. 
TRAGÉDIE D'ÆSCHYLE. 





ÉTÉOCLES, LE CHŒUR, THÉBAINS. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
ÉTÉOCLES. 

Enrans de Cadmus, celui qui, comme moi, 
pilote de l’État, & aflis à Ja poupe, tient le gou- 
vernail, doit, chaffant de fes yeux le fommeil, 
donner des ordres prudens. Car, fi nous fommes 
vainqueurs, vous n’en remercierez que les Dieux; 
mais, fi, ce qu’à Dieu ne plaife, nous fomimes 
vaincus, feul accufé dans Thèbes, je ferai l’objet 
de murmures & de cris, dont puifle aujourd’hui 
Jupiter PRÉSERVATEUR nous préferveren 
effet(1). Je veux donc, en ce jour, que chacun 
de vous, même celui qui n’a pas encore atteint 
la verte jeunefle, même celui qui l'a paflée depuis 
long-temps , excitant ce qu’il a de vigueur, & 
s’occupant de foins convenables(2), prévienne la 


deftrudtion de fa patrie,& des autels de nos Dieux; 
1 B 


10 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 

défende fa famille, & la mère commune, cette 
terre, tendre nourrice, qui, lorfqu’au fortir 
du berceau, vous rampâtes fur fon fol accueil- 
lant, a fupporté le poids de votre enfance, & 
vous a nourris, dans l’efpoir que, habitans & 
défenfeurs fidèles, vous vous armeriez pour 
elle au befoin. Jufqu’à préfent le ciel penche 
pour nous: afliégés depuis. long - temps, le 
plus fouvent la viétoire, grâces aux Dieux, 
nous eft demeurée, Mais aujourd’hui, ce devin, 
defpote des préfages & père des augures, qui, 
fans brûler des vidtimes, infaillible en fon art, 
interroge & comprend les oifeaux fatidiques, 
dit que le plus terrible affaut des Achéens a été 
réfolu cette nuit, & qu’il eft préparé, Courez donc 
tous aux portes, & aux crénaux des remparts. 
Hitez-vous ; armés de toutes pièces, garniflez les 
défenfes, placez-vous fur les parapets des tours, 
gardez les dehors, demeurez fermes, & ne vous 
alarmez point du nombre des affaillans : le ciel 
eft pour nous. J'ai envoyé des efpions dans 
le camp ennemi; ils n’y auront pas en vain 


pénétré; inftruit par eux, je ne ferai point furpris. 


PE 


ETITA ETII ©@HBAIY. 1o 
Tao Ti, VA Te UTC, PiAGTn Vopd 
1 30 véos eprorlas ul ride, 
aravre mardbrodon me Nas 0] Avr, 
épédar” onuçrpas damdipoens 
mu, ons Mode mes ye60s TN. 20 
Koj y À te mod ylp eù péres Suos” 
aeovor DD n9n Tord TUpyrEgU ENS, 
xd @ mao TMAEUOS Cx Secy xwpé. 
Nûy dos d poarns Quoi, oiuvdy Borrp, 
Cp oo vou] % Qpeoir, muess dx, 
Henquéious oprilas andauS TÉrY 
oùros Toi Savons payruuarwy 
Ad pençqu mesobornr Axe 
vx Tr pa) xamesAeuady mA. 
AN 65 T'émaAËus À AUS upouu muy 3 0 
OPA MAVTES ; cod oùy TAYTEU VAR 3 
mAneoÎTe QwegrEie , LM TEA UE 
mÜpJoy quOnTe,  mu\GY em” Jodbis 
pümovres, dlaporire, pd) émAUdLy 
ToyCÎr dyar ouuAor eù mAŸ Sos. 
Zxomes 5 uw À AATOMNpA paré 
ni a voise Lo sde 
y Ta) dxoucas, Sn pui AnQÜd AAo. 

B ij 


11 ENTA EI ©HBAIS. 
A'TTIÉSOE - 

Enouees, oies Kalucior aaë, 

"LO oh Qusider Cn paë Qiexy à 40 

ans am du’ ty À mes ypadtur. 

Arles DD éme Sue AAA, 

* Tavegopansubres € eg STor cuxos, 

Ÿ NryaronTes HEpOi Tawpaou Dorou, 

Apluw, Evo, % Qi\uaroy DoGoy 

OpXOUITACU | À AU AL TLIUAPAS 

Dévns, perdu açu Kad\usiwy Ria, 

A yo Surornes Tu Quexody Qore. 

Mrmusid © TN mois muodaw ès Sous 

mess apu Adpaqu pair égegor, Jixpu SO 

AuGorres cluros N Üne LD DJS quua. 

ZiMespezr D Suuos drdprit Ayo 

ma, Acoymy os aplu SeSbpro mar. 

Ko Tr munis C6x ouvo ARo"iCerge 

x\neouuerog d) éAurmy, ds maAQ 79) 

Ex are} mes TU\ds appt Agyor. 

Less ruûr deiqus aides CuxpiTois miAews 

mod em” Jodun miyivoey LYS. 

Eu 2 ndn mavomos A’rycioy sparos 

mn, Xe, medla d'ayynqns dpes 60 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 11 


LES MÈMES, UN ESPION. 
L'ESPION. | 

Puiflant roi des Cadméens, Étéocles, je 
t’apporte des nouvelles certaines des ennemis; 
j'ai vu de mes yeux leurs difpofitions. 

Sept Chefs furieux, immolantun taureau fur 
un bouclier noir, tous, la main fur a victime 
égorgée, ont juré par le dieu Mars, par Bellonne, 
& la Terreur, amie du carnage, ou de détruire 
& de faccager aujourd’hui la ville de Cadmus, 
ou de mourir & d’arrofer cette terre de leur fang. 
Ils ont eux-mêmes placé fur le char d’Adrafte 
des gages de fouvenir pour leurs parens ; des 
larmes échappoient de leurs yeux, mais nulle 
pitié n’étoit dans leur bouche. Tels que des lions 
à l'approche du combat, ces cœurs de fer, que 
la rage enflamme, ne refpirent que la guerre(3). 
Je n'ai point perdu de temps pour t'inftruire; 
je les ai laiflés , qui tiroient au fort quelle porte 
chacun d'eux doit attaquer. Place donc promp- 
tement aux avenues des guerriers d'élite. Déjà, 
s’avance en bataille l’armée des Argiens ; la pou- 


dre s'élève, la plaine blanchit fous l’écume des 
B iij 


Eu cé 1P PET 


12 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 

chevaux haletans. Toi, pilote augufte de notre vaif- 
feau , munis Thèbes, avant que Mars ait foufflé 
la tempête. Déjà, mugit un flot terreftre de 
foldats ; faifis rapidement l’inftant de la défenfe; 
moi, le refte du jour, j'aurai fidélement l'œil 
ouvert fur l'ennemi: inftruit par des avis fürs 
de tous fes mouvemens, tu les rendras inutiles. 
ÉTÉOCLES, LE CHŒUR, THÉBAINS. 

ÉTÉOCLES. 

O Jupiter, o Terre, o Dieux proteéteurs! & 
toi, fatale Imprécation, vengeance(4)trop puif- 
fante d’un père! Ne renverfez point jufque dans 
les fondemens, & par les coups de nos enne- 
mis, une ville Grecque( 5), & vos propres foyers ; 
n’afferviflez pas fous le joug de l’efclavage, un 
pays libre, & la cité de Cadmus. Dieux, foyez 


notre défenfe : nos intérêts font communs ; 


c’eft dans la vidtoire qu’on peut vous honorer, : 


LE CHŒUR. 
RÉCIT MONOSTROPHIQUE. 
Quels maux funeftes, épouvantables, j'envifage! 
L'armée quitte fon camp, elle marche ; de nom- 


breux efcadrons la précèdent, fondent fur nous. 


ENTA ENT @HBAIZ 12 
Rodvet garyois iamxor CA TUE 
Zu d), we mos %4d\y05 0É240POQN ; 

Des Ea TÜMGUA ; piy x AC VOLS 

A'peose Pom À xp XprÉ PATS" 

» TS 4er 0N6 DxAGRS | naGe 

xéyo @ orme mar ALECITLO TOY 

doSu»xudy tEo, à cugluia Adypu 

ads @ © Qesdw, déagGns toy. 
ETEOKAHS. 

À Zi n à I, x moAS É01 toi ; 
des Tr E’eunvs mareos n eye erns, 70 
pui por mor Ve mpuprober mayo egr 
CuSaurionre Mit AwTOY, E'Madbs 
gBoylor rl à Jopous pesiSs* 

E\wNtegy D VAY TE Ÿ Kad\uou mA 
Cvyin SUN IOITt LMTOTE aide" 
yreën à dxui Eurd à ExriÇe AyIr 
mis 7 à mesos ton Juiuora, nu. 
XOPO 3. 
MONOZETPOIK A+ 
Op poécex meyaX dy. 
MaeSsir spaTos spaTomedy MT, 
DS ons JG news mCSdpopos iamemes. 80 
B iv 


13 ETITA ENT @HBAISZ. 
Aideeia nons pe mile Qurd- 

C; araudbs, Capis, éruuos des. 
E’ncuvas mdor\oxrumes | 
T'éyxeumleny Bo, mor peus 

D œuayirs Nuxy Vus deoxrumu. 

To, ©, 1@ » @. Ocoi, St 7’, 

CESLLEYOY XUXOY LAEUTETE. 

Box Up Tuiyiur 

0 AeUxg ans 0pyUTa 2905 e- 

Penn , Or mou doxur. 90 
Tis dex pucerg, | 
mis ap érapréod 

Doy, À Jay ; | 

Horex dir t0 mn- 

méco Rpern Juve ; 

lo, payapes euédpor , 

dxuaiQ es RpeTiwy EYoOy. 

Ti péMoudu d'ya quroi ; 

A'xSeT À GER d'aou- 

er” amd xTUMI: , 100 
Te7Ao yù gpéoy 

TT, Euh vdy, auQ} Auray éEouÿ ; 

Kyo Nibpux, 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 13 

Meffager muet, mais vifible &e fidèle, un 
nuage de poudre me l'annonce. ... 

Déjà s'approche le bruit réveillant /4) des 
armes qui s’entrechoquent /a) dans la plaine; il 
vole ; c’eft le fracas d’un indomptable torrent, 
tombant (6) du haut des montagnes. Hélas!... 
hélas!...,0 Dieux! o Déefles'! prévenez les 
malheurs qui s'apprêtent. . . Des cris menacent 
OS MUIS...... 

Un peuple, fous l’airain blanchiffant, s’avance 
en bon ordre; c’eit à Thèbes qu’il en veut. 

Qui de vous nous défendra. ..nous proté- 
gera?.... 

Auquel de vos autels irai-je me profterner ! 

Immortels habitans de ce temple, l'inftant eft 
venu d’embrafler vos images. 

Que tardons-nous, troupe trop déplorable! 

Ne l'entendez-vous donc pas, le choc des 
boucliers!.... 

Offrandes & couronnes, quand les porterons- 


nous aux temples , fi ce n’eft en ce jour! 





(a) (a) Le texte dit en deux mots feuls : qui fait fortir 
du lit, à fait réfonner la plaine du choc des armes. 


14 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
Jé lai entendu (7), ce bruit, ce cliquetis 
de mille lances. .... 


O notre antique protecteur. ...Mars. ... 


que feras-tu}......,.... Trahiras-tu ton 
pays... 
Dieu au cafque d’or..... regarde. ...... 


regarde la ville que tu aimois tant autrefois. . . 


O Dieux tutelaires........venez, venez 


tOUS » « . 
l 

Voyez ces vierges.......,,... troupeau 

de fuppliantes .......... +... que menace 


l'efclavage. . .. 

Un flot de foldats panachés menace Thèbes. 
il mugit............1e fouffle de Mars l’a 
foulevé. .… 

Père tout- puiflant. .... 

O Jupiter! ..... fauve-nous des mains de 
l'ennemi. .... 

Les Argiens afliègent la ville de Cadmus.. . 

Les armes meurtrières m'épouvantent. . . . 

Les freins, les chaînes que fecouent les cour- 
fiers, fonnent la mort (8).... 

Je vois ces fept Chefs reconnoiffables à 


ETNTA EN] @HBAISZ. 
aransr Sy 6105 dbess. 
Ti pus, mesdwods , 
ma ngi y Sur APNS 
Ty où VAY; 
(oÿ HRUTTÈANE duo, 
emd, em MAY, 
ar moT eQiAnrar 608. 
Oo mAoS of pi Xoros : 
ÊT', (TE HAT, 
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bu Aoauyns Up. 
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A'PtoS OEJMEVON. 
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dpn£oy Jiwy dam 
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2/g$vroi 5 VOVOY ITTEIOY 
XAYVE9YTA @ovor PAUL 
E‘fla d) dyvopes mpé roms spats 


- 


14 


120 


15 ETITA ENI @©HBAIS. 


dopuar dois auyais, AUAGUS Cas 
DELTIUYTA , Ta AJICYTES. 


Eu Tr’, © Auyés 
PiAQU yo XPATOE , 
puoilolis yavod, 
Tañas. O', © Yrmos 
ovrouédy ayaË 
FxBuGo AC pure ; 
Fooddby, émAuay 
POCS, emAauayr dy. 
Zu +’, A'pns, Qu QE, 
 Kadus émaruuer 

TAY QuagËo , 

Mo T Cap yos. 
Ko Kuœpis, dre 
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130 


140 


Eu 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES, 15 
left boucliers. . . lis font aux portes que le 
fort leur a marquées. 

Puiflance amie des combats. .... 

Fille de Jupiter ...... 

QPallsisisss: 

Sois notre gardienne aujourd’hui!... 

Et toi, créateur du courfier,..... toi dont 
le fceptre redouté des monftres marins (9) régit 
les eaux...o Neptune...viens, viens calmer 
mon effroi! 

O Mars......hélas!...... 

Hélas! ....., conferve une ville du nom 
de Cadmus..... 

Montre-toi hautement fon allié (10)! 

Et toi, mère de nos pères (11) ...... 

OV ses sos 

Fais-nous éviter la mort! .... 

Nous fommes de ton fang...... 

Les vœux que nous t’adrefflons doivent être 
écoutés. .... 

Dieu , jadis deflrutteur des loups. .....fois 
aujourd’hui deffructeur de l'ennemi (12)...... 
entends nos foupirs . sa 


16 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
Et toi, fille de Latone........ 
Favorable Artémis... 

Prépare ton arc..... 

Ciel!....ciel! ...les chars approchent de 
la ville !.... | 

Auguflte Junon!...... 

Les eflieux crient fous le poids... 

O favorable Artemis...... 

CCR ous se Giles 

L'air, agité par les armes, frémit(r3)...., 

Que doit fouffrir Thèbes! ...,.. 

Que deviendra-t-elle! quel foi: lui préparent 
les Dieux! hélas! Une grêle de pierres écrafe 
NOS TEMPATIS « + » « « 

Favorable Apollon!......, 

Le fon des boucliers d’airain retentit à nos 
portes... . 

Enfant de Jupiter.........fainte arbitre 
de la guerre! ...,,.. 

Reine immortelle des combats... ,.... 

. Oncée(14)!......de ton temple en face 

de Thèbes, défends la ville aux fept portes ! 

O divinités toutes-puiflantes !. ...., 


E‘TITA'  ENI @©HBAIX. 16 


AnTyvaux xoUex , 
TOE0Y eù TUXALE , 
A'pru Qiag. E'£ € €. 
O'AoGoy &ppua tr 

aupi AW XNUG. 

À mr H'ege 
Eagxor a Eoyer 
Retoeror you. 


HAN 


Apreu Qiag. EE € 


Aopurvaxros d” oOnp Érruarenx. 
Ti mous du mage, n Muroera; 


150 


160 


v ” 1 ‘ Y 2 
Eloi d'en mAos émayd Quos; E°é 6e. 


A'xpoGorur d éman- 
Ecor AiQus épyer. 

À QIX A’. 
KoyaGos y mVAgIs 

x romY cùxéw». 
Key d\oler 7oAe- 
OkpayTOy dyroy As, 
Ch HAUT Te Max 

P dydos”, O'yxx : mes MAS, 
emamvAor Edbs "ÉRPEUY. 
To, ravaAxds Soi, 


170 


LS 


17 ETTA EN @HBAIZ.. 
lo TÉAMO! , TAUX Te vas 
riod nupypQUAGUES , 
au dverrovor un est 
érreoqure spa. 
KAueTe map er 
xNveTe mayd\Loug 
XAICITOYS 5 NTAS. 
To, go: duruoves, 180 
AUTEJOI aupiéavres TA, 
MEaQ os piAomAuS 
pére itegy Jia, 
me pdpo d dpnéare: 
IA SUTY X mi 
MALO Op CO 
JAINGUpÉS ÉGE puol. 
ETEOKA HS. 
T'AMBOIL. 
Tu tepmd, Spéuuar GX dvagera 
ñ mir déçu À mAA curieux , 
pare) ve Jupoos TS mupyesuve, 190 
Bpémn movucas meis moMosovywr Sedr, 
ae, Agua CE, cupesrar puoiual ; 
Mur cd xaxoin, pur” © éÜequi QiAn 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 17 

O gardiennes, & gardiens invincibles (15) 
de ce pays!......... 

Ne livrez pas à des barbares { 16) ces remparts 
déjà fatigués. .... 

Écoutez. .........entendez des vierges 
timides, qui, les mains étendues, vous adreflent 
des vœux équitables. 

Dieux amis.........protecteurs habituels 
de cette ville. ..... 

Prouvez que vous l’aimez......que vous 
veillez fur vos temples. ....... 

Veillez-y pour les défendre. .... 

Souvenez-vous des fêtes, où tant de victimes 
vous font immolées. 

LE CHŒUR, ÉTÉOCLES. 

ÉTÉOCLES. 
RÉCITS I1AMBIQUES. 

Répondez - moi, troupe importune ; eft - ce 
ainfi que vous fervez & fauvez la patrie; que 
vous encouragez nos foldats affiégés ; en tom- 
bant proflernées aux autels de ces dieux tute- 
laires avec ces plaintes & ces cris! Sexe, haï 


des fages! que jamais, foit dans le malheur, foit 
1 C 


18 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
dans la profpérité, je n’habite avec toi! Loin du 
_dangeï, ta préfomption eft infupportable; dans le 
péril, tu es le premier fléau d’une famille & d’un 
peuple. En fuyant ainfi devant nos foldats, vous 
leur communiquez votre lâche foibleffe ; c’eft 
vous qui fervez le mieux nos ennemis; c’eft dans 
nos murs qu’on travaille le plus à notre perte. 
Voilà ce dont nous fert la fociété des femmes. Ah! 
quiconque me défobéira, femme, enfant (17), 
ou homme, l'arrêt de fa mort eft porté: point 
de grâce; il fera Japidé par le peuple. C’eft à 
l'homme, non pas à la femme, de pourvoir aux 
foin$ du dehors; tranquille au dedans , qu’elle 
ne vienne pas le troubler. Suis-je, ou ne fuis-je 
pas entendu! parlé-je à des fourdes ! 
LE CHŒUR. 
RÉCITS ANTISTROPHIQUES. 
STROPHE PREMIÈRE. 

© cher fils d'Œdipe! l’épouvante m’a faifie au 
bruit & au fracas des chars, au cri des eflieux 
preflés dans les roues, au fon de ces freins & de 
ces chaines étincelantes, que fecoue la bouche 


des courfiers (18). 


ETITA ENT @HBAIZX. 18 
Evvorxos leo Tel purée ue. 
KeaTèon fi 7, Sy quan Sexovs, 
Simon d°, oixo y mAU TAéor xExor. 
Kay ydy mohiraus, @os 2/gdpouors Quyas 
Quicey , SeppodnonT” a dvor auteur 
@ T Quexder d’ ws deg” opéMeTe 
avr) d' ug Ti chirger mp weIu. 200 
Torre d aÿ yvuËi cuurdo és. 
K' & pui ms aps À tuNs door, 
ip YA TE, DAT merajyquo (a), 
pos xaT’ ait ondeix RéAsworry, 
Acute diuou d° Yn pui Guyn poesr. 
Méhu 90 dpi, um yuyn REAevéTo, 
Ta£uosr Cydvr d Bon, un RagGlw nov. 
H'rouous, à GEX Nuouons , À xMQN A6; 

XoPO's. 
ANTIZTPOHDIK A. 

À io Oifirou Téxos , édtio” duoU-  Zmpepid, 
cuox À apuaToxTumuy 0060, 0H TE 210 
overyes ExNay Eu EAiTCot, om- 

X0Y T' ŒUrvoy MNÎL y EVE) qua 
mveÿueTay paid. 





(a) Scholiafles : omp A yoranty à T drdpay uxovr. 


Cij 


A‘vncpogh 
d. 


Zrpogs B. 


19 ETITA EII @HBAIZ. 
ETEOKAH3. 
TA MBO I. 

Ti 5 0 veuTns aex A & DePeRY Quyer 
Ground , édpe umo uTreias, , 
VEOS AEUAOUONS TOITIO MCE RU ; 

x oPo'sz. 

AN "6 Juuoror mesdpouos FA Sor ag 
je Rpih, miouvos Deois, pigadbs or 0- 
Do npouduns Besuos cp müngus A To- 

T ipOnr DGo mess paxserr As, moAtws 
w APE yoier LA XVe 
T'A MBOI. 
ETEOKAHS. 
Dluppr aydr eee moaequar pu; 
X OP O0'=. 
Oùnodr GS ésg res Jeux. 
ETEOK À H°S. 
AN Sy Sous 
nds À dAoUoNS mones Cum A9 (4). 
XoPo zx. 

Mir eur aeT cidre Aires Sud 
7 

(a) Scholiafles : On SuRmE mpnire À Tepix , épérnony 
où Soi drendeuos En Ph vaûr me djdAuATE aura. 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 19 
ÉTÉOCLES. 
RÉCIT JAMBIQUE. 

Quoi donc! quand la tempête fatigue le navire, 
eft-ce en fuyant de la poupe à la proue, que 
le nautonier peut échapper au naufrage ! 

LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

Pleine de confiance dans les Dieux, j'ai couru 
au pied de ces antiques ftatues ; le bruit d’une 
grêle meurtrière de traits retentifloit aux portes; 
Veffroi m'a fait élever mes prières jufqu’aux 
Immortels, pour qu’ils défendifient cette ville. 

RÉCITS IAMBIQU'ES. 
ÉTÉOCLES: 
Vous demandez que ces tours réfiftent äl’ennemi! 
LE CHŒUR, 
C’eft ce que j'efpère obtenir. . .. 
ÉTÉOCLES. 

Mais, une ville prife, fes Dieux, dit-on, 
abandonnent. . .. 

LE CHŒUR. 
STROPHE SECONDE. 


Ab! que pente , moi vivante, ces Dieux ne 
RE. C ii 


20 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
nous quittent! que jamais je ne voie cette ville 
faccagée, & l’ennemi dans nos murs, la flamme 
à la main! os 
ÉTÉOCLES. 
RÉCIT IAMBIQUE. 

Pour invoquer les Dieux, ne nous perdez pas: 
l'obéiflance, dit-on, eft la mère du fuccès, 
la compagne du falut. 

LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE SECONDE. 

Le pouvoir des Dieux eft plus fort; fouvent, 
dans la nuit épaifle du malheur, il diflipe le 
nuage étendu fur nos yeux. 

ÉTÉOCLE:S 
RÉCIT IAMBIQUE. 

A l’approche de l'ennemi, c’eft aux hommes 
de faire les facrifices, & d'interroger les Dieux ; 
aux femmes, de fé taire, & de fe retirer. 

LE CHŒUR, 
STROPHE TROISIÈME. 

Gräces aux Dieux, nous habitons une ville 

invaincue; ces remparts réfiftent à l'effort des enne- 


mis. Votre orgueil blâme-t-il cet hommage (19)! 


ENTA EI ©HBAIZ 20 
aN rarmwes, id) "Endou Gr 
D dqudpouousdpar mou , Ÿ PATEUR d= 
Roudvoy ruei Ji. 
ETEOKAHS. 
I A MBOI. 

Mn pui, Soc xa/0Jox, B#Aevou XL" 
rapyia > '@t à doesbias 230. 
puirno, yuvi cures Gd' éye A0ps. 

XOPO'Z. 

E"a Quois M TU AE OUTEPT ER" A‘ragpog 
mMau d y xawin Qr aumyæror a 
Cu ju%emas das, Up) OuaTu xph 
prauSlar vepéAar pal. | 

ETEOKA HS. 
TA MBOI. 

And Qd 6, opana À Aeniea / 
Quoiow tp, moAquor meer ver 
où d” &ù, TD ayér, 9 pbur ëiou dur. 

KOP OS. | 

Aid Hd, mou veuoue dduaqo,  Zrpopi re 
dousréur d 0yA0 Tupys >mgyl 240 
Ti rad vépeois (a) quyd 5 

(a) Exponit fcholiafles : #ms ñ Sn 0 meule. 


C iv 


A'rnçpogh 
7: 


21 ETTA ETNI @HBAIS. 
ETEOK A H°£. 
l'A 'MBOI. 

Oùn PIS ou duuovoy nucy Pos: 
AN @6 MATE fui XXxoamA ar Vo ÈS, 
m/s iQ, und dryar VapPpo6S. 

X OPO z. 

Tlorapur iAvouon ra @nor, aux 
rapGoouve pou Qrd 5 dxpomaw, 
Tipuoy Eds, ixoueu. 

l'A MBOI. 
ETEOKAH3. 

Mn dy , eu Ononots À Treo Syors 
AUTNOE , KWXUTOIOI rai ere 
To 39 A'pns Roonemy poGo Reprar (a). 250 

XoPo's. 
Kay pui arabe Vo maèr Quad mur. 
ÉTEOKANSX 
Mn vud &xouSo” tuQads dxov’ dryar. 
X OP O'3x. 
Zu mAuoua Mio, w5 aux ver. 
ETEOK AH =. 
Ouxour eu’ apxd Tai Réeer méer. 





(a) Scholiafles : reg!)  djuan TN opañouérer T@ 06e. 





LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 21 
ÉTÉOCLES. 
RÉCIT IAMBIQUE. 
Honorez la Divinité, j'y confens; mais ne 
découragez point nos foldats, & calmez vos 


alarmes; raflurez-vous (20). 
LE CHŒUR. 


ANTISTROPHE TROISIÈME. 

À ce fracas fubit, craintive & treimblante, je fuis 
accourue dans cette citadelle, afyle faint & facré. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
ÉTÉOCLES. 

Si vous voyez des morts, des bleffés , retenez 
vos cris: le découragement livre à Mars fes 


viétimes /a). 
‘ LE CHŒUR. 


J'entends hennir les chevaux. ... 
ÉTÉOCLES. 

Feignez de ne pas les entendre. ... 
LE CHŒUR. 

Ces remparts gémiflent, l'ennemi les preffe. 
ÉTÉOCLES, 


Ne fuffit-il pas que j'aie pourvu à tout! 





(a) Littéralement : Mars fe nourrir par la frayeur des hommes. 


22 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
LE CHŒUR. 

Je tremble; le bruit redouble aux portes... 

. ÉTÉOCLES. 

Taifez-vous, gardez qu’on ne vous entende. 
LE CHŒUR. | 

Confeil des Dieux, ne trahiflez point ces remparts! 
ÉTÉOCLES. 

Malheureufes! ne pouvez-vous fouffrir en filence! 

: LE CHŒUR. 

Divinités Thébaines, fauvez-moi de l’efclavage! 
ÉTÉOCLES. 

Et, vous le préparez pour Thèbes & pour moi/a). 
LE CHŒUR. 

Puiffant Jupiter, tourne tes traits contre l'ennemi! 
ÉTÉOCLES, 

O Jupiter, quel préfent que les femmes! quel fexe! 

LE CHŒUR {bas), 

A plaindre, comme le vôtre,quand une ville périt. 
ÉTÉOCLES 

Vous murmurez encore au pied de ces ftatues! 
LE CHŒUR. 


Je fuis foible; la frayeur égare ma langue... 





- (a) Sous-entendu : par vos pleurs àr vos cris. 


ENTA ETNI @HBAIZ 22 
X oPO’S. 
Ado, apayuos d' Cp MUAgIS 0PEANerge 
ETEOK A HS. 
Ov Ga ; under rodyd" éps LA Toy. 
xX Oo P Os. 
À Euvrinur, pui mesdds muraux. 
ETEOKAHS. 
Oùx, ès @Desr, my00 aion GN; 
XoPro'x 
Oui mom, pui pue AuAEAGE Tuyeir. 
ETEOKA HS. 
Ad où d'os x ue D maca mAW (a). 260 
XOPO'S. 
T rarxpatis Zeb, Sexlor eis éyegrs Res. 
ETEOK A HS. 
À Zid, yuvouoy for émagus Mons... .. 
X Oo P' 0’ x. 
Moyôresr, wantp dvdpas, @y d'A MA. 
ETEOK A HS. 
Tlauvques ad yfdrous ya AUaTEy. 
XOPOz. 
A'joya 3 yAdora pra &4 poGos. 
(a) Scholiafles exponit : Splwëoa , dhnevon, # xpaQsoz. 





23 ETTA EN] @HBAIS. 
ETEO K A H°x. 
Aiteppe pur xod@or el Sbins méAoe. 
XOPO' 3x. 
Aépis dr os Gyiçu, ÿ my äoousl. 
ETEOK À Hz. 
Zion à Gaara, un QiAou poGes 
XOPO'3x. 
Ze oud dus méioouy T parues. 
ETEOK À H°3, 

TE7 &yT Crew tros ajeod us céder. 2 70 
Ko mess y Ténus, Curos Êo’ d'yAA Ua TRY , 
evyou @ xjeo5e, CUWLa YOU Eve Dao. 
KeuXJ duotouo Lyparer, rer où 
0 AAvyaor icegr dun ryanovr , 
E’Mwrnor vouuoua Suçaidbs Pons, 

Dupoos PAU, Avouræ moAëUoy DoGor. 
Ex 5 eXS Tois MOINS QUYOIS Jos, 
rrédoroucis Te x’ d'pexs "Éhioncris , 

Aipons me mie, $S de Toulwo ty, 
e Euvrvyrmor, » moAcoS oeruauirns, 280 
Aou duos os isias Sad, 
TALVEATOYOUDTLS Jeoiow | Àd) ÉTEU OUI 
Onody Sora, moAsior d' éOiuaTa, 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 23 

ÉTÉOCLES. 

M'accordergz-vous une légère grace! 
LE CHŒUR. 

Quelle eft-elle! hätez-vous de m’en inftruire. 
ÉTÉOCLES. 

Reftez en filence ; n’effrayez pas nos guerriers. 
LE CHŒUR. 

Je me tais: mon fort fera celui des Thébains. 
ÉTÉOCLES. 

Voilà le fangage que j'approuve. Ceffez auffi 
d’embraffer ces flatues ; & ne demandezaux Dieux 
que le plus utile des fecours, leur affiftance. Ecou- 
tez les vœux que je vais prononcer, & n’y répon- 
dez que par des accens facrés, propitiatoires , par 
ces chants, dont les Grecs ont coutume d’accom- 
pagner les facrifices, pour encourager le foldat, 
& chaffer la terreur. Je jure aux Dieux de cette 
ville, aux Dieux gardiens des champs & de la 
cité, aux fources de Dircé, fans oublier Ifinène, 
que, fi nous fommes vainqueurs, fi Thèbes eft 
fauvée, nous rougirons leurs autels du fang des 
brebis & des taureaux; & que, dreflant nos 


trophées dans leurs faintes demeures, nous leur 


24 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
confacrerons les armes, & les dépouilles de 
l'ennemi terraflé. Uniflez-vous à ge vœu , fans 
gémir, fans poufler des cris vains & fauvages, 
qui ne changeront pas le deftin. Cependant, 
je vais, moi feptième , avec fix guerriers, valeu- 
reux adverfaires de nos ennemis, pourvoir à la 
défenfe des fept portes, avant qu’il nous vienne 
des avis redoublés , des rapports précipités, & 
que le danger nous preffe. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 

J'obéis (21).....mais mon cœur ne peut 
fe calmer. Toujours préfente, l’idée de l'enneini 
entourant. nos remparts, réveille la terreur dans 
mon ame..... 

Ainfi la colombe nourricière, habitante 
inquiète d’un foible nid /a), craint le dragon 
pour fes petits. .... 

Une armée....,.un peuple.....marche 
contre nos Imurs.... 


Que deviendrai-je!.... 








(a) Le texte dit d'un mot: poffrffrrice d'un nid peu für. 


ETITA ETIT @HBAIZX. 24 
paques. Juwr Supiranyt ayrois Sous. 
Tor éTEU you pi PiAoqyws Dvois, 
pd” Cp parus x dyelois mia 
ÿ PP? mi HAN oy un quyns To Lôpoier. 
Eno d &a” dvdpas &E, euoi out Co, 
arrrpi@s tyeoior À uéyar Tomy, 

5 emaruyis Jéodbre GE punwy, 290 
op dry A asp vou TE % @ yvppogous 
Npu Mat, à EAiydr RES 70. 
XOPO'x. 
ANTIETPOIKA. 
Méhu (a) qe d #y Ümacod xéap.  Xrpogi a. 
l'éiroves 5 XapNas uéeiuvo 
Cunvesdn raipGos, 
T duPiTer Acoy 
dpaxorra dos ns Téxvar 
WW 2)177 Aey£- 
œy auviruex 
may Te 0 Pos ME UGS, 300 
Toi & À mon mopypw 
mardi, 7ayouu}&, 
gpva. Ti; vous ; 


(a) Scholiafles : #ri , pegriles à mr d Enoxañc. 





25 ETITA EI @HBAIZ 
Toi d” to” aupiGoAviny : 
iaso mors 
PH OxpuotaT ar. 
Tlayn Somo, doÿuds à 
Doi, MAY Y SpÈTO 
Kad yomÿun puede. 
Lloioy Sœur ya; mdr 310 
mac) pur, eyBegis apéytes 
Gs Rando de, 
Up Te Aupyguor, &- 
TepéçuToy mouaTwy, 
oowv not Ilood- 
dy o aa oyes ; 
TnQvos Te ras ; 
Tless QG), à mood yes 
Quoi, mio À Ec 
mÜpyoy dydpoXéTuipgy 320 
x Gr pilomno a@r 
eubañoyns, deside 
xUdbs Tois À MA IRUS 
À MAY pUTHpeS 
evedbol Te GAIN , 
DEvnpois MTAjOW. 


“ 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 2; 

Une grêle de pierres... ,de traits(22).... 
tombe de toutes parts — 
— fur nos foldats. 

Enfans de, Jupiter !.... 

O Dieux!....venez tous... ,défendez la 
ville & le peuple de Cadmus. 

ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

En quelle contrée plus chère irez-vous 
habiter, fi vous livrez à lennemi ce pays 
fertile, — 

— & les eaux de Dircé,— 
— Dircé, la plus falubre des fources, dont les 
filles de Thétys, & le Dieu qui preffe la terre, 
faflent préfent aux mortels ! 

Divinités tutélaires de cette ville!... 

Envoyez hors de ces murs, aux afliégeans, 
l'effroi qui fait tomber les armes, qui tue les 
hommes ; — 

— & rehauffez notre gloire(23).... 

Sauveurs des Thébains, — 

— fauveurs de Thèbes, reftez ici fixés à 
jamais ; — " 
_—écoutez nos accens lamentables. 
4 D 


26 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
STROPHE SECONDE. 

, Quoi! Thèbes, cette ville antique, feroit 
livrée à la deftruétion! proie de l'épée, pâture 
de la flamme (24), elle feroit abandonnée fans 
honneur par les Dieux aux ravages de l’Achéen! 
Ces mères. ..o ciel!....ces vierges... .les 
cheveux & les voiles arrachés, . . feroient.. .. 
comme de vils troupeaux. ......traînées en 
efclavage! ............&, dans ces murs 
déferts, retentiroient les cris confus des captives 
défolées (25)!..... 

Quel affreux deftin je redoute! 

ANTISTROPHE SECONDE. 

Jeunes filles. ..fort déplorable! .. tendres 
fleurs, fans vous laifler le temps d’éclore, 
une main odieufe vous tranfplante dans un fol 
étranger (26)! Mourir, oui, mourir aupara- 
vant (27), eft cent fois préférable. 

Hélas ! qu’une ville prife d’aflaut éprouve de 
malheurs!,...... 

Par-tout s’y préfentent, lefclavage, la mort, 
les flammes @8)............la fumée la 


couvre........le deflruéteur des “peuples, 


ENTA EI @HBAIS. 26 

Oro D, mA Ts wwe Sarcqi B. 
A'iy œesid\Vey, Îtess dyear, 
AtvAcior Lo papa ao à 
Ua” aidpos A'uê So) 330 
repondu anus , 

Gs 5 eyiepuvas gyOw, 
Ê  E, vd Te Ÿ Tangias 

io mnîy FAOKEUGY , 

Trepiep pny LI œv Dupéar. 

Bou d Curevouta mA, 
aus omundvas puËcbesou' 
Rageias mi royas mesraped. 

Kagvnv d' dpnreomus, wuodbomty A'racpogi 
ypoiuoy mesraesider {our ey .340 Be 
Souarcyr quycegr odbr. 

Ti; À ghdyor D Gest yO 
ReArez mi œegasur. 

ToMa 99 eùre mous Juuto, € €, 
dev TÉ MELOTE. 

A'Mos d” dy ay, 

pordba, @ 5 à mupgopd* 

xamnd ) Hcvera MAICL ERA 
marouvos d'Enimd puces 

D ij 


Eroqn y 


Avr opn 
y. 


27 ETITA ENT @HBAIZ. 
puoivor éoiGeay A'pns. 359 
Kopropuyg d” ayt aq, 

on Houy d) opagvn mupyons 

res aydpos d° dynp Jbel yuveru 

Rage d œuanes y 
TN Cruand\o 
apnrecqds Lpéuorre 
aprayag 3 A/odpouay ougjuoves 
EuuGoag Piepy Giesvn, 

4 EVOS HEVOY xXf, 


$ 


Eubyouoy So éyur, | 360 

Ste peélor, ST” iooy Afnmueros. 

Ty Cu Tbd exgiom Aonps maex ; 
Tandis 3 pros. 

Jemads meoûy SAYYEA HUfITEE* 

mtapor dou -JUAGUATTAGY" 

moMa d° æxpiTopupros 

vas denis Sndbyois 

C4 PoM01O1 Gopdra,. 

Auaides 5 {YO Loyes vécu 

TAnuoyes day ay pa \ TE 370 

ardpos druycuvros, vs 

Jouer \'apTiegu. 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 27 
Mars, y fouffle fa rage, & fouille la pudeur. 
STROPHE TROISIÈME, 

On n'entend que des rugiflemens......1e 
filet de la mort enveloppe tout. .....l’homme 
eft maffacré par l’homme.........lenfant, 
égorgé, enfanglantant lamamelle qu’il fuçoit, 
poufle des cris inarticulés (29) . . . Des foldats 
courent af butin (30)...... fe rencontrent, 
les uns chargés de dépouilles, les autres les 
mains vides. .:,.s’animent au pillage. .... fe 
difputent leur proie. ...ne veulent ni ceflion, 
ni partage (31)..... 

Comment peindre ce tableau!...,. 

ANTISTROPHE TROISIÈME. 

On voit, avec douleur, les rues jonchées de 
fruits de toute efpèce........ 

Aux yeux attriftés d'une famille, tous les 
dons de la terre, difperfés, roulent* dans Ja 
fanges ss... a 

De jeunes files, qu’un autre fort attendoit, 
font forcées de partager fervilement la couche 
d’un vainqueur heureux , d’un ennemi triom- 
phant (ali. 

| D iïj 


28 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 

Ah! que la nuit de la mort me prélerve de 
voir ce fpeétacle déplorable (33)! 

LE CHŒUR. /Jl fe partage.) 
RÉCITS I1AMBIQUES. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 

Amies, fi je ne me trompe, l’efpion nous 
rapporte des nouvelles de l’armée; il {e hâte & 
précipite fes pas (34). . 

SECOND DEMI-CHŒUR. 

Le fils d'Œdipe accourt de fon côté pour 
entendre ce rapport (35). 

LE CHŒUR, ÉTÉOCLES, L'ESPION. 
L'ESPION. 

J’ai vu les difpoftions de l'ennemi; apprenez 
ce que le fort a décidé pour l'attaque des portes. 
Tydée, frémiflant de rage, menace déjà la porte 
Prœtide (36), mais le devin lui défend encore 
de pañier l'Ifméne ; les aufpices ne font pas favo- 
rables. Tydée, furieux, brûlant de combattre, 
pareil au dragon qui fie à l'ardeur du midi, 
infulte à grands cris au fage fils d'Oiclée, le 
traite de lâche qui ffatte( 37) le combat & la mort. 


11 fecoue, en parlant, trois aigreues épaifles, 


ETITA EI ©OHBAIXZ 28 
E\ris 6 unes nA05 pond, 
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l'A MBOIL. 
HMIXOPOS. 

O' ru xamins, os eo Joxet, paÿ 
mu my MU, © QiAgI, Véan QEpe, 
amoudÿ Soxu mures pros mobyre 

HMIXOPO'Z. 

Ka pui ave Ë 09 avros Oifrcu 70405 
Ëc dprroMor d'yfé Aou A9 pair 
aoudy 3 à TUf” GX drapn( es mi. 380 

MITEAOZ 

Aou a, due &, Ta TMS lier, 
GS T° CP MUAGIS EXLTDE AN FA OV 
Tu fe nn mess roagin Tleoiliar 
Bpéuer moesr N Vounror Gex t& mepar 
0 jLaynis où JÙ CGANL NIET ALAG. 
Tudkes 5 bio, % ans AGIUEOS , 
peonuGerrois Na oi &s dpduuy Rod 
Su d” ouf poayny O'inaduy 0P0rs 
cuj}E) LOC9Y TE À May, de. 
Toraèr dira, rétis xarasriss AS 390 
cle, xpayÿs jou’, Va daniÿvs 3 TS 


D iv 


29 ETITA EI OHBAIS. 
DLAIAGTOI xd Ça xaStvyes PcGor. 

Eye durippesr che èm” mb TN, 
GA ® Ua aspois Beer Teruyuévor 
Aou DER À MAYTÉA NS Ch Méca TUE, 
mPéobiqur dSpar, YUTOS PIUA US, mpérrer. 
Tor dAvOr ris NaProummnis guyais, 
Bot map 0YQuuis morx us Haynes épar 
Ion jaAnor d ds xx TOY, leve, 
os Romy cu Amyfos opuaiver wuévar. 400 
Tw anraiËes To, ns Tlesiry TUAOY, 
xNAPe»y Audéymuy , Gescureir Pepeyfuos ; 

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Kcouoy 4 ados Snv a Ter éYo, 

Sd EAtomid very TÈ uarx 

ATo: 5 uodur T' $ Siuro” ayiu dbegs. 

Key üxte ravmh y Aéyas mn dmidbs 
époux buupéonr SexvŸ xupEy, 

TL a VVUTO Lans À Voix Ti, 

Es D Suroyn n£ to pSuAuoIS mio: 

TO TO Qéesvn CL Uriprouror TN, 410 
voor” a cpu Cds T’ émévuur, 

2’ aums xg0 airÿ + UGeu uavreoeny. 
E"yo 3 Tu; xefvor A'çaxo) Tour - 


DE mme 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 29 
ombrage de fon cafque, & cent globes d’ai- 
rain(3 8), qui bordent fon écu & ionnent l’épou- 
vante, Sur cet écu, fe voit un emblème faftueux, 
le ciel éclairé des étoiies; au milieu, brille l'œil 
de la nuit, la reine des aftres, la lune dans fon 
plein. Fier de fa fuperbe armure, fur la rive 
du fleuve, il appelle le. combat à grands cris. 
Tel un courfier fougueux, rongeant le frein, 
s’agite, & hâte le fignal de la trompette. Quel 
guerrier lui oppoferez-vous! qui, dans l’afflaut, 
pourra lui réfifter à la porte Prœtide ! 

ÉTÉOCLES. 

Aucune armure ne m’effraie : des emblêmes 
ne bleffent pas; des aigrettes, des globes fonores, 
ne tuent point fans [a lance. Peut-être, ce ciel, 
cette Voûte étoilée, repréfentés, dites - vous, 
fur fon écu, ne font-ils que le préfage du fort 
d’un infenfé. Si ombre de la mort couvre 
aujourd’hui les yeux de celui qui porte cet 
emblème faftueux, la nuit fe trouvera avoir été 
fa véritable & jufte devife, & lui-même fe fera 
préfagé fon opprobre. | 

Aux portes de Prœtus, j'oppofe à T'ydée le 


LA 


30 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
vaillant fils d’Aftacus, guerrier généreux, qui 
refpecte le trône de l'honneur, & abhorre les 
difcours prélomptueux ; ne craignant que la 
honte, il détefte la lâcheté. Rejeton de ces enfans 
de la terre que Mars épargna, Mélanippe eft 
véritablement T'hébain (39). Le fort décidera 
du fuccès; mais, pour défendre du fer ennemi la 
terre dont il eft forti, c'eft Mélanippe fur-tout 
que le devoir filial a nommé. 
LE CHŒUR. 
RÉCITS ANTISTROPHIÏIQUES. 
STROPHE PREMIÈRE. 

Puiffent les Dieux favorifer le guerrier que 
la juftice arme pour cette ville! mais, que je 
crains de voir le trépas fanglant de nos dé- 
fenfeurs ! | | 

RÉCITS IAMBIQUES. 
L'ESPION. 

Puiflent, en effer, les Dieux le favorifer ! La 
porte d'Éledtre (40) eft échue à Capanée. Géant 
plus terrible encore que Tydée, fon audace 
n'eft pas d'un mortel. Quelles menaces il fait 


à nos tours! Ciel! détournes-en l'effet! Que 


# 
ETITA EI @HBAIZX 30 
md nTiË sv MESGATN HUAWHATEY , 
pan euÿun Te, à À aigurns Oesror 
nur, à suydvO uréppenras Ays. 
Aiygezr 7 dp95, Lui x2205 d) ve QuAËe 
Eraproy d dœ drdpoy, © A'prs Quinn, 
pilou’ fra, AGPTE d 47° éyHeS, 
Meagrio ms. E’pyor dc xüGois A'pns xpuvd* 
den douar xapra vir mes Mer 
äpye TX SN uwTes To NE LU dbpu. 
ANTIZTPOGDIK A. 
*orvx 

Toy auoy dy airiræ A EU TUE" Zrpogn & 
Dei Jbier, ws dxgdos mo 
Deus oprorg Teêue d° ajuaTi- 
Pois poeou, UE ia | 
durer 194. 

T'A MBOI. 
ATTEAOS. 

Téro ke Srus eruyeir Juoi hier. 

Kamaseg d éa en ANYE TUAGI, 
Nas 0 a Ms TŸ megs As 430 
paiGar, o roues S # xaT aitepmor Qesrd: 

appuis d' amuAŸ Sy, à pui xparor ture 


31 ETITA ENT O©HBAIS. 
Ocod mn À HAS CHTMÉpOY TA 
xaù UM Dors Enair, SN T Aus 
te méfie ourifagus Cxmodtr géle » 
Gs d° dsparas me % repauriss Rongs 
Reomuberin SAmor Rescixgorr. 
Eye 3 Chua, youvoy ardpa TUPPOESY , 
PAE A 5 Aguras Ag Xe DTA IQUEVN" 
ARUODIS D Gard RémLaT, mpiTu mA. 440 
Tudf qun mure ris Evçuaerg , 
Tis cdba xopura( or Lun Teécns juerd ; 
ETEOKA HS. 

Kou TS népdvs xépdbs ao mixer. 
Tdy mi parjor aidpdn pesrnucira 
ñ YAdoS" LANINS yivere XAT)9E9E. 
Kamarevs dame, dpar mapeoueuaqueres, 
Suou dmÇar, ET ( y aux, 
JPA parax , Oynros @v, ts Sexvoy 
TÉUTE , Veyev& Zn xUuarorT Er. 
TéroiSu d mr) Eur d\xn T muppéesr 450 
ur xépuvor, Sy tEuxauévor 
meomuGeuoin SaAmenr rois ANS. 
Anip d° éx dure, x el cols tr” dar, * 
dj voy Tran lo Mu, Honupor]s Biz, 





LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 31 
le fort le veuille, ou ne le veuille pas, il 
renverfera cette ville ; le trait même de Jupiter, 
lancé fur la terre (41), ne fauroit l'arrêter; les 
éclairs, les coups de la foudre, ne font pouré 
lui que les chaleurs du midi. Son embléme, eft 
un homme nud portant un flambeau allumé ; 
fa devife , en lettres d’or : je brälerai la ville, 
À pareil guerrier, trouvez un adverfaire qui 
ofe l’attendre, & que tant de fierté ne puifle 
effrayer. , 

ÉTÉOCLES. 

Il eft trouvé; & ce n’eft pas notre feul avan- 
tage. La vaine préfomption de l’homme fe 
décèle dans fes difcours. Capanée menace, &, 
prêt à tout ofer, méprifant les Dieux, déchat- 
nant fa langue, plein d’un fol efpoir, mortel, 
il adrefle au ciel des mots infolens, & défie 
Jupiter. Mais, bientôt, je l’efpère , pleuvront 
fur lui des foudres brülans, qui feront autres 
que les rayons du midi. 

Malgré fon arrogance, F’ardent courage, la 
force de Polyphonte, que je lui oppofe, feront 
pour nous une barrière fuffifante, fi Diane 


32 LES SEPT AU SIÉGE DE THÉBES. 
protectrice, & les autres Dieux nous afliftent. 
Pourfuis: quels autres Chefs font deflinés aux 
autres portes ! 

Li LE CHŒUR, 
ANTISTROPHE PREMIÈRE, 
“Périfle l'auteur de ces terribles menaces! 
que la foudre l’arrête, avant qu’il s’élance dans 
nos foyers, & que fa main infolente (42) nous 

arrache de nos retraites virginales. 
RÉCITS IAMBIQUES. 
L'ESPION. 

Celui que le fort, enfuite, a marqué, eft 
Étéocle ; fon nom ef forti le troifième du fond 
du cafque, & la porte Néïtide{43)eft celle qu'il 
doit aflaillir. 

Sa main retient, à peine, deux courfiers, 
fiers de leurs harnois magnifiques, impatiens de 
voler à nos remparts. Au travers du caveflon, 
s'échappe avec un fifHement étrange le fouffle de 
leurs nafeaux orgueilleux. Son bouclier eft mar- 
qué d’un emblème peu commun. Il repréfente 
un foldat efcaladant une taur qu’il veut prendre 


d’afflaut; de fa bouche fortent ces mots écrits; 





ETITA EI @HBAIZ. 32 
PepéAuor Qéphues MIçUTNElas 
A'prémudbs euvoicyot, Çur T’ aMois Suois. 
Aëy dMoy SAYS C7 TUAGIS AM TE. 
X O P-0' 3. 

O'AnuS 05 mA4 ueyan émévyeTa, 
xequS 6 pur RéAos ryidu, 
Gpiy épuoy éo00pQy dtuor, moAIXEY 460 
© Elo Va x0uT 0 
dei ro Cuaera Eu. 

l'A MBO I. 
d'TTÉAOZE 

Ko É T cyrévler AS YOYTA ESS TUNIS 
AéËo" Teiro À Eroxno TeiTos ma os 
JL Unis minor EUYAAXE XPAVSS, 
mnuan Nrino mecc6angr ASpr. 
L'arois dy auruxTipas euGeuuouévas 
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Quoi 3 ouei(sa RapGzesr reomr, 
HULTIEPLOMOIS MÉUAT FAMNÉUEO. 470 
Egnuonsg d dans $ quuxyoy rom : 
ap O7 ITS AN iuaxos mes duCarris 
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Bot 5 Gros poudre cp (uMaGais, 


A'ragpogh 
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ZrpoqnB. 


33 ETTA EI @HBAIS. 
os S9° a Apns ap CxGi A0 rupyouarur. 
Kay Ta Qun mure T pepéuor, 
MAS areipyer To d\éAuoy Cursr. 
ETEGKAHS. 

Heu ai n3n mor, (ur roy ®, red 
Ko) reumerg d' $ Lou © cest tv, 
Meyeus KpéoyTos amipua, T8 avuprur Que, 
ds Sn papyor lomxay GpuayuiTeoy 
Respor pubudeis Cx muA&Y joproëra 
SAN À Savoy TeoQua FAmpood bo, 

À y JV ardpe, ÿ mou to” damdvs 

toy, ngQuenis Jüua Loounod maTeos. 

Kopra(” éo” aMo, nd puor Qhoye A6or. 
X OP O'x. | 

E’xevpouy di ra ä eruydr, 
jo mepay tua Rue, min à dvquysir. 
Rs d'iméeavye Paso 6 mA 
meyvouerm perl, mes viv Zeus veué- 490 
Top EHIdbi xoTayær. 
To: l'A MBOI. 

ATTEAOS. 

Térapros d'os, VaTOdE MURS EN | 

O'yxxs A'Quyas, Eur Lin raciçur, 


Pr: 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 33 
Mars lui-même ne me repoufferoit pas. I faut 
encore oppofer à ce Chef, un guerrier capable 
d’éloigner de Thèbes le joug de l’efclavage. 

ÉTÉOCLES. 

Le voici, la fortune m'en répond; c’eft un 
rejeton de la terre, le fils de Créon, Mégarce. 
Son bras ne porte point d’emblème fuperbe, 
mais, ferme à fon pofle, il ne fera point épouvanté 
par les henniflemens de ces courfiers fougueux. 
Ou, par fa mort, il acquittera ce qu’il doit à fa 
patrie, ou, maire, & de l’ennemi, & de fes 
armes (44), il ornera de dépouilles le palais de 
fon père. Quel autre chef vas-tu me vanter! parle. 

LE CHŒUR. 
STROPHE SECONDE. 

Puiffes-tu triompher,o défenfeur de mes foyers! 
puiflent nos ennemis fuccomber! Que Jupiter 
vengeur les regaïde dans fa colère, comme ils 
regardent & menacent cette ville dans leur fureur! 

RÉCITS IAMBIQUES. 
L'ESPION. 
Le quatrième Chef, celui qui doit aflaillir 


Ja porte voifine de Minerve Oncée (45), eft 
1 E 


34 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
le terrible Hippomédon (46); il s’avance avec 
bruit. A le voir tourner rapidement fon énorme 
bouclier (47), j'ai frémi, je l'avoue, Ce n’étoit 
pas un artifan vulgaire, celui qui a gravé cette 
armure; on y voit Typhée, dont la bouche 
ardente vomit une fumée noire, /æur mobile de 
la flamme (48). Autour de ce bouclier convexe, 
font incruftés des ferpens enlacés. Hippomédon 
pouffe des cris horribles ; pareil à une Bacchante, 
plein de Mars, la rage du combat le tranfporte ; 
fes yeux lancent l’épouvante. Gardez-vous 
de fes eforts; déjà la terreur le précède à 
nos portes. 
ÉTÉOCLES. 

D'abord, la déeffe voifine de Thèbes & 
de cette porte, Minerve Oncée, irritée d'une 
audace injurieufe , défendra fes enfans de ce 
dragon venimeux. Après les Dieux, l’homme 
que j'oppofe à l’homme, eft le vaillant fils 
d'Oinops, Hyperbius, qui brûle de tenter le fort 
du combat. En force, en courage, en armure, 
il ne cède point à fon rival: Mercure les a 


lui-même appareillés , guerrier contre guerrier, 


ETITA ENT @HBAIX 34 
L'aropédbyros Que, % Léyas TU7vs 
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35 ETTA EI @HBAIS. 

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el Zeus mn Tugo xapTePTes ay, 

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Comp vert a) Zeus én aandbs mur. 
XOoPO'z. 

Néon Ÿ Auos anrumor epyra 
aqiAor cp (au 76 yloriou ua, 
dun eyes axaoua , ResToioi ve x 
esbioun Deoio, DESÈY AU- 39 
7GY LEQangy iddeur. 

| T'A MBOI. 

d'FTEAOZ. 

Oùrus yérorro. Toy 5 mémo ad AË%, 
méutlagor esçuydéyre Boppoioys AUAGIS, 
rÜufRor xaT’ auroy dYoyeroëg A'pDioros. 
O'uvuar Sd aypuir, Nr EYE, HAN Jeu 

. 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 3; 
portant fur leurs boucliers des Dieux ennemis 
Jun de l'autre. Hippomédon porte Typhée 
vomiffant la flamme ; Hyperbius porte Jupiter 
aflis, la foudre à la main, Jupiter, qui jamais 
n’a connu de vainqueur. Heureux partage de 
la bienveillance des Dieux ! pour nous font les 
vainqueurs, pour l'ennemi les vaincus; & tel 
fera, fans doute, le fort de ces deux adver- 
faires. Puifque Jupiter, combattant, triompha de 
Typhée, Jupiter, ainfi que l’emblême le préfage, 
fera vaincre Hyperbius qui porte fon image. 

LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE SECONDE. 

Oui; devant nos portes, fera brifée la tête de 
celui, qui, fur fon bouclier, oppofe au type de 
Jupiter, l’odieux portrait du fils de la Terre, 
image abhorrée des humains & des Dieux éternels. 

RÉCITS IAMBIQUES.. 
L'ESPION. 

Que ce vœu s’accomplifle! Au cinquième 
Chef, le cinquième fort a deftiné la porte du nord, 
où fe voit le tombeau du divin Amphion (49). 


IT jure par fa lance qu'il tient, & qui eft pour 
E iïj 


36 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
lui plus facrée que les Dieux, plus chère que 
la vie, de faccager la ville de Cadmus, en dépit 
de Jupiter. Ainfi parle le fuperbe {$0) rejeton 
d'une nymphe des montagnes, cet enfant viril 
déjà homme (51). A peine brille fur fes joues 
le poil naïiflant & ferré, le duvet moëlleux, 
que produit la puberté; mais, cruel dans fon 
ame, farouche dans fes regards , il n’a d’une 
vierge que le nom (52). Avec quelle infolence 
il marche à l’affaut! Sur fon bouclier, rempart 
orbiculaire de fon corps, il porte clouce l’image 
du Sphinx fanguinaire, cet opprobre de notre 
ville. Le monfre, refplendiffant, effroyable, tient 
dans fes grifles un Thébain, defliné, fans doute, 
à recevoir tous nos traits. Ce n’eft point pour 
combattre mollement (53), pour rougir devant 
Thèbes, que l'Arcadien Parthenopée (tel eft fon 
nom) eft accouru d’un pays lointain; nourri, 
quoiqu'étranger, par les Argiens, il prétend payer 
ici leurs foins : que le ciel confonde fes menaces! 
ÉTÉOCLES, 
Ah! s'ils font traités par les Dieux , comme 


le méritent , eux & leur aprogance impie, ils 


L 


E'nTA Eli] @HBAIX 36 
CiGay mrniQ0s, CuudTo À UTÉPTÉENY, 
n LU ATAEEY dqu K#Pucioy Riæ 
Aués. Tod” ad pareds df, opeoxot 
Bramnux xaNiGepes) , aid pores op. 
Zréyu d’ 8706 àpn 2j. mapridur,  $40 
dexs Quouons, Tapus Tr AAGu QUE. 
O' J’ œuèr, dr mapSérer éTürupur, 
pese , 9py9r d OU Es Te ITiqUTA. 
Ov peny dAOUTAGDS ipiçu ra TUNIS. 
To 39 moAcws ovudbs © QAAMIAITEO 
Cara, XV'ENOT@ CU LATOS rmesGANUAT ; 
Zqiy” wuoaTor TE ITUEUMNEVEULETNY 
PUPOIs HOUR , naumesr éxxpouqur Jus, 
épe d'Üp aùrÿ pare Kaduéiar &ra, 
de mNäc” ème aidpi TS) ideal, BéAN $ 50 
E’A9uy d' comer # Ha MAUVE UAH, 
paxpdé xeNwSoU d’ d XL TLAEUAY 7069), 
TlaySeromeos A’pugs, 0 à ToiccdŸ aynp" 
péTOIxOS , A'pyu d' Came LAS TEOPLS, 
mÜpyuis dmuiAŸ micd) à pui 4payar De05. 

ETEOK À H >. 
Es 5 rupisr, y Desridat, mes Jiûr, 
aTOiS CHEAVOIS LOIS KOUTATLAOT 
E iv 


37 ENTA ENT OHBAIZ. 

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are dxoums, yip dope 7 dpaauw, $60 
A'uTop, dIVADOS Te Mess AEAey Lévou" | 
ds CPX taod YAdor a, épyadmy ar, 

T0 muy péovour, LAuey ALL 

Bd) arœuecidy Sness éyBiqu roc 

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TUXYOU APOTIQLOU TUyvous’ NEA MOAUY. 
Ocoy JeAovmy N a dANTUTU ty. 


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Erpopi y. L'uvurg 995 AJ qudter, 
Teups d) opdias AOL ITA, s70 


péyang mea Are XAUGY dyo- 
ciuv œidp@r. Eide oi Soi 
mod oAéade © ya. 
T'AMBOI. 
A'TTEAOS. 


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E‘xToy Atoiu’ a, didpa cupesrisaTor, 
ŒAUiY T'aeiqu, Lavnr, A'uQiapeo Riar. 
O'uoinr 5 eds mÜagis TrLyaéyos, 
XAXOÏGI Rau mMe& Tudos Liu, 





LES SEPT AU SIÉGB DE THÈBES. 37 
périront, tous, & de la mort la plus funefte. A 
l’Arcadien dont tu parles, j’oppofe encore un 
guerrier, fans jactance, mais dont le bras fait agir, 
Actor, le frère du dernier que j'ai nommé; 
A@or, qui ne permettra point qu’une langue 
fans frein puifle, jufque dans nos murs, nous 
reprocher nos malheurs, ni qu’un bras ennemi 
y montre fur fon bouclier l’image d'un monfire, 
horreur des Thébains. C’eft de celui qui la porte, 
que cette image, percée de mille coups au pied de 
nos remparts , deviendra l’opprobre & la honte. 
Grands Dieux, vérifiez ma prédiétion! 

LE CHŒUR. 
STROPHE TROISIÈME. 

Ce que j'entends me pénètre d'horreur ; mes 
cheveux fe hériflent : quels blafphèmes pro- 
férent ces blafphémateurs impies (54)! Fafle le 
Ciel qu'ils trouvent ici leur perte ! 

RÉCITS I1AMBIQUES. 
L'ESPION. 

Le fixième Chef, eft le fage & courageux 

devin, Amphiaraïs. Defliné à l'attaque de la porte 


Homoloïde{; 5), tantôt, c’eft T ydée qu’il maudit; 


38 LES SEPT AUS@IÉGE DE THÈBES. 

T'ydée, homicide, perturbateur de l'État, auteur 
de tous les maux d’Argos, hérault d'Érynnis , 
miniftre de la mort, féduéteur d’Adrafte : tantôt, 
c’eft votre trifte frère; il l'appelle un vrai Poly- 
nice (a), &, décompofant ce nom, il en répète 
la fin (56). Certes, ajoute-t-il, c’eft un exploit 
agréable au ciel, glorieux aujourd’hui, & mé- 
morable à jamais , que de ruiner, par des armes 
étrangères, la ville de tes pères, & les temples 
de tes Dieux. Les larmes de ta mère, quelle 
vengeance les tarira? Ton pays natal, que ta 
rage livre au fer, comment fera-t-il jamais uni 
avec toi! Pour moi, je le fais, enfeveli dans ces 
champs ennemis, mon corps engraiflera bientôt 
leur fillons. Combattons, puifqu'’il le faut ; je ne 
mourrai pas fans honneur. Ainfi parle le devin. 
Son bouclier eft d’airain folide , habilement 
travaillé, mais fans emblème. Il veut, non 
paroître "brave, mais l'être en effet. Dans fon 
ame, a profondément germé la prudence, dont 


les fruits font d'utiles avis (57). Prince, ne lui 








(a) Le nom de Polynice, en grec, eft compofé de deux 


mots qui fignifient, l'un, hcaucoup ; & l'autre, querelle, 


ENTA EI ©OHBAIZ. 38 
Toy adkoPoyTy , T MAS TLEATIER : 
péyq pd TA xarèr Aa 7or, 
E’eurdos nez, mesam or qu, 580 
xaxy T A'dpag@ Toi BE AeuTheror 
xaù T (Coy as me37009 a SA PEOY, 
éEumla( ur orpa , [lonuvemous (Biar, 
de © co may Trou lurepôus, 
au AS. Aéyd 3 Tr” ms AJ œ ua 
à Pioy épyoy Ÿ Deoiot DEITPIAES 
xx Ar T° drodaey, à My HEURES, 
mA maredar D Deods Ts Eyes 
MpILY, PTUR EraXTO) tuGeGanxora. 
Myrecs me mir mie xgmaobéod Nun5 590 
Dareis me qaia, oùs nm (roudis bei 
d'Aodous ms ou (umuayes Moroera; 
Env à Mn mdr may Xora , 
pays xexeUQuS mAquag NE foros. 
Mau, CEA dTIpLoy tAmÇw pnesr. 
Toi, 0 paris, damd) EUXUXAOY VEUAV 
ay Xxor, NUS Cu N CEX ETY VAN O. 
Ov Sd Joxcir deucs , SW üvy SEE , 
Ladeiay Poux dE Qpeos xaproudos, 
Œ As ri nee Ragçoru RsAwmarx. 6oc 


39 ENTA EI @HBAIS. 
TouTa (opous me xaya nes arrpéras 
mure éroyvo vos ds Sue bu. 
ETEOK A H3. 

Peu TS ÉuraMaosoyTos opri90s Begroïis 
duo adba min dvar bises. 
Ev run œegAÀ N 6 ouNias gx 
XaCuor oUdy xaprros Ÿ xopUgéOS 
ATHS deguex JayaToy Caxa prier. 
H° 90 Evruobas mAoïoy eucrens drp 
YAUTYHO DEPUOIS À MAVOUPNE TH} , 
0AwA& ævdpdy Cor Sumur-o yéva 610 
ñ Eur moXimys dydpaow, d\ygos à, 
eyBecËerois ne x Sedy duvinot, 
TAUTS XUphons CuNros dypeuuae, 
FANYUS Su miny rayaoo Jun. 
Oùros do pans f yor O'ixnéors Ayo À 
Cogezr, Nugos, dyasts, ebriQns ayMp, 
péyas mespimns, dociun (Cuwarysis 
Dezoumuoiny ayddn, pperar LRiæ, 
Tévouct Tour À paxpat may WoNdr, 
Aus SAorms, CuyxabfrvOtoenx. 620 
Aro fe oùr age put mescba nr Ungis, 
Sy d5 dgvuor, ÊX AluaTos xxN 





me sie 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES, 39 
oppofons que des adverfaires fages & vaillans : 
qui refpecte les Dieux, eft à craindre, 

ÉTÉOCLES. 

Fortune des humains! devois-tu affocier cet 
homme jufte aux plus grands fcélérats! Rien 
de plus funefte, en toute entreprife, que la fociété 
des méchans; le fruit en eft amer; c’eft un 
champ d’infortune, qui ne rapporte que la mort. 
Que l’homme pieux s’embarque avec des nau- 
tonniers impies , avec une troupe criminelle, 
il périra, ainfi que cette race abhorrée des 
immortels. Que le jufte fe trouve au milieu de 


citoyens inhofpitaliers & infidèles aux Dieux; 


. enveloppé, quoiqu'innocemment, dans le piége, 


frappé fans diflinétion par la verge du ciel, fa 
mort eft certaine. Tel, le fils d’Oïclée, ce devin, 
ce prophète habile, cet homme fage, jufte, bon, 
religieux, mêlé, bien que malgré lui, à des impies, 
à des arrogans, qui n’accourent ici, que pour en 
être bientôt repouffés au loin , fera entraîné dans 
leur perte : ainfi le veut Jupiter. Je penfe, même, 
qu’il ne marchera point à l'aflaut; non qu'il 


manque de courage ou d’audace, mais il fait quel 


40 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES, 
fuccès l’attend dans ce combat, du moins, fi 
l'oracle doit être accompli (l’oracle, qui fe tait, 
ou dit Ja vérité). Toutefois, s’il attaque cette 
porte, Laflhènes Ia défendra. Plein de haine 
pour ces perfides étrangers, Lafthènes réunit 
à Ja prudence du vieillard, [a force du jeune 
homme; d’un regard prompt, & d’une main non 
tardive, il adrefle la lance à l'endroit défariné ; 
mais les Dieux feuls décident du fuccès. 

LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE TROISIÈME. 
Dieux ! touchés de nos juftes prières, faites que 
Thèbes triomphe, & que les maux de la guerre 
retombent fur les étrangers; que Jupiter, d’un 
coup de fa foudre, les écrafe devant nos remparts! 
RÉCITS IAMBIQUES. 
L’ESPIO N. 

Le feptième Chef, enfin, celui qui marche à 
la feptième porte (58), il faut le nommer; c’eft 
votre frère. Quelles imprécations il lance contre 
cette ville! Monter au fommet de nos tours, 
s’annoncer comme roi, entonner l'hymne de la 
victoire, vous joindre , vous donner & recevoir 


ETITA EI @HBAIY 40 
AN off &s oge EN AUTO PSC 
ei xaprros és Secparin Aoëis. 
DAS 5 oyar À Aéyeuy TR yeux. 
O'uus N ta ro qora, Autor Bi, 
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X OPO'S. 

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MUETÉERS, PAS DS MOIS EUTUYY à 
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mopyis Emeubas xerooipuy Bas yBori, 640 
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Col EvupipeOty, à xlarcer Surës menus, 


41 EITA ETI @HBAISX. 
À Cort anpasiex ms ( avdpragr 
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Xpuoñagroy À aidez muy div  6so 
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Au d ap éva quar, os @ peiuua@ 
éd, naTaËo d' adha mIN, 4 mA 
tu, rareouy douar T ’Éispopas. 
Tour” Cuve En @ Edbprua@ 
où d” auros nn ad Viva mure Suis 
os rot aidp} Te xipuxeuuaTuy 
méualn, où d''aëns pr vavxnmpr mou. 
ETEOKA NES. 

À Suuaris re x Sec uéye VS ; 
& raySiapuror œuoy Or Vus’ 66o 
Gun, marcos dù y degli mAcogoeg 
AN me x\our, ST opt PETEI , 
pui À Teuvoln duogoesTiess 9905. 
Eronue 5 xap@ Mouer At, 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 41 
de vous la mort, ou, s’il faut que vous viviez, 
être vengé de fon honteux banniffement, par 
un exil qui vous déshonore; voilà les vœux 
qu'il forme : il en prend à témoins les Dieux 
indigènes de fa patrie. Sur fon bouclier, d’un 
travail récent & parfait, font repréfentées deux 
figures différentes, un guerrier cizelé en or, 
& une femme qui le conduit majeftueufement 
par la main: Je fuis la Juflice, dit celle-ci 
dans la devife, je ramenerai cet homme , je lui 
rendrai fa patrie à l'héritage de fes pères. Tels 
font les fymboles (59) de ces Chefs. Voyez 
qui vous oppoferez à votre frère. Vous ne 
pourrez en rien accufer mon rapport. Pilote de 
cet état, c’eft à vous maintenant d’en munir 
le navire. 

ÉTÉOCLES. 

O race aveuglée par le ciel, & haïe des Dieux! 
race déplorable d’'Œdipe ! Malheureux! aujour- 
d’hui s’accompliffent les imprécations d’un père. 
Mais, il convient ici d’étouffer les plaintes & les 
larmes : n’engendrons point, par notre exemple, 
d’infupportables lamentations.Pourtoi, Polynice, 

1 F 


42 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
trop bien nommé, nous verrons bientôt à quoi 
te ferviront tes fymboles ; & fi ces devifes 
infolentes, gravées en or fur ton bouclier, te 
ramèneront dans Thèbes. Elles t'y ramèneroïient 
peut-être, fi la Juflice, cette fille de Jupiter, 
dirigeoit ton cœur & ton bras ; mais, ni au fortir 
du flanc ténébreux (60) de ta mère, ni dans ton 
enfance, ni dans ta jeunefle, ni depuis que la 
barbe ombrage ton menton, la Juftice n'a daigné 
honorer d’un regard. Penfes-tu que pour la 
ruine de ta patrie elle combatte avec toi! Unie 
avec un audacieux fans frein, feroit-elle encore 
juftement nommée la Juftice ( 61 )! Ton crime 
fait ma confiance: c'eft moi qui te combattraï; 
&, quel autre devrois-je choifir! Roi contre roi, 
frère côntre frère, rival contre rival, ma place 
eft marquée. Courez, apportez mes armes, ma 
lance, ma cuirafle (62)..... 
LE CHŒUR. 

© cher prince! o fils d'Œdipe ! n’imitez point 
la rage d’une odieux blafphémateur, C’eft aflez 
que les Thébains combattent les Argiens; leur 


fang peut couler fans crime; mais, un fracricide 


ETNTA EI ©@HBAIZ 42 
Ty arouede TÉmon 0701 TA" 
ë y XATAEA AEUTOTULTA DRÉUMATE , 
èn dandbs QAvoy TL oud TÜpo perd. 
E, SN n Aus ms maplévos Aït mæpny 
épypis ExEIvOU Ÿ peoir , T'Y ay mod) ÿr. 
AN oùre ny Quapre pureore (uomy, 670 
dr © Topo, oùT connu yra T ; 
Br y yeraou (CuNoyn Tes uauTs , 
Au escume À Aa THE I&IDTO 
ST © maredas pur WBor0s xæxouyIa 
cu y durs Cuuraexçuteir méAgs. 
H° dr’ a} ën maydiuus udwrupuos 
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43 ETITA ETII @HBAIS. 
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ETEOK A H3, 
l'A MBOI. 
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LES SEPT AU SIÈGE DE THÈBES. 43 
réciproque!. . .ah! il n’eft point de temps (63) 
qui pût expier ce forfait. 

ÉTÉOCLES. 
Périfons, mais fans Hcheté, jy confens: 
l'honneur feul eft un bien chez les morts. Périr 


avec lâcheté, c’eft perdre tout renom (64). 
LE CHŒUR. 


RÉCITS ANTISTROPHIQUES. 
STROPHE PREMIÈRE. 
Quelle rage, mon fils! le démon des combats 
vous tranfporte ; retenez un mouvementcriminel, 
ÉTÉOCLES. 
RÉCIT IAMBIQUE. 
Le ciel nous hâte; le vent fouffle; vogue fur le 
Cocyte la race de Laïus, haïe d’Apollon (65). 
LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 
Dévoré par la haine cruelle, vous courez à 
un funefte (66) parricide; le fang que vous ré- 
pandrez eft facré. 
ÉTÉOCLES. 
RÉCIT JAMBIQUE. 
L'imprécation flétriflante d’un pèreme pourfuit: 
Fiij 


44 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
Furie vengerefle, l'œil fec & fans larmes, elle crie: 
la mort la plus prompte eft pour toi la meilleure. 
LE CHŒUR. 
STROPHE SECONDE. 

Ne hâtez point votre mort : vivre innocem- 
ment, n’eft point une lâcheté. La noire Érinnys 
n'entre point chez celui dont les mains font 
dignes de facrifier aux Dieux. ... 

‘ÉTÉOCLES. 
RÉCIT IAMBIQUE. 

Aux Dieux....ah! depuis long-temps ils nous 
ont rejetés : notre ruine feule peut leur plaire(67). 
Le fort veut me perdre, dois-je encore le flatter ! 

LE CHŒUR. 
ANTISTROPHE SECONDE. 

Oui, tant qu’il n’eft pas décidé. Peut-être, avéc 
le temps, le démon de la haine s’afloiblira; fon 
foufle fera plus doux, aujourd’hui il eft brûlant. 

ÉTÉOCLES. 
RÉCITS IJAMBIQUES. 

Les imprécations d’'Œdipe-l'ont trop animé : 

des fonges, trop véridiques, m’ont appris com- 


ment doit fe partager l'héritage paternel. 


ETNTA ENT @HBAIZ. 44 
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(a) Exponit fcholiafles : deevesiow À GVATEMIQKÈT « 
F iv 


4s ETITA ENI ©HBAIS. 
XOPO'x. 
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ETEOK A HS. 
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ETEOK A HS. 
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ETEOK A HS. 
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ETEOKAH S. 

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XOoP ox. 
A'NTIETPOHDIK A. 

Téqerxx ri @Aectoixoy 
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TAYAANIH , HAHOMELVTIY , 
rareos euxrajoy E'exvuy 
TAidoy Ts MEAbUUo 739 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 4; 
LE CHŒUR. 
Croyez des femmes, tout odieufes qu’elles vous font. 
ÉTÉOCLES. 
N'exigez rien d’impofible, ne m’arrêtez point. 
LE CHŒUR. 
Ne tournez point vos pas vers les portes... 
ÉTÉOCLES 
La gloire a fon aïiguillon, vous ne l’émoufferez pas. 
LE CHŒUR. 
Qu'importe la gloire le ciel applaudit au fuccès (68). 
ÉTÉOCLES. 
Ce n'’eft point la devife du guerrier courageux... 
LE CHŒUR. 
Et vous voulez verfer le fang d’un frère!... 
ÉTÉOCLES. 
Si les Dieux me fecondent, fa mort eft certaine. 
LE CHŒUR. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE PREMIÈRE. 
Je frémis.....la Déeffe de deftrudtion , fi diffé- 
rente des autres Dieux, cet infaillible, ce finiftre 
prophète, la Furie, vengerefle d’un père, va 


fans doute accomplir les imprécations terribles, 


46 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 

qu’Œdipe lança dans fa fureur. Pour perdre fes 

fils, la difcorde homicide en hâte l'effet. 
ANTISTROPHE PREMIÈRE. 

Le fer, hôte cruel, que le Chalybe nous 
amena de Scythie, va décider de leur fort; 
diftributeur févère de leurs parts dans l’héritage 
paternel, de tant de vaftes poffeffions , il ne 
leur laiflera que la terre néceffaire à leur tom- 


beau. 
STROPHE SECONDE. 


Si, mutuellement percés d’un coup mutuel, 
ils meurent, — 
— fi, une fois, la terre rougie s’abreuve de leur 
fang, qui jamais expiera, qui jamais lavera ce 
forfait! 

O malheur nouveau, qui fe joint aux maux 
antiques de cette maifon ! 

ANTISTROPHE SECONDE. 

J'appelle mal antique, cette faute de Laïus, 
fi-tôt punie fur lui, pourfuivie maintenant fur 
fa troifième génération. 

En vain, de fon fiége fatidique, placé au centre 


du monde {69 ), Apollon, trois fois, lui avoit 


La 





ETNTA EI @HBAIZ 46 
xamess Bae-Uesros Ordre. 
TlodbAtmap d éexs md) oreures. 

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47 ETITA EI @HBAIS. 
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MeraËu d° a Axg dY 0Aipou é 
TAIVEL TUPN9S CH EUpEL. 
Aéduxe 5 ouù Banc 770 
pi mous Siuaoo. 
TéAua 9 raAupaTos apol' 
Rapéoy xaTtN\a ya 
ra d 0/04 mA mapépyera. 
Tlescruua d' CuGongr épes 
ardp@y &APrUY 





LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 47 
dit que, pour fauver Thèbes , il falloit mourir 
fans enfans. 

' STROPHE TROISIÈME. 

Séduit par fes flatteurs, il donna le jour à 
fon propre affaflin,—....... 

— au parricide Œdipe.........qui, par un 
incefte , fécondant le fein facré, où ‘il avoit été 
conçu, produifit une race fanguinaire. . . .. 

Époux infenfés! ......quelle fureur vous 
réunifloit ? 

ANTISTROPHE TROISIÈME. 

Les flots d’une mer d’infortunes nous affiè- 
gent: quand lun s’abaifle, l’autre, plus redou- 
table (70), s'élève, & mugit contre la poupe 
du navire. Un foible rempart refle entre nous 
& la mort..... 

Hélas !. . .. Thèbes va tomber avec fes Rois 
malheureux. 

STROPHE QUATRIÈME. 

L’antique imprécation doit s’accomplir ; plus 
de conciliation : la fource des maux eft ouverte; 
elle ne tarit plus. Mortels ambitieux , quand, 


pour vous, le navire du bonheur fe charge 


48 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
trop, bientôt il le faut foulager (71). 

ANTISTROPHE QUATRIÈME. 

Qui jamais fut plus admiré des Dieux, des 
Thébains & de la génération nombreufe des 
humains, qui en fut jamais plus honoré, 
qu'Œdipe, lorfqu'il délivra fon pays d’un 
fléau défolateur ! 

STROPHE CINQUIÈME. 

Hélas! l’infortuné reconnoit quel hymen 
déplorable il a formé........ 

Furieux, défefpéré , il ajoute deux malheurs 
à fes maux....... 

De la même main qui avoit tué fon père, il fe 
prive du plus doux des biens (72), de la vue : — 
ANTISTROPHE CINQUIÈME. 
— &, chargeant fes fils d’imprécations , préfens 
de fa colère, il leur fouhaite que le fer règle 

un jour leur partage. .... ; 
Vœux, hélas! trop amers......Je crains : 
bien aujourd’hui que l’inévitable (a) Érinnys 


ne foit venue les accomplir. 





(a) Litiéralement : qui fléchit les pieds : épithète fingulière. 


On a fuivi l'interprétation du commentateur grec, 


ETITA ENT @HBAIZ. 48 
0AGos dyæy aa YUY US. 

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Qui à Euréau mAceS, 
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oo0y Tor Ojdirrour Tor, 
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éyévemo éAcos aBAiœy | 
Jauor, em a\ya dLopoezr 
marouée rpadla 
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Fa Te0POrE® YEEA TJ 
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Teuvois d” œpaas ee 
que irons Vopus, € 
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xu oge afnesrouc 
AJayueir TOTÉ AYYXE 
XTÉ UOTE" ydr 5 éc 
un Aion xauUirow /a) E’eurvus. 








(a) Exponit feholiafles : Cuurmndi{son à pi éco quais 
Jed fortaffe planiore fenfu intelligitur, agilis. 


49 ETITA ETII @HBAIS. 
l'A MBOI. 
ATTEAOS. 

Oagouite, my unréewy rex ue. 
Tous méqeuÿu 1% J'fneor Cupsr. 
[lémloxey drdpdy ouGeiucwy xouriouara 800 
ms dc elle me, à xAuduyS 
MMA FAnyys TA (a) G6x iNEan. 
Et 5 moppos, à mungs Qepefuois 
tperxEaude por yin Mesure. 
KaAds éyeu mo mAÎT y EE mu\ouan 
Gs d'iGdbuus d ours EGdouxyérus, 
ayaË A’moMar, üacr, Oifmou Que 
xpovoy maya Aais ob ia. 

XOPO'x. 
Ti dia @egyua vioxomoy mA U mueÿr : 
METAL OS | 

*IoAus céousy, BaniAées d', oucamen 8 10 

adpes, many Cx yep aTouToer. 
X OPO'3, 
Tives; md’ ürus; © Byxpenrd piGo Av. 
A'TTEAOS. 

Pesrovx dr auoucor, Oimou yévos.. . . 








(a) Scholiafles : m Sad m6 xaüdbros éiorpyéduor üdhp. 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 49 
LÉ CHŒUR, UN THÉBAIN. 
RÉCITS IAMBIQUES. 

LE THÉBAIN. 

Enfans, tendres nourriflons de vos mères, 
raffurez-vous : Thèbes échappe au joug de l’ef- 
clavage. L’orgueil de ces hommes fuperbes eft 
tombé : Thèbes eft dans le calme; & ce navire, 
tant battu des flots, ne s’eft point entr’ouvert. 
Nos remparts ont réfifté; nos portes ont été 
munies de guerriers capables de les défendre. 
Aux fix premières, tout a réufli; mais, à la fep- 
tième, s’eft trouvé le terrible Hebdomagite (73), 
le divin Apollon; il y a puni fur la race d’'Œdipe 
l'ancienne imprudence de Laïus, 

LE CHŒUR. 
Quels coups nouveaux ont donc frappé Thèbes! 
LE THÉBAIN. 
Thèbes eft fauvée; mais, les Rois nés du même 
fang fe font mutuellement donné la mort. 
LE CHŒUR, 
Quels Rois! que dis-tu ! la frayeur me trouble, 
LE THÉBAIN, 


Calmez-vous; écoutez-moi : les fils d'Œdipe... 


1 G 


So LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
LE CHŒUR. " 
Malheureufe! j'ai trop bien préfagé nos malheurs. 
LE THÉBAIN. 
C’en eft fait: ils ont mordu la pouffière, ... 
LE CHŒUR. 
Ils ont ofé... Quelle horreur...toutefois, acheve.. 
LE THÉBAIN. 
Leurs mains fraternelles, d’un coup trop afluré... 
LE CHŒUR. 
Ainfi, le même deftin leur étoit réfervé! 
LE THÉBAIN. 

Le deftin vouloit détruire une race infortunée. 
Nous avons tout enfemble, un fujet de larmes & 
de joie: Thèbes triomphe ; mais, fes deux Chefs, 
fes deux Princes, ont partagé avec le fer, trempé 
chez le Scyrhe, leurs vaftes poffeffions; il leur en 
refte à chacun un tombeau. Ainfi, ferontaccomplis 
les funettes vœux de leur père! Thèbes eft fauvée; 
mais, les deux Rois, qu’avoit conçus le même fein, 
ont mutuellement abreuvé la terre de leur fang. 

LE CHŒUR. 
RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 
O grand Jupiter ! 


ETNTA ET @HBAIZ 5o 
XoPOo'x. 
O! ‘50 ringve, porns eut TJ xaxbr. 
d'ITRAOZ. 
OùS dupiréxmos pi xgTianodnuéror. 
XOPO 3. 
Exec x’ nABor; Bapéa d' Ÿy, ouws Pexovr. 
A'TTEAOS. 
Oùros As PApair nrdjesyT dyay. 
X OP 0°". 
Oùros à Juwr LoIw0s nr duGoiy aux. 
METSAOZX 
Auros d” &va oi dira dUaporuor yév05. 
Tuadre pupes » JuxguraoQo maex  B2a 
mu À megosoucuv, oi d Erica, 
dose sat, Ménager cumAgTe 
Zxuôn Cidtpo xTpaTr raw oies. 
‘Evo d' fr Agowoy cy ragn ybovos, 
rares NAT” eyes ÉVanoT ous PoegupLEvol. 
Ioaus Cécuak Ranxéow d° Guoamvegiy 
TÉTOUY ua y UT LAAMAGY Poye. 
XOPO'S. 
ANANAIZTOI. 
D peyarc Zu, À MOMOT OU YO 
Gi 


ZTpogi. 


A'raçpogi. 


s1 ETTA EI @HBAIS. 


duuoves, où dù Kad uou TUPYPG 

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MITESY HUE , x@ 70 A9 AUEL 

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ÉTÉLVOUG LNQUTO MAEHapYES 

Où dr” op9us xaT’ éruruwilw, 

x MOAULENAIS, 

DAoyT doiGf Afaroiæ. 

ANTIZTPO@TKA. 

(oi Méngiva À TEL 

véveos Oidirou T' apge 


Kaxoy pe nexda mi aRemtlvf xpuos. 


E ruËax ruuGo yé/0s, 
&s Juag, ua TOY Es 
vexpors xAvoua dvauoegs Quyoyras. 
H° dVovpns af 
Euyaunix dbegs. 

EXéopaËer, #d” dei 
raTeode eux laje Qars’ 
Rshoy d' armçu Aais dinprercr. 
Méeuua d œugi Aou, 
xd oqar CVx auGAurerm. 


830 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 51 

O Dieux tutélaires qui avez défendu les 
remparts de Cadmus! 

Chanterai-je , avec joie, la viétoire qui nous 
fauve!....... 

Ou, pleurerai-je de trifles & malheureux 
Princes, morts fans poftérité ! 

Qu'ils ont bien répondu à leur nom! 

Vrais Polynices, une fureur impie les a perdus. 
RÉCIT ANTISTROPHIQUE. 
STROPHE. 

O noire & funefle imprécation d’'Œdipe 
contre fa race ! 


Un froid mortel à glacé mon cœur. ... 


Ils meurent, dégoutans du fang fraternel!. . 

Pareille à la Ménade, je poufle des cris 
funèbres (74).....Quel funefte aufpice les 
conduilit au combat ! 

ANTISTROPHE, 

Le vœu d’un père l’a emporté, & n’a point 
été vain. L’incrédulité de Laïus a eu fon effet. 
Les deftins (75) de Thèbes, les oracles des 


Dieux, ne fe démentent point. 


G ii 


52 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 

O déplorables Princes! vous l'avez donc 
commis ce forfait inouï! Ces maux défaftreux 
ne font plus un récit ; ils font fous nos yeux. 

RÉCIT MONOSTROPHIQUE. 
(On apporte fur le Théâtre les corps des deux frères.) 

Les voici; le rapport eft fidèle : doublé 
objet de douleur ! double viétime d’un mutuel 
homicide ! double peine, qui comble la mefure! 
Que dirai-je !....finon que le malheur, ici, 
fuccède au malheur! (76) Allons, chères compa- 
gnes; le vent des larmes fouffle. Que vos mains, de 
concert , frappent votre vifage: accompagnez ainfi 
les coups de rames, qui, fur l'Achéron, pouffent 
vers ces régions invifibles, où abordent tous les 
mortels, la THÉORIDE aux trifles agrès, 
aux noires voiles, qu'Apollon ni le jour n'ont 
jamais aperçue (76). 

RÉCIT ANAPÆSTIQUE. 

Mais, voici Antigone & Ifinène..... 

Elles viennent remplir un trifte devoir, & 
pleurer leurs frères. ...... . 

Ah! fans doute, du fond de leurs feins deli- 


cats, vont forür de plaintifs & trop juftes foupirs. 


EOTA ENT OHEBMIS. 52 
To, mAUqYO, od” épyaca de amy ; 
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MONOZTPO®IK A". 
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md” NO y, À AO MOVE), 
duo épi ; 
ANNE 07, à QIAU , XAT' UE 860 
péorer du xpan mur YEN 
mirvAo , 06 der SV A'yenT deiera 
Gr dquroy, engy4poxor 
yaug Ar Ocweid , 
Gr aan A’mMmeon, G@y ŒYLAIOY , 
may Sbroy , ES &Qayñ TE épavr. 
ANA'IAI>TOIL 
A'Ma 99 nxovs wd) 6H mezys 
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Ogiror aMAGoy x dupiGiAws 
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G iv 


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Dihor dmiqui, ÿ AAAQY dTEUMYES, 
rareoo% duos &/\y- 
Ts péncor Çur AXE. 
HMIXOPO’3x. 
Méheu SV, 0! menéog Suydrus 
evegyro Jouur Hi dur. 
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To, ©, douarur 
épars, 3 mxpas povapyias 
bytes, nd dinÀ- 
NY 93 Cu adipe, 


880 





LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 53 

Prévenons leurs ordres ; chantons l'hymne 
diffonant d'Érinnys , & que notre concert fu- 
nèbre retentifle chez Pluton: 

ANTIGONE, ISMÈNE, LE CHŒUR. 
RÉCITS MONOSTROPHIQUES. 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 

O, de tout le fexe qui ceint fes vêtemens, les 
plus malheureufes en frères (77)! 

Je pleure....je gémis....& vous ne doutez pas 
que mes cris ne partent du fond de mon cœur. 
SECOND DEMI-CHŒUR. 

Hélas ! infenfés! . . . . fourds aux confeils de 
vos amis!...e...... artifans infatigables de 
maux! .....vous avez difputé, avec l'épée, 
l'héritage paternel! Malheureux !. ... 

PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Malheureux, certes !ils ont trouvé la mort la plus 
malheureufe (78), pour la ruine de leur famille. 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Hélas! hélas! .......... 


Deftruéteurs de vos foyers!....+.. 


Divifés pour un trône funefte…. ....le fer : 


vous a donc enfin réconciliés ! 


54 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
Ce n’eit point l'amitié, c’eft la mort qui 
vous juge..,..., 
La redoutable Érinnys a bien exaucé les 
vœux de votre père! 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Percés jufqu'au cœur........ 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Oui...... percés.:.... & par une main 
fraternelle/a) ....... 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Hélas!....hélas!..,..,..1les infortunés! 
hélas! hélas!....,..,.dévoués à un mutuel 
fratricide !..... 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Quel coup pénétrant!...... 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
‘ Coup mortel.,... - Pour eux, & pour leur 
race!..... | 
SECOND DENMI- TRS 
Fureur inouïe!,,..... 
Fatal effet de la malédiction d'un père! 
(a) Le difcours ici eft interrompu. Littér, percés au 
rravers de leurs flancs gaaches, formés dans les mêmes entrailles, 


É'NTA EI OHBAIZ 54 
x ér 6 Q.Na, 890 
SAN En Que d\expionTe 
xpre S' SAN mareos Oilvmol xaTeuy mile 
mr E’eunvs éméxpart. 
HMIXOPO'Z. 
AP worper Teromutro. . + + (4) 
HMIXOP OZ. 


€ 


Téloguero 849, ou- 
GA LVAIOY TT FAUEE HA TO. 
| H'MIXOPO'Z. 
Al, of, dupovice, 
cl, dj d\ aynipoywy 
Savary deal. 
HMIXOPO'Z. 
Auray AEyUus TNLYEIS eee 900 
H MIXOPO'S. 
Aou 42 couero1 
TT LYLÉVOLS ÉVVÉRO . 
HMIXOPO'S. 
Ayant péve, 
dexiw T CA TUTE0$ 
dppesr: TMTUO. 


(a) Interriptam fc orationem agnofcit fcholiaftes. 


ss ETTA ENT ©OHBAIS. 
HMIXOPO'Sx. 
Axe 3 y mur 
GUY0S, you UP , 
qu à mir Q'agrdpor. 
Med xriayd Tv’ Erprus, 
 & aroLLoeoIs , 910 
S Gr vfxos iGa , 
Y Jurity TA. 
Epoiggonurr N oEvxgplto 
xThual, &o co Ag" 
MaNartre N x due Dix PiAvis , 
SN Éhyaers A'prs. 
HMIXOPO'3. 
ZiduesrhaxTos & &W éyovor . ... 
HMIXOPO's.. 
ZidiegmAanToi 3 rÿe Asa, 
Gy a TS MDI, Mess... 
HMIXOPO'z. 
Tapoy rarewwy Agai. 920 
HMIXOPO'x. 
Aopor paix dy tm iris 
Desreure Jh'»TNp 9906, 
AUTOGUIS , AUTO ULGY 7 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 55 
PREMIER DEMI-CHŒUR. | 
Tout gémit ici fur leur fort.......cette 
ville .....ce rempart. .....cette terre, qui 
les regrette. ..... 

D'autres hériteront de leurs biens. . . de ces 
biens, hélas! qui causèrent la querelle de ces 
infortunés. . . .qui causèrent, enfin, leur mort. 

Ils ont partagé leurs pofleffions dans leur 
fureur ; leur part eft égale; mais, leur concilia- 
teur, Mars, n’eft point fans reproche, & plonge 
leurs amis dans le deuil. 

SECOND DEMI-CHŒUR. 
Les voilà percés d’un fer meurtrier !.... 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 

Percés d’un fer meurtrier, ils jouiront dé- 

formais. ......eh! de quoi!.... 
SECOND DEMI-CHŒUR. 
Du tombeau de leurs ancêtres. ....... 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 

(79) L’écho de ce palais répète les cris aigus 
qui accompagnent leurs funérailles. . . . 

Je gémis fur moi-même; ces maux me {ont 
propres. ..... ; 


56 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
Mon ame eft déchirée....... plus de joie 
| pour moi.........des Jarmes éternelles & 
fincéres. 5:54: 


Un cœur flétri, gémiflant fur ces deux 


Les malheureux!....on peut bien le dire; 
ils ont fait mille maux à leur patrie, » 

Ils ont fait périr par le fer une armée entière 
d'étrangers, 

SECOND DEMI-CHŒUR. 

Malheureufe, parmi toutes les femmes qui 
ont jamais été mères, celle qui les a mis au 
Jourl.....oo.e 

Époufe de fon propre fils, elle lui a donné 
ces enfans, qui fe font immolés ainfi récipro- 
quement de leurs mains fraternelles. 

ISMÈNE. 

Oui.......de leurs mains fraternelles & 
exterminatrices . ..............dun coup 
ennemi................dans une guerre 
furieufe ........... .... pour vider leurs 
débats (81)....... . 

Enfin leur haine cefle..... 





ETITA ENI @OHBAIZX 56 
Jigezr , g Ping ya Ines, é TUUUOS 
Duxpuyor Cx pers, à, 
xNœouMpas pou, Lurogw, 
Toi dvoir waxroir. 
Tlapeny SN ereir a d- 
OAoinr, @s tpEaTuw 
ma À mAMTES, : 939 
Écroy Te raymo ayxs | 
mAupoeos c did. 
H'MIXOPO"'x. 
Avuodupar agi & mxoJoa 
CS ray yUvaxbY , OOo 
Tex vopo vos LÉXA UT, 
Doi À avras moon aura Jeuya, 
Téod) 2144 , ON ©) émAswrTnony UT dÀ- 
AnA9DOrOIS YPO OUOMTOEIII. 
TE>2MH' NH. 
O'ucamen Me, 
4 maywAdesi, 940 
AJaTuus # Gina, 
tu uyvodve , , 
VELL0$ © TAG). 
Féraura, N éyhos, 


s7 ETTA EI @HBAIZ. 
4 3 que Cat 
QorppuTe uéLux Ta 
xdp@ d° oi ousypor. 
xO0r0S 
Tlrpos AuThp vexéwy 0 Kloyrios 
Eros, Cn muess ouduis 
Inxns aides. Tixpos 
D penpaTay AxxoS 
SuTnmis Apns, deg 
maTeos ns LAND. 
A NTITONH. 
Epouar poiegy APDOVTE à pee, 
dhoc muy ayor 
Aro 5 cyan yes 
7A\STSs dGuaros ésa. 
TEMH NH. 
To, mMois érayOnoœy- 
ms mou Ve doi. 
Tarere dd) img Ag EU 
degi À OEUV VOUOY » 
mrcaubs. rayreomw 
Quya Murs. 
E‘curue J' dras 


95° 


960 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 57 

C'eft fur un champ humide de carnage, que 
ces deux êtres fe font réunis (82)... Certes, ils 
font bien, aujourd’hui, du même fang. 


LE CHŒUR. 


Le trifte arbitre de cette querelle, eft l'hôte 
du Pont, eft le fer aigu, trempé dans le 
feu. 

Sévère & funefte diftributeur de leurs ri- 
chefles, Mars accomplit les imprécations de 


leur père. 
ANTIGONE. 


Infortunés!............ dans ce partage 
chacun de vous a fa portion des maux envoyés 
du ciel. Vos biens, vos tréfors, feront un 
tombeau. | 

ISMENE. 


O maifon, où fe reproduifent des malheurs 


Enfin, les Déefles des imprécations ont 
pouffé le cri de la viétoire........ 

La race entière de Laïus a difparu devant 
elles. .... 


Le trophée de la vengeance eft aux portes 
: FH 


58 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
où les deux frères fe font frappés. . .... 
Vainqueur de tous les deux, le deftin eft 


content. 
ANTIGONE fa). 


Tu donnes le coup mortel en le recevant(8 3)... 
ISMÈNE. 
Tu reçois la mort en la donnant. ... 
ANTIGONE, 
Ton épée lui ête la vie....... 
ISMÈNE. 
Son épée te donne la mort..... 
ANTIGONE. 
Malheureux dans ta viétoire (84),.... 
ISMÈNE. 
Malheureux dans ta défaite (85)..... 
ANTIGONE. 
Coulez mes larmes..... 
ISMÈNE. 
Coulez mes pleurs. ...... 
ANTIGONE. 
Le vainqueur eft tombé lui-même : hélas! 


la douleur trouble mon ame (86)..... 


{a} Antigone s'adreffe à Polynice, Ifmène à Étéocles. 





ETITA ETII @OHBAIS. 
Toreyoy © AUAGIS» 
Cy djs éDeiroyro , x dVoiy xpa THOSE 
éAnËe Juuor. 
A NTITO NH. 
Iluydeis émyons (a). 
TE>EMH NH. 
Zu d” éOuvres yaTax@vor. 
ANTITONH. 
Aoex d” exQres. 
TI? MHNH. 
Aoet S éSuves. 
ANTITONEH." 
Mencoroyos. 
TE MH NH. 
Mehcora On. 
ANTITONH. 
To Sixpua. 
l'E? M H’N.H. 
l'w 9905. 
ANTIFONH. 
Tenir xx @xGs 
ne ME, MOVET point plus. 





(a) Schol. @esc nv IToavreixlw. 


H ij 


58 


979 


so ETITA ENI @HBAIS. 
| lEMHNH. 
Eros 5 apNa ere. 
ANTITONEH. 
To jo mAudxpUTE où. 
TE MH NH. 
Zv d” adm à marabaue, 
ANTITONH 
Tlegs QiAou y éphon. 
TS MHNH. 
Ka @iAor éxQres. 
, ANTITO NH. 
Aura Xéÿdr. 
T2MH NH. 
Arrna doper. 980 
ANTITO'NH. 
A'jor mor GS (a) tige. 
TE MHNH. 
léaus id) ange 2NApir. 
ANTITONEH. 
To Moiex Rapuruex 0e » 
mr T Oifmu oué , 
ménage T Eewns, à wa des ns à. 





(a) Tadk, duxnude, pro maxis. Vid. Burton, p. 507. 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 59 
ISMÈNE. 
Mon cœur gémit & foupire.... 
ANTIGONE. 
O déplorable frère!.... 
ISMÈNE. 


ANTIGONE. 
La main fa plus chère t’ôte la vie!...... 
ISMÈNE. 


ANTIGONE. 
Il eft affreux de le dire (87)....... 
ISMÈNE. 
Il eft affreux de le voir (88)........ 
ANTIGONE. 
Pour nous /a), fur-tout, objet défefpérant!.. . 
ISMÈNE. 
Sœurs malheureufes, voilà nos frères (89)!... 
ANTIGONE. 
O Parque inflexible, trifte difpenfatrice du fort! 
Ombre redoutable d'Œdipe! Noire Érinnys! 
que votre pouvoir eft grand ! 


a ————————— ———— — _——_— —————— ————— —————_——— 
(a) On a fuivi l'interprétation de Burton, page so 7. 


H ii 


6o LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
ISMÈNE. {Elle regarde Polynice.) 
Hélas!......quel fpettacle tu me donnes 
à ton retour!... 
ANTIGONE. 
Sa victoire ne finit pas fon exil (go)..... 
ISMÈNE. 
Son retour lui coûte la vie..... 
ANTIGONE. 
II lui coûte la vie, fans doute.... 
ISMÈNE. 
Mais il l’ôte à fon frère....... 
ANTIGONE. 
O race infortunée !.... 
ISMÈNE. 
Race accablée de maux déplorables, préfagés 
par ton nom {à Polynice ). 
ANTIGONE. 
Malheurs fur malheurs à pleurer [91)!.... 
ISMÈNE. 
Il eft affreux de le dire...... 
ANTIGONE:. 
IL eft affreux de le voir...... 
O Parque, trifte difpenfatrice du fort!... 


E‘NTA ENT ©OHBAIXZ 60 


TEMHNH. 
Hé ne, duOta@ Tipal ?- 
ME) cn quyas epuo. 
ANTITONH. 
Oùd fu os xa Tire. 
F>MH NH. 
Zodels 5 mu TGNeorr. 
ANTITO'NH. 
d'adren SG. 
FEMHNEH. 
Kai LS réoquas. 
ANTITONH. 
Tag vos. 
TEMH NH. 
Taagra % made 


. dura wift ouorupe. 


ANTITO'NH. 
Avez TEATLÀ TOY THLÉTUV 
l'E MH NH. 
O’A@ Ad. 
| A NTI'TO'NEH. 
O’Ao& d° opar. 
Le Moiex Baudbruiez poYiexs 


H iv 


798 


61 ETITA E’II @HBAIS. 
mire Tr Oilrou ou, 
méga + E'euns, À Leyadens ns à, 
Zv mu oida Age. 
TEMHNEH. 
Zu d° dy Uaeor ua Sur, 
ANTITONEH. 
Er XATHA QE 5 mA. 1000 
TE MH NH. 
Aess y 7 Naples. 
A NTITO'NH. 
O’Ao& Ré. 
TEÈMH'NH. 
O’Aox d) cpar. 
ANTITO NH. 
To rovos 0 Up muùr, 
TE MHNH. 
Vo ja xaxx douaa 
ÿ XBori, DCS ndyrur d° Emo, 
A'NTITONH. 


7 51 


To 10, % Mes y ei, 
TE? MÉHNH. 
To jo due AALXOY 
af Enéxnus ap @. 





LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 61 
Ombre redoutable d'Œdipe!......Noire 
Érinnys! que votre pouvoir eft grand!.., 
Tu l'as connu ici par ton expérience. 
1SMÈNE. (Ælle regarde Étéocles.) 
Tu n'as pas tardé davantage à le connoître. : . 
ANTIGONE. 
Il te ramenoït à Thèbes. .... 
ISMÈNE. 
I t’'armoit contre un frère (92).... 
ANTIGONE. 
Sujet de douleur !..... 
ISMÈNE. 
Spectacle d’horreur!..... 
ANTIGONE. 
Hélas ! quelle affliction pour nous!.... 
| ISMÈNE. 
Hélas ! quel malheur pour cette maïfon, pour 
ce pays, & fur-tout pour moi!.... 
ANTIGONE. 
Hélas, hélas! plus encore pour moi, ... 
ISMÈNE. 
O Étéocles!—.,.... 


— auteur de nos maux famentables !...,,. 


62 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
| ANTIGONE. 
O les plus déplorables des frères!. 
ISMÈNE. 
Aveuglés par la vengeance...... 
ANTIGONE. 
Où leur drefferons-nous un tombeau!, ... 
ISMÈNE. 
Au lieu le plus honorable. ..... 
ANTIGONE. 
Hélas! qu'ils foient couchés près de leur père (9 3). 


LES MÊMES, UN HÉRAULT. 
LE HÉRAULT. 
RÉCITS IAMBIQUES. 

Apprenez l'arrêt du fénat de Thèbes /a). 
Étéocles, ami de fon pays, doit être enfeveli avec 
honneur; c’eft en repouflant nos ennemis qu’il a 
perdu la vie : pur, & fans crime envers fes Dieux 
paternels , il eft mort où il eft beau à un jeune 
héros de mourir. Voilà ce que pour lui je dois 
vous annoncer. Mais, pour fon frère, pour Poly- 


nice, qui , fi les Dieux n’euflent arrêté {on bras, 





(a? Littér. i/ faut que je vous annonce le jugement, l'arrét, 


des premiers confeillers du peuple de cette ville de Cadmus. 


ms til 





ETNTA EfIl @OHBAIXZ. 62 
ANTITONEH. 
To mayTy MAUGYETLTOI. 
> MHNH. 
Fo dlunodyns dy ar, 
ANTIFTONH. 
Po do, m0) age Shooedu yovos ; 1010 
T> MH NH. 
To, o7mv nuw@Tor, | 
ANTITONH. 
Lo ©, Tue 7aTeL mapébyoy. 
KHPYE. 
l'A MBO I. 

Acxod@ 1 NEaT dnayéMer jé en 
diuou mess Aois To Kadusias moAcwS, 
Eroxnéa à Ton éæ dbyoiæ foros 
Surey de yns pins xeGoragois” 
dpyor 30 éy0esu, Juyaroy EAET CH TONE 
leger maTe@wy JV 00105 @Y HLOUQNS TE 
Térmeer Dep mois vécus Oimoruy AL AI. 
Où à up GN éméça ra Aëyd 1020 
Tére J'aAgor mor Tloauverxous véxpoy 
Eco Randy dOuoy ; aprayhr Ur, 
os o1T œaçuTiex Kadusiwy woroe, 


63 ETITA ENT @HBAIX. 

ei pui Judy ns eurodby éqn dbei 

TA EN dy9s 5 à Juvoy XEXTHOETEY 

Sedy rarecor, 5 anus 09, 

PaTiuu” EmAXTOY tuGañwr Mpe MOAU. 

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GourT anuos, Témmuuo 796$ 

D AY Cabprfr ruuGoya quegua@, 10 30 

ir dEvuoArois MesosiGuy ouyany, 

anuor ävy N' Capoexs QiAwy Um. 

Toiavr EbEe Ts Kad\uelor TA, 
ANTITO NH. 

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30 ape Suw, xaya wiyduror Band 
Jélao aApor À éuor, SN duo 
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Auvoy To xo1y0y aAaryvor , OÙ MEQUXEUET, 
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; LA 
Po 63 wss. LES SEPT AU SIEGE DE THEBKS. 








= 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 63 
eût faccagé la ville de Cadmus, fon cadavre 
fans fépulture, doit être la proie des chiens: 
fa mort même ne peut expier fon facrilège. 
Au mépris des Dieux de fa patrie, il armoit 
l'étranger pour la détruire; livré fans honneur 
aux oifeaux du ciel, c’eft d'eux qu'il recevra 
la fépulture dont il eft digne. Les libations, les 
chants funèbres, les pleurs de fes parens, ne 


Pacconipagneront point au tombeau. 


Telle eft la volonté du fénat. 
ANTIGONE. 

Et moi, je le déclare à ces chefs du peuple : 
fi perfonne ne veut m'aider à l’enfevelir, je 
l’enfevelirai feule; j’en courrai le danger. Pour 
enfevelir mon frère, je donnerai, fans roupgir, 
le fignal de l’anarchie. Le fang me parle trop 
pour lui, ce fang d’un père & d’une mère 
infortunés , qui nous ont fait naître. Je partage 
volontairement fon malheur involontaire; :ïl- 
eft mort, mais je vis toujours fa fœur (94): 
Des loups aux entrailles affamées, ne fe repat- 
tront point de fes chairs. Que perfonne n’ofe 


le penfer....Je ne fuis qu’une femme; mais 


64 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
je faurai lui creufer un tombeau. .....Je l'y 
porterai dans mes bras, enveloppé dans ces 
voiles de lin (95): qu’on n’en doute pas; j'en 
trouverai le moyen & la force. 
LE HÉRAULT. 
Princefle, ne défobéiflez point au fénat. 
ANTIGONE. 
Hérault, ne m’annoncez point un ordre inutile. 
LE HÉRAULT. 
Échappé au danger, le peuple ef à craindre (96). 
ANTIGONE. 
Qu'il foit à craindre ou non, j’enfevelirai mon frère. 
LE HÉRAULT. 
A l'ennemi de Thèbes, accorder l'honneur du tombeau !.…. 
ANTIGONE. 
Les Dieux l'avoient-ils fait pour refter fans honneur fa)! 
LE HÉRAULT. 
Non, fans doute, avant le danger où il a jeté ce pays. 
ANTIGO NE. 
Maltraité, il a rendu maux pour maux. 
LE HÉRAULT. 


. Mais, il nous punifloit tous du crime d’un feul. 





(a) On a fuivi l'interprétation de Grotius. 


: 2° nur 4 


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3 — 


RS et ne _…. LS 
ER. dE ose 


E'NTA EI @HBAIXZ. 64 
yuvirep Bon , TD on 
LNTo Qéegure Rvasivou TÉT\ HA TOE. 
K' ami aa Avdo uni ro Sn aa 
Odpod, mapésa puyæri dpaçhesos. 
KHPTYE. 
AUD mou ce pui BuaÇeX TN. 1050 
ANTITO'NH. 
AÏS oœ pui meeiosd wipuaru Eole 
KHPYS. 
Tezxé ve dim duos Cupuyor wexg- 
A NTITO NH. 
Tegyur”, duos oùTos 3 Aurora. 
KHPTE. 
AN dy mous quyd, où nuwmiods GP ; 
A NTITO'NH. 
H'M @ TN # AJjgnnuna (a) Suis, 
KH'PYS. 
Où, op y es Ti uvdbre Randr. 
A NTITONEH- 
la Qwy XLAXOS | ALXOITI arnuei Geo. 
KHPTE. 


3.32 (7 4 ” S 
A ds dravtas œuf evo TON épypy lu 


(a) Legendum cenfet Grotius nremunry. 


6; ETITA EflIl @HBAIZ. 

ANTITONH. 

E‘exs méeaive duSo ÜçuTn Sud, 

Eye 3 Qu mor9e, Mn paxpnyppe 1060 
KHPTYE. 
AN anoGs os 10, dmeréma d 130. 
A NA HI ATZETOI. 
HMIXOPO'S. 

Des, qe), à deyanauyei papas 
dipes E’emnves, Tr Offrod 
os dAconTe mpumroder Sms. 

HMIXOPO'S. 

Ti raw ; n 3 dd ; ni à UNOUY ; 
TS TOAWMOU JUTE GE XALEY , 
poire où meSmiumer 67 TuGo ; 

A'Ma ECS LETITEEMOUH 
Niue AT. 
HMIXOPO"'Z. 

Zu y ulû mMdr mynmepy 1070 
mubns aevos N° 0 Qngs apps 
orouauTor tr Opisor dIVAGAS 
an, Tis & GG mom; 

H MIXOPO'S. 

Aegro mis Ÿ pui dpt 


LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 65 
ANTIGONE. 

La DISPUTE (97), parmi les Dieux, fe 
tait la dernière... .. J'enfevelirai mon frère. 
Abrégeons ce difcours. 

LE HÉRAULT. 
Vous enrépondrez; pour moi, je le défends. 
RÉCITS ANAPÆSTIQUES. 
PREMIER DEMI-CHŒUR (95). 

O menaçantes Furies ! fléaux deftructeurs 
des familles ! c’eft vous qui avez ainfi perdu 
la race entière d'Œdipe. 

SECOND DEMI-CHŒUR. 

Que devenir ! que faire ! à quoi m’arrêter ? 
(à Polynice }) Comment pourrois-je te refufer 
des pleurs & ne point ‘accompagner à la 
tombe! Toutefois,un arrêt effrayant m’intimide 
& me retient. 

PREMIER DEMI-CHŒUR, 

{ A Étéocles ). Pour toi, un peuple en deuil 
vate fuivre; &, cet infortuné ! fon feul tribut, 
fera les larmes d’une fœur ! Peut-on le fouffrir! 

SECOND DEMI-CHŒUR. 
Que la Ville épargne ou punifle ceux qui 


1 K 


66 LES SEPT AU SIÉGE DE THÈBES. 
pleureront Polynice; ......... nous irons 
accompagner fes funérailles: ....... certes 
fa naiffance lui donne également droit à nos 
regrets /a). Souvent la Ville a varié dans 
fes règles de juflice (99). 
PREMIER DEMI-CHŒUR. 
Et nous, fuivons Étéocles ; .... ainfi que 
Ja loi, la juftice le veut ...... Après les 
Immortels, après le puiffant Jupiter, c’eft 
Jui, fur-tout, qui a préfervé de fa ruine la 
ville de Cadmus; .,..... ses 0 it IN 
qui a repouflé le flot d'Étrangers prêt à 


F 


l’engloutir, 
————_—_———— 
(a) On a fuivi dans la verfion & reflitué dans Île 


texte la leçon de Turnèbe. 


FIN. 


ENTA ENT @OHBAIX 66 
mgs xNœoyres ToAureerr. 
H'usis Le iuer, y (Cur9uouer 
ai mesmuri. Kai 70 yree 
L01Y0Y TOWN does (a) , XXI MAIS ANUS 
aMoT éreyva @ dirguz. 
HMIXOPO'S. 
H'ueis d\ aux rod, vanrp me œuus 1080 
xt To d'xgior Euvéreuve. 
Méta 99 paxapxs 1 Aus jour, 
0% Kad\ueiwy npuËe onu 
un 'yarcarave, pd” &N\ofTar 
XUUAT DoTay 
x ax\ualnry Quad. 





(a) Sic dedimus ex Turnebo, Stanlejus, mendosé : 
w 
CKOÇ 


TE A OS, 


V6! 
_ 15530 


0 


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